NOX PPERPETUA TELS QUELS A COLLIGNON Bernard N O X P E R P E T U A T E L S Q U E L S A ROMNESTRAS NOX PERPETUA TELS QUELS 2 Mes rêves récurrents : les Chiottes. Des cabinets immenses, labyrinthiques, aux parois très hautes. Ce sont des toilettes pour femmes. J’y suis pourchassé, je ne parviens pas à faire mes besoins, en l’occurrence à pisser. Je ne sais pas ce que cela signifie. Ma mère m’a torché très tard pour avoir des caleçons propres ; je hurlais pour que ça s’arrête. Une église, très vaste, au fond de laquelle je sens une présence. Un orgue central où je m’installe. Toujours très peur de me faire surprendre. Le grand autel bat comme un muscle cardiaque. Un carrefour où s’entrecroisent en X très aplati deux lignes ou plus de tramways. Un bordel en contrebas, très bruyant, très coloré, avec usn juke-box qui tonitrue. De l’autre côté du carrefour, les deux piliers d’entrée, cannelés, d’un cimetière où figure ma future tombe. Ma tombe occupe le sommet d’une pente sablonneuse, elle est fleurie de jaune, mais son pourtour n’est qu’une barrière basse en arceaux de bois pleins. Le sable s’effondre par-dessous la barrière. J’éprouve une immense angoisse. Le mur derrière ma tombe domine une route à très grande circulation, à quatre voies. Je parcours un grenier immense, fait de plusieurs salles de classe abandonnées sous les combles. Je piétine des feuilles de dessin, du matériel (crayons, compas, craie) et du plâtras tombé du plafond. Je ROMNESTRAS NOX PERPETUA TELS QUELS 2 dois rejoindre ma femme au rez-de-chaussée. Cette situation s’est produite en vrai lors d’une visite que nous avions faite dans une école de dessin privée, dans le XXe, pour Sonia. J’attends le métro, il arrive bondé. Parfois je peux y prendre place. Il s’arrête très vite à l’entrée du tunnel : les voies sont inondées, les portes bloquées, la foule des passagers pressés attend sans pouvoir bouger. Très souvent, utilisation des moyens de transport, je roule, je roule, alors que dans ma vie je suis si immobile. J’aurais tellement voulu voyager ! Mais la santé de ma femme m’en a empêché autant que j’aurais voulu (impossible pour elle de travailler, ni d’obtenir, par fierté, une pension : budget de rats). Donc pas d’argent, pas de voyages. COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS 3 Cette nuit je rêve que je suis professeur, avec le comportement d'un bachelier à l'oral : assis avec les autres dans un couloir, à même le sol ; un garçon m'en présente un autre : Thibo, « juif aussi » - mais suffit-il qu'un vrai en rencontre un faux pour trouver quoi se dire. UTILISÉ X RÊVE DU 30 03 2022 A BRIENZ SUISSE Balade en voiture avec papa-maman-Plancke. Les routes sont inondées. Je pénètre avec Plancke dans la cour d'une maison, à la faveur d'une télé bruyante. La route était inondée jusqu'aux yeux de Plancke. L'eau s'est résorbée. Une grille de mur entièrement trou d'eau [sic]. Ma mère qui me secoue : "Pourquoi es-tu pour le plaisir des femmes ?" Plancke, moi et d'autres dans une prison, qui ressemble à l'école de Pasly. On nous tend des espèces de battes molles. Trois ans ont passé. Mon camarade Plancke a les traits marqués, une petite moustache raide. Il dit qu'en moyenne, cette année, son père l'a moins battu. UTILISÉ 2035 J'aimerais savoir ce qui se passe. Mon intelligence est intacte. Des épisodes me sont dictés, mais je n'ai pas dépassé l'an 1900. Wellesley-Leurbeyrolles : tel est apparemment le mot de passe. Renseignements pris, il s'agit dans le premier cas d'un gouverneur des Indes britanniques de 1797 à 1805, frère aîné de Wellington ; « Church and Wellesley » se trouve, pour sa part, à Toronto, dont il est « le quartier homosexuel ». Voyons le nom suivant, de haute noblesse française peut-être : il est de notre stricte invention. Dommage. Et c'est ainsi que je retrouve, dans le jardin enneigé de Pasly, cette femme magnifique et mûre que je désire et qui me désire. Elle tremble de froid, les possesseurs du jardin l'ont recueillie là, lui promettant ma venue prochaine. ROMNESTRAS NOX PERPETUA TELS QUELS I 4 2050 02 16 Une grande église en croix grecque. C’est le matin de Pâques. J’entre pour prier. J’y renonce : il y a là, assis, un vieux prêtre en blanc dans un des bras du transept. Il est absurde que je reparte : rien d’étonnant en effet à ce qu’un prêtre soit précisément là le jour de Pâques. Le rêve se poursuit chez la comtesse de Charost. Corinne, une collègue, doit venir jouer du piano. J’arrive le premier ; le maître des lieux, en costume de velours, m’a accueilli dès le jardin. Puis le salon s’est rempli, son épouse tient à me présenter à tous. Je vois des couples très élégants. Peu accoutumé au baise-main, je reçois une main justement, gantée, contre mon œil. Une femme isolée me parle en espagnol, je réponds en cette langue avec beaucoup d’aisance. Puis je trouve des toilettes et me soulage en attendant que l’on revienne ; je pisse un peu à côté, mais, pour une fois, c’est fait. Commentaire : Peut-être pisser est-il un rite de passage, d’introduction. COMMENTAIRE ENCORE : Il est frappant de voir à quel point les rêves, qui sont pourtant l’expression de la personnalité la plus intime, deviennent à les raconter d’une froideur impersonnelle, voire clinique, comme s’il pouvait également se faire utiliser ou interpréter par tout un chacun, comme si par là chacun de nous touchait à quelque fond commun de l’humanité. C’est finalement très frustrant. Nous aurions donc tous les mêmes archétypes dans le cerveau, dans l’inconscient. COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS 5 suite Sur une plage bondée, ma mère, jeune et aimable, me fait soudain observer qu’il n’y reste plus que deux personnes, un beau jeune homme allongé, et un autre, en tenue de plongée, demeuré assis dans un trou d’eau . 2050 02 23 ...drap, couvre-pied rouge, en variant la disposition des taches et en ouvrant la fenêtre pour dissiper l’odeur quand ma mère viendra, mais ça ne sent rien. Je reviens, le repas est fini, je dois faire je ne sais quelles courses, S. me voyant dans l’embarras me propose de me dépanner de 8 euros, mais je lui dis que je donnerais tout ce que j’ai. Je me réveille coupable, mais personne pourtant ne semble pouvoir s’apercevoir que j‘ai pissé, d’où l’absence d’odeur. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 6 Ma mère, Omma, ne veut pas que je manifeste mon indépendance. Je dois recommencer toute ma vie. Où se trouve ma bifurcation ? joyeux, sont dans la cour. L’un des trois cadeaux est mon roman Omma, c’est pour cela que nous sommes venus. Je suis très heureux, flatté, mais ne dois pas trop le laisser paraître. On en est à offrir des roses rouges. Tout se passe dans une ambiance bon enfant de formalisme. Lazarus parle surtout avec l’autre, sérieusement. Il préfère cela à, dit-il, « une succession de rires » avec moi. Mais je dois repartir, parce que ma femme, elle aussi, est repartie. Je la rejoins grognonne, rue David-Johnston, où règne un désordre clair sur deux étages. Je retrouve Lazarus et son interlocuteur, car je n’ai jamais vraiment dit au revoir. Ils se parlent entre eux, je dis au revoir sans qu’ils me répondent, mais comme j’ai interrompu leur conversation, Lazarus me dit « c’est bien la preuve » que « je ne respecte pas mes partenaires ». J’ironise alors vertement en répétant : « Ça c’est la meilleure ! Ça c’est la meilleure ! » 50 03 04 Je me rends au dispensaire de Meulan. Il a été reconstruit sur trois étages. Les infirmières (3) se ressemblent : des quinquagénaires blondes ébouriffées. Je me demande comment on peut les distinguer. J’ai aperçu mon ancienne psy, Mme Couturier, qui est passée devant moi sur mon fauteuil, mais nous avons tous deux bien évité de nous voir. Ensuite je la recherche (habillée de rouge), mais elle a dû sortir par l’autre issue. Je me retrouve dans un lit. En érection, je me place dans la main de ma femme. Or c’est un Asiatique, qui s’éveille et se tourne vers moi. Justement j’étais en train d’apprendre le japonais avec la Méthode Assimil. Un peu confus je lui demande s’il peut m’aider,il fait une telle mimique que je suppose qu’il n’en a rien à foutre, finalement il acquiesce. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 7 À présent nous aimerions, elle et moi, nous réconforter mutuellement, à l'abri. Voici un vieux porche en bois, voûté à plein cintre. Mon épouse nous a rejoints ; l'intimité n'aura duré que quelques instants - pourquoi mon épouse Arielle se trouve-t-elle avec moi en ces circonstances ? pourquoi partageait-elle ma trouille intense, alors que la clé tirée de ma poche s'adapte parfaitement à la serrure ? derrière ce portillon ainsi surgi devant nous il nous semblait entendre les cris d'angoisse d'une femme qu'on menace (de la torture) ! Or cette porte basse donne dans une cour, celle d'un lycée battu des vents ; ce grand espace est garni de candidats au bac, malgré le plein hiver. Partout règne un grand remue-ménage. Ma femme ne tarit pas de reproches, passe et repasse la porte, que j'ai pourtant soigneusement refermée derrière nous. L'angoisse et la peur étreignent chacun de nous trois. Elle se déshabille, et dans mon dos les deux femmes ont disparu, ont quitté la scène et l'histoire, condamnées à se combattre, ou à s'aimer, de l'autre côté du mur, dans le froid neigeux du jardin. Pourquoi suis-je toujours voué à parcourir en bout de cour ces toilettes immenses, comme si j'y avais subi un viol permanent ? J'aperçois le dos voûté d'un génie de Contes, en frac, dont les épaisses moustaches dépassent de façon menaçante ; il me réclame d'une voix sombre le mot de passe. J'urine en hâte, avant qu'il ne se retourne ; au premier mouvement qu'il esquisse, vite, je m'évade par une lucarne. Par les toits. Une mansarde : sauvé. Deux lits crasseux, abandonnés, sordides : c'était la loge des pions, au temps de l'internat. Un coup d'œil par la fenêtre : le toit reste vide, personne ne me sui. Mais en tournant la tête vers le haut, je découvre tout un étagement de mansardes en quinconces, un vrai château de Chambord misérable. Plus haut encore, une fille apparaît au coin d'un carreau crasseux. Je la rejoins par des étages intérieurs : « Je suis prête » dit-elle, mais c'est moi qui ne le suis plus. Alors, elle part, sans bien refermer la porte de cette autre mansarde. C'est alors que dans un spasme de terreur je m'aperçois que le grand Génie noir m'a rejoint par les escaliers. Pourtant il ne me voit pas. Sa fonction est d'être là, d'effrayer, sans passer à Dieu sait quel acte. Je sais à présent où je suis : à Guignicourt, où ma mère couchait dans la mansarde précisément de son père mort. C'est le Génie. Inoffensif, fantômal, mort. Pourtant je me roule sur le lit, hurlant de panique. Le génie s'est dissout dans les airs, mais les pas que j'entends gravir les escaliers sont bien présents, bien réels cette fois :la police, ou bien la milice, ou je ne sais quel groupe qui m'appréhendera pour avoir ignoré le ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 8 Mot de Passe... Wellesley-Leurbeyrolles - mot de passe - femme mûre recueillie jardin neigeux Pasly cherche endroit pour coucher ensemble. Porte arrondie en creux vieux lycée. Partout des candidats, bac, remue-ménage. Anne est avec nous, trouille intense, ma clef s'adapte à la serrure. Cris, angoisse. Elle se déshabille. Elle entre et sort sans besoin de clef. Dans un autre rêve, toilettes géantes. Un génie en frac et moustaches vu de dos me réclame le mot de passe, je dois me hâter - "Si je suis