Matière première pp. 70/84

53 11 07
Nous sommes Annie et moi en voyage dans une ville côtière normande, assez accidentée. Nous montons de biais sur un rocher où est bâti une belle demeure, et nous retrouvons bloqués sous deux fenêtres fermées. Une servante en entrouvre une ; c'est la troisième fois que je commets cette erreur. La première fois je m'étais retrouvé bloqué (la deuxième c'était mis « interdit »). Elle nous ouvre une porte-fenêtre, toute une famille est là autour d'un vaste salon, à lire ou à broder. Ce sont des quinagénaires ou sexagénaires de la noblesse, bien raides, en costumes XVIIIe s. Le vieux marquis de Tourville, perclus mais autoritaire, nous autorise narquoisement à traverser le salon en précisant que la prochaine fois ce sera avec son pied aux fesses.
Impossible d'engager la conversation, tout le monde reste bien hautain et ironique. En regagnant la ville, nous passons devant un kiosque vendant des barrettes à cheveux à motifs de soie ; sur l'un d'eux le duc de Choiseul ou La Pérouse frappe le Dauphin de sa canne. Annie demande à la servante, qui nous a accompagnés, si elle ne peut pas téléphoner à sa mère, elle refuse ; alors Annie la dédommage à l'avance en lui passant trois quatre euros. Nous poursuivons notre exploration. UTILISÉ

53 11 11
Je dois tourner un film pour Leterme dans une demeure inhabitée, avec de nombreuses pièces bien meublées. Je m'occupe comme je peux dans chacune d'elles. A la fin de la journée, venue de la jeune assistante qui m'adresse quelques compliments. Du coup je me sens tout revigoré. David est venu, il a oublié de m'offrir un cor de chasse pour mon anniversaire. Leterme par à la jeune fille, d'elle-même, d'une voix grave et profonde. Moi je fais le con sur une chaise à roulettes de fonctionnaire, je passe dans le salon, puis reviens. Nous nous rendons dans une cuisine étroite et lumineuse style 1900, Leterme parle de religion ; la fille, ravissante, (…) UTILISÉ

53 12 03
A Mobylette dans la région de Villeneuve-sur-Lot / Agen. Je regonfle mes pneus, j'arrive au sommet d'une pente couverte de feuilles mortes, dans une cour où le chemin semble se terminer. Deux femmes sexagénaires dont peut-être Mme Mourand et Claudine de St-Gaudens me regonflent, mieux, puis me conduisent de l'autre côté de leur maison où le chemin devient une allée dégagée vers un portail fermé. Je remonte sur la selle qui prend l'aspect de l'intérieur d'un porte-monnaie, puis nous partons ensemble vers un bled où vient de se dérouler une fête de l'huître ; nous en commandons en terrasse, tout est encore en désordre et les employés viennent demander qu'on ne fasse pas trop de bruit parce qu'il est seulement 10h 40.
J'avais dit vouloir gagner Villeneuve, et devant l'air désappointé de Mme Mourand je m'étais demandé si je ne ferais pas mieux de rester toute la journée avec elle, et plus, le soir, éventuellement, ouais, bof... UTILISÉ

53 12 14
Dans un métro un peu crasseux, et sombre, une femme d'un certain âge, et charmante, laisse tombre quelque chose sur mes pieds. Elle me demande de le lui ramasser, sa phrase est longue et mal intelligible. Je ramasse un lourd collier d'argent fait de grosses pièces rondes enchaînées, elle me remercie. Dans un autre wagon, une fille rougeaude et joyeuse parle de termes grecs en faisant semblant de s'excuser, mais y prend plaisir. Une autre femme plus âgée lui répond sur le même sujet, et ajoute qu'elles sont du même signe politique, votant à gauche. Le métro roule dans un tube, les horaires y sont affichés à même le mur, alors que la rame défile et qu'on n'a guère le temps de bien lire sauf à l'arrêt... UTILISÉ

53 12 15
Dans un hall d'aéroport, des gens tirent à la pierre sur des arbres, puisant dans la caillasse, où sont penchés des oiseaux hors d'atteinte. Mais parfois, ils s'envolent effrayés et se reposent. Sorte de lapidation de Satan. Annie atteint un arbre ! C'est excellent. Des pièces et des médailles allongées ne cessent de tomber du plafond. Les enfants en ramassent. Annie et moi-même le faisons ; j'en donne à certains enfants, j'en garde aussi pour nous. Les oiseaux sont des espèces de pigeons blancs. Rentrés à l'hôtel nous faisons des gestes brusques avec des allumettes. Iris en reçoit une dans l'œil et meurt, Kraków aussi, il est bien brûlé. Annie voit cela avec fatalisme. Me rendant aux chiottes, je commence à pousser des cris aigus.
Annie me dit qu'ils ne sont pas tout à fait morts. Et je me rends compte que ce n'est qu'un rêve, et que de toute façon il nous resterait Isa, intacte. UTILISÉ

