Le SingeVert n° 112

LE SINGE VERT No 112 – CXII
EN ZOULOU INKAWU OLUHLAZA
Rédacteur Hardt KOHN-LILIOM
Mai 2064 nouvelle ère
Diffuseur Éditeur le même blaireau 4 Avenue Victoria 33700 Mérignac

4 AVENUE VICTORIA 33700 MERIGNACCOURRIEL
COLBER1@LAPOSTE.NET
OEUVRES A CONSULTER SUR IN LIBRO VERITAS
blog : dergruneAffe.hautetfort.com
——————————CITATION N° 1296——————————-
La seule distraction qu’il se donne consiste à changer d’activité.
Henri BLAZE sécoiton, « Essai sur Goethe »
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1 Pourquoi “Pas d’enfants” ? ...d’autres en
ont eu, sans être morts...
—> refus d’assimilation au père
—> refus du statut d’enfant
—> refus de devoir s’intéresser à quelqu’un d’autre
Le fric n’est qu’un prétexte.
2 Idées de sujets avec des classes...
Voir pourquoi ça ne marche pas...
Préliminaire : Babette M. ; la mère qui surveille Instaurer une Dictature
du Parti Intellectuel, pour édifier l’humanité (Gogol) : élever "l’homme et ses
oeuvres à la hauteur d’une religion" - ce qui ne serait qu’un bandeau sur les
yeux.
Il y a des idées auxquelles je crois - hélas.
L’élitisme des âmes ne peut s’épanouir que’ sur le fumier de la friction des
corps - croyais-je. Elitisme, certes, mais refus de toute prédestination. Force,
mais refus de la force subie.
Le doute, le clown et le narcisse : Pamiers, 1er juin 1974.
Le narcissisme s’incarnera dans un seul homme. Les réflexions démolitrices,
en un autre. Seul l’homme dans ses rapports avec l’homme. L’anecdote
est le support à la philosophie : Le Diable et le Bon Dieu.
En ce temps-là le jeune homme imagina - sans rire ! de travailler deux
heures par jour.
3 Fragment de nouvelle
"Il se dressa sur ses pieds :
- Je suis Abraham Ronsard ! et le tronc d’arbre s’abattit.
"Sa femme Albertine lui apporta en plein air une marmite, très lourde,
dont elle avait enveloppé d’un linge les anses brûlantes :
- Cesse de brailler. Tu as fendu toutes les poutres de notre maison.
"Il pleura bruyamment, car c’était une fermette à poutres apparentes.
Martine lui versa l’épais breuvage aux poireaux :
- Avale ça ; tu es fatigué.
2
"J’ai achevé ta mère. Tu trouveras des morceaux de cerveau dans la soupe.
"Jean-Pierre, alias Abraham Ronsard, recracha sa cuillerée. Puis, haussant
les épaules, il termina son assiette.
Martine, assise sur le tronc abattu, le regardait faire. Puis elle tira de sa
poche un miroir de vieil argent orné de deux sirènes ; Jean-Pierre caressa la
pointe de leurs seins [caetera desunt]"
MANGER L’ARTICHAUT D’URGENCE!
Il paraît, comme ça, que je suis fait pour écrire. C’est O’Letermsen qui
me l’a dit.
- Tu es si beau, lui disais-je, si beau, que si j’étais pédé je te sauterais aux
couilles.
- Génial, gloussait-il , génial. Then he added :
"J’agrandirai tes cartes géographiques. Je les reproduirais sur soie. Je te
trouverais un imprimeur ; ce serait de l’imagination pure. Tu donnerais des
conférences.
Première carte : Arkhangelt. Epaisse, limoneuse.
Mes armées ont sillonné ce royaume, envahi par les Troupes Innombrables
du Sud.
J’avais inventé d’autres pays ; de sanglants combats en avaient eu raison,
à Ste-Françoise-le-Lac ; c’était ma cousine, son sexe et la bataille. Une arme
était particulièrement terrible : visé, dans un groupe de trois, je restais seul
indemne, et mes deux gardes, morts. Le trente août 1973, j’écris : "Je ne
mérite pas d’être sauvé, je chie sur les Rédempteurs. Demandé, et il vous sera
accordé ; tendez la main, et vous serez hissés. Que ma haine éclate comme
une précieuse grenade au ventre de toutes les" - ce qui n’est pas nouveau.
