Erasme, fin

Jérôme encense, après Paul, la chasteté, la continence, crachant sur le corps – que comprenaient-ils donc au christianisme ces chrétiens, et à l'incarnation du Messie? Tu trouveras plus de bons pilotes que de bons princes, plus de bons médecins que de bons évêques. D'ailleurs ce fait n'est point à la honte de l'ordre, mais à la louange de ceux qui se sont le plus distingués dans l'ordre le plus distingué. Mais l'homme est jugé ici à ses actes, à son efficacité. Non pas à ses virtualités. Chapitre ou division XVI : Je t'en prie, pourquoi les théologiens, si toutefois il en est qui soient choqués, se choquent-ils plus que les rois, les grands, les magistrats, les évêques, les cardinaux et les souverains pontifes ? - c'est que plus tu t'approches de Dieu, plus tu dois être humble.
    Il dit encore, Erasme : Plus encore que les commerçants, les maris, les femmes, les jurisconsultes, les poètes (car la Folie n'a omis aucune catégorie de mortels), si ce n'est qu'ils sont assez insensés pour estimer qu'on dit d'eux ce qu'on dit en général des méchants ? Ces arguments de bon sens restent d'actualité. Le décourageant, avec la connerie humaine, c'est qu'il faut la recombattre du début à chaue génération. L'intérêt de ce texte n'est donc pas nécessairement dans l'originalité des attaques, mais dans son inscription de l'histoire huaine, où l'on retrouve toujours, éternellement ressuscitante, la Folie. "Si votre adversaire vous écrase de ses arguments, rien n'est perdu : vous pouvez toujours l'insulter".
   
Je ne sais plus quel humoriste américain a dit cela. Exemple, Laurent Valla (1406-1457), "l'un de ceux qui, avec le Pogge" ( Poggio Bracciolini), contribuèrent le plus à la restauration des lettres, soutint contre celui-ci une lutte interminable, où les injures souvent tenaient lieu d'argument" -avec références à son ouvrage si le coeur vous en dit. Ce qui est déroutant, c'est le pullullement des notes en fin d'ouvrage, au point que je lisais une page, puis les notes qui s'y rapportaient ; autrement, c'était une interruption pédante et perpétuelle : Je savais dit Erasme que Laurent Valla, comme tu le dis, s'était avant nous occupé de ce travail" (sur les saintes Ecritures), puisque c'est moi qui ai le premier publié se sannotations, et j'ai vu les commentaires de Jacques Le Febvre sur les Lettres de Paul".
    Intervient ici une note passionnante pour les amoureux du savoir, qui ne sert à rien : "Le 13 avril 1505, Erasme avait publié à Paris les Annotations de Laurent Valla sur le Nouveau Testament : "simple travail de philologue, observe M. Renaudet, mais qui pouvait donner aux théologiens une leçon de méthode, et leur montrer comment on doit, avant d''expliquer la Bible, en établir le texte avec toutes les précautions de la critique", ce qui semble évident, sauf pour certains prétentieux ignares. Quanr à Le Febvre, c'est le même Jacques Le Fèvre d'Etaples (1455-1537)", remarquable longévité pour l'époque, "polygraphe français" né à Etaples (Pas-de-Calais ou Artois), "(...) l'un des plus savants de son siècle : il avait en 1512 publié une édition des Epîtres de saint Paul" et non pas de saing Pol bande de putaings congs, "accompagnée de commentaires où il émettait des opinions dogmatiques qui le séparaient de l'Eglise romaine, rejetant la prédestination, n'admettant pas que la foi seule puisse sauver, attachant une médiocre importance à la confession, etc. Il devrait bientôt voir certaines de ses affirmations être par la Sorbonne entachées d'hérésies (9 nov. 1521) et certains de ses livres être saisis par ordre du Parlement.
    "Il dut même chercher asile à Strasbourg", qui ne faisait pas encore partie de la France, jusqu'au jour où François Ier,", le vrai, le Français, quittant sa prison de Madrid, en fit le précepteut du prince Charles, son fils" qui devait mourir avant lui, "et le mit ainsi à l'abri" L'érudition, donc, qui ne sert à rien, nous ressuscite tout un milieu littéraire européen, utilisant le latin, qui ne sert à rien, et nous fait revivre des hommes qui n'étaient jusqu'ici que des noms et des ombres, lesquelles comme chacun sait ne servent à rien; Plût au ciel reprend Erasme qu'ils eussent travaillé de façon à rendre notre travail  (mon travail) inutlie !
    Je tiens certes Valla pour un homme digne des plus grands éloges, plus rhéteur que théologien, qui s'est employé dans son travail sur les saintes Ecritures à comparer le grec et le latin dont nous nous sommes enfin débarrassés parce que ça ne sert à rien, alors qu'il ne manque pas de théologiens, qui n'ont jamais lu d'un bout à l'autre et dans le détail l'ensemble du Testament (de la Bible) ; mais je ne suis pas de son avis en maints endroits, surtout en ce qui touche la partie théologique. Jacques Le
Febvre avait en main ses commentaires quand nous préparions notre ouvrage ("L'Eloge de la  Folie"), et il est fâcheux que même dans nos entretiens les plus familiers nous n'ayons jamais eu l'idée l'un et l'autre de parler de  notre projet    (toujours  L'Eloge de la folie).
    Je n'ai pas connu ce qui l'occupait avant l'impression de son ouvrage (sur les Lettres de saint Paul). J'applaudis vivement à son effort ; mais nous ne sommes pas non plus de son avis en maints endroits, et avec regret, puisqu'avec un tel ami nous aurions voulu être d'acord en tout, si on ne devait pas tenir compte plus de la vérité que d'un ami, surtout à l'égard des saintes Ecritures. Très importante à l'époque était la traduction de la Bible en français, à laquelle s'est livré Le Febvre d'Etaples lui-même. Mais je ne vois pzs très bien pourquoi, dit Erasme à Dorpius, pourquoi tu m'oppose ces deux auteurs (Valla et Le Febvre d'Etaples).
    Est-ce pour me détourner d'un travail que tu considères comme accompli ? Vous savez, le fameux argument qui tue "Oh, t'as rien inventé, tu t'es vu Ducon ?") - Il apparaîtra que même après de si grands hommes ce n'est point sans raison que j'ai entrepris cette tâche. Veux-tu dire que les théologiens n'apprpouvent pas leur travail  ? Je ne vois vraiment pas en quoi Laurent (Valla) a pu s'attirer ce vieux ressentiment. J'entends applaudir Le Febvre par tout le monde. Et moi je vous entends ronfler d'ici. Donc, lisez, sans notes puis avec notes, Eloge de la Folie d'Erasmus alias Erasme, Garnier-Flammarion n° 36, tradut par Pierre de Nolhac, et ciao.

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