pris, je m'évade par les toits". Mansarde à deux lits crasseux, abandonnée, pour les pions au temps de l'internat. Une fille apparaît derrière un carreau crasseux dans l'étagement des toits chaotiques supérieurs. Dans un autre rêve, pièces du village de Guignicourt. La femme est prête je ne le suis plus. Elle part, mais ne parvient pas à fermer la porte. Enfin le génie y arrive, sans être véritablement présent. Je me roule sur le lit en hurlant. On arrive pour me surprendre… UTILISÉ 39 09 26 Investissement d'une mission sacrée. Mon épouse ici portera son vrai nom, qui est celui d'Arielle, femme de Joachim, parents de la Vierge. Nous croyons en la Vierge parce que c'est notre mère, nécessairement vierge, telle que nous l'imaginions. La première scène se passe à midi, Arielle est assise sur une chaise au milieu d'un trottoir, devant une fenêtre ouverte. Devant elle je me suis penché sur un carton contenant du raisin avarié, à demi-mangé, au-dessus duquel tournoie un essaim de moucherons que l'on appelle drosophiles. Soudain paraît à la fenêtre, dans le dos de mon épouse, une espèce de furie jaunâtre : « Vous allez rester là longtemps ? ...vous nous bouchez la vue – Je m'en vais. Mes deux amants m'accompagnent, l'un et l'autre me ramonent successivement. » La vendeuse éclate de rire, son aspect démoniaque disparaît. Arielle se lève pour une destination qu'elle a précisée, que j'ai oubliée. D'autres sont invités chez Lazarus, je n'en suis pas pour cette fois, me voici seul avec la Vavrino. Combien elle m'ennuie ! Derrière la fenêtre, à l'intérieur, s'étend un bistrot ariégeois ; sur la lucarne d'icelui repose un soutien-gorge, abandonné là par une qui étouffait. Lorsque je poussais la porte, la serveuse me fixait : c'est parce que je suis très beau. Le miroir que j'ai à mon tour fixé me l'a confirmé : c'est un morceau de glace ébréché. Il ne s'agit pas de moi, mais de l'homme qui pisse et agit en mon nom à ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 9 l'intérieur des messages de Dieu. Quand je ressors, soigneusement digne et boutonné, je crains d'apparaître un peu crispé. L'apparence d'un envoyé de Dieu doit être irréprochable, même après avoir excrété. Il y a derrière lui toute la queue d'un long rêve. Glose qui peut. UTILISÉ 2039 09 26 Dans une rue déserte, à midi. Annie est assise sur une chaise réservée aux consommateurs, sur le trottoir, dans l'ouverture d'une fenêtre, je me penche sur un carton contenant du raisin mangé et avarié, pour voir s'il n'y a rien à récupérer. Par la fenêtre la vendeuse demande si Annie va rester là longtemps. Elle répond que non. Puis elle se lève en disant qu'elle va, avec ses deux amants, à tel endroit. La vendeuse rit. Annie rejoint X., d'autres ont été invités chez B. je dois rester avec F. J'entre dans des toilettes de restaurant ariégeois. Une jeune femme me regarde avec intérêt parce que je suis très beau (vérifié dans un miroir). Je crains en sortant d'avoir l'air fort crispé. Réveil (queue d'immense rêve). Utilisé 39 09 27 Je chipe une cigarette à Lombardo. Je trouve un flacon à laver, appartenant à mon père. Il contient un acide puant. Je me recule. Monte du fond du flacon une espèce de raie. En surface, devient une chauve-souris de faciès atrocement expressif. Elle se fait bouffer par des souris minuscules, style bande dessinée. Je mets un linge sur un aquarium pour ne pas voir cette scène de déchiquetage. Dommage qu'un être aussi beau (et féroce) soit dévoré. Mais je retire le linge, le fier animal est déjà bien mal en point. Or il n'y avait plus rien de juste dans tout cela, car j'étais en plusieurs lieux à la fois, je vivais plusieurs épisodes à la fois de ma vie passée, ma vie et mon regard étaient devenus profonds à l'instar de ceux qui vont mourir et seuls à le savoir se retiennent de le confier tandis que leur œil s'approfondit dans les lueurs de fins d'après-midi. Et l'orgue et ses paliers [sic] résonnaient encore dans ma tête. Un jeune homme droit de dos jouait suspendu dans les boiseries raides et claires, et les femmes de service poussaient un balai noble et silencieux sous les cascades méthodiques des tuyaux. UTILISÉ ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 10 2050 04 13 Avec Lazarus et un autre ; masculin, composé de Marie Marcello et d’Yssev,, j’assiste à la remise de trois cadeaux à un professeur femme quittant un collège, vraisemblablement pour sa retraite. Nous sommes tous les trois à l’extérieur des grilles, près du garage des vélos. Les autres, élèves, profs, joyeux, sont dans la cour. L’un des trois cadeaux est mon roman Omma, c’est pour cela que nous sommes venus. Je suis très heureux, flatté, mais ne dois pas trop le laisser paraître. On en est à offrir des roses rouges. Tout se passe dans une absence bon enfant de formalisme. Lazarus parle avec l’autre, sérieusement. Il préfère cela, dit-il, à « une succession de rires » avec moi. Mais je dois repartir, parce que ma femme, elle aussi, est repartie. Je la rejoins grognonne, rue David-Johnston, où règne un désordre clair sur deux étages. Je retrouve Lazarus et son interlocuteur, car je n’ai ps vraiment dit au revoir. Ils se parlent, entre eux, je dis au revoir sans qu’ils me répondent, mais comme j’ai interrompu leur conversation, Lazarus me dit que c’est « bien la preuve » que «je ne respecte pas mes partenaires ». J’ironise alors vertement en répétant : « Ça c’est la meilleure ! Ça c’est la meilleure ! » NON UTILISÉ 2050 04 21 Je me rends au dispensaire de Meulan. Il a été reconstruit sur trois étages. Les infirmières (3) se ressemblent : des quinquagénaires blondes ébouriffées. Je me demance comment on peut les distinguer. J’ai aperçu mon ancienne psychiatre, Mme Couturier, qui est passée devant moi sur mon fauteuil, mais nous avons tous deux bien évité de nous voir. Ensuite je la recherche (habillée de rouge), mais elle a dû sortir par l’autre issue. Je me retrouve dans un lit. En érection, je me place dans la main de ma femme. Or c’est un Asiatique qui se CETTE PAGE-CI N’EST PAS ENCORE DACTYLOGRAPHIE ROMNESTRAS NOX PERPETUA TELS QUELS 11 ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 12 réveille et se tourne vers moi. Justement j’étais en train d’apprendre le japonais avec la Méthode Assimil. Un peu confus, je lui demande s’il peut m’aider, il fait une telle mimique que je suppose qu’il n’en a rien à foutre, finalement il acquiesce. NON UTILISÉ (…) D’ailleurs c’est une méthode de chinois. Son portable sonne, de mon côté. Il est obligé de me recouvrir entièrement pour y avoir accès. Sa peau est si douce et satinée que j’en ai presque les larmes aux yeux, m’imaginait ce que ressentirait une femme. Je reçois aussi un coup de téléphone : Annie m’attend au dispensaire de St-Germain « avec mes parents ». Je pars en RER avec l’Asiatique et un pote à lui, qui discutent de façon très animée dans une langue inconnue. Je sui encombré de pulls, valises, etc., et j’ai semé mon bordel autour de moi. Mes compagnons me quittent à l’arrêt, nous sommes en queue de train, je crains de n’avoir par rassemblé toutes mes affaires. J’y parviens, je débarque, je franchis un trottoir en pensant à la pauvreté du monde, et avant d’arriver au dispensaire « psy » de St-Germain où Annie me dit avoir été retenue pour hospitalisation subite, je me trouve sur un trottoir avec mes deux parents dans les 70 ans, vêtus de leurs habits du dimanche, la tête baissée, sympas et l’air neutre, comem tirés de sacs plastiques et tout frais, prêts à l’emploi. Je suis complètement stupéfait et dis à ma femme, très fort : « Comment as-tu fait pour ressusciter mes parents ? » RÉVEIL 2050 05 04 Méditer. Chaque jour. M’exercer à avoir de la volonté avec mon corps. Sorte de yoga personnel. Accepter le secours de la religion. Augmenter son pouvoir personnel. Son magnétisme. Quand je me suis tu, j’ai vaincu. Me procurer Le Livre des Anges et sombrer dans la superstition. Dépêche-toi. Plusieurs fois je me suis cru au bord d’une expérience décisive. Puis la vie a continué. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 13 2050 07 12 Je reviens du travail en voiture, d’Andernos. Devant moi une voiture en feu à 80kmh m’empêche de fuir, car je suis en feu moi aussi. Soudain à 50m de chaque côté à travers les deux rideaux d’arbres, la forêt s’enflamme à ras de sol. Je ne songe même pas à faire demi-tour. Les deux traînées de flammes parallèles vont jusqu’au fond de l’horizon. 2050 07 15 Un rabbin transporte des urnes funéraires de Juifs dans un wagon de marchandises par un froid glacial. De l'une de ces urnes transformée en cercueil sort une jeune fille comme une énorme et vivante émanation de gaz bleus à forme humaine, en magnifiques habits bleus. Elle s'envole dans le ciel glacé. Je me retrouve dans une prairie que j'ai connue à 6 ans et où je veux m'ensevelir tête la première par désespoir du temps écoulé. Il y avait beaucoup d'autres détails dans ce rêve. Je veux les raconter à ma femme qui s 'en fout. Nous parlons avec Jaja et Marie V. dans un train bondé. Une jeune fille de treize ans se presse le visage contre mon bras, je la laisse faire. Deux arrêts vident peu à peu le wagon, je retrouve Annie, Jaja et Marie V. dans la partie supérieure. Nous débarquons en pleine campagne normande, je laisse ma voiture sur un parking herbu, clos et détrempé. Je me retrouve chez plusieurs mecs. Le lendemain matin, Annie, Jaja et Marie V. sont parties, je ne parviens pas à retrouver ma voiture car nous sommes allés plus loin. Annie monte dans celle de quelqu'un d'autre. Les mecs ne veulent pas m'accompagner pour me guider, car, même avec eux je ferais des erreurs : elles vont dans un petit coin vraiment paumé. Je pense qu'elles ont voulu se débarrasser de moi et le leur dis. Rêves “l'un dans l'autre” à couleurs très vives (rouge, vert, bleu). UTILISÉ 50 07 27 Je fais cours pour la première fois dans un grand établissement à une classe de Terminales, garçons et filles, grands, l'air intelligent, habillés de grandes capes noires pour certains. Mon cours n'est pas préparé. Je découvre que c'est un texte grec philosophique mal imprimé ou dont les lettres se brouillent. Je suis censé leur en fournir une traduction ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 14 instantanée, mais je bute sur chaque mot, ils ne m'écoutent pas, parlent entre eux et je me sens très stupide. Au cours suivant, le texte est en français et certains mots sont soulignés, je fais un embryon de commentaire. Déjà la plus belle des filles est absente. À la fin du cours, qui n'a guère été plus écouté, un élève goguenard me demande si ça va être comme ça toute l'année (je dis d'abord que “oui”), si ce sera toujours “La Vie de King-Kong”. Je dis : “King-Kong, c'est moi ?” Il est un peu embarrassé, “à peu près”... Je me rends compte que je n'ai pas préparé suffisamment le cours. Je lui fais remarquer que déjà, par moments, on m'a un peu écouté. Nous nous séparons, il faudra que je fasse de grands efforts. La classe semble pouvoir se reconquérir. UTILISÉ 50 08 14 Je passe un examen oral de 24 épreuves sur 24 textes. J'ai déjà subi avec succès la première. La seconde porte sur un texte d'Alain Juppé, où il se révèle tourmenté et sensible. Mon examinateur ressemble à Alain Juppé, c'est peut-être lui. Je n'ose lui demander de rentrer chez moi pour manger, et de reprendre l'épreuve ensuite. Cela serait fausser le règlement. Cependant il est exclus, comme je l'avais envisagé, que j'aie la force de subir les 24 épreuves à la suite. Annie est en