"Souillons, soyons grands ensuite" - qu’est-ce à dire ?
Je cite :
"Quand les délicates, en se voulant torcher, s’apercevront dans leurs doigts
vernissés que j’ai déjà embrené leur papier, elles reposeront le rouleau et s’en
iront, effarées, cul merdeux, en écartant les fesses."
Plus loin :
"Travail sur soi, travail impitoyable, seuls les très grands y sont parvenus.
- Un éditeur ! - Ah chien, tu veux ta pâtée...
"Je hais les bons chiens, qui me font du bien, qui me cernent, larme à
l’oeil, répétant, dictant ce que je dois faire, ce qui est bon pour moi."
"Moussu curé ! moussu curé ! moi pas fai’e mal, moi ju’é !" Mais le missionnaire
pressa sur la détente, et quand le Noir fut mort, il encula sa femme
et promena sa courte bite vérolée sous sa soutane en cloche.
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Je ne veux pas que tu penches ta grosse tête crayeuse sur mes écrits, et
que les larmes ravagent ta grosse face de cul. Tu ignores la valeur d’Amour
de tout cela.
4 Chronique
"Tous les hommes furent alignés, la queue sur une planche. Alors, une par
une, à la hache, les queues furent tranchées. On en fit des quenelles.
"Toutes les femmes furent alignées, cuisses ouvertes. Et d’un coup de
truelle, tous les cons furent bouchés au ciment frais, et les femmes hurlèrent
éternellement avec cet épieu fiché en elles."
Et qu’on ne vienne pas me parler de recherche systématique de l’outrance !
Ces gens-là ne respectent rien.
- Et c’est pour ça qu’on te paye ?
Ma mère, ne te retourne pas dans ton cercueil ; ça fait de la poussière, et
ça pue.
Quand j’aurai dépassé ce stade, quand j’aurai fini de jouer avec mes excréments,
je pourrai m’essuyer les doigts et écrire, puis j’entrerai à l’Académie
Française.
"Et dans 50 000 000 d’années, la Terre, avec tous ses systèmes philosophiques,
ne sera plus qu’un grain éteint, et ce sera comme si rien n’avait
existé."
Jean ROSTAND
Je crois en un seul Dieu, créé pour faire chier le monde.
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5 FLEURS ET COURONNES I
Après la mort de sa femme, Georges ne fut pas accablé de chagrin. Il
demeura auprès du corps, assis au niveau des seins, répétant Ce n’est pas
vrai.
Les haut-parleurs diffusent en sourdine Goodbye stranger.
Le veuf demande : Qu’y a-t-il autour de moi ?
Claire-Alice décrit le papier peint vert, le corridor pavé, la serpillière ;
plus loin le dédale et les chambres, et les bouffées suries de déjections et de
désinfectant, et tout cela, il était inutile de le rappeler.
L’établissement compte trois étages de portes feutrées, salons et autres
pièces indéfinissables, où passent des rumeurs de chariots, de phrases pâteuses
et de grincements d’infirmière.
Sur le lit Myriam gît dans un peignoir, la tête calée sur un gros coussin
de glaçons. Ses lèvres ont pris l’aspect de cordelettes violacées.
« Je ne veux pas rester à Valhaubert dit Georges.
- Vous occupez la meilleure chambre.
- Pourquoi m’aviez-vous séparé de ma femme ?
Claire-Alice glisse ses lunettes fumées dans leur étui. Georges, un instant
ébloui, lève les yeux sur la soignante qui murmure Myriam, Myriam - Elle
est morte dit le vieux.
Quelqu’un monte le son des haut-parleurs. Claire-Alice ?. . . dit-il – je ne
veux pas mourir ici, à Valhaubert.
Good bye stranger fait 6mn 45.
Durant tout le temps où le visage de Claire-Alice, aide-soignante, se
tourne vers lui – synthé, syncopes, tierces – Georges examine son front lisse,
ses yeux immaculés, la chute sur ses tempes de la permanente blonde à demilunes.
