PHOTOS LIBRES DE DROITS

COLLIGNON DESCRIPTIONS “IMAGES PUBLIQUES SUR ÉCRAN”
CASCADE SITE 01 PHOTO 01 66 01 13

Nous ignorons tout de ce cliché. Ses proportions furent déterminées par nous. « L’image représente » puisqu’il faut le dire une cascade exotique, tombant de profil d’un surplomb rocheux. Elle forme un rideau intermittent de 45° vers  « le nord-est », tombant dans une vasque bleue présentant sensiblement la forme de la grande île méridionale de Hawai’i, mais sans volcan, évidemment. Sur tout le côté droit, un escarpement rocheux ocre rouge, formant cadre rapproché. L’eau tombe verticale
de cinq point d’écoulement, les deux plus rapprochés transpercés de lumière dorés, les plus éloignés se détachant plus malaisément du bleu céleste, eux-mêmes édulcorant ce bleu jusqu’à la pâleur. La roche revient sur soi-même au bas de l’image, vire au vert végétal : mousses rases dues à l’arrosement constant.
Le pourtour de la vasque «hawaïenne » est lui-même vivement coloré de verdure par éclaboussures supposées. Le ciel bleu pur pousse un mamelon jusqu’à l’arrondi rocailleux, en opposition au reflet aqueux, plus sombre, au dessous. À 30 % de la verticale,   un triangle tronqué montre une étendue de sol, plate à gauche, en pente raide à droite
au-delà du rideau de la chute et s’accrochant à d’autres reliefs masqués. Le paysage distant de gauche se dore d’une lumière solaire, vraisemblablement le lever de l’astre, épanchant son jaune de Delft entre un horizon ocre et des bouffées cotonneuses de nuages rose tendre, accentuant le bleu des hauteurs célestes.
Ainsi se trouvent réunis la terre, l’eau, le feu du soleil et l’air pur du jour naissant. Le regard ricochant des aspérités du roc s’élance vers l’ouverture du lointain, terrestre ou aérien, tel que devraient s’affranchir les esprits de leurs obscurités caverneuses. Déjà le rideau amniotique se tire : la voie gauche est libre, le voile transparent des eaux se replie, les aspérités du roc seront là pour nous rappeler la rudesse solide et rassurante de notre condition terrestre. Une grande diagonale se révèle alors, de la pente arborée du fond à la rive du bassin bleu.
Alors enfin se soupçonne dans le rocher l’ébauche d’un profil humain : soit l’œil incrédule encore à demi caché par l’arête plongeante du nez, soit bouche ouverte par l’effort et l’extase.
COLLIGNON DESCRIPTIONS IMAGES LIBRES DE DROITS SUR ÉCRAN
LE JEUNE HOMME AUX ÉOILES 66 05 18