train de passer une épreuve similaire dans une pièce voisine. Le texte laisse de côté deux aspects importants d'Alain Juppé, mais j'en parle et les résume de façon très ordonnée, comme des boules de feuilles d'arbres. Ensuite, je prends un chemin de crête au crépuscule. Je rencontre une maison de bois très accueillante, où je pourrais m'installer pour travailler, oublieux de mon but primitif. Je m'installe aux toilettes, mais quand je ressors, d'autres se sont emparé de la maison, très sympathiques au demeurant. Avant ou après cela, Josette et son fils François qui devait fêter son anniversaire. Un récital de Francis Lalanne ou d'un imitateur doit se dérouler en son honneur dans les grottes de Brantôme. Je demande si l'on a bien consulté François concernant ses préférences, il se trouve que ce dernier adore Francis Lalanne. UTILISÉ 50 09 08 Annie et moi nous dirigeons vers un camp retranché arabe en Algérie, mal défendu par des toilers tendues rembourrées de terre tassée. Ma femme disparaît derrière elles et reparaît aussitôt coiffée du keffieh blanc des combattantes. Je rejoins le camp des Français, qui encerclent à peu près les Arabes. Il est question de savoir s'il vaut mieux produire, au ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 15 moment des négociations, une photo horrible représentant 42 enfants massacrés et découpés, dans une vaste corbeille ; il semble que les deux camps à la fois soient responsable de ce massacre. Si l'on montre ce document, la lutte continuera avec plus de sauvagerie. UTILISÉ 50 10 14 Une publicité m'a fait croire que moi, enfant de dix ans, je pouvais augmenter la hauteur d'un gratte-ciel (30 étages) en empilant étage sur étage comme en un gigantesque jeu de construction. Je peux aussi augmenter le confort de ces appartements cubiques. Au lieu de cela je me retrouve sur une terrasse gravillonnée dominant le vide, jouant à rebondir sur un trampoline avec un initiateur à peine plus âgé style Spiderman invisible. Nous rebondissons de plus en plus haut et de plus en plus loin au risque de me casser la gueule en franchissant la bordure. Je me retrouve plus tard dans un appartement vides de meubles, comble de gens, hermétiquement clos derrière des baies vitrées d'où l'on découvre de haut d'autres gratte-ciel semblablement disposés et garnis. Le jeu consiste, pour fêter je ne sais quoi, à faire exploser d'immenses pétards qui font hurler de terreur des gosses, à la frayeur desquels nul ne réagit. Je suis scandalisé et veux les réconforter, mais la foule compacte m'en empêche. Il est aussi question de publicité renforçant des villes, mais sur la carte, vues de près, ces villes sont comme ruinées. Dans les appartements, le vacarme épouvantable fait penser au massacre de la famille du tsar en 1917. On n'a pas le droit d'épouvanter ainsi des enfants. UTILISÉ 50 10 19 Réflexions : C'est moi qui ai voulu en rester à 18 ans. Je n'ai pas à me plaindre. Avec l'impuissance qui s'y rapporte. Je dois m'accepter. “Connais-toi toi-même”. Ma comédie sociale,mes faux-fuyants, j'en ai ma claque. Baiser je ne peux plus. C'est au-dessus de mes forces. E finita la commedia. Une autre comédie commence – crois-tu ? dormir. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 15 50 10 31 Lors d'une discussion dont je ne me rappelle pas le début, je suis amené à dire “Je suis impuissant” à ma femme. Elle relève ce terme avec acrimonie. Je lui dis qu'il n'y a pas que moi qui suis responsable, qu'elle aussi, en quelque sorte, pourrait me stimuler. Tandis que je rejoins ma voiture en plein jour pour aller au boulot, je l'entends crier à travers les murs : “Sur quel ton il a dit ça ! C'est humiliant ! C'est humiliant !” Et je me fais la réflexion, dans cette rue très claire, comme une rue de Tanger, qu'elle l'a bien cherché, sans pouvoir me départir d'un fort malaise. En me réveillant, je me rends compte que ces sentiments-là sont vrais, puisque je les ai rêvés. UTILISÉ 50 10 31, nuit Les premiers instants du coucher sont douloureux. C'est seulement au bout d'un certain temps que je parviens à surmonter l'angoisse de franchir les Portes de la Nuit. Du moi, et du mystère. - Si je ressens de façon si discontinue, c'est que j'ai le don de multiplicité des personnalités. Je dois aisément en tirer parti. Autre révélation : si c'est au moment du coucher que se révèlent mes résolutions, c'est qu'il me faut me recomposer et me raffermir avant de faire le bon mélange qui se résoudra en rêves révélateurs. Puissé-je ainsi toujours me trouver sur la voie de toutes les résolutions et de la confiance. Je dois donc : dominer mes courants divergents, les discipliner, les utiliser, à des fins exclusives de littérature. De plus, les invocations, déséquilibrages, que je dois rechercher dans les pratiques et prières superstitieuses, doivent me permettre de vivre à volonté dans l'exaltation. Acheter les prières aux anges, les susciter. Avoir toujours en lecture un ouvrage d'ésotérisme. La fausse science est bonne. UTILISÉ 50 11 03 J'ai rattrapé mon chat sur le fleuve Amour, gelé, en vagues. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 16 50 11 05 J'ai l'impression d'être sans cesse au lit, sans cesse à table. J'ai l'impression de vivre sans cesse la même journée, tel un moine attaché à sa règle. Comme le moine, je mourrai sans avoir vécu autre chose qu'une longue journée. Qui serait cet homme qui aurait vu tant de vieilles villes parmi les rochers. Est-il vrai que je n'aie pas de caractère ? Je cède à celui qui gueule. Mais peut-être y avait-il une grandeur chez mon père, une fierté. Toutes les nuits me voici face à moi-même. 50 11 23 Annie et moi nous trouvons dans une grande ville inconnue, grouillante, sous une pluie battante. Je dois me faire prendre en voiture à un emplacement de forte circulation, près d'un mur de digue. Trafic intense. Au téléphone, personne ne répond. J'assiste à un cours de fac, l'amphithéâtre, à l'ancienne, est immense. Le prof est un colosse fantaisiste, le cours porte sur Montaigne et Proust. Le prof s'agite, ses mains et ses pieds sont gigantesques, il plaisante, tonitrue, passe dans les gradins, montant et descendant, torse nu, bronzé, immense. Il s'adresse parfois en aparté à l'une, à l'autre, houspille celles qui lisent mal dont une certaine Mlle Mouton (j'en ai une dans une de mes classes). Il ressort sous la pluie, on l'entend chanter et brailler au dehors, il revient bras-dessus bras-dessous avec deux retardataires. Nous sommes époustouflés, mais peu désireux de nous mêler à ce cirque. Il représente assez le genre de prof que je cultive personnellement dans mes cours, et que je serais resté à la fac, si j'avais pu y accéder. COLLIGNON NOX PERPETUA MATIERE PREMIERE 17 50 11 27 J'ai besoin de mon corps complémentaire. Du reste de mon corps. Mais la prochaine fois, je prendrai une femme qui ne pense pas. Tant de messages urgents, que l'on jette après six semaines. Tant de commentaires enamourés de moi-même. Que faire de tant de “bonheurs d'écriture” ? Repente pertruatur. Berdé moralister évencté Sagolas de perso lamaltibus Seges actéôn sogastaque leniant. Adque praepotentem regere ligna sinant, dum molities inter aedes Paphlagoniam erithursentes. 50 11 29 Comment peut-on ainsi passer sans cesse sa vie au lit ? 50 11 30 Ma mère a pissé au lit. Tout est détrempé. Je dois tout nettoyer. 50 12 01 Je marche (je suis une jeune femme) dans une ville coloniale munie de grands terrrains vagues. Je chante d'une voix très claire. Les hommes se tiennent à distance. Mon chant doit à la fois les charmer et les éloigner. Les paroles sont dans ma langue. Au moment où je traverse un long terrain vague au sol gris d'argile très fine, un rideau ou plutôt un store géant s'abaisse devant moi, m'emprisonnant. Cela devient l'intérieur d'une pièce. Un vieux monsieur corpulent et paisible s'assied près de moi sur un banc, une petite fille nous regarde d'un air de blâme ou de méfiance, je continue à chanter “Motchisvo” (“Liberté”). C'est un grand apaisement, il me semble que je peux avoir confiance en cet homme. 50 12 02 Invités à revoir Batteux après plusieurs années (c'est la situation réelle, N.D.L.A.) Jacques habite une maison troglodyte à plusieurs niveaux. Dans la salle à manger se trouve ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 18 Batteux, vieilli, sérieux, méconnaissable. Jacques et moi sur un canapé à trois places occupons les deux sièges extrêmes, Batteux refuse l'invitation de Jacques à s'asseoir entre nous deux. Il refuse d'ailleurs de me parler. Je fais bien marrer en revanche une sexagénaire placée à ma droite à table. Je sors, la ville est en grande déclivité. Je me trouve au pied de plusieurs villas tarabiscotées, kitsch, sur des rochers. Pour y parvenir, c'est-à-dire pour revenir chez Jacques, je dois emprunter des échelles de corde plaquées sur le rocher, avec des efforts considérables, car certains passages sont en surplomb. Ou bien, passer en voiture avec d'autres sous une énorme pendeloque stalactique, devant immanquablement me labourer le ventre. Je préfère me concentrer, me retrouver à l'intérieur, retrouver la tronche méprisante de Batteux (qui ne lui ressemble d'ailleurs pas du tout). Alors je gagne en contrebas, dans la maison troglodytique (les pièces creusées dans la rocaille) un réduit corallien où se trouve un écran Internet, sur lequel je m'exerce, préférant ces relations-là aux autres prétendues vraies. 50 12 06 A Budapest, je parcours toute la ville. Impression agréable de découverte et de familiarité à la fois. Je longe l'immense piscine sulfureuse, circulaire, en plein air, fumante dans le paysage neigeux, comble d'hommes et de femmes séparés par une illusoire corde médiane où l'on se presse beaucoup semble-t-il... Un peu perdu tout de même, je me retrouve à une place en étoile, où un débris de panneau routier datant d'avant le “réaménagement” du carrefour m'indique la direction de “Wien” - Vienne. Une femme m'a indiqué le chemin. Je compte revenir à Vienne à pied, mais ce sera difficile... UTILISÉ 50 12 11 Je gambade sur une route en terre, sinueuse, dominant un beau paysage de vallée, dans l'Aude. M'apercevant qu'il est déjà 19 h, je rejoins une expo artisanele où Annie et Java s'entendent bien, sur une petite place très fréquentée. Nous buvons avec des quinquagénaires sympas, amis de Muriel. Mon père en fait partie mais je ne le vois pas. Des coups de vent ébranlent une balancelle au-dessus de nos têtes. L'aubergiste nous fait descendre nos affaires des chambres, car il est débordé. Il m'est révélé alors que tous (sauf un) partent dès le lendemain, les vacances revenant trop cher. Nos affaires sont entassées dans un coffre de ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 19 voiture, je repars dans une autre, appuie sur le coffre en descendant : bruit de réveil-matin. Celui qui m'a amené me dit que le patron est d'origine italienne (accent, légères fautes). Il fait demi-tour dans la rue fréquentée et je ne peux lui dire, comme je le voudrais pour attirer l'attention, “Farewell, do slodanou” (“aurevoir”, en anglais et en tchèque). UTILISE 50 12 15 Peut-être la colère me fera-t-elle vivre. Gérer ma paranoïa en vue de la Parole... Action? Je ne sais. Seul le Verbe est un Acte. Mais ne plus vouloir me débarrasser de la paranoïa... Cette froideur entre hommes et femmes, qui s'accentuera immanquablement, irrémédiablement, avec l'accroissement de mon âge... UTILISE 50 12 19 En fait le monde extérieur n'existe pas. Bordeaux est construite autour