Choeur de fausset – piano subito – improvvisa sordina – lancinant –
ossessivo – putain changez la glace hurle une voix en plein mois d’août quoi
merde !
Celle qui tient le cou celle qui change la vessie dans un bruit de cocktail
on the rocks
« Claire-Alice » - posant la main sur l’avant-bras tiède – montez le son -
- Toujours Good bye stranger ?
Les trois femmes le regardent comme un dingue. Claire-Alice tourne le
bouton. Son visage à tout jamais synonyme de ces rythmes à la fois si langoureux,
si martelés. Ces larges applications de lune sur son profil droit. . .
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6 FLEURS ET COURONNES II
Claire-Alice et Georges peu à peu inséparables en dépit du Règlement
Intérieur. À titre d’avertissement (administratif) pour ce vieux con : visite,
ensemble, de 5 domiciles – pourquoi rester ici à présent que votre femme
– Myriam, Myriam - vous a quitté (. . . ) - Venez avec moi, Georges, venez
tenter votre Avenir, voyez si vous pouvez continuer de vivre – Je ne sais pas,
je ne sais pas. . . Dans le premier appartement vivait une vieille fille usée par
le doigt, parcheminée, hâve, fardée, voix de fausset sonnant faux. Elles ont
quelque chose à cacher. Cela se voit. Georges, ne jugez pas les femmes.
Vous habiteriez sous les toits, dans un petit deux pièces rue des Juives –
Je vivais heureuse dit la femme, la peinture blanche, c’était moi, les plinthes
à l ’adhésif, encore moi, les meubles portugais vernis, la bibliothèque de
Ferreira (Eço de Queirós, Castelo Branco)- c’est la circulation, monsieur, qui
me gêne, j’y suis presque faite, déjà l’été, j’avais moins de camions, je laissais
la fenêtre ouverte » - j’avais aussi fleuri la terrasse sur cour. . . - Eh bien ? - J’y
suis retournée seule, six mois d’impayés, la vieille est virée, vous emménagez
quand vous voulez, la propriétaire est venue chez elle, les yeux dans les yeux,
son gendre au chômage, sa fille aux études c’est bon a dit la vieille c’est bon,
obter o inferno je f. . . le camp » - Intimação para desocupar – Vous parlez
portugais Georges à présent ?
Il hausse les épaules. La vieille à la rue. Fin de l’ankylose. Chambre entière
garnie d’un vieux lit, d’une table et de sa chaise – une coiffeuse à lampes nues,
latérales. Et les toilettes au fond. « Je vais vous les montrer – Non merci.
» Claire-Alice et Georges Aux Anciens de Valhaubert. « Il ne s’agit pas de
spoliation, Georges ; tout juste l’application d’une loi. Tout juste ça. Deux
années d’impayés. »
C’est le premier avertissement.
Ce que dit Claire-Alice, Georges le croit : elle n’a que 23 ans, ses pommettes
hautes et écartées, très blonde. Que pèse en face une vieille Portugaise,
36 rue des Juives ? Dès le lendemain, Claire-Alice dit à Georges : « Vous
n’aimez pas les femmes seules... » Il répond indistinctement. Claire-Alice a
compris jamais seules et je me comprends. Elle a peur de comprendre. Elle
conseille de tenir sa porte bien fermée à clé. Elle hésite entre tu et vous.
Georges a reçu l’assurance de bientôt quitter Les Anciens de Valhubert. La
lettre est signée Waldfeld, Directeur. Claire-Alice la lui rend à bout de bras.
Il la suit aveuglément, il croit tout ce qu’elle dit : « Deuxième avertissement :
Chez Léger. » Leurs voix à travers la porte trahissent leur âge : qui est-ce ?
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nous ns pouvons pas loger une personne de plus. Claire-Alice invente une
enquête, un service social. Henriette et Peaul ouvrent la porte en deux fois,
d’abord on ferme sec pour débloquer la chaine de sûreté, puis ou rouvre d’un
coup, côte à côte dans l’ouverture.