54 01 05
J'ouvre la fenêtre d'un petit jardin minable, un de mes chats s'est transformé en chien, accompagné de deux autres, tous trois me font des grâces pour obtenir de la nourriture. Le camion de fioul vient, il n'y a plus de quoi en livrer, Mme Marc est là et râle. Il faut payer quand même, je montre ma chaudière au-dessus de laquelle on n'a même pas remplacé les bat-flanc. Une foule grossit à l'extérieur, il faut acheter un petit bidon pour dire qu'on a été lésé, puis manifester. La foule grossit, des pétitions circulent, j'inscris mon nom dans une case. Certains se sont inscrits aussi avec leurs femmes. Un homme dit que “la veille”, à telle manifestation déjà (faillite de la société), les manifestants étaient nombreux et bien remontés, mais qu'alors (il désigne sa tête)... “blêmes...” Nous sommes sous une vaste voûte de ciment. Tout vacille. J'entraîne des gens vers un fond dégagé de terrain vague, disant que c'est un tremblement de terre, que j'en ai déjà subi un au Maroc. Les gens commencent à me suivre alors que l'espace est étroit, clos d'un mur, sans issue. Plus haut, à l'extérieur des structures de ciment, de hautes flammes commencent à jaillir, des gens là-haut désignent le feu... UTILISÉ

54 01 08
Je voyage avec Sonia, deux ans, et un gros chien. Monte à l'hôtel me laver les dents en espérant qu'on ne me fera rien payer. Sonia s'absente un instant avec le chien, je les ramène car il faut une surveillance constante. Puis voyage en auto, je suis moi-même l'auto. Les paysages semblent aveyronnais. Je descends à pied le long d'une pente herbue et vertigineuse, en entonnoir. Nous arrivons à une ville d'où l'on voit de loin la cathédrale de Rodez. Je cherche un coin à l'ombre pour vérifier sur une carte, si nous remontons ou si nous redescendons. Des panneaux indiquent “Pons” dans les deux directions. Bizarre... UTILISÉ

54 01 26
Je suis chargé de faire un cours sur le climat des Pays-Bas. Pour cela il me manque des cartes murales. Je cherche au sommet de l'armoire, où j'ai mis mon porte-monnaie, et en retire une grosse poignée de pièces. Les cartes, de champ contre une armoire scolaire, ne traitent pas de ce sujet. Plus loin, une caisse-cagnotte vide. Des étudiants me sautent dessus pensant que je viens de la vider. J'ai encore toute la monnaie dans mon poing. Le ton monte. Annie me défend. Un étudiant veut m'arracher mon fric. Je lui boufferais bien le crâne mais cela me répugne d'imaginer ses os, sa cervelle et son sang sous mes dents. Je parviens non sans mal à me retirer. Cette séquence se déroulait au fond d'une grande salle de permanence bourrée d'étudiants, des garçons. UTILISÉ

54 02 11
Avec Tarche et un de ses amis, nous faisons une expédition sur des autoroutes à flanc de montagne dominant des villes à riche passé antique (Vienne en France par exemple). Sonia et Annie suivent, les deux motos de tête sont très puissantes. Il y a aussi un de nos chats, un batracien et un insecte (ou trois chats). De fortes pentes remontent un courant très fort, les chats se défendent, fendant l'eau de leurs museaux. Un inconnu devant nous saute de cette autoroute sur la route ordinaire du bas, qui traverse les agglomérations, pour effectuer quelques achats, puis remonte. Ça continue à monter, les rambardes sont délabrées, nous suivons tant bien que mal. Des articles de journaux rappellent que les conférences archéologiques sur toutes ces villes sont réservées aux “Boches”, et critiquent cela. Puis le camarade de Tarche à son tour regagne la route en contrebas. Il a pété un pneu, et un vaste pare-brise occupe la largeur de la voie.
La pente (le talus) est extrêmement raide sur le côté, couverte de magnifiques fleurs bleu foncé, mais c'est impraticable, même à pied. Et l'ensemble de cette autoroute commence à prendre l'aspect d'un plancher de carlingue d'avion écrasé, en équilibre instable à flanc de petite montagne. Je m'amuse bien à lancer en contrebas des débris de métal, puis des gros cailloux, mais je crains que la carlingue ne soit déséquilibrée et ne dévale la pente de côté. Quant à Sonia, Anne, et aux trois chats, ils restent sagement à l'arrière, dans l'attente. UTILISÉ

