Blattes, Blattes Scénario
C
O LL I GN ON
B
L A T T E S , B L A T T E S
LES
FILMS DE MERDE
PITCH
Deux
couples rivaux aménagent une ancienne boucherie en lieu de vente
pour travaux de peinture sur soie. L’ambiance tendue, l’isolation
du lieu choisi, la sottise humaine généralisée, le manque de
motivation, présentent une image déprimante de toute entreprise
humaine.
THÈME
Tout
est vain, le monde est con, toute entreprise est vouée à l’échec,
se lamenter est le but ultime.
LE
HÉROS
1.QUI
EST-IL ?
Un
homme de 48 ans, professeur profondément pessimiste, dont le seul
but est de caricaturer tous ceux qu’il voit. Il déteste toute
action et cultive l’inaction, l’imagination languissante.
2.
QUE FAIT-IL ?
Il
accompagne sa femme et l’amie de celle-ci dans une tentative de se
faire reconnaître dans leur activité artisanale. Ses cours
n’interviennent pas ici.
3.
D’OÙ VIENT-IL ?
De
Bordeaux, à 100km. Son activité consiste à transformer ses cours
en perpétuel ricanement. Il n’est venu que pour suivre mollement
le projet de sa femme, sans s’impliquer
réellement,
car il ne croit à rien, sauf au caractère victimaire de sa
précieuse et inutile personne.
4.OÙ
VA-T-IL ?
Absolument
nulle part, où le vent le pousse. Sa femme et l’amie de cette
dernière lui demandent de transporter su matériel à
Fort-St-Jacques, alors il le fait.
5.
POURQUOI Y VA-T-IL ?
Parce
que sa femme Arielle le lui a demandé, sinon il s’en fiche. Il
pense que les femmes ont toujours raison, ce qui est une excellente
raison pour ne jamais prendre la moindre initiative. Simplement, par
la seule force de son observation ironique et morne, il créera des
mots et des images à peine moins chiantes que la réalité, qui
n’est qu’une toile de fond de sa douleur mineure et narcissique.
(« ETC. » :
rien de plus. Un vrai sous-Houellebecq, une loque informe et
vénéneuse)
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CARTON
Tout
être qui se sent persécuté
est
réellement persécuté.
MONTHERLANT
Le
cardinal d’Espagne
SEQUENCE
1
INT.
JOUR
OFF
Les
blattes sont de petits insectes dégueulasses,
hétérométaboles
et dictyoptères. Ils trottent dans
les
lieux obscurs en faisant cra-cra-cra
et
se nourrissent de débris variés/
1.
GP Blattes : longues et brunes
au
plafond
2.
GP - sur les murs
3.
4. 5. GP Blattes longues et brunes en positions différentes.
6.
INSERT : une ampoules à cent watts, éblouissante
7.
GP : Blattes aplaties éblouies qui font les mortes
8.
GP : Certaines contractent d’un coup leurs six pattes sur le
ventre
et se laissent tomber au sol.
9.
GP : Blattent qui filent sur le carrelage.
10.
GP : Pantoufle rageuse écrasant les blattes
à même les parois et le plafond nus.
11.
Quatre pantoufles enfilées par des mains
12.
GP Blattes qui tombent.
OFF
« La
mort la plus simple pour l’organisme le plus simple.
Un petit rectangle simple, qui craque à peine.
13.
GP Cadavre écrasé contre le mur, raclé pour le faire tomber.
BRUITAGE
TRES ACCENTUÉ PDT TOUTE
LA SÉQUENCE
14. PLONG.
SUR LES QUATRE BABOUCHES
15.
PM Carnage
sur le carrelage,
en perspective cavalière.
16.
GP sur les rescapées se cachant dans des fissures.
17.
PA. Deux humains, mâle et femelle au crâne rasé, roux pour la
femme.
Baladeurs
sur les oreilles.
La
femme en tablier bleu.
Ils
comptent les cadavres en se courbant.
PASCAL
SCHONGAUER dit PAPIER
Vingt-cinq.
MARQUISE
DE SCHONGAU
Quarante-quatre.
PASCAL
Soixante-neuf.
Quelle coïncidence.
MARQUISE
Va
chercher un balai.
TRAV.
AV. PASCAL de dos cherche un balai dans un placard très sale
ZOOM
AV. Toiles d’araignées, très luisantes.
TRAV.
AR. PASCAL charrie les blattes sur la pelle.
18.
GP visage de la Marquise, surimpression STOCK : pelleteuses
charriant des cadavres à
Auschwitz.
19.
PA Ils enlèvent leurs écouteurs et coupent la musique.
MARQUISE
JEANNE
C’était
quoi pour toi ?
Elle
écarte les bords d’un grand sac en plastique.
PASCAL
Schubert
comme d’habitude.
COLLIGNON «BLATTES,
BLATTES » SCÉNARIO
6
PASCAL
PAPIER est tout pâle. Il jette les cadavres à la pelle dans le
grand sac.
SEQUENCE
2
EXT.
