PHOTOS LIBRES DE DROITS
COLLIGNON DESCRIPTIONS “IMAGES PUBLIQUES SUR ÉCRAN”
CASCADE SITE
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Nous
ignorons tout de ce cliché. Ses proportions furent déterminées par
nous. « L’image représente » puisqu’il faut le dire
une cascade exotique, tombant de profil d’un surplomb rocheux. Elle
forme un rideau intermittent de 45° vers
« le nord-est », tombant dans une vasque bleue présentant
sensiblement la forme de la grande île méridionale de Hawai’i,
mais sans volcan, évidemment. Sur tout le côté droit, un
escarpement rocheux ocre rouge, formant cadre rapproché. L’eau
tombe verticale
de cinq point d’écoulement, les deux plus
rapprochés transpercés de lumière dorés, les plus éloignés se
détachant plus malaisément du bleu céleste, eux-mêmes édulcorant
ce bleu jusqu’à la pâleur. La roche revient sur soi-même au bas
de l’image, vire au vert végétal : mousses rases dues à
l’arrosement constant.
Le
pourtour de la vasque «hawaïenne » est lui-même vivement
coloré de verdure par éclaboussures supposées. Le ciel bleu pur
pousse un mamelon jusqu’à l’arrondi rocailleux, en opposition au
reflet aqueux, plus sombre, au dessous. À
30 % de la verticale, un triangle tronqué montre
une étendue de sol, plate à gauche, en pente raide à droite
au-delà du rideau de la chute
et s’accrochant à d’autres reliefs masqués. Le paysage distant
de gauche se dore d’une lumière solaire, vraisemblablement le
lever de l’astre, épanchant son jaune de Delft entre un horizon
ocre et des bouffées cotonneuses de nuages rose tendre, accentuant
le bleu des hauteurs célestes.
Ainsi
se trouvent réunis la terre, l’eau, le feu du soleil et l’air
pur du jour naissant. Le regard ricochant des aspérités du roc
s’élance vers l’ouverture du lointain, terrestre ou aérien, tel
que devraient s’affranchir les esprits de leurs obscurités
caverneuses. Déjà le rideau amniotique se tire : la voie
gauche est libre, le voile transparent
des
eaux se
replie, les aspérités du roc seront là pour nous rappeler la
rudesse solide et rassurante de notre condition terrestre. Une grande
diagonale se révèle alors, de la pente arborée du fond à la rive
du bassin bleu.
Alors
enfin se soupçonne dans le rocher l’ébauche d’un profil
humain : soit l’œil
incrédule encore à demi caché par l’arête plongeante du nez,
soit bouche ouverte par l’effort et l’extase.
COLLIGNON DESCRIPTIONS IMAGES
LIBRES DE DROITS SUR ÉCRAN
LE
JEUNE HOMME AUX ÉOILES 66
05 18
Après
maintes recherches provocatrices de bouffées de sueur, nous
retrouvons enfin cette image que nous n’aimons pas. Elle est niaise
et con. Son graphisme est élémentaire, sa symbolique aussi
expressive qu’une bouchée de guimauve. Elle représente, « n’en
déplaise à quelques esprits chagrins », un jeune homme, tout
petit, tout bleu, censé magnifique, mais du niveau Walt Disney
prononcez Dizzni ça fera encore plus con, et ce jeune homme, de
profil en deux-tiers au bas de l’image à droite, tient dans sa
main une lampe fin XIXe s., d’où s’échappe vers le ciel obscur
une giclée d’étincelles, laquelle se transforme aussitôt en
écharpe d’étoiles. Donc, chaque lueur de ferveur intime se voit
sublimée en illumination céleste, fût-on attendrissant comme un
Petit-Prince à la St-Ex.
Ne
pas oublier que notre grand moraliste trompait abondamment sa femme
et s’exerçait au bar avec
ses
camarades à celui qui se ferait sauter les boutons de braguette à
force de bander. Mais passons, et « dessine-moi un mouton ».
Ce
jeune homme porte un maillot bleu, une boule de cheveux noirs
masquuant tout profil, et un pantalon noir s’amincissant jusqu’à
mi-mollet, après quoi intervient le cadre, en « plan
américain ». Il
tient à bour de bras,perpendiculairement et au bout d’un fil, un
lumignon où nos ancêtres fixaient une bougie. Le sommet formait
pyramide
plate, le corps s’ouvrait par une portière en rectangle, et
lorsqu’elle était fermée, le vent n’éteignait pas la
chandelle. Ici, toute la boîte suspendue resplendit, comme une
cassolette transparente.