7 GRANDEURS ET AVANIES D’UN PROFESSEUR
DECADENT
7.1 Qu’il soit beaucoup pardonné aux bouffons, pitres,
fous de cour.
- Qu’est-ce qui t’est arrivé ? - La vie...
...ce qui qui m’est donc tombé dessus... ? toute une vie. La mienne. C’est
bien moi. C’est toujours moi. “Peut-être que ce qui m’attend, ce sera simplement
de devenir un bon prof - pouah » - rêves de gloire. « Mon nom dans le
Lagarde et Michard !» Pour cela il faut peiner, bosser, s’agiter sans repos ni
trêve. Je l’ignorais. Se fabriquer, se forger une volonté d’acier, une foi à toute
épreuve. Franchir la souffrance et l’angoisse – car la terre entière, Jean-Paul,
grouille de crustacés aux pinces brisées, aux volontés mortes.
Je croyais, moi, qu’il suffirait d’apprendre, d’entasser les connaissances
dans sa grange à pensée, et puis d’écrire. Pour cela, je suis devenu professeur,
en ces temps-là où nul n’aurait prophétisé l’effondrement des savoirs.
Désormais nous savons que tout bon professeur sera nécessairement le mauvais
d’un d’autre. Tout enseignant, pour peu qu’on s’ingénie à lui trouver des
tics ou des manies à répertorier ses erreurs, ses sottises, qui sont le lot de
tous les hommes, tombera sans difficulté, quelle que soit son expérience et son
charisme, du rang de l’excellence aux plus basses marches de la ganacherie.t
où il vous plaira si vous ne parvenez pas à transformer le plus expérimenté,
le plus chaleureux des profs en salopard incompétent.
C’est bien ainsi que l’on extermina par milliers les enseignants de Chine
dans les lao-gaï, camps de rééducation par le travail. Or il est proprement
insensé, n’en déplaise aux petits plaisantins, de rétribuer les profs « au mérite
». Au moins autant que de mesurer le vin au kilomètre. Quant à cette
fameuse «sécurité de l’emploi » dont les fielleux nous rebattent les oreilles,
je leur demanderai simplement de tenir, allez, soyons bons, trois semaines
derrière un bureau : nous les verrons supplier à deux genoux de retrouver le
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bon petit chômage à sa mémère. « Vous ne saurez jamais », me jetait à la
gueule Dieu sait quel dentiste, « ce que c’est qu’une journée de dix heures
» - assurément, Docteur ; nous serions bien incapables, petites natures que
nous sommes, de rester debout des dix heures d’affilée devant des mâchoires
ouvertes. Mais notre vaillant odontologue ne supportera pas davantage vingt
à trente misérables petits morveux dix-huit heures par semaine. Nul ne peut
s’imaginer, tant qu’il ne l’a pas vécu, à longueur d’années scolaires, ce que
c’est que d’être à tout instant remis en cause dans ses méthodes et jusque
dans son être même ; rabroué, insulté, copieusement méprisés par tous ceux
qui feraient tous tellement mieux que n’importe qui !
Je mets au défi tout dentiste ou plombier normalement constitué d’échanger
ses fameuses dix heures debout voire tordu sous un évier contre quatre ou
cinq heures de cours, susceptibles à tout moment de se déchaîner en lynchage.
Non, je n’ai jamais su en effet, moi, ce que c’est qu’une journée de dix heures.
Nous ne pourrions pas exercer vos professions, nous ne pourrions pas les exercer,
en premier lieu par totale et complète incompétence - nous, du moins,
le reconnaissons humblement. Par manque d’entraînement aussi, manque de
résistance purement physiques, nous en sommes parfaitement conscients -
quel métier n’a pas son calvaire et son martyrologue !
Mais nos misérables quatre ou cinq heures par jour à nous, seuls et (cela
va sans dire) sans le moindre soutien de notre hiérarchie - bien au contraire ! -
livrés à deux ou trois dizaines d’apprentis salopards de 11 à 15 ans chauffés à
blanc, soutenus mordicus par leurs parents et toute la presse, qui les flingue
depuis quarante ans (ces journalistes-là ne sautent pas sur les champs de
mines) ; en danger permanent de se faire gueuler dessus par un petit con qui
vous rappelle bien devant tous ses camarades que vous êtes nul à chier et complètement
infoutus de faire cours – ça non, quelle que soit votre profession,
ces quatre ou cinq heures-là, vous ne les supporteriez pas.
