Guerre civile chez les Romains

« Il est impossible d'essayer de les ramener » - ces Pompéiens ! Qui vivaient dans le luxe et mangeaient dans l'argent, même sous les tentes, avant Pharsale ! « D'autre part, ces hommes peuvent être redoutables, mais ils sont en même temps méprisables par la vie qu'ils mènent ou par les milieux où ils sont recrutés ; ils forment des bandes, mais non une armée. » Que diraient-ils mon Dieu que diraient-ils de nos petits-bourgeois énervés par leurs métissages, aimant la paix ! *
    Comment ces braves gens défendant leur confort ont-ils pu s'acoquiner avec des coquins pilleurs de tombes ! (entre autres). Argent, argent, sentiments mêlés, patriotisme aussi vaguement, bref : « à eux s'ajoutent des hommes qu'on avait recrutés parmi les pirates et les brigands (praedonibus latronibusque, sentez bien le poids de ces désinences) de Syrie, de Cilicie et des régions voisines ». Mais nous autres, forts des muscles et maigres du bide, nous les écraserons comme blé sous meule, et il n'en restera pas couille sur couille. C'est le grand catalogue des guerriers, l'Iliade et l'Odyssée qui recommencent, un peu plus au sud : « De plus, beaucoup de condamnés à mort et de bannis s'étaient rassemblés là ». Ne dirait-on pas, carrément, les troupes de Caligula, gens de sac et de corde ? Gentil, noble César, tu vas bien nous débarrasser une fois de plus la terre, fût-elle égyptienne, de ces monstres sociaux ?
    Ils se battront bien, si j'ai bonne mémoire, offrant une belle résistance : pensez ! plus rien à perdre !  « pour tous nos esclaves fugitifs, Alexandrie offrait un asile assuré, une situation assurée : il leur suffisait de s'enrôler dans l'armée ». Qu'étaient-ce donc que ces coutumes humanitaires, réinsertrices, qu'il fallait balayer au plus vite au nom de la force et de la grandeur ?  En vérité, ce sont bien toujours les deux mêmes mondes qui s'affrontent ! Avec préférence, de nos jours, pour "Le camp des saints ».  Notre tendresse pour les brigands, notre détestation de la mort et de toute gloire, du moins la militaire. 185 ans après, toujours esclaves de la perception romantique... Autrefois, nul n'était fasciné par le désordre et son romantisme à deux euros : « S'il arrivait que l'un d'eux fût appréhendé par son maître, les soldats s'entendaient pour l'arracher de ses mains. » Nous n'avions jamais entendu parler de ce paragraphe sur les malfrats.
    César, comme Héraklès, purge la terre de tous ses marginaux, hommes ou monstres.  Besoin de sécurité. Besoin d'ordre. Aucun romantisme. Toute la considération va aux flics. Au collectif. Auu politique. Nullement au bonheur pépère : « ils protégeaent leurs camarades contre la violence qui leur était faite comme s'iil s'agissait d'un danger personnel, puisqu'ils se trouvaient dans le même cas. »  De ces immenses dévouements n'est resté que le mépris condescendant d'un général vainqueur. Pas la moindre tragédie sartrienne. Gloire à l'ordre et à la paix. O tempora,... « C'étaient ces hommes-là qui exigeraient la mort des favoris du roi, c'étaient eux qui mettaient au pillage les biens des riches (...) »

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