Le
jaune soleil-paille s’élance à partir d’une facette de la
pyramide. Comme un incendie dans une chevelure, la lueur est
compacte, puis s’éclaircit, puis se fragmente. Juste
avant, elel a pris le reflet pourpre d’un chalumeau en faisceau
cylindrique, et voici le pailletis d’étincelles stellaires, plus
ou moins touchées de rose. Pétales aussi. Ce que vous voulez.
Confiseries, pralines, jetés à la volée par la lanterne magique.
Nous avons observé, à force de fixer dans la navritude, un cercle
d’étoiles mêlé aux formes molles qui s’échappent : mais
l’image à nouveau, rebelle à l’injonction des clics, court à
nouveau se réfugier dans les mystères
de
la machine. Ce
cercle stellaire se trouve plus haut en biais, plus petit, plus
désordonné voire cabossé, atteignant le carré vers le bas.
Dans
cette configuration d’éclatement mou à vrai dire, l’œil
du voyant/spectateur sollicité par la multiplication verrait ce
qu’il veut ; et pourquoi pas deux autres circulots, « comme »
(le mot de Julien Gracq…) des bobines de film au-dessus d’une
boîte à manivelle. Tout ce giclage vient s’étaler dans l’angle
supérieur gauche, sans autre but que d’émerveiller
nos yeux d’enfants, mais qui en ont vu d’autres. Admettons
une frontière assez nette par-dessous, le tout sur un fond vert
bouteille foncé qui n’est plus réaliste sans
posséder
encore le vigueur du surréalisme. Le comble des mochetés
s’atteint par ces formes orange sale, hautement toxiques,
post-nucléaires, qui vous foutent dans la gorge, à les regarder,
les pires pâtisseries molles en graisses de bœuf
modifiées. De
gauche à droite : dos de nuque d’ours bouffant du chamallow
de la patte droite ; ça y est, le voilà reparti.
Tout
cela est fade, bâclé pour les enfants, alors qu’il n’y a
personne de plus sévère avec la qualité que les enfants. Ces nuées
orange, fades et sucrées, nous obturent le message. Nous pensons
plus à l’écœurement
du loukoum qu’aux macérations soufiques. Tout disparaît dans le
décomposé. U, jour chacun sera brûle, jeune ou vieux, et
disparaîtra dans le firmament noir et rose. Rien de plus négligé
que le trait et la couleur. Du caca rose et mauve.

LAPIN DE PÂQUES HUMAIN 12 04 2020
C’est une illustration de Pâques. Un petit garçon dans une peau
tombante contemple en costume de lapin l’aube de la résurrection
ou de la fécondité. Justement, de son ventre vu de dos jaillit un
beau bouquet d’arbuste, qui se disperse en pomme d’arrosoir
contre l’horizon blafard. Jamais le photographe n’aurait pensé à
cette perversion. Car ce petit lapin s’émerveille bien purement
devant l’aube incertaine. Des cirrus plats s’étagent à
l’horizontale au-dessus de nous, bleu gris pâle, avec de
longs flocons de fumées, plus larges et plus clairs à gauche, en
triangles de jacquet ; plus sombres à droite au-dessus de
l’arbuste.
Le lapinousse reçoit au niveau du solaire, sous le nombril, l’ombre
foncée de la terre ferme, qui se rlève à gauche en silhouette de
coteau. Mais un pliage imperceptible encore sépare la colline de la
pierre, formant l’intérieur d’une longue charnière. Et sur la
partie horizontale à y bien observer, l’œil
attentif décèle des pâleurs de terrain ou de terrasse : une
frange descendant vers nous dispose en effet des franges
irrégulières de briques plates, sans doute ornementales, de bois ou
de faux bois, pointes rentrantes à gauche et saillantes à droite.
En tout ca s, notre faux animal plante bien ses petits talons sur un
quadrillage oblong,
bosselé par un long usage : on y tire en été la table
conviviale, face à la nature encore fraîche aujourd’hui.
Et
devant ce spectateur lapinoïde s’offre le paysage à venir du
lever du jour. De dos, dans son déguisement fripé, notre grand
lapin petit enfant de Disney laisse tomber ses frêles épaules et
ses oreilles en prolongements horizontaux du sommet de son crâne.
Il se tient là, bras ballants inexpressifs le long du corps, le
pompon blanc des caricaturistes en contraste virtuel avec le nez
rouge. C’est le blanc même de l’admiration innocente, de
l’innocence émerveillée. À la fois de l’enfance devant
l’horizon qui le fascine, l’attire
et l’englobe si fripé dans son ample éternelle pelisse du vieux
genre humain, lassé depuis la fin des temps.
Ainsi se
trouve l’allégorie des fusions cycliques : la nuit et le
commencement, l’adoration recueillie et l’appel du jour, dans un
instant de grâce et d’impalpable
– sauf les deux rouflaquettes, de part et d’autre, sous les
oreilles…
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