Trouducultura

Je sais, ce n'est pas avec un titre pareil que j'attirerais les capteurs de liens. Cultura propose un service d'autoédition. Je m'y rue, prépare un petit dossier, puis je consulte. D'abord, on m'écrit "et bien" au lieu de "eh bien". Ensuite, "n'hésitez pas à vous corrigez". Comme dit Ribéri, "Arrêtez de vous batter !" - avec un r, car il s'agit, dans les deux cas, d'infinitifs. Ensuite, c'est la même usine à gaz que partout ailleurs : on vous calcule longuement, dès les premières pages, vos droits d'auteur, ce qui s'appelle vendre la peau de l'ours. Puis on vous donne des conseils d'une naïveté confondante : "Constituez-vous un comité de lecture personnel, afin que vos amis puissent vous rendre compte de leurs réactions" - il n'y a rien de tel pour transformer vos amis en farouches fuyards. Et puis, mille excuses, mais si vous avez tant d'amis, comment se fait-il que vous n'ayez personne qui puisse vous tuyauteZ pour une éditions ? Ou alors, quel besoin avez-vous de vous faire "reconnaître" ? L'écrivain est seul. Et la première chose qu'il doit faire, à moins d'être un monstre d'impudence, est de ne pas embrouiller son entourage avec sa sotte vanité. Conseil (à mon tour) aux vaniteux : "Vivez cachés". La réussite est réservée aux tempéraments exceptionnels, qui savent feindre, louvoyer, vivre avec générosité, éloigner soigneusement les chiants de toute espèce et surtout ceux de l'entourage (parents, bringueurs, bavards). Travaillez sur vous, sur vous, sur vous. N'écoutez pas ceux qui vous disent "il faut penser aux autres". Sachez que plus vous vous approfondirez, plus vous servirez aux autres, automatiquement. A un moment donné, vous rencontrerez vos limites. C'est écrit, vous ne pourrez plus aller au delà. Nec plus ultra. Et vous pourrez vous évertueZ tant que vous voudrez, vous ne les franchirez pas. Car tout est écrit, et jamais on n'a vu de sportif d'1m 50 devenir un excellent basketteur. Vous ne pourrez écrire que ce que vous êtes. Il faut donc de la solitude, du travail, une modestie confinant à  l'abnégation. Ensuite, libre à vous de jouer au cynique, au salonnard, au voyou des lettres, au personnage malheureux : tout cela est rigoureusement indispensable à  la réussite, mais tout dépendra exclusivement de votre FORCE ORIGINELLE. VOTRE FORCE DE NAISSANCE; LES GRANDS SONT DES MONSTRES. ILS ONT UNE CAPACITE DE TRAVAIL PHENOMENALE. Des capacités émotives et relationnelles hors pair. ET DE PLUS, ENORMES TRAVAILLEURS OPTIMISTES. VOUS N'Y ARRIVEREZ JAMAIS  si vous n'êtes pas prédestiné. Ou alors, ça se saurait. Mais axer sa publicité sur la formule "Si l'envie d'écrire vous titille", c'est une escroquerie : l'envie d'écrire vous submerge, vous dévaste, vous ne pouvez pas penser à autre chose. Et si vous ne pouvez pas réussir, et que la vocation reste aussi forte, eT bien écrivez, écrivez, ce seront de mauvais livres, des livres pour vos tiroirs, mais croyez-moi : contrairement à la scie démagogique selon laquelle mieux vaut être un bon maçon qu'un mauvais écrivain, croyez-en un cloporte : MIEUX VAUT ETRE UN MAUVAIS ECRIVAIN QU'UN BON N'IMPORTE QUOI. Soyez orgueilleux, mais fermez votre gueule. Et si vous avez échoué, comme 100 000 autres en Franfrance, vous serez du moins tombé du plus haut qu'il vous a été possible.

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