de ma fosse, et j'y tourne en spirales en attendant d'y tomber. Je dois donc travailler à m'abstraire, à ne plus exister, à considérer ce monde matériel où un malin démon s'obstine à me faire survivre comme nul et non avenu. Ainsi pourrai-je demeurer agréable à un monde extérieur qui s'est toujours refusé à moi. A mon tour je le rejette. Peut-être un jour ma juste colère se fraiera-t-elle une voie vers la réalisation effective. UTILISE 50 12 25 Au supermarché avec Anne, tout dépenaillé, dépoitraillé, du papier cul sortant de ma culotte, je croise Terrasson bien sapée en robe bleue à ramages, et Robert. Elle s''écarte de moi et nous faisons semblant de ne pas nous reconnaître. Plus tard, avec Anne, nous ressortons des emprises du supermarché le mauvais côté, la voiture est à l'opposé. Il y a un vaste parking, des jeux pour les enfants. J'ai dans ma poche des fragments d'anciennes lettres reçues de ou adressées à Terrasson et cherche à m'en débarrasser en les tripotant. Anne devine à peu près, avec une intuition diabolique, ce qu'il en est. Je la perds dans un sanctuaire rond, clos, obscur, à haute voûte, dépouillé de l'intérieur, qui ressemble à une vaste vasque vide au ras du sol. La porte se referme, j'erre en tendant les bras dans l'obscurité la plus totale, il n'y a ni orgue, ni statue ni le moindre point de repère. Je retrouve Anne à la sortie, dans le parc d'attractions. UTILISE ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 20 51 01 06 Je cherche à m'introduire sous forme de professeur dans un grand lycée militaire de Madrid, éperdu d'admiration. J'entends une formule de présentation en espagnol très rapide, provenant d'une cour intérieure. Une troupe nombreuse répond d'un coup, très virilement : Ho ! Je me couche au pied du perron, constitué d'immenses marches très longues. Un concierge, francophone, vient me tirer de là pour me présenter à deux ouvriers espagnols, francophones aussi, qui achèvent en contrebas de manger dans des assiettes en carton. Ma part est mélangée avec la part d'un des deux ouvriers. La discussion s'engage, tandis que nous remontons vers le vaste bâtiment, sur la question de savoir si l'homosexualité est innée ou acquise. Je m'insurge sur le fait qu'une attirance envers un lycée militaire soit automatiquement rapprochée d'une tendance à l'homosexualité, comme si on cherchait sans cesse à me présenter des hommes pour résoudre tous mes problèmes... UTILISE 51 01 28 Cette nuit, Saint Charlemagne, j'étais dans les couloirs, bousculé par la foule, et je me demandais si j'assurais tels cours ici ou là, les deux horaires se chevauchant. Je descendais un escalier où de tout son long gisait un arbre déraciné par la tempête, et je m'exclamais : « Tiens ! Lebranchu ! » ( ministre communiste) - élèves de rire complaisamment, sans avoir tout compris. UTILISE 51 02 02 Refuse de revenir chez moi parce qu'on ne m'a pas remboursé une cuillère à la porte. Dissimulé sous un fauteuil pendant une visite des Simonin. Mes parents sont jeunes et pleins d'allant. Me retrouve dans un maëlstrom de boue dantesque, au fond d'un cratère, presque aspiré. Je trouve à me faufiler dans la paroi du cratère, dans un abri garni de livres. Un vieux savant vient me rejoindre, puis une petite fille de mon âge. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 21 51 02 17 A. Je roule en Espagne sur une route isolée. Je m'aperçois alors que deux voitures de police, jaunes, semblables aux 4 L de la poste en France, me suivent ou me précèdent. Si j'en double une , elle me redouble aussitôt. Je dois tourner à gauche sur un petit chemin herbu. Les voitures me suivent et s'arrêtent, assez désappointées, une femme policier en particulier. B. Sortant d'une grande maison où l'on a construit, par devant, uen vaste véranda très confortable. Promenade. La psy m'accompagne, me considérant comme guéri. Annie veut jouer dans la rue avec nu game-boy portatif, mais la psy la morigène en lui rappelant qu'elle doit faire des exercices de mémorisation et de jeux de mots pour se trouver, à son tout, guérie. 51 02 22 • Je commence à faire l'amour avec Elizabeth Taylor, très jeune, mince, souple et ferme. Elle est au-dessus de moi et fait avec ses bras des mouvements serpentaires de danse égyptienne. C'est très agréable et jusque là tout va bien, je tiens la distance, toujours inquiet de ce que je vais bien pouvoir inventer pour continuer à entretenir le désir. • Avec Mormone dans une cage d'escalier de lycée, très sale, avec des élèves qui circulent partout. Il semble triste de devoir quitter son poste, et je compatis, me demandant avec lui où il va bien pouvoir atterrir. 3. Sur un chantier où des éboueurs plus dégueulasses les uns que les autres effectuent un tri (chiffons, bois...). L'un d'eux récupère les débris humains ou plutôt humeurs d'iceux, pus, sérum, etc. , qu'il considère dans une espèce de creux de toile porté entre ses mains. On se colporte la bourde d'un employé qui a dit : “La France a six millions d'habitants, l'Algérie trois” ou le contraire. Tout le monde est hilare et bon enfant, je fais attention de ne pas laisser transparaître par mes mimiques ou mes propos mon apaprtenance à la classe intellectuelle. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 22. Dans une salle de classe déserte en préfabriqué me servant de chambre, j'ouvre la porte sur Sonia qui étale sur le seuil deux sortes différentes de merdes de chat à trier, par jeu, comme je le lui ai demandé la veille. Puis je sens la patte du chat dans ma main, qui gratte en miaulant d'un air désolé parce que sa merde lui a été substituée avant qu'il ait pu procéder à son enfouissement. 51 03 01 Je pars en voyage seul en voiture vers la Dordogne. Une de mes dents a besoin d'être soignée. Je m'arrêterai chez le dentiste du petit village où je vais, j'y suis déjà allé. Mes parents m'approuvent avec bienveillance. J'attends à la queue pour avoir une communication téléphonique, puis m'avise qu'il y a des cabines en plein air. Elles sont toutes occupées, mais la voix de l'employé résonne : “Vire-moi la grosse là à gauche et prends le combiné”. Cette grande fille blonde pleure parce qu'elle attend un appel qui ne vient pas. Elle reste à côté de moi. Je dois téléphoner au 8 503 ou faire le code “Ecoutez”. Au 8 503 une bande son me restitue une discussion entre hommes sur le statut du journalisme. Je veux appuyer sur les touches “Ecoutez” mais je reçois dans le doigt une assez forte décharge électrique. Le soir tombe. Les couleurs sont vives. Au lieu de faire un crochet par le Lot-et-Garonne pour mon dentiste, je poursuis mon voyage, je consulterai au retour. Ce voyage l'a été nécessaire parce que les deux jours précédents j'ai carrément oublié de faire mon dernier cours et dois m'en excuser auprès du proviseur. UTILISE 51 03 02 J'utilise dans une cour scolaire un téléphone public utilisé par les grands élèves. Le combiné a été utilisé sous forme de traitement de texte dans sa partie supérieure. Je l'ai employé, mais je ne saurais plus le refaire. Sous le regard narquoie et sympathique des jeunes, je parviens à présélectionner un numéro, mais ne réussis qu'à soulever un combiné gris du plus ancien modèle. J'ai vue sur des toilettes avec lavabo blanc, à l'ancienne. Un employé de la mairie de X. Me répond, il a une voix de moustachu. Il me demande ce que je veux. Je dis : “Est-ce que vous pensez que je dois... et puis non c'est trop personnel” - en fait j'ai oublié ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 23 sinon la question du moins sa pertinence. Je suis réveillé par un gigantesque éternuement d'Annie. UTILISE 51 03 07 Dérivant sur une planche de surf avec Sonia et David, après avoir erré, heurtant ou évitant les épaves, nous nous dirigeons vers une île près du détroit de Gibraltar (Aldeboràn ?) Nosu y sommes bien accueillis, il y a de nombreux vacanciers et résidents. Sonia sera inscrite dans une école très aérée et propre. J'achète une résidence auprès d'un homme d'affaires gros et sévère 292 900 F. Puis pour détendre l'atmosphère je plaisante sur mon étourderie. Il m'aide à ramasser mes affaires vieilles et encombrantes (une vieille paire de baskets), et nous descendons au salon d'accueil en bavardant. UTILISE. 51 03 14 Je m'éloignais de nuit sous les grands arbres, semblables aux cyprès de Charles Munch. Peut-être ai-je pissé au pied de l'un d'eux. C'était une allée formant parc, une espèce de terrasse soutenue par un mur extérieur. En bas m'attendaient Anne et quelques-unes de ses amies. Je commençai par jeu à imiter les oiseaux nocturnes, qui se mirent à me répondre au moin, puis de plus en plus près. En même temps d'autres animaux invisibles rampaient et grattaient dans l'ombre. Je me sentais leur maître, et décidai d'évoquer les morts. Ils sortirent en troupe compacte d'un cimetière invisible à l'autre bout de l'allée, maquillés comme des acteurs de films d'épouvante. Je rassemblai alors mon meilleur latin pour les haranguer, les exhortant à tirer vengeance des vivants qui profitaient de la vie. Ils m'écoutaient en avançant, mais lorsque la distance qui les séparait d emoi se fit moins respectueuse, je m'efforçai de les congédier, et ils m'obéirent. Quelle terreur ne se fût pas emparée de moi si je les avais laissé s'approcher ? JUSQU'ICI TOUT EST UTILISE. 51 04 01 Nous sommes Annie et moi dans une maison de location comme à Oléron. Des représentants sonnent, nous ne voulons pas ouvrir. Ils s'installent patiemment au soleil sur des ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 24 chaises de jardin. Petit à petit nous fermons soigneusement et silencieusement les fenêtres derrière les stores. Nous les regardons à travers une vitre mais ils ne nous devinent pas bien bien qu'ils regardent eux aussi. Je suis en voiture une petite femme, à qui je passe commande (elle conduit devant moi une camionnette de livraison à la portière ouverte). C'est une employée de McDonald's, elle me propose de repasser ma commande à l'intérieur mais je ne comprends pas, je paierai plus cher (quelqu'un lui dit que je suis enseignant, que je peux payer). Ensuite elle essaie de me réparer une très vieille imprimante qui bouffe trop de papier à la fois. Elle est de Lège et ressemble à l'une de mes collègues prof d'anglais. Je lui dis que j'aimerais habiter sur le Bassin mais que ma femme tient beaucoup à sa maison de Mérignac. Elle semble dire que je suis velléitaire et que je n'obtiendrai ce que je veux que lorsque je serai un peu trop vieux. Elle est plus jeune que moi, mélange de raillerie et de sympathie – parce que je révèle mes faiblesses avec une franche naïveté. UTILISE 51 04 15 Je cherche non pas à mourir mais à acquérir une supériorité des pouvoirs de l'esprit qui me permette un jour ou l'autre, avant ou après ma mort, soit de dominer les circonstance matérielles de manière à les incorporer à quelque chose de plus grand, soit d'acquérir la volonté de les changer matériellement. Tous les efforts de ma vie peuvent se ramener à cela et se justifier à cela. 51 05 03 Je joue aux billes avec Le Pen, énorme, parfaitement reconnaissable. Partout des salons où l'on mange ou prend le thé, garnis de personnes très snobs et bien habillées. Je ne le suis pas. Il me fait jouer à une espèce de tric-trac : sur une carte de france, nous nous faisons face, le jeu consiste à dégotter une ou plusieurs billes, petites, compactes, d'acier, en tirant avec une de ses billes à soi, à l'aide d'un bâtonnet d'acier, court. Chaque rangée de billes est défendue par