JOUR
Dans
une voiture. PASCAL et MARQUISE JEANNE de SCHONGAU côte à côte
MARQUISE
JEANNE
Maintenant
on peut y aller.
PASCAL
...avec
le kilo de poudre qu’on leur a foutu dans le coquetier, les
blattes…
MARQUISE
JEANNE
...elles
peuvent crever.
Un
temps.
Tu
n’as pas oublié les tréteaux ?
PASCAL
Pas
de danger.
JEANNE
Tu
les as bien calées, mes toiles ? Ventre à ventre, ou dos à
dos.
PASCAL,
bat :
Tout
baigne…
SÉQUENCE
3
EXT.
JOUR
1.
PG Voiture, de dos, débouchant dans une rue étroite.
2.
CONT.PLONG. Panonceau défraîchi «BOUCHERIE »
3.
PM PASCAL et JEANNE, écouteurs à l’oreille, font plusieurs
aller-retours de la voiture à la boucherie, transportant des paquets
encombrants (tréteaux, toiles par deux).
4.
GP sur des barreaux de vitrine, verticaux, très serrés, à
l’ancienne.
5.
TGP Intérieur des cannelures des barreaux, maculé de taches brunes
indélébiles.
6.
GP Visage de PASCAL reniflant.
PASCAL
Ça
sent le vieux sang. Séché.
Il
mâche dans le vide bouche ouverte, d’un air dégoûté.
7.
PG TRAV. GD Arrière-boutique.
TRAV .AV. Cuisine en boyau.
GP
Un réchaud vétuste, un tuyau à gaz à date périmée.
8.
PM JEANNE de dos ouvrant une fenêtre crasseuse qui donne sur une
ruelle à ras de caniveau, eaux sales. TRAV. BH Une fenêtre juste
en face, rideaux bonne femme et cul de télévision 1992.
9.
P.G. PASCAL Schongauer et JEANNE Schongau installant toue sorte de
paquets, tréteaux, tableaux, premiers rangements et dispositions.
OFF :
« ...soit
pour les époux Schongau-Schongauer en location indivise un bâtiment
sis six de la rue des Puniques, sur trois niveaux dont une boucherie
désaffectée au rez-de-chaussée plus arrière-boutique attenante,
chambre et dégagement plus point d’eau et toilette au premier
étage plus chambres et toilettes au deuxième et combles, le tout
constituant immeuble de rapport ou hôtel déclassé pour insalubrité
(arrêté préfectoral du 20 juillet 1983), chaque chambre pourvue
d’une literie, d’un mobilier d’hôtellerie adéquat et de tous
tuyaux, robinetterie, lavabo et bidet en bon état de marche, à
charge éventuelle pour les époux Schongau-Schongauer de réaménager
à leur gré exclusif tout ou partie, intérieur ou extérieur, du
bâtiment décrit susdit... »
10.
P.E. PASCAL et JEANNE remettant une forte liasse de billets entre
les mains de LA FEMME AUBERGISTE (MAUD)
11.
P.E. PASCAL et JEANNE main dans la main, écouteurs pendants,
s’engage dans le grand raide escalier de bois noir qui monte à
l’étage.
INT.
JOUR.
12.
P.M. PASCAL SCHONGAUER s’arrête net :
«
Douze vingtièmes de ma vie ; quatre ans par marche : 48
ans sur 80 ».
Ils
se tiennent par les épaules.
13.
P.M. Ils débouchent sur le grand palier qui comprend : une
pierre à eau, un coin douche. Armoires, coffres, poussière.
14.
P.M. TRAV. AV.
Couloir
tordu ; au bout à droite une chambre en état d’abandon ;
LA
FEMME AUBERGISTE (MAUD) par derrière. L’HOMME AUBERGISTE. Tous
deux très corpulents, l’homme très grand, de type alsacien.
L’HOMME,
qui les a suivis :
« C’est
la plus belle ».
PASCAL
« Sûr ! »
15.
PANORAMIQUE GD
Une
cheminée sous la poussière gluante. Une table de nuit. Lit.
Couvre-pied lourd.
16.
P.M. JEANNE se tord les pieds sur les tomettes.
17.G.P.
PASCAL SCHONGAUER : son visage exprime une grande
satisfaction. Il se frotte les mains.
18.
L’AUBERGISTE MÂLE
« Ça
donne juste au-dessus de la porte aux bouchers. Ne vous penchez pas
trop » (doctoral) Quatre mètres cinquante.
L’AUBERGISTE
FEMELLE (MAUD)
« C’est
mon mari qui a installé la pompe. Et des toilettes dans le boyau.
V’z’avez pas vu les toilettes ?
JEANNE
SCHONGAU
« Il
y a des blattes.
MAUD
« Vos
aurez du produit.
Les
deux couples se comparent avec intérêt.
MÂLE
« On
vous fait un prix parce que c’est insalubre.
FEMELLE
« Il
faudrait des frais énormes.
PASCAL,
s’esclaffant niaisement :
« Ha
ha ! « Énormes ! »
JEANNE
le fixe férocement. Il se tait.
19.
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