Après maintes recherches provocatrices de bouffées de sueur, nous retrouvons enfin cette image que nous n’aimons pas. Elle est niaise et con. Son graphisme est élémentaire, sa symbolique aussi expressive qu’une bouchée de guimauve. Elle représente, « n’en déplaise à quelques esprits chagrins », un jeune homme, tout petit, tout bleu, censé magnifique, mais du niveau Walt Disney prononcez Dizzni ça fera encore plus con, et ce jeune homme, de profil en deux-tiers au bas de l’image à droite, tient dans sa main une lampe fin XIXe s., d’où s’échappe vers le ciel obscur une giclée d’étincelles, laquelle se transforme aussitôt en écharpe d’étoiles. Donc, chaque lueur de ferveur intime se voit sublimée en illumination céleste, fût-on attendrissant comme un Petit-Prince à la St-Ex.
Ne pas oublier que notre grand moraliste trompait abondamment sa femme et s’exerçait au bar avec ses camarades à celui qui se ferait sauter les boutons de braguette à force de bander. Mais passons, et « dessine-moi un mouton ». Ce jeune homme porte un maillot bleu, une boule de cheveux noirs masquuant tout profil, et un pantalon noir s’amincissant jusqu’à mi-mollet, après quoi intervient le cadre, en « plan américain ». Il tient à bour de bras,perpendiculairement et au bout d’un fil, un lumignon où nos ancêtres fixaient une bougie. Le sommet formait pyramide plate, le corps s’ouvrait par une portière en rectangle, et lorsqu’elle était fermée, le vent n’éteignait pas la chandelle. Ici, toute la boîte suspendue resplendit, comme une cassolette transparente.
Le jaune soleil-paille s’élance à partir d’une facette de la pyramide. Comme un incendie dans une chevelure, la lueur est compacte, puis s’éclaircit, puis se fragmente. Juste avant, elel a pris le reflet pourpre d’un chalumeau en faisceau cylindrique, et voici le pailletis d’étincelles stellaires, plus ou moins touchées de rose. Pétales aussi. Ce que vous voulez. Confiseries, pralines, jetés à la volée par la lanterne magique. Nous avons observé, à force de fixer dans la navritude, un cercle d’étoiles mêlé aux formes molles qui s’échappent : mais l’image à nouveau, rebelle à l’injonction des clics, court à nouveau se réfugier dans les mystères de la machine. Ce cercle stellaire se trouve plus haut en biais, plus petit, plus désordonné voire cabossé, atteignant le carré vers le bas.
Dans cette configuration d’éclatement mou à vrai dire, l’œil du voyant/spectateur sollicité par la multiplication verrait ce qu’il veut ; et pourquoi pas deux autres circulots, « comme » (le mot de Julien Gracq…) des bobines de film au-dessus d’une boîte à manivelle. Tout ce giclage vient s’étaler dans l’angle supérieur gauche, sans autre but que d’émerveiller nos yeux d’enfants, mais qui en ont vu d’autres. Admettons une frontière assez nette par-dessous, le tout sur un fond vert bouteille foncé qui n’est plus réaliste sans posséder encore le vigueur du surréalisme.  Le comble des mochetés s’atteint par ces formes orange sale, hautement toxiques, post-nucléaires, qui vous foutent dans la gorge, à les regarder, les pires pâtisseries molles en graisses de bœuf modifiées. De gauche à droite : dos de nuque d’ours bouffant du chamallow de la patte droite ; ça y est, le voilà reparti.
Tout cela est fade, bâclé pour les enfants, alors qu’il n’y a personne de plus sévère avec la qualité que les enfants. Ces nuées orange, fades et sucrées, nous obturent le message. Nous pensons plus à l’écœurement du loukoum qu’aux macérations soufiques. Tout disparaît dans le décomposé. U, jour chacun sera brûle, jeune ou vieux, et disparaîtra dans le firmament noir et rose. Rien de plus négligé que le trait et la couleur. Du caca rose et mauve.

LAPIN DE PÂQUES HUMAIN 12 04 2020

C’est une illustration de Pâques. Un petit garçon dans une peau tombante contemple en costume de lapin l’aube de la résurrection ou de la fécondité. Justement, de son ventre vu de dos jaillit un beau bouquet d’arbuste, qui se disperse en pomme d’arrosoir contre l’horizon blafard. Jamais le photographe n’aurait pensé à cette perversion. Car ce petit lapin s’émerveille bien purement devant l’aube incertaine. Des cirrus plats s’étagent à l’horizontale au-dessus de  nous, bleu gris pâle, avec de longs flocons de fumées, plus larges et plus clairs à gauche, en triangles de jacquet ; plus sombres à droite au-dessus de l’arbuste.
Le lapinousse reçoit au niveau du solaire, sous le nombril, l’ombre foncée de la terre ferme, qui se rlève à gauche en silhouette de coteau. Mais un pliage imperceptible encore sépare la colline de la pierre, formant l’intérieur d’une longue charnière. Et sur la partie horizontale à y bien observer, l’œil attentif décèle des pâleurs de terrain ou de terrasse : une frange descendant vers nous dispose en effet des franges irrégulières de briques plates, sans doute ornementales, de bois ou de faux bois, pointes rentrantes à gauche et saillantes à droite. En tout ca s, notre faux animal plante bien ses petits talons sur un quadrillage oblong, bosselé par un long usage : on y tire en été la table conviviale, face à la nature encore fraîche aujourd’hui.
Et devant ce spectateur lapinoïde s’offre le paysage à venir du lever du jour. De dos, dans son déguisement fripé, notre grand lapin petit enfant de Disney laisse tomber ses frêles épaules et ses oreilles en prolongements horizontaux du sommet de son crâne. Il se tient là, bras ballants inexpressifs le long du corps, le pompon blanc des caricaturistes en contraste virtuel avec le nez rouge. C’est le blanc même de l’admiration innocente, de l’innocence émerveillée. À la fois de l’enfance devant l’horizon qui le fascine, l’attire et l’englobe si fripé dans son ample éternelle pelisse du vieux genre humain, lassé depuis la fin des temps.
Ainsi se trouve l’allégorie des fusions cycliques : la nuit et le commencement, l’adoration recueillie et l’appel du jour, dans un instant de grâce et d’impalpable – sauf les deux rouflaquettes, de part et d’autre, sous les oreilles…





Commentaires

Articles les plus consultés