une espèce de boudin de tissu. Je suis très malhabile et envoie dinguer mes billes un peu partout. Les spectateurs se marrent mais sans hostilité. Le Pen récupère deux billes dans un berceau de poupée. Il change sans arrêt le jeu ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 25 de place, attend interminablement avant chaque tir, ne m'explique pas bien comment il faut s'y prendre, d'ailleurs ne joue pratiquement pas. En lançant mes billes avec le doigt, je parviens de plus en plus à tout lui démolir. Son aide change toujours le jeu de place, substitue une carte de l'Europe à une de la France. J'occupais en France le côté Pyrénées, lui, en Europe, le côté Arkhangelsk. Mais il fait enlever le tapis d'Europe, en plastique transparent, “par égard pour (sa ?] femme”. Cela devient de plus en plus long et pénible, le réveil sonne. Un serviteur, au milieu d'une partie, est venu me remettre mes clés d'appartement et de voiture, que je croyais perdues. UTILISE 51 05 08 Mon père fait la vaisselle en tablier et grommelle très fort contre moi. Je précipité un bol et des couverts sales sur le sol en braillant : “C'est toi qui es chiant” et autres protestations grossières. Je sors dans la cour, où rôde un second père, un noir, qui pourrait me vouloir du mal mais que je sens plus généreux. Je lui lance maladroitement un couteau pour trancher sa gorge mais il l'évite. J'ai toujours peur que mon père, le Blanc, ne sorte de la cuisine pour m'égorger. Je dois me réfugier dans ma chambre de l'autre côté de la cour, sa fenêtre est restée allumée, aurai-je le temps de monter là-haut me barricader ? Mais le Noir est parti, vaquant à d'autres soins, et mon père, que j'ai bien fait d'insulter, reste collé à sa vaisselle. J'ai bien fait de me révolter, ce rêve demeure une bonne expérience. Je voudrais que toujours les mots coulent en moi comme dans une fontaine, et que je n'aie qu'à puiser lorsque je veux écrire. UTILISE 51 05 12 Nous étions à Florence. Il y avait ta mère, David et toi. Nous logions dans uen maison où les tiroirs étaient remplis de souvenirs de la maîtresse de maison qui avait tout conservé, cahiers d'écolier, vieux vêtements de son enfance. Les rues étaient hautes, étroites, achalandées, témoignant de la plus ancienne civilisation. La famille, très nombreuse, revenait, très aimable, parfaitement francophone. Annie échouait à gagner le haut d'une pente au sommet de laquelle se trouvait une école où elle devait tenir une conférence. Nous étions parvenus là après un long trajet en voiture, depuis Paris, où nous nous étions égarés, passant par un toboggan routier vertigineux et très étroit sous lequel vivaient enfermés des prisonniers. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUEL26
Les pieds pouvaient s'enfoncer dans des bouches d'aération obstrués par de l'étoupe. Pour en revenir à Florence, les pièces y étaient innombrables, ma mère était là aussi, je voulais offrir à Coco des animaux sculptés flottant dans de minuscules bassins. Sonia cherchait des toilettes, finissait par en trouver. Moi aussi, mais bouchées. Les salles de bain n'en comportaient pas. Toute la famille, nombreuse, nous attendait autour d'une table pour un grand repas à l'issue duquel nous avosn noué à une espèce de Jeu des Sept Familles, découpées en diverses matières, à reconnaître au toucher, que l'on sortait d'un tiroir. Chacun se disputait l'honneur de nous avoir à son côté. Il y avait beaucoup de personnes jeunes et dynamiques et l'animation était forte. Deux nouveaux venus se sont présentés, trente ans, moustache. L'un d'eux s'est levé, quasiment déshabillé ou s'empêtrant dans ses habits, puis a commencé un discours en excellent français. J'étais en face d'une grande fille sportive et joviale qui me faisait du genou. Annie dans la montée herbue vers l'école se plaignait que depuis une semaine nous ne pouvions plus nous parler, mais qu'enfin cela allait pouvoir reprendre. Etrange rêve, plein de bruits, de couleurs, de vie. A Florence... UTILISE 51 05 14 En voiture vers Paris avec Annie qui conduit sur une route à quatre voies. Trafic encombré – ça s'arrête, ça repart. Soudain je me retrouve à pied, essayant de suivre, la perdant de vue. Je la retrouve en clinique, elle vient de faire un malaise. Sur le lit, une infirmière lui passe un gant humide pour qu'elle puisse se laver. Ses deux seins dépassent, ronds et amusants comme deux gros yeux. Impossible de savoir, comme d'habitude ! Ce qu'elle a eu. Des gens viennet la voir, une grosse femme de 60 ans en bleu et son mari, mais ne s'intéressent pas à elle et parlent avec l'infirmière. Il va falloir se résoudre à passer la nuit ici. Je sors à la recherche d'un hôtel. Après cent mètres de rue droite bordant des immeubles sans intérêt je parviens dans une artère semi-piétonne, commerçante, qui s'arrête au bord d'un plateau. Plus loin, perchée sur trois rochers que couronnent trois structures métalliques, s'élève une très grand et magnifique église en acier, comme “Le Patineur” de César. Des gens admirent. Je demande le nom de cette ville de banlieue. “Colleville” me dit-on. C'est tout nouveau, je ne la connais pas. J'émets ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 27 à haute voix la réflexion qu'un autre “Colleville” doit exister dans le Calvados. Un touriste obligeant m'en énumère trois au nom approchant, dans le Calvados en effet. C'est un peu fastidieux mais je le remercie poliment. UTILISE 51 05 22 Je viens de me livrer à une déclamation publique alternant prose et poésie en plusieurs langues. C'est très revendicatif. Je m'arrête devant le portugais, car d'autres le savent mieux que moi dans l'assistance. Je rejoins Annie qui était spectatrice et discute avec Lauronse. Stéphane vient me reboutonner le col, disant que ça fait plus moderne. Lauronse, lui et Annie discutent avec animation: Lauronse ne peut pas venir souvent parce qu'il habite loin. Pendant ce temps impatienté je tripote divers objets, Annie me les enlève des mains, alors exaspéré je gagne ma chambre au troisième étage où il faudra bien qu'elle aille me rechercher bien que nous soyons en retard. Sous le couvre-pied s'agite le chat, coincé. Je l'en extirpe pour le papouiller un peu, mais il a été opéré du dos et tente de me griffer, ce n'est plus Hermine mais une vigoureuse femelle gouttière. Elle me griffe, je m'éveille avec un geste brusque du bras droit. UTILISE 51 06 12 Pour échapper aux soldats nazis qui vous pressent, vous ne pouvez que vous précipiter dans une série d'escalators qui vous mènent très haut. Seulement au sommet, par un procédé mal expliqué mais très rapide, vous vous retrouvez en fumée. J'explique donc à un jeune juif, Steinmetz, qu'il peut s'échapper de façon très moderne, jusqu'à ce que je m'aperçoive de la fausseté de mes renseignements. Les soldats allemands en fait, très jeunes et bien habillés, vérifient si tout le monde a disparu et fusillent sur-le-champ ceux qui se sont échappés, sous le dernier escalator en particulier. C'est d'autant plus cruel que chacun s'imagine s'évader ainsi. Dans un couloir au dernier étage se dégagent, comme organiquement, des portes blanches supplémentaires, l'une donne sur des toilettes obscures, qui ne ferment pas à clé. S'ils ne me retrouvent pas, ils redescendront jusqu'au lendemain matin et je pourrai m'échapper. Je préfère encore, plutôt que de souffrir de mille paniques dans cet endroit si exposé, me livrer ; je me réveille. UTILISE ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 28 51 06 14 L'ancienne prof de maths de ma nièce me dit que je convaincrais n'importe qui. Elle commence à se déshabiller. J'ai dû lui écrire de façon très apitoyante. Elle ou une autre... Je ne la reconnaissais même pas, au début, espérant mieux mais enfin... Nous nous retrouvons allongés à poil sur une espèce de plate-forme à poser les cartables dans le hall du collège, vers 14 h. Je lui montre une photo magnifique de ma femme, très jeune. Elle dit : “Belle architecture !” Ma femme sur la photo est accompagnée d'une autre femme au visage masqué par un défaut du cliché. “Pour le mec je ne sais pas. - C'est une femme.” Je fais croire que ma femme en drague d'autres ; je quitte alors discrètement la maison quelques jours. Elle me regarde d'un air coquin dubitatif. Notre coït se passe a retro, l'introduction ne se produit presque pas. Alors survient le proviseur, celui de D. Il murmure en voyant nos culs : “Vous éprouvez un sentiment pour Mme...” il cherche le nom. Pour éviter complications et sanctions, je réponds oui. Il me lit une promotion. Un homme arrive en descendant l'escalier, nous voit et sourit. Ce sera bientôt tout l'établissement qui sera au courant ! Nous avions essayé de nous recouvrir avec des parties de pyjama, mais en vain. Il est 14 heures donc, des élèves arrivent, nous nous sommes rajustés tant bien que mal, j'essaye de masquer ma partenaire qui se reboutonne. Une horde d'élèves me suit dans la cour, ameutée par uen petite cinquièle qui crie : “V'là le fou !” Je lui réponds : “Comme dans la famille de ton père !” A la sortie du cours, Rouchy me dit qu'elle n'a pas compris ma réflexion désobligeante et qu'elle s'en vante au contraire. Voilà comment j'ai baisé sur un châssis à cartables Mme T. , prof de maths de ma nièce... UTILISE 51 06 28 Mon père furieux d'une remarque de Vincent (en rapport avec le mot “free”) attend des excuses sur une banquette près d'un système de fenêtres allongées et coulissantes. Je dis qu'il faut aussi ménager mon mécanisme. Il répond “Les mécanismes, je les casse”. Je retourne à l'église d'un ancien village, Pasly ; la moitié en est désormais aménagée en bar, magnifique, à l'ancienne, avec des plafonds à caissons ouvragés. Je me demande depuis combien de temps c'est là. En ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 29 poussant des éléments de bar, je découvre l'église proprement dite, avec son autel, son orgue en plein milieu de la nef, sur lequel j'aimerais bien jouer. Survient un flic en grand uniforme, qui me demande de me présenter au commissariat, bien que je ne sois pas coupable, parce que je le suis quand même. Correct et insolent. Il repart. utilisé 51 07 04 Nous faisons route pour la Haute-Savoie, dans une énorme circulation (camions) : je manque rater une bretelle d'autoroute. Nous arrivons, Anne, Vincent et moi, dans une chambre de location luxueuse, mais avec pour voisine une pétasse. Vincent regarde un très grand “Astérix” avec une illustration des pirates sur du papier journal. On parle d'une prison où l'on torture les détenus à l'aide de dictées incomplètes et presque semblables, mais formant tout de même une suite. L'un des prisonniers s'en aperçoit, trouve qu'il manque un épisode, souffre d'incomplétude et proteste. UTILISE 51 07 08 Avec Annie au bord d'un petit canal asséché traversant effectivement un quartier de Vienne. Dans un bâtiment proche se déroule un spectacle ou un meeeting quelconque. Nous parvenons à léviter en nous vidant de toute préoccupation et en cessant de respirer. D'en haut, nous projetons alors sur deux mâts deux espèces d'auréoles et nous en concevons une grande satisfaction. Cependant c'est un peu frustrant, car à la moindre angoisse nous retomberions de haut sur le sol. Nous partons ensuite dans une automobile genre 1935. Répétition de la séquence, cette fois un attentat a sans doute eu lieu dans le grand bâtiment, des ouvriers sortent en courant, suffoquant, il y aurait trois ou quatre morts. Mais nous ne devons pas nous en préoccuper pour ne pas