Un chauffeur de bus stoppé en catastrophe hurlait devant un de mes
abrutis qui venait de balancer à 100km/h sur l’autoroute une canette de
bière Vous n’avez donc aucune autorité sur vos élèves ? - Aucune, Ducon. Je
le revois encore, ce grand pédagogue, ce grand stratège, regagner son siège
les bras au ciel : je ne pourrais pas... je ne pourrais pas... - on fait moins
le malin, chauffeur ? Un professeur : nécessairement triomphant, ridicule, ou
chiant - point barre. Le lendemain même de ma retraite, j’ai tout renié. Tout
vomi. Tout. Je ne veux plus entendre parler d’avoir été ça, jour après jour,
trente-neuf ans : prof.
Comme une insulte. C’est que, voyez-vous, ça ne sait rien, un prof. Ce sont
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les élèves à présent qui savent, et qui instruisent le professeur : le moindre
sociologue vous le démontrera par a + b. Les profs ? Ils n’ont rien vu de la
vie – la vraie, vous savez, celle où il faut se battre, se foutre sur la gueule,
gagner son bifteck, celle qu’on n’apprend pas dans les livres (c’est fou le
nombre de choses « qu’on n’apprend pas dans les livres ») la Vraie Vie, quoi.
Pas nos 39 ans de guérilla. Contre l’ignorance. Contre l’arrogance. Insurgeant
vaillamment notre propre connerie contre celle des Autres. Enfin certains. Et
j’aimais bien les élèves. Les filles – qu’est-ce que je n’ai pas dit là - castration,
vite !
7.2 X
...Les collègues ? Un pote par poste. Pas plus. Désolé. Peu de contacts.
Certains s’épanouissent comme des baêtes dans le Collectif. C’est devenu
leur élément. Leur accomplissement, leur jouissance. Le Travail Collectif.
C’est même devenu obligatoire. Tous ensemble – tous ensemble - même leçon,
même jour, sous la houlette pistonoïde de Son Autorité le Professeur Référent.
L’Individu. Ecoeurante prétention n’est-ce pas d’exhiber - mea culpa - une
fondamentale antinomie entre eux et Moâ (« mes conlègues », ça ne leur a pas
plu, forcément). ...Vous savez ce qu’ils leur disaient, eux, aux élèves ? faites
des efforts, qu’ils disaient, encore des efforts, allez, le « bon coup de collier » -
on me l’a fait aussi ce coup-là, quand j’étais morveux -seulement voilà, quand
on n’y arrive pas, on n’y arrive pas : vous avez essayé, vous, franchement,
de « faire des efforts », en maths ? je leur disais donc, moi, à mes élèves ! -
qu’il y avait dans la vie, cette fameuse vie voir plus haut, le facteur piston, le
facteur coup de pot, et le facteur belle tronche. Le travail, bien sûr, acharné
même si tu peux, mais Travail ne fera jamais le poids sans Bellegueule, Culot
et saint Vernis. Des efforts ? J’en ai fait croyez-moi des efforts, par charretées
- total pas de gloire, pas de pognon, pas de voyages, pas de femmes (« pas
ici, pas maintenant, pas comme ça ») - chacun son expérience - mais enfin,
je ne dois tout de même pas être ici-bas le seul à se voir rafler la mise par
tout ce que le globe vomit de jean-foutre à échines souples, grandes gueules
et rectums adaptables tous formats : « Mon Kourage !», «Ma Volonté ! » - et
je leur répétais, moi, à mes drôles, que tout le monde était con, moi compris,
mais que les seules Grandes Choses, les seules qui valussent la peine, avaient
pour nom Littérature et Liberté.
Notre pauvre petite vie, après cela, on peut se permettre de l’envoyer se
faire foutre. Va chier la vie.
9
Imprimerie A.Michel, Lège
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