Dantzig m'énerve

7. Ceux qui se seraient insurgés contre l'Occupation, d'après eux, sont parfois les mêmes qui défendent à présent la bourca au nom de la liberté des femmes : c'est qu'il s'en dit, aussi, des conneries, en notre brave époque. Je n'admirerai jamais assez, encore une fois, tous ceux qui savent spontanément, comme ça, ce qu'il convient de penser, où est le bien, où est le mal. « Ces fanfaronnades finirent par créer un préjugé presque favorable à quelqu'un qui ne le méritait pas » - oh la belle dérobade Herr Dantzig ! On dirait du moi. « Drieu n'était ni si poli, ni si élégant. Cet idéologue a pour argument la vie privée : ceux qui ne pensent pas comme lui sont homosexuels ou impuissants » - dit-il du mal pour dissimuler (mal) son attirance, ou bien joue-t-il sur ses ambiguïtés ? Je préfère en tout cas les eaux troubles d'un Dantzig aux consternantes pétarades d'un Bégaudeau qui refuse de lire Céline en disant « C'est un facho, pas besoin de le lire, pas de temps à perdre ». Il y a toujours plus de richesse dans le doute que dans l'assertion coup de marteau. Poursuivons : «A ce point d'obsession, il doit exprimer une haine de sentiments refoulés : comme Don Juan, L'Homme couvert de femmes ne veut pas s'arrêter à une seule. D'ailleurs, il les juge toutes faciles ou lesbiennes » - effectivement, pour la subtilité, on repassera. Dans la vie, elles le quittaient. A côté d'expressions exactes (« les méchants ne sont pas les forts ») ah ben si, je trouve qu'il n'y a rien de plus exact, pour ma part : si j'avais viré un peu plus les gens qui me faisaient chier, disons-le inélégamment, je ne serais pas en train de m'époumoner dans un micro de province au lieu de plastronner sur un plateau avec Laurent Ruquier ; mais Dantzig donne dans le cliché à la page : les forts sont en réalité des faibles - ah bon. Ben ta gueule. « ...et de généralités sur la littérature apparemment séduisantes qui sont en réalité n'importe quoi et deviennent intéressantes quand il parle d'écrivains, comme son ami Malraux, » - Malraux, un écrivain ? à la pioche, oui ! - « voilà un homme dont la faiblesse lui fait admirer la force et qui, enferré dans l'erreur, embrasse le désastre. » La force, oui, mais pas le meurtre. Seulement, existe-t-il une force qui ne débouche pas sur le meurtre ? 1. Dantzig distribue son pain blanc et son pain noir comme il l'entend ; il fait comme moi, après tout. Tenez, je vous recommande vivement le blog « En cherchant bien », par mon ami Francis, que je ne vois plus parce que je ne sors plus. Que fait l'ami Lippa dans les blogs «Mollat » ? Eh bien il commente des films, des livres, il les cite, s'introduit dans les citations non pas comme le lierre pour les étouffer, mais pour les étoffer, pour transmettre à ses lecteurs le dialogue qu'il entretient, phrase après phrase, avec les pages qu'il aime. « Je lui ai reproché cet entrelacement » - ce vers me semble racinien... Mais, ici, où cours-je et que fais-je ? 2. La même chose. Sacrés putains d'humains, dit-il en se grattant avec tendresse. Et que va donc dire Dantzig sur Drieu, à propos des nazis ? « La défaite de l'Allemagne devenue évidente, il se persuade que le fascisme était pantouflard » - non ; cependant, chez Dantzig, j'ai vu ici , à la Clé des Ondes, une affiche disparue depuis : « Ce qu'il faut craindre, ce n'est pas tant le bruit des bottes que le silence des pantoufles ». De qui est-ce ? Renseignez-moi. En tout cas, le fascisme, c'est à la fois les bottes et les pantoufles. « Et on poursuit à présent comme ceci » (merci Marc) : « Dieu sait pourtant qu'il avait élaboré des plans » (Drieu La Rochelle) « « pour réorganiser l'administration de la France, interdire l'Académie Goncourt, « poursuivre les demi-juifs, » (on n'en déporte qu'une moitié par personne), « etc. (21 juin 1940) ! » (le point d'exclamation est de Dantzig). 3. C'est qu'on en disait des choses en 1940, ma bonne dame. En 2010, on a même entendu dans un congrès écologiste que saint Nicolas portant une large barbe lui couvrant le visage, il tomberait sous le coup de la loi qui interdit de se voiler la face avec un tissu islamiste ; ô le beau raisonnement à la con ! Et interdire les casques de moto et de ski ! Ô le bel autre argument à la con ! Vive la bourca, donc ? Non braves gens, je ne suis pas en train de rapprocher des choses incompatibles, j'essaie de dire juste, en mélangeant tout si ça vous arrange de le penser : il est très très facile de tomber dans la connerie quand on a le nez dans la merde immédiate de l'évènement.

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