Baise de Moncul, soldat

I'm going to tell you ce qui cloche dans mes lectures actuelles : la monotonie humaine. Nous aurons droit aux débuts difficiles de l'aîné de Gascogne qui va s'encanailler à Nancy, et qui retraînera ses housettes jusqu'à Bayonne. Et ran et vlan sur le casque, et chlouf la lance dans les vagins d'Agen, pas très bandant. Nous voici parmi les soldats de Louis XII. Qui vivaient sur l'habitant et ne se lavaient jamais. Ça devait bien puer des chausses tout ce troupiau. Le Blaise porte une tête de melon sous un melon à ganse tressée. Il vous juge et vous jauge avec méfiance, « ne me marche pas sur les pieds ou il pourrait t'en cuire. » Il mena ses hommes durement. Un reître. Qui écrit bien, sans qu'il soit nécessaire de traduire. Un Brantôme, en somme. Vont redéfiler nos Gü-ïses et nos François Ier, Second, Villers-Cotterêts et je ne sais quelles lois de Charles IX le Tubard. « Blaise revenait donc au pays en cet automne 152 », entre Marignan et Pavie. Clipiclop. Campagnes vides. Bourgs menus. Humanisme, optimisme. Agen toute resserrée, porcs et macérations de moines. « Sa compagnie tint garnison dans divers villages de Lomagne ». Blaise était de St-Puy. C'est un pays très vallonné, où les rivières s'écartant creusent des vallées divergentes dans le cône de déjection pyrénéen ; cela remonte jusqu'à Lannemezan et le Nébouzan. « Les troupes ne disposaient pas de quartiers ni de casernes cong, elles logeaient chez les paysans et les gens de petite conditiong, qui n'avaient pu acheter la dispense de cette hospitalité peu souhaitée comportant évidemmeng le vivre et le couvert. » Est-ce donc là de l'originalité, M.Sournia ? Assurément non : être soldat c'est être con. Bête et discipliné. « Sa présence et son immatriculation nous sont attestées par les « montres » dont les procès-verbaux nous sont parvenus. » Bonjour, vie quotidienne, vie militaire, manœuvres d'étripailleurs éventuels et stipendiés. Toute une mathématique administrative : « Les officiers recevant leur solde pour eux-mêmes et leurs hommes, les officiers du roi procédaient périodiquement à des revues, ou « montres », et réglaient les sommes dues en fonction des présents », consistant donc sans doute en ristournes. Bientôt nous reviendrons aux milices privées. Voilà ce que c'était que les « montres » : « Tout le monde trichait : les payeurs s'efforçaient de déceler les filouteries, en principe pour économiser l'argent du roi, mais ils en gardaient une partie. » Ô jardiniers ! Savez-vous que sans magouilles, vos vertus tuent tout le monde, et que senza combinazioni, le monde courrait à sa perte ? Ô faiseurs de théories ! Ô fureur des hommes qui se jettent du haut des falaises d'Iwojima ! Ô fauteurs de guerre accomplissant si bien les fonctions de l'humain ! Décris, transcris, ne t'avise pas de fendre la coque de l'humain, car ce serait alors le vrai contact infect, sans fleuret moucheté. Sur la couverture, Monluc arbore une tête bornée de marchand de chapeau. « Les officiers grossissaient leurs effectifs avec des figurants qu'on appellera plus tard des passe-volants ». Passe-moi le volant je te le rendrai tout à l'heure. « Les jeunes gens de la région, même n'ayant aucun goût pour les armes, se satisfaisaient de quelques sols pour paraître à la montre et disparaissaient ensuite. » Tout cela semble bien bon enfant, et Sournia notre auteur somnole. On jouait donc, en ce temps-là, aux quilles, aux petits soldats. Je suis sûr que nous les considérerions comme de grands gamins. « Quant aux noms figurant sur les rôles et absents à la montre, on ne savait jamais s'ils étaient vraiment malades ou même s'ils existaient. » C'était une pagaïe bien organisée. Mine de rien, sans toucher l'éteuf que du bout des raquettes, le Sournia nous initie tout simplement à l'ambiance Servitude et grandeur militaires dans les collines lomagnoles : « Apparemment, Blaise fut au moins une fois un vrai absent, puisque son nom paraît sur la montre du 18 février 1523 à Mirande alors que, selon lui, il n'y était pas, puisque atteint de fièvre quarte. » Le douillet. Dur de ressusciter la vie quotidienne quand on ne possède que de secs documents. Plus loin peut-être aurons-nous de lourds tableaux administratifs pour bien nous emplâtrer de statistiques anthropologiques, mais nous sommes dans le pur biographique, et je pense soudain, puisque nous militarisons, que sur toute la côte ce 6 juin nous fêtions le débarquement. « A cette époque, il fut promu homme d'armes » - il ne l'était donc pas encore ? il n'était que valet ? novice ? il s'amusait bien ? il montrait des qualités ? Il se battait de tous ses petits poings musclés ? Il intriguait ? Non, c'étaient de vrais soudards, il n'y avait rien à redire. « Sa qualité de gentilhomme et son ardeur le mettaient donc désormais parmi les gens d'armes ; à son tour, il avait des archers autour de lui. » Il n'était donc auparavant qu'un goujat ? Il se mouchait dans ses doigts, chiait comme il pouvait, se torchait grossièrement, vivait dans la merde et dans la poussière, n'y entendant ni malice ni civilisation. « Cependant, l'année 1523 fut dure pour la France. » Oui, parlez-nous voir des paysans. Un peu de Braudel par pitié. Parlez-nous de moi. De ce que je faisais dans ma peau d'ancêtre. Si je me souciais ou non d'être envahi. « Anglais et Flamand envahirent la Picardie » (mais c'est si loin ! vu de la Lomagne, sur l'autre face de la Terre ! « Des lansquenets » ou Landsknechte « pénétrèrent en Champagne, et Charles-Quint au sud-ouest » (ça se rapproche) dans le pays de Labourd », mais nul tableau politique ou militaire n'apparaît – depuis Taine, cela se faisait !

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