nous angoisser, nous nous élevons encore dans les airs, parvenons encore à enfiler nos deux anneaux sur les deux mâts, sinistres d'ailleurs, comme devant supporter chacun une roue (cf. Tableau de Brueghel). Mais cet exercice ne débouchant sur rien de plus, même si nous avons la sensation de nous déplacer sur de grandes guibolles invisibles et vacillantes, le rêve s'arrête ou se répéterait sans cesse. UTILISE ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 30 51 07 12 Je donne un cours d'Arts Plastiques à des adultes. Fort chahut. Un type derrière moi veut être tranquille pour travailler, car je suis à la fois parmi les élèves. Avec Claude nous répétons une pièce servant d'avant-propos à une démonstration musicale. Il y a aussi la documentaliste. Les rôles sont retenus. Nous rentrons dans des grottes individuelles aménagées. Un peu d'angoisse à l'idée d'être enfermé là-dedans. Je voudrais ressortir profiter un peu du soleil, me promener, mais je crains de ne plus me retrouver ensuite dans l'obscurité. Le lendemain je me promène main dans la main avec Annie dans un paysage reconstituant la savane africaine : nous croisons une girafe et une hyène, craignant un lion éventuel. Il fait très beau, très clair, nous savons que le paysage redevient européen devant nous, grande atmosphère de détente. Nous avons visité aussi en bordure de cimetière la pierre tombale de Gaston mon grand-père avec deux beaux bas-reliefs de visage, côte à côte, le représentant l'un dans sa maturité, l'autre dans sa jeunesse, et chevelu. Une voix nous raconte une anecdote, qui nous le rend plus vivant. J'aimerais en savoir davantage. Pas mal oublié de cet épisode si riche. UTILISE 51 07 25, Osquich A Andernos. Vie insouciante de station balnéaire. Parfaite entente et entr'aide des intellectuels, dans la camaraderie et le respect réciproques. Nous devons aller écouter trois versions du même morceau de Ravel, la première n'est pas très fameuse. Nous entendons à la radion que le disquaire vient de mourir (cheveux blancs bouclés, quinquagénaire sympa). Nous pouvons pénétrer dans son magasin, où l'on vendait d'anciens vinyls (nous sommes d'ailleurs à cvette époque-là). Cela nous rappelle le décès de Véra Frantz, morte dans ce rêve d'une brusque attaque de pneumonie. Nous pensons que ce sont vraiment toujours les meilleurs qui s'en vont. Nous sommes gonflés de larmes et de rage. Un ami parle en grec à des ouvriers qui travaillent sous la jetée à la consolider avec des poutres. Il leur précise qu'elle est morte à domicile sans qu'on ait eu le temps d'aller à l'hôpital. Elle était souriante, vêtue toute en bleu. Notre ami gratte dans une crise de rage une pellicule sur une grosse bouteille retrouvée dans le sable. Je réalise que perdre le même jour le disquaire et cette bouquiniste désorganise la vie intellectuelle et affective de notre petit groupe et je fonds en larmes intérieures, tout gonflé d'une rage inextinguible. COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 31 Le mort s'appelle Chouraqui, Elie. Tout se passe autour d'un embarcadère ou d'un rudiment de jetée, autour d'une barque ensablée qu'il s'agit de remettre à flot dans un décor de vétusté. UTILISE 51 08 08 Fin de rêve. Je vais aux toilettes, comme d'habitude. Sur le chemin, une fenêtre intérieure où paraît la tête curieuse d'une petite fille. J'ai peur qu'un homme ne se cache dans le couloir où s'ouvre cette fenêtre pour me casser la gueule parce que je suis homo. Il m'a semblé voir sa silhouette derrière la figure de la petite fille qui me l'a cachée tandis qu'il passait. Acant de faire mes besoins, je me précipite dans ce couloir, ne retrouve plus personne et furète partout pour retrouver cet homme, et l'attaquer préventivement : personne. Je pousse des hurlements de désespoir pour l'effrayer, de véritable cris de femmes lors de récitals de rock. Je me réveille en émettant tout juste un petit gémissement minable. 51 08 17 A Annie danse le tango acrobatique avec un gros élégant encore jeune qui la manie avec maestria, l'envoyant au niveau des épaules. Il ressemble à Descroix, possède une forte autorité et assurance. Avec Sonia et David j'assiste à la scène avec émerveillement. Le riche partenaire me prête son appareil photo et recommence, mais je ne suis parvenu à capter que l'instant où Annie et le riche en costard s'en vont joue contre joue. Nous restons seuls, encore émerveillés. Je ne souffre pas encore. B Réunion très bousculée de parents d'élèves après un cours, il y en a de plus en plus, un homme arrive en moto, jeune, brun, en pleine classe. Il m'attire à part pour me dire que le bruit s'est répandu que sa fille était celle de deux grands directeurs d'établissement de la ville. Je nie avoir eu jamais connaissance de cela. Une autre famille de style flamand me rebouscule en arrière, fille rose et grasse, sans vouloir me reconnaître. Le motocycliste me reparle de sa fille, je confirme mon ignorance sur ses origines. Il me semble qu'il pleure, mais il a plu sur son visage. Tout le monde est satisfait. UTILISES COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 32 51 08 23 J'occupe seul une chambre d'hôtes et utilise ses chiottes. Je dois avoir quitté les lieux avant une certaine heure. Me suis cependant promené, tôt, dans Paris. Un être antipathique, à tête carrée, à cheveux ras, occupe une chambre voisine et me sourit d'un air dur. Puis, Annie et moi faisons l'amour tôt le matin sur la prairie devant la maison de Josette, en évitant les bouses. Un carnet personnel gît sur l'herbe. Nous manquons être surpris par l'homme rasé, antipathique, d'un côté, et par la propriétaire des chambres d'hôte du Massegros de l'autre. Ce n'est apparemment pas la première fois que cet ex-militaire loge ici, la propriétaire semble le connaître, et plus encore – Annie et moi nous promenons sur une route descendante comme à Meulan ; dans le contrebas la ville reprend, nosu découvrons derrière un rideau de magazin un stand de poulets à la broche, Annie s'entrave et s'essuie au rideau mais n'achète pas de poulet. Elle s'est à présent transformée en jeune Noir, avec qui je discute sur les meilleurs moyens, jour après jour, en transformant nos habitudes, en évitant de tomber dans la routine, nous pourrions renouveler notre amour tout récent. UTILISE 51 08 25 Annie et moi, plus une autre femme et un enfant, gravissons en voiture en région parisienne une forte pente. La route présente un gros ruban d'herbe en son milieu. Nous nous garons en pleine déclivité. Cette fois-ci nous explorerons la forêt par l'est. La dernière fois, par l'ouest, ç'avait été agréable, et par une pente plus douce. J'enjambe une cloture de mousse et de lierre, et je découvre d'un côté la maison du ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 33 gardien de la réserve, qui se finit donc là, et de l'autre cinq ou six vélos flambant neufs, accotés contre un talus, avec des cyclistes qui se désaltèrent à leurs gourdes. Adieu tranquillité – mais nous pourrons reprendre le chemin d'explorateur de la veille, en sens inverse... UTILISE 51 09 09 Aux caisses d'un monumental supermarché Annie me demande de rincer un par un de gros radis rouges, elle a acheté aussi des bananes. La caissière sourit car je n'ai eu presque rien à faire tandis qu'Annie posait tout sur le tapis roulant. Sous le porche de sortie, je passe devant un clochard qui s'attend visiblement à ce que je lui donne quelque chose. Annie restée en arrière cherche de la monnaie, je ne peux pas lui dire sous le nez du clochard que j'ai déjà rétribué ce dernier (un euro). Quand je l'ai dépassé, le clodo furieux me donne une grande claque sur l'épaule gauche. Je le ressens dasn mon corps de dormeur. En écrivant cette histoire (dans le rêve), je m'aperçois que la famille où je suis invité (grande réception, peut-être chez ma belle-famille) porte le même patronyme que le mendiant. Va-t-il réapparaître enrichi ? Tout le monde est riche et bien habillé ; le clochard lui-même portait, quoique salis, de beaux vêtements. La tonalité d'ensemble (malgré l'euro) évoque les années 70. UTILISE 51 09 10 • Paris à flanc de falaise. Repas chez des Asiatiques luxueux (famille de Marie-Christine). • Je suis poursuivi et surveillé ; un rétablissement en haut d'une falaise, et je vois uen vaste plage bondée ; par-dessus, au fond, la Tour Eiffel. • Retour dans une classe, à flanc de falaise. Je viens de donner des indications sur Lucrèce aux garçons, arrivent les filles en plein chahut, je • ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 34 • n'arrive pas à les calmer, je leur écris la préparation latine au tableau. Et le tout à flanc de falaise. UTILISE 51 09 14 En autocar dans les Pyrénées vers l'Espagne avec des collègues. Nous sommes arrêtés sur un étroit bas-côté par forte circulation. Je me crois arrivé, mais il faut remonter : ce n'est plus loin. Il m'a été remis un revolver tout plat présenté comme le dernier modèle de la police secrète espagnole. Le car est vaste, il domine de haut la route. L'ambiance y est excellente, il y fait chaud, Corinne se met à l'aise sur son siège au point que je voie sa culotte. L'autocar mord sur les bas-côtés pour les virages. Passée la frontière, où mon arme n'a pas été détectée, je la tâte sans cesse à travers ma pochette : ne va-t-elle pas se déclencher à l'improviste ? Quand une balle est tirée, une autre prend-elle immédiatement sa place, sans cran de sécurité ? Il ne faut pas la faire voir, mais j'aimerais bien m'en servir pour me faire valoir auprès des autres. Un petit essai à demi-involontaire, par maladresse, envoie en l'air un petit cachou inoffensif qui retombe en courbe à deux mètres de moi. Peu efficace ! Nous nous retrouvons dans une station pyrénéenne espagnole. Je ne peux plus remettre l'arme aux autorités pour m'en débarrasser, car on me ferait des emmerdements. Je la redissimule. Nous sommes à deux par chambre d'hôtel. Mon compagnon, plus jeune que moi, est absorbé par sa lecture. Cependant je lui fais voir sur mon livre à moi deux photos de jeunesse de Poivre d'Arvor le montrant en habit vert de prêtre et disant la messe... L'autre regarde par politesse et semble tenir Poivre d'Arvor pour un piètre journaliste, analogue à (ici le nom oublié d'un reporter espagnol). Je me suis aperçu que nous sommes en plein dans la période qui a précédé la Guerre d'Espagne. A un moment donné (mon compagnon s'est absorbé), quelque chose se casse dans ma pochette. Tombent à terre des débris mêlés de revolver, de lunettes et de sandalettes. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 35 Mon compagnon revient et considère avec impatience et dégoût ces débris incohérents sur le sol : “Mais qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui vous est arrivé ? Pourquoi avez-vous fait ça ?” Je reste incapable de fournir une explication. Ambiance de plus en plus oppressante. 51 09 15 Me promenant dans un chemin creux, où je suis déjà passé dans un rêve précédent, je reviens sur mes pas en voyant des enfants de Gitans (petite fille blonde) derrière un haut grillage. Un chien furieux m'aboie dessus et se précipite sur la clôture au point de se sectionner une patte qui jaillit devant moi. Ma foi, qu'ils se débrouillent avec leur chien. Je me retrouve dans un restaurant très clair en face de Corinne avec laquelle se déroule une conversation à demi-amoureuse. A une autre table, Added, printanière, seule. Nous ne la rejoignons pas et elle ne semble pas en souffrir. Je remarque alors que les deux mains de Corinne sont coupées, devant elle ; ce sont des prothèses qui se rattachent aux avant-bras par des crochets. Elle joue avec une troisième main artificielle : c'est celle de sa mère, qu'elle lui garde. La section de ses avant-bras se présente sous forme de cercles plastifiés. La conversation se poursuit. 