54 02 28 Je suis chez des Asiatiques en Belgique dans un haut immeuble où ils habitent. Les étagères de l'ancienne bibliothèque de Madame sont à demi effondrées et en désordre. J'essaye de retrouver la place d'un beau livre d'enfant qu'elle y a peut-être remis. Je tombe sur une illustration d'incendie dévastateur dans un village de pailllotes, sous un vent violent, dans les îles située dans l'isthme de Panama., comme s'il y avait là une sorte de mer de Marmara. Puis je suis surpris en train de me savonner, complètement nu, près d'un lavabo, dans un petit recoin bien propre. Le couple me voit, mais, très préoccupé, ne me fait aucune remarque. Il s'agit de ma dentiste Nguyen et de son mari.
Puis je suis sur une autoroute surchauffée, un type fait du stop en marchant au beau milieu des voies. Il s'énerve qu'on ne cesse de le klaxonner. Je me retrouve à quatre pattes sur le goudron brûlant, gênant et ralentissant à mon tour la circulation, frôlé par un énorme camion. Un journaliste me prend une brosse à dents que je tiens dans une main et me la vrille sur la tempe : “Et si je te fais cela, ça te soulage ? - Non pas du tout, ça me chatouille, c'était mieux avant.” Il me la remet. Une jeune journaliste me guide alors, épuisé, vers le bas côté, entre des éléments rouillés de machines agricoles.
Il paraît que j'ai été victime (dit une voix de journaliste) d'une “estocade” de l'auto-stoppeur qui effectivement m'a quelque peu morigéné. J'observe que “estocade” n'est pas le mot juste. La journaliste a un peu peur et le dit, car la circulation est intense. Je l'aide à ne pas se blesser les talons sur les bouts de ferraille qui traînent là. Nous sortons de l'autoroute au rond-point qui mène de la route à quatre voies vers Andernos. UTILISÉ

54 03 07
Je vis dans un taudis près de Montpellier, mon propriétaire est un vieil homme bougon, je dois me laver dans un tonneau d'eau crasseuse au milieu d'une salle de répétition, de belles dimensions. Des chorales viennent y chanter. La veille c'étaient des garçons de village, un peu rustauds. Je reste revêtu d'un blouson et tâche de me nettoyer à peu près, sans m'exhiber. Trois ou quatre vieilles fardées (75 ans) discutent à grands éclats de rire, daubant sur un autre locataire maniaque : je ne le connais pas et il se croit un grand original dans sa misère. Le niveau de confort est équivalent à celui de ma première chambre à Belvès en 1970. Les vieilles sarcastiques ne semblent pas faire attention à ma présence près du tonneau d'eau croupie.
J'ai débouché des flacons transparents sur l'étagère, des animaux qui y étaient enfermés manifestent-ils leur reconnaissance ? (petits oiseaux : l'un d'eux respire, puis replonge ; un minuscule canard : je m'aperçois qu'il est en bois.) Je me lave tant bien que mal, les pieds par exemple, mais pour les couilles, sans enlever le blouson, j'hésite. Des musiciens répètent derrière moi mais je ne les vois pas. Le propriétaire affirme aux vieilles qu'il ne relouera pas le taudis du “vieil original”. Quand elles sont parties, j'accompagne le proprio qui s'avère un bon bougre, pas si féroce que cela, qui reconnaît que ces dames (je pose la question) font partie de ses connaissances depuis leur enfance. La cour est également délabrée. “”On me dit “Ecoutez, Monsieur Serpillière...” - ...Serpillière ! - C'est mon nom, ça veut dire “le linguiste”, et la conversation se poursuit tandis que nous traversons la cour boueuse. UTILISÉ

54 03 31
Dans une ville touristique germanophone avec Jacques et Muriel, grosse foule. Avec Annie je vais à la gare à pied acheter un billet de retour. Je choisis le guichet où l'on parle français mais comprends mal à cause de l'hygiaphone. Ma ville de retour n'est pas Lille, je rectifie. Annie dans mon dos me fait alors observer que j'ai oublié le billet pour elle, il faut tout refaire. Je dis que c'est un affront, qu'elle fasse cela toute seule, et redescends la pente. En bas, toujours la foule, un pédé immense déambule dans les boutiques avec une chevelure très haute où se pique une plume d'oiseau. Pour finir, je rejoins Annie en Dordogne à la nuit tombante en suivant avec peine un sentier de sable, intermittent, puis elle me rejoint dans un lit qui sert d'étape. UTILISÉ

54 04 07
Il y a une vaste d'examens où planchent toutes sortes de connaissances, cousine, anciens étudiants ou profs. Mon sujet traite du protestantisme. J'ai à peu près fini (brouillon) et suis sorti en récré, ou pour manger. En revenant, j'aperçois Corinne témoignant d'un incident auprès d'examinateurs sur une vaste estrade centrale avec un dais. J'y tournais le dos. On aurait exclus un certain “Bastien”, que tout le monde connaissait pour son mauvais caractère, “dès qu'on le regardait”. Je me rends compte en regagnant ma place que je me suis surtout occupé du Moyen Age, hors sujet, et que mon document autorisé présente toute une partie “XVIe siècle”... et il me reste encore une partie “version latine” à faire...
Pendant la première partie, je le suis toujours efforcé d'attirer l'attention sur moi par des petites mines et réflexions à mi-voix, disant par exemple à l'instant “J'en ai marre de ce truc de merde, je me demande pourquoi je fais ça.” Pendant la première partie j'ai vécu dans ma tête l'avancée de l'armée anglaise découvrant des poteaux indicateurs et fonçant dans la joie vers “Houlme”, du côté d'Honfleur, afin de couper les communications des Français. Ils sont arrivés en plein marché ; on les hélait de loin pour qu'ils achètent, mais ils ont dévalé la pente avec des cris de joie pour attaquer la ville et la prendre. Je regagne ma place dans l'immense salle d'examens où beaucoup d'autres reviennent se rasseoir pour composer ou traduire... UTILISÉ

54 04 09
Dans un poste de haute montagne je suis inspecté en demi-groupe de sixièmes. Il ne me reste plus que 20 mn de cours, le groupe est incomplet, je ferai la même chose que pour l'autre section : remise d'un devoir. Je veux que ce soit drôle et décontracté, mais c'est surtout improvisé. Quelque temps plus tard, mais aussitôt après dans le rêve, je lis un compte rendu non personnel mais où je me reconnais fort bien. L'inspecteur parle de moi comme d'un Père Noël flottant dans les airs qui de face semble bien équipé dans une tenue rouge impeccable, mais de dos laisse dépasser de son sac des rouleaux trop longs de documents en pagaïe. Et de railler ma prononciation (pourtant juste) de la bière “Krooone”, et autres allongements de syllabes, ainsi que ma propension à la légèreté et à la superficialité.
Ce cours en effet n'avait pas été fameux, reposant sur une improvisation des vingt dernières minutes. Je suis un peu blessé par ce ton de morigénation. Il est très facile de transformer n'importe quel cours par le biais d'un compte rendu hargneux. UTILISÉ

54 04 18
Je me prépare joyeux pour un petit voyage d'un jour, j'embrasse ma mère-femme dans un grand lit au sein d'un appartement aux belles pièces claires, et je fais ma valise. Mais il a neigé, je dois y renoncer. En fait, non, dehors il fait très beau. Mon père m'amène au bord de la route en petit avion, mais je n'ai que des sandales d'été. Son avion disparaît en faisant une courbe. Je suis joyeux mais j'ai froid aux pieds. Retrouve Lippa dans un lycée où nous devons corriger des dictées, je saque un malheureux élève sympathique ayant multiplié les fautes. Lippa repasse derrière moi
croyant que j'ai exagéré, mais si j'ai compté des fautes en trop, d'autres se révèlent. La copie est toute rouge d'observations. Rencontrant l'élève,sympathique, blond, cheveux en pétard, dans la cour, je lui signale que ce n'est pas fameux. Je me renseigne sur deux grandes lesbiennes qui sont revenues. C'est ma sœur, et une autre. Moi je ne faisais que me renseigner, mais il prend la défense des deux filles en vantant leur très haut niveau d'études musicologiques. UTILISÉ

54 04 24
Immenses salles et ateliers de lycée technique, plus personne ne me reconnaît sauf un ou deux élèves ; personnel inconnu, collègues aussi. Je ne suis plus rien, malgré mes sourires. Je ne suscite plus aucune réaction même amusée, des ordinateurs, de l'espace, du métal, de la lumière, tout est neuf, et j'erre là-dedans, seul… UTILISÉ

54 05 03
Je suis un fils de Mme Aziz et je dois partir en train, elle me retient, c'est en même temps Annie, je descends l'escalier de la rue David-Johnston, je pars à pied, je reviens chercher mon sac oublié, nous redescendons la pente ensemble, en bagnole je débouche sur une route encombrée. Un jeune homme (30 ans) brun à moustaches vient de se faire renverser, il crie quand on le déplace, et je dois poursuivre ma route pour ne pas rater le train ; il faudrait ne jamais quitter personne, j'ai promis de revenir, j'ai le cœur gros, pourquoi part-on, les ronflements d'Annie figuraient les cris du jeune homme. Cauchemar. UTILISÉ

54 05 10
Ayant gagné 150 000 € grâce à la « croquette d'or » Friskies, je pars en voyage organisé jusqu'à Stockholm, avec Corinne et d'autres collègues. J'oublie le dernier tramway de retour, Corinne me fait dire que je peux rester coucher en ville. Or, j'y ai fait connaissance d'une charmante fille d'étage pendant qu'elle retapait les lits. Elle est suédoise et ressemble exactement à Isabelle Brenuchot. J'apprendrais le suédois. Je me fixerais là-bas. J'entends bien le faire savoir à ma famille restée en France. La fille et moi nous embrassons passionnément. La ville de Stockholm est toute petite et ne correspond absolument pas à ce qu'elle est en réalité : pas de canaux, et vers le nord, en contrebas, une mairie (c'est la preuve que le pouvoir n'est pas très autoritaire) et un petit cimetière. Je me réjouis de commencer là-bas une nouvelle vie. UTILISÉ
54 05 17
A
Dans un train de nuit, deux rêves de suite. Je hurle sur Annie et la frappe sans pouvoir m'arrêter, jusqu'à ce qu'elle devienne une victime des convois de la mort. Elle gueule, moi aussi, iil n'y a pas moyen que je cesse, le degré de haine est incroyable. C'est effroyable. Les scènes se passaient à l'étage supérieur d'un train couchettes ou d'une cabine de navire. Annie s'engloutissait de plus en plus dans les draps et couvertures en suppliant d'un air de plus en plus désespéré...
B
Avec Annie et d'autres je remonte une pente le long d'une falaise à Laon, où s'ouvrent des cavernes et des casemates comportant des inscriptions commémoratives : A nos héros, etc. Parfois figure sur un panneau le plan des ramifications, ou une illustration, pour qu'on ne soit pas obligé de tout visiter. Pourtant, on n'a pas beaucoup combattu à Laon pendant la guerre 40. Des installations militaires existent encore, administratives, ou des entrepôts. Sur le plateau, la ville. Je traverse une boutique où l'on vend des huîtres sur des étals, je fais des réflexions agressives, on me délègue une femme souriante à qui je dis “Puisque c'est vous, tout va bien.” Avec Annie nous nous retrouvons à une grosse table de bistrot en bois, où pendant qu'Annie est aux toilettes je discute de mon métier, “dont je suis en retraite Dieu merci”, m'indignant sur les fautes d'orthographe : “...et devinez comment on m'a écrit “ils sont” ? - “E-s-t” ? - Exactement !” - etc. - bref, je fais mon numéro, mais une collègue de mon âge tempère mes amertumes et je repars avec Annie, mon cirque est fini. UTILISÉ


54 06 08
Je passe quelques jours dans un bourg de Corrèze (6/700 m d'altitude). Un porche du Moyen Age me rappelle Nouvion-le-Vineux et Metz. Restes habités d'un château. De gros chiens m'accompagnent, un seul est à moi. D'autres touristes sont là aussi. Le propriétaire dit qu'on ne visite pas, qu'il y a seulement quelques meubles à voir. D'ailleurs on voit déjà à peu près tout par les fenêtres. La ville organise un défilé de gonzesses de tout âge, bleues rayées blanc, ignoble. Tout est joyeux. Les flonflons retentissent, grosse joie vulgaire style majorettes de 45 balais. L'un des chiens, trempé, se précipite affectueusement sur un touriste très mécontent. J'espère que ce n'est pas le mien, je joue les détachés.
Au retour, je vois un camion-poubelle qui recule tout contre une vitre, malgré les gueulements d'un éboueur à l'égard du conducteur. A l'hôtel, la chatte “Isa” que j'aurais cru perdue vient miauler contre la vitre : pas de mauvaise nouvelle donc à annoncer à Annie par téléphone. UTILISÉ
54 06 09
Chez Blanchard, je trimballe une méchante humeur de suicide. Toute la famille se rassemble alors pour me chanter à plusieurs voix une antienne où je me vois ironiquement reprocher de ne pas suffisamment m'intéresser aux projets des “aûûûûtres”. C'est choralement très élaboré : ils ont dû longuement répéter cela. Une maquette d'article dans Sud-Ouest m'est montrée, avec les linéaments d'un portrait, d'une ancienne édition. Je suis en rage, tripote des vieilles pièces de 20 et 10 centimes, et un tube à monnaies style “ronds de Roquefort”, dont l'intérieur valide l'authenticité. Je médite un droit de réponse, m'imagine qu'il m'est refusé, que l'on m'accepte pour 3000 €, ce que je dénonce auprès de la direction.
J'ai l'intention de répondre que l'intérêt ça ne se commande pas, et que l'on ne peut ainsi s'intéresser à quoi que ce soit “sur commande”. Autour de moi je sens une compassion condescendante, exaspérante. UTILISÉ

54 06 11
Dans un bar américain je remplace à une table (c'est comble, atmosphère hitchcockienne) un pasteur qui est allé assister une de ses amies à l'agonie. Mais je ne prends pas d'alcool (un picon-bière) contrairement à lui. Avec deux autres femmes que je connaissais nous discutons entre Européens de cette place que tiennent les confesseurs de toutes religions dans l'intimité des familles américaines. Je vais alors me promener, car on étouffe dans ce bar-restaurant.
C'est une pente descendante le long d'une muraille délabrée à la sortie d'un village. Des vorbeaux agressifs me croassent dessus, mais je les effraye facilement et ils forcent l'entrée de refuges pierreux, cognant contre le fond de leurs trous avec un bruit sourd.
Je reviens au bar, le pasteur est revenu en robe sombre, très Montgomery Clift. UTILISÉ

54 06 18
J'étais André Gide, vieux et ricanant. Me promenant près d'une pièce d'eau de mon château, je voyais une poupée y tomber, persuadé que c'était une petite fille qui se noyait, et mes muscles restaient noués, et je ne me résolvais pas à plonger dans cette eau profonde et sale. Un chien plongeait, et rapportait un rat sur les lèvres d'Added qui gueulait comme une hystérique : “Un rat, un rat !” Ensuite, je me trouvais sur mon lit d'agonie où je m'enlisais, et ça faisait ricaner tout le monde. La main de ma mère, que je ne voyais pas, m'appuyait sur la bouche pour m'enfoncer. Puis je voyageais en train vers la région parisienne et la Somme, un prospectus vantait les châteaux de Nietzsche (au lieu de Gide), qu'il avait fait construire avec sa fortune, chacun imitant un château connu ; or, autrefois, il y avait un grand “piétage” (distance à parcourir à pied avant de parvenir au bâtiment).
On disait que jadis les visiteurs avaient été très sensibles à cette démesure et à cette juxtaposition de styles, mais que désormais, ça impressionnait bien moins. Et je devais visiter, après ma mort, tout ce vaste domaine boueux… UTILISÉ

54 07 10
Sonia est confiée à une misérable déguenillée anglaise style “Dickens”, qui habite au sommet d'une tour branlante aux parapets trop bas, plate-forme envahie de végétations sales. Ça me fout le vertige. Elle meurt, nous reprenons Sonia, sale mais en bonne santé, et apparemment aimée. UTILISÉ

54 09 02
Rêves immenses. Arrivée d'un autocar de lycéennes allemandes, toutes blondes, souriantes mais épuisées. Visite de Parrical, d'un Allemand. Je vois une église en poussant un caddy. J'aimerais que d'autres la voient à leur tour. Un homme de peine est bourré devant le réfectoire du lycée. Rue David-Johnston, Annie s'apprête à partir avec Parrical pour visiter cette église. Elle me tend un écouvillon pour brosser mes vêtements. Je ne veux pas rester seul. Annie me file quelques cigarettes. Mes habits sont noirs ou marron. L'Allemand raconte qu'il a suivi un camion qui puait, et traduit pour d'autres Allemands (dont l'un a la tête de Barbosa, élève portugais...). Je me réveille très triste. UTILISÉ
54 09 16
Tout le monde à la plage en auto. En chemin, Annie rencontre un ours et batifole avec lui sur la pente d'un sous-bois. Je suis alarmé car il peut la décapiter d'un coup de patte, surtout qu'elle veut remonter avec lui vers ses petits. Ville et plage, donc, près de Paris. Je retourne travailler, ayant promis de revenir me baigner. Mais il est près de 19h quand j'y repense. Je rejoins toute la famille, rue David-Johnston “améliorée”. Sonia, plus petite, frisée. Elle me demande tout simplement quel était le nom de la ville – je ne l'avais pas remarqué au premier voyage ! Il y a beaucoup de monde, on en oublie de me faire la gueule. Une livreuse apporte à manger, “c'est tant d'euros ou cent balles”.
On lui donne 100F mais elle demande s'il n'y a pas plutôt là un beau bibelot à lui refiler.UTILISÉ

54 09 17
Une église trapue (style Palais des Papes), sur le parvis de laquelle joue un orchestre. J'imagine qu'il se fait massacrer. La tour comporte à trois mètres de haut une ouverture lumineuse par laquelle j'entends jouer de l'orgue, assez maladroitement – un enfant ? Je renonce à m'introduire, crainte de rester coincé. Ce doit être un enfant qui joue en effet.
UTILISÉ
54 09 20
Mon père est instructeur de l'armée américaine. Il nous fait placer en rangs, avec ma sœur (Annie) et moi, et nous devons reculer tout au fond d'une prairie envahie de flaques marécageuses pour former des colonnes complètes. Nous devons ramper dans l'eau croupie, nous y étendre. Le danger vient de partout. Un sauvage arrive avec une grande sagaie. Je l'aplatis contre le mur du fond et le piétine sans regarder. Plus tard il nous exhibe une main déformée et noircie : “Nous avons retrouvé ce débris non humain”. Ce terrain est parfois notre salon. J'abandonne l'entraînement, mais une maison flottante s'effondre dans le salon parce que nous avons négligé l'entretien du bois : ma sœur n'a pas abandonné ; cet incident prouve que nous devons reprendre l'entraînement.
Alors j'éclate contre mon père, l'accusant d'avoir sciemment détérioré le salon, le traitant de salaud, de sadique, et autres qualifications. Je visite une maison ouverte à tous vents dont les habitants, que je reviens visiter, ne me reconnaissent qu'à peine, s'entraînent mollement au fond d'un beau jardin potager ensoleillé, car le terrain est détrempé mais il fait beau. Sympathiques, mais indifférents. UTILISÉ
54 09 23
J'attends mon tour pour passer devant une commission de psychiatres qui me trouvera une solution ou un traitement. Nous entrons par groupes de trois dans une vaste salle champêtre plus ou moins aménagée. La psy à gauche croit me reconnaître : “Ce n'est pas vous qui m'avez entourloupée ?” Elle ressemble à la Commissaire Renard (cf. feuilleton sur le Palais des Papes). Je dis que ce n'est pas moi ; mon reflet dans une glace me montre que j'avais un sourire inversé, avec de grosses lèvres cordées. Les cas se succèdent par groupes, ce que je trouve bizarre tout de même. Progressivement, sur des chaises, je me trouve déplacé vers la droite. Une jeune fille s'inquiète de savoir si les psy donnent des cours de rattrapage en orthographe.
Je lui affirme que non ! Justement, c'est ce que déclare, loin sur ma gauche, l'aréopage de psy... Je m'ennuie un peu, serré entre les jeunes filles et je me tortille nu sur mon siège tournant.
Un faux mouvement envoie mes jambes contre celles de la voisine qui dit :”Quand on ne sait pas maîtriser son érection...” (“...on ne se balance pas”). Je fais valoir que j'ai 63 ans, proposant de montrer ma carte d'identité, elle n'en revient pas, et j'ai la paix. UTILISÉ

54 10 08
Avec Annie dans une station touristique pyrénéenne espagnole toute en longueur. Elle s'extasie devant les produits artisanaux d'une boutique tenue par un vieux Catalan, mais n'achète presque rien. Exaspéré, je ressors en lui laissant le chéquier, et j'attends sur un banc au milieu du flot énervant des touristes. Elle ressort avec un sac et plein d'achats. La rue se terminait par des arcades d'aqueduc donnnant sur le vide, et à l'autre bout, un pilier d'église où figurait un témoin de plomb pour vérifier l'écartement des pierres. Avec le vieux Catalan je ne parvenais plus à comprendre ni à parler l'espagnol. Atmosphère pénible d'engueulade conjugale. De retour chez nous, je découvre d'anciens souvenirs sans valeur déjà entassés au pied d'une étagère, et des photos.
Rêve pénible. UTILISÉ
54 10 16
Rentrée à Libourne, mi-prof mi-élève. Retrouve Mme Hugues (vieillie) que je pelote longuement. Mets le nez dans le dos du manteau d'un grand prof, je dis qu'il y a des mythes (“mites” !) Cherche mon cours à travers les couloirs. Une dame, petite, me fait faire du chinois, je déclame en hébreu, avec mon voisin, le Chéma Israël. Nous demandons pourquoi nous venons, et écrivons, si cela ne doit pas nous mener très loin. La dame s'extasie du fait que nous ayons achevé tous les exercices, “tous les chalibim”. Il s'agissait d'exercices de création spirituelle et littéraire. Et pour une fois je suis sorti des chiottes pour être initié... UTILISÉ

54 10 26
Je veux aller à la messe de minuit avec Annie et fais la queue à la porte de l'église (il y a du monde). Elle me plante là en rigolant. Je m'enfuis vers un studio de radio, un groupe veut interrompre mon émission pour annoncer la sienne ; un pote que j'avais invité, beau, diabolique et intimidant, mais avec des chaussures “Richelieu” démodées, s'est assis sur un meuble. Je danse sur un disque que “X”, cet ami, aime beaucoup, mais il y a très peu de sillons sur la face B ; je mets ensuite la face A. Du monde plein le studio, dont Poivre d'Arvor, qui danse aussi. J'ai peur qu'on me voie une couille, rouge, mon phalze n'y est plus. Un homme me piétine à terre, très léger cependant, je dis “Je sens que l'on m'encule”, ça fait rire un peu.
Ambiance profane de gigantesque foutoir. Puis je rentre chez moi. David m'y avait accompagné (avant, je collais des cahiers avec des magazines découpés, style Mickey), et je faisais la gueule parce qu'Annie n'était pas rentrée. J'écoute un kyrie chanté en grec par des arabes et soudain je vois par la fenêtre tout un pavillon de banlieue qui s'effondre, puis une passerelle en fer où passe un train, qui s'effondre aussi, dans le silence. Je sors dans la rue avec juste mes lunettes, un pain, et le portable, essayant de crier “Au secours ! Sortez vite, sortez tous, un tremblement de terre !” Mais ma voix ne porte pas, il n'y a pas de maisons à proximité. Seule une famille passe près de moi protégée dérisoirement par des sacs à congelés “Carrefour” sur la tête.
Je me dis que c'est une catastrophe épouvantable si même Bordeaux est secouée ; tout se passe sans cris, sans panique, je me réveille alors que j'essaie toujours de crier... UTILISÉ

54 11 07
A)
Retour triomphal dans un établissement scolaire d'architecture futuriste. Une haie d'honneur m'est faite, du moins j'affecte de le croire. La salle où je vais discourir a la forme d'un amphithéâtre biscornu à couleur de plastique. J'ai préparé des notes auxquelles je me tiens, ce que certains ne manquent pas de blâmer en douce. Mon cours est décousu. Je rappelle mes années d'activité, je reconnais des élèves qui ont fait deux secondes, une première et deux terminales – c'est pourquoi ils sont encore là. Parfois je me souviens de noms, et pas de visages ; parfois, de visages, et pas des noms. L'ensemble se passe bien. UTILISÉ

B)
Faisant la queue pour m'inscrire à la fac de Montpellier, je me regarde dans un miroir latéral et m'en trouve tout à fait digne. Deux femmes derrière un bureau, l'une d'elles belle et plantureuse, l'autre, en retrait, en civil, mais semblant une religieuse, m'informent tout à trac que je ne puis m'inscrire sans avoir souscrit à des formalités préalables, ni avoir payé 700 ou 800 €. Je m'insurge, il m'est représenté que les autres, dont un grand chevelu blond qui m'a précédé, s'y sont pliés. Je proteste en disant que chez moi aussi, tant qu'on y est, je n'ai plus qu'à instaurer des péages internes surprises pour passer à la salle de bain ou à d'autres pièces. Elles restent sur leurs positions... UTILISÉ

55 01 07
Avec Annie dans une hôtellerie bruxelloise. Nous bénéficions d'une entrée latérale avec l'aide de tout un jeu de clés faisant double emploi. J'en jette en l'air qui retombent entre les pavés, j'en dissimule dans un meuble à l'intérieur d'un autre hôtel. Hélas, l'un des jeux de clés se révèle indispensable. Je retourne au premier hôtel sous la pluie, juste avant sa fermeture. Une mémée distinguée a conservé des clés, dont l'une est trop grosse. La mienne est plate. Je fais croire que c'est un neveu, enfant, qui m'a fait une farce en les dissimulant là. La mémée me fait retrouver ma bagnole, à pied, sur une place. Nous rechan (r?)geons un moignon de clef plate (??) à la batterie de ma voiture, ça marcherait, mais elle a été cassée presque à ras du panneau. Ça remettrait le moteur en marche une seconde, mais il en reste vraiment trop peu. Je raccompagne la patronne à son hôtel en évitant les sens interdit. Annie lève les bras au ciel, difficile de rentrer dans notre chambre ou d'en sortir en toute indépendance... UTILISÉ
55 01 10
Je dois rejouer “Le banquier anarchiste” et ne sais plus rien. Stéphane me dit : “Tu ne vas jamais être prêt”. Il y a Carole à côté de lui. La représentation commence par un”seul en scène” balbutiant exprès, mais assez convenu. Je retourne chez eux pour trouver un exemplaire du texte. La chambre de Lino est dans un désordre fou. La leur aussi. Je ne retrouve que des vieux textes de moi dans “Eurêka”, fort médiocres. Tout en sachant que je rêve, je me concentre à mort pour essayer de retrouver le rôle. Je cours au désastre. Dans l'appartement, mes affaires, que j'ai laissées en vrac, sont recouvertes de tissus tendus. Je vais essayer de retrouver le texte, mais la catastrophe se précise.
Avant, cet appartement était supersnob, avec un bar à l'étage, et je disais à Stéphane que les serveurs étaient aussi des serviteurs, et qu'on pouvait compter sur eux.

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