51 09 19 1) Dans une ville près d'Albi l'hôtelier voudrait que je partage une chambre déjà occupée par un jeune couple, la femme dormirait par terre sur un matelas, donc moi avec l'homme. Arrivent Sonia et David qui voyagent ensemble et se sont trouvé un hôtel minable. Nous avopns elle et moi chacun une auto et nous donnons rendez-vous pour le lendemain matin. COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 36 2) Je suis en train de faire un émission à la Clef des Ondes lorsque j'entends un chœur masculin chantant “Khaled Constantine”. Ce sont des camions garnis d'ouvriers arabes. Voulant refermer la fenêtre, je m'aperçois qu'elle s'est transformée en deux immenses battaants de plastique jusqu'au trottoir du rez-de-chaussée, je tombe sans me faire de mal. Je suis accueilli dans le lit d'hôpital d'un speaker qui me tend un micro et me demande de raconter ma mésaventure : “j'ai été partagé” dis-je “entre deux sentiments : celui d'une répugnance face à l'invasion et celui d'une compassion pour la misère en écoutant ce chant si nostalgique.” Il me coupe le micro parce que c'est parfait, j'ai dit tout ce qu'il fallait. Survient un couple d'une soixantaine d'années, bien nourri, européen – ce sont ses parents, je m'enfuis : “Et s'ils me trouvent dans ton lit ?” Il rit avec un geste d'insouciance. La mère voudrait étaler les plis du drap mais ils sont dans un tel désordre qu'elle y renonce aussitôt. UTILISE 51 09 21 J'arrive au restaurant avec une dizaine de collègues. Nous voulons nous installer à des places que nous aurions réservées, les autres veulent me reléguer à une autre table. Le restau est comble. Je m'installe enfin, mange peu, me retrouve seul. Un morveux infect s'assoit à côté de moi et braille “Collignon tête de con”. Il est collant, affectueux dans le style foutage de gueule, je dois partir pour éviter le scandale car les gens me donnent tort de ce que je le repousse. Je m'échappe à pied du restaurant, craignant qu'il ne me rejoigne par une allée de la cour d'honneu raboutissant à une grille. Les trottoirs grouillent de monde, ce sont des Russes, dont un grand moujik ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 37 avec des bottes. Dieu merci le gosse ne me suit pas, la foule devient compacte, la rue monte, c'est la côte des Quatre-Pavilllons à Bordeaux – qui est une vraie capitale. Le centre ville est en haut de la pente. UTILISE 51 09 27 Après un très long congé, nous recevons Mme Peytier, proviseur, qui me fait l'amabilité de me visiter. Elle constate que je ne vais pas bien du tout. Le plancher est incliné, ma chaise manque de tomber malgré les rectifications de position. Je vais quand même en classe, où je critique à part moi les élèves qui ne savent ni lire ni expliquer. Moi-même élève, je me vois incapable, malgré la sympathie de la prof, de lire sans trébucher sur chaque mot, pas un commentaire ne me vient et ma voix ne cesse de s'affaiblir. UTILISE 51 10 02 1) Je chie dans des toilettes , que tout le monde traverse comme un moulin, et chacun peut me voir de la rue. Personne ne fait attention à moi sur mon trône. Je décide d'obstruer les toilettes en me torchant avec un énorme morceau de papier glacé, mais c'est inefficace (pour attirer l'attention). 2) Je me suis enfui de chez mes parents pour m'installer enfin dans une grande chambre de cité universitaire, très éclairée, haute de plafond. Mais j'ai oublié savonnette, brosse à dents, et tout matériel de toilette. La chambre se met à tanguer, elle se trouve en réalité sur un vaste yacht dont la propriétaire est une jeune femme qu'Annie commence à draguer. Il y a aussi un autre homme à bord, que je suis censé draguer moi. Je convoque Annie et lui fais des remontrances, parce que si ça l'amuse, elle, de flirter avec une femme, moi je n'ai rien demandé par rapport à cet autre homme. J'obtiens gain de cause. UTILISE ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 38 51 10 03 Mêlé à un groupe de touristes, je remarque (c'est le matin) Mlle Lecuit, que j'ai connue à tanger, en train de dormir sur un canapé. Je somnolais moi-même sur celui d'en face, écoutant de la bonne musique de variété. Mais elle possède des écouteurs qu'elle se fait littéralement hurler dans l'oreille. Pour l'en avertir, et peut-être pour obtenie plus, je lui caresse le poing qu'elle tient en dehors du drap. Elle se réveille en furie, m'accuse des pires intentions en gueulant. Je pars dans le couloir d'hôtel, très inquiet, rejoins des amis parmi lesquels ma femme, n'ose me confier. Elle se rapproche de M. Amour, que j'ai connu à Vienne. Mlle Lecuit était bien reconnaissable malgré les années ! Lorsqu'après le repas j'entre dans un WC public, je la retrouve juste à côté, peut-être en train de m'espionner, ayant je l'espère abandonné son projet de m'accuser. J'ai du mal à trouver le papier, mais découvre une pleine cartouche de Bénénuts destinée aux distributeurs de confiseries. J'enfouis cela dans mon vieux cartable : autant de restaurants d'économisés. La vill où je me trouve est américaine, grande comme Paris et à peu près semblable, mais sans gratte-ciel. La menace de dénonciation (j'imaginais déjà les interrogatoires et la condamnation (même légère) de principe) mais particulièrement infamante semble s'être dissipée. 51 10 06 Au bas d'une prairie en pente, abrité (mal) par une haie, je vois deux énormes tablées campagnardes où piquent-niquent des patrons de charcuterie fine (saucissons, foie gras). Ils se jettent toute leur production à la figure en hurlant de rage parce que de nouvelles taxes, énormes, ont réduit leurs bénéfices à néant. Ils préfèrent dans ce cas anéantir leurs marchandises en se les foutant sur la gueule. Tout devient hystérique, eux-mêmes ressemblent à de la chair à pâté. De derrière ma haie j'empoigne un gros saucisson et en bouffe une bouchée mais le renvoie pour ne pas être repéré. Quel gâchis ! ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 39 51 10 10 Laissé seul avec Lauronse dans sa chambre (le matelas posé à même le sol) je regarde avec lui la télévision. Il fait éteindre la lumière d'ambiance, je lui représente que “je suis hétérosexuel à plus de 100%”. Il me dit “Ce n'est qu'en rapport avec le passé.” J'ai allégué aussi que pour Sonia ce serait déstabilisateur que ses deux pères en quelque sorte couchent ensemble. Je ressors par la fenêtre et, de rebord de mur en rebord de mur, je parviens sur le trottoir, de nuit, sous uen pluie légère. Et tout cela se passait à Tarbes. Ce rêve a eu deux suites que j'ai oubliées. 51 10 13 (60 ans) Annie m'apprend à planer au-dessus de petits mâts en forêt. C'est assez dangereux, il faut se concentrer. Elle est pleine de sollicitude. En retouchant le sol j'ai la bouche encombrée de mucosités malgré la légèreté de la bière que je viens de boire. Je m'en débarrasse en l'ôtant avec la main. Je remonte une pente de campagne jusqu'à un restau faisant buffet, les gens me semblent snob. Je ne peux pas avaler grand-chose, je prends trois photos d'une petite cabane ornementale en redescendant, avec un lit, des figurines de guerriers grotesques, Astérix et Obélix. Je rejoins Annie dans le bois, nous nous retrouvons au centre de Rodez, il y a foule, en contrebas une place défoncée faisant terrain vague, Annie cherche notre voiture qui a disparu, je dis: “Tu vois ce trou, là ? Eh bien, avant, il y avait là notre voiture.” Une dame trouve ça drôle. Nous regagnons chez des amis (Lauronse ?) une cabane où nosu sommes logés au fond du jardin, le soleil donne dessus, Annie reste couchée sans vouloir rien faire parce qu'elle en a marre “qu'il fasse deux degrés”, la maison elle-même en effet n'est pas chauffée. Dans des toilettes de bar, je ressors en m'habillant, Cartron, ancien élève, est là en blouson d'un air décidé, je passe devant lui dignement, il ne peut rien me reprocher. ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 40 51 10 14 Je dois présenter des textes à moi au couple Jean Bernard. Ils habitent un très beau château avec une grosse tour. Ce n'est pas la première fois que je viens ; ce jour-là, des travaux affaiblissent un mur sommé de tuiles. J'y marche cependant sans dégâts, passant par le sommet des toits pour éviter ces gens qui m'intimident : je les visiterai au retour. Je pénètre dans uen mansarde avec un petit transistor en marche, espérant ne pas me faire repérer. Mais je l'éteins, je remonte de pièce en pièce, surpris deux fois par un couple de domestiques à qui je fais le signe de se taire. Ils le font. Je suis nu. Je m'échappe par un rebord de toit qui s'appuie directement sur des montagnes. Ici je pourrais faire le raccord avec un autre rêve, qui me fait traverser puis retraverser en arrière une petite forêt, comme j'en ai vu en Lozère au mois d'août. 51 11 02 Je me promène à vélo dans les environs de Reims. Parvenu à un restau-bistrot villageois, je mange une énorme soupe au vin pas très saine, à une tablée de ploucs. Je remets ce que je ne veux pas dans la marmite, ou directement dans un énorme récipient sous le nez d'un gros rougeaud, qui manifeste son étonnement mais avale. Je me suis excusé de lui avoir forcé la main, il en est bien d'accord mais avale gloutonnement. En sortant, je cherche mon vieux vélo d'emprunt, le retrouve sans qu'il ait été volé, ouf. Juste après, une ville splendide, inondée, aux trottoirs étroits. Une femme enlève en souriant de sous mes roues une machine comme une vieille imprimante, puis après le virage sur ce quai étroit, deux chaises de jardin en plastique blanc (elle m'avait dit “Après le coin, ça se gâte”). La cadre architectural est remarquable (XVIIIe s.). Je pense à mon itinéraire, je frôle les régions de mon enfance à côté de Reims. Mon voyage ne doit durer que quelques jours. 51 11 04 Je suis dans une taverne typique et coloriée (jaune-rouge-vert) de la Terre de Feu. Une carte au mur en montre une partie, ainsi qu'une petite île, dans ROMNESTRAS NOX PERPETUA A TELS QUELS 41 l'Atlantique, que l'on me désigne. Un Argentin truculent, à collier de barbe, nous parle dans un mélange d'espagnol et de français. Il possède un grand prestige, au point de faire mettre à la porte par le patron une grande partie des assistants, qui ont trop bu et mènent grand tapage. Il ne veut plus parler qu'à moi, à qui il évoque ses femmes successives, plus viragos et caricaturales les unes que les autres. Nous arrêtons de parler de cela au milieu des éclats de rire. Il recherche mon amitié. UTILISÉ 51 11 08 Je rejoins Annie au matin après une séparation. Elle habite au deuxième étage et j'entends de la rue le bruit pesant de ses pas sur le parquet. Un bijoutier se penche par sa fenêtre, au premier, avec son lorgnon fixé sur l'œil. Il se plaint du bruit. Annie apparaît à la fenêtre et nous pouvons nous rejoindre. Je pars faire les courses en traînant un caddie déjà garni. Je n'ose compléter les courses avec ce caddie déjà plein. Il faudrait que je le remporte chez moi et que je revienne en auto. Je monte à une cafétéria. Un homme est en train de montrer sur un mur des vues cinématographiques. Ce sont de magnifiques nocturnes qui s'envolent, même de jour, dont l'un, tout bleu, à travers l'habitacle d'une voiture. Je regrette qu'Annie ne soit pas là pour les admirer. A une table, un grand jeune dégingandé essaie d'attirer l'attention du commentateur sur une espèce de pavé qui se soulève dans la salle, en forme de champignon, et lui répète : “Tu vas mourir sur la route ! Tu vas mourir sur la route !” Cf. Septimus de Woolf. 51 11 15 1)Je fais reculer des voitures sur de l'herbe coupée, en pleins champs, reculant moi-même de plus en plus loin, il y a au volant de la troisième un chasseur très aimable. 2) Je veux faire à pied dans la brume le tour, par la rocade, de Toulouse par l'ouest (ce serait plus intéressant par l'est ; mais je le repousse à une autre fois, à COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS A 42 proximité des monuments les plus intéressants). Il s'agit à la fois de Toulouse et de St-Girons. Peu de circulation, je marche plutôt sur la piste cyclable. Vient à ma rencontre une jeune famille expulsée, le père, la mère, l'enfant, qui errent ainsi. 3) Nous nous retrouvons dans une chambre de location a) 1e version : moi seul avec une logeuse qui vit seule au rez-de-chaussée, et qui ne dirait pas non si je la rejoignais. b) 2e version : dans une chambre minuscule prenant le jour par une tabatière coulissante, avec Annie et Véra sans doute, comme en Lozère. Annie se désole de devoir quitter Mamers (en même temps Toulouse) parce qu'iil lui reste un ticket de douche municipale. Lucinda très calme veut essayer de lire dans mon carnet rouge de citations et je m'en réjouis. 51 11 18 Sarreméjean a déménagé avec un pote. Ils m'indiquent un chemin pour revenir rue de Pessac et visiter Nicole. Ils me placent en voiture dans un carrefour au sommet d'une colline urbaine, d'où partent maintes directions (“Jaurès”, etc.) Ma voiture démarre difficilement. Elle s'engage même sur des rails. Je parviens à destination à travers une vaste saignée ménagée par des travaux d'urbanisme, bien dégagée, sans savoir par quels quartiers de Bordeaux je peux bien passer. J'arrive soudain à son ancienne adresse, devant Alain Delon au centre d'un vaste bureau d'agence immobilière. Il croise les bras et me dit : “Vous ne saviez pas que c'est moi qui lui ai vendu l'endroit où il habite actuellement ?” Il est gonflé d'autosuffisance devant ma stupéfaction, son bureau domine tout le quartier par de vastes baies, il y a chez lui un vaste globe terrestre à l'ancienne. Cette ville ressemble plutôt à Bruxelles ou à Liège. COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS A 43 51 11 28 Nombreux rêves. Tout à la fin : suite à une très bonne émission, où j'imagine qu'on me félicite, une grande jeune femme rougeaude et enveloppée mais appétissante se laisse entraîner sans trop de résistance dans une remise du studio, et embrasser sur la bouche. Je lui fais passer les mains par ma chemise pou rqu'elle puisse se réchauffer les doigts sur mes côtes, nous nous embrassons à nouveau sur la bouche, elle trouve cela exaltant, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas touché un homme. Deux copines nous surprennent d'un air de blâme, elle les suit pour nous justifier avec enthousiasme, et moi je dirais qu'elle s'exalte bien pour une simple pelle. 51 12 03 Chez Muriel, et aussi un peu à Buzancy (Aisne). Devant moi un tapis de figurent des curseurs de table de mixage. Je les déplace avec les doigts et cela donne une harmonie très prenante aux ondes Martenot, une mélopée répétitive, évoquant une grande villa très claire, sur les syllabes prolongées “AL-GE-RIE”. Tout le monde m'écoute avec respect, puis le tapis s'assèche, les représentations graphiques de curseurs ne peuvent plus s'animer, la symphonie s'éteint. 51 12 06 Après un cours donné à quatre ou cinq élèves assez insolents dont la fille B., mais à qui je manifestais une indulgence amusée, je suis jeté en costume du XVIe siècle dans les douves asséchées et boueuses d'un château d'où mes appels au secours ont une grande difficulté à me faire extraire par mes élèves eux-mêmes. 51 12 07 Je fais cours à une classe passablement agitée, cours réussi mais fatigant. Mon père est à côté de moi, jeune, dynamique, c'est lui l'inspecteur. Je lui dis dans le COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS A 44 couloir que c'est bien ; pour une fois, cela suffit. Mais je serais épuisé de continuer : je suis en retraite, tout de même ! Au réfectoire, les serveuses sont peu aimables, je dois prendre des assiettes en plastique. Mauvaise cuisine. Chez moi, c'est haut de plafond, très clair, bruyant (sur la rue), pas encore de meubles, ville inconnue. Annie et Sonia sont en courses, je regarde des photos sur un appareil numérique, apparaît Flore, joyeuse et sympa, sur l'écran ; comment dissimuler cela si l'on revient ? Il faudrait jeter la cassette entière… UTILISE 51 12 13 Au sommet d'une pente rocheuse, une fenêtre incrustée dans une ruine est ouverte devant moi, elle donne sur une immense déclivité en forme de ravin, parsemée de rochers et de prairie, dans la brume. On essaye de me persuader que je pourrai planer sans danger au-dessus de ce paysage, en vertu de pouvoirs exceptionnels. La pente commence presque immédiament. Je me recule, je refuse. UTILISE 51 12 18 Avec Leonardo di Caprio, accroupis de nuit devant deux tuyaux sur le sol ; il faut toucher le COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 30 bon. Sinon c'est l'explosion. Il se décide enfin, rien ne se passe. Il se redresse en me disant d'un air suffisant qu'il faut savoir se montrer viril. COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS A 45 51 12 20 Dans une chambre située au rez-de-chaussée de l'internat du lycée de Sainte-Foy je reçois un petit garçon souffreteux pour une leçon de violon. Je suis allongé su run gros couvre-lit molletonné. Arrive sa tutrice, la cinquantaine, vieille fille pincée, avec des espèces de sachets de thé qui lui pendent sur les sinus. Je m'enquiers de sa santé, elle va mieux. Je lui dis “Je sui sun voluptueux” pour atténuer l'effet de ma tenue négligée (pyjama et robe de chambre). J'imagine qu'elle pourrait me recevoir dans sa chambre d'hôtel à elle, et qu'ensuite, peut-être... Et aussi qu'elle me réclame le reste du paiement d'un violon. 51 12 23 1) Je monte à pied une pente à la campagne. Parvenant dans un village où se déroule la fête patronale, je veux l'éviter, pour qu'on ne se moque pas de moi (on ne sait jamais). Les chemins d'évitement deviennent de plus en plus étroits et incertains. Sous un préau de lavoir un petit chien hargneux me mord à la main. C'est un tout petit briard vieux et sale. Plus je lui tape su rla tête, plsu il mord et bave. Je crains la rage, personne n'intervient, je me ferai vacciner. UTILISES 2) Dans une auberge avec deux filles qui me regardent, je décide de repartir avec une œuvre sculpturale représentant deux allumetes plates, en bois, encore attachées à leur talon. Je me mets en route, mais ce sera trop long, tout risque de casser avant mon arrivée chez nous. Je reporte les allumettes pour au moins prévenir Annie qui se trouve à une réunion dans la Maison de la Culture de Meulan. JUSQU'ICI, TOUT REUTILISE 51 12 25 Au Supermarché avec Anne, tout dépenaillé, dépoitraillé, du papier cul sortant de ma culotte, je croise Terrasson bien sapée en robe bleue à ramages, et Robert. Elle s'écarte de moi et COLLIGNON NOX PERPETUA TELS QUELS A TOME 1 46 nous faisons semblant de ne pas nous reconnaître. Plus tard, avec Anne, nous ressortons des emprises du Supermarché par le mauvais côté, la voiture est à l'opposé. Il y a un vaste parking, des jeux pour les enfants. J'ai dans ma poche des fragments d'anciennes lettres reçues ou adressées à Terrasson et cherche à m'en débarrasser en les tripotant. Anne devine à peu près, avec une intuition diabolique, ce qu'il en est. Je la perds dans un sanctuaire rond, clos, obscur, à haute voûte, dépouillé de l'intérieur, qui ressemble à une vaste vasque vide au ras du sol. La porte se referme, j'erre en tendant les bras dans l'obscurité la plus totale, il n'y a ni orgue ni statue ni le moindre point de repère. Je retrouve Anne à la sortie, dans le parc d'attractions. REUTILISE 52 01 09 Je suis avec Jacques dans une épaisse forêt de sapins, hostile. Dans une grande allée, il entasse du bois et veut allumer un feu. Il porte une cognée, marche vite, avec vigueur et décision. Mais une voiture de gardien se fait voir. Nous obliquons aussitôt. Il tire un coup de fusil. La forêt est pleine de bruits de mauvais augure, interminable, étouffante. REUTILISE 52 01 12 Annie et moi nous rendons à Paris à une gigantesque manifestation. Le nombre de flics est considérable, ils montrent une grande agressivité. Chaque groupe de manifestant se voit séparer du suivant par une barrière portative. Il y en a d'autres aussi sur le côté, l'une d'elle représente un portail, celui de l'Ecole Normale, avec son écusson. Je demande ce que c'est, on me répond que cela sert à séparer les manifestants des promeneurs. La mauvaise foi semble évidente, car la foule est aussi dense de chaque côté de cette grille. Nous marchons en tête. Un petit jeune homme compte ses pas bien alignés puis s'arrête : une sorte de rite. Nous devançons la manifestation ; le boulevard, jusqu'ici dominé par de hauts immeubles sombres et sinistres, s'élargit. Nous menons alors en laisse un gros tigre apprivoiés, uen femelle, qui tire un peu sur son collier mais se montre docile et sympathique. La foule a disparu derrière nous, en nous retournant nous constatons que le terre-plain central en herbe se dilue par-dessous, comme si la Seine remontait à la surface. Nous nous en tirons en remontant par les bas-côtés, mais perdons notre tigre. Nous pensons qu'il se retrouvera bien, mais nous restons seuls, voyant de loin la COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 32 manifestation se disperser sous la menace. Ensuite, à Bordeaux, Stéphane, un acolyte et moi tendons au travers des quais déserts un matin d'été une immense banderole coloriée, où rien n'indique le nom du Pont Tournant. La banderole s'effondre, je fais signe qu'on la retende sur des tréteaux qui se trouvent là ; ensuite je rejoins les autres, advienne que pourra. Un grand festin doit se dérouler, les chiottes sont prêtes, très propres, je m'y installe, pas de papier, les cabines voisines bruissent de présences, je me torche écœuré avec un simple morceau de papier soie retrouvé dans ma poche, le déchirant le plus possible pour bien m'essuyer. Il n'y a ni odeur ni traces de merde sur mes doigts, mais c'est humiliant tout de même. Personne ne s'en aperçoit. 52 01 15 Je dois rechercher une certaine Carla ou Charlène. Elle était vendeuse. Dans une bijouterie assez intimidante, on me dit ne pas la connaître, mais uen femme me montre une moitié de photo de groupe (l'autre est déchirée) où je reconnais trois autres vendeurs, que je lui désigne. Quentin, ancien élève rouquin, m'accompagne, il n'a que ça à foutre : une maison est à voir au sommet d'une forte pente en terrain vague, ce qu ne laisse pas de surprendre dans une ville comme Bordeaux. Une vaste demeure où nous parvenons, où nous accueille uen épouse de cinquante ans. L'homme, cette fois, de la photo, que nous recherchons, est complètement bourré de neuroleptiques et ne peut nous recevoir : il aurait la truculence de Leterme et du personnage à la Wilde vu dans Immaculata (Walken). Mon compagnon s'attarde alors que je voudrais partir par politesse. Je dis à l'épouse que j'étais déjà venu il y a de cela plus de vingt ans, et que la haute cheminée extérieure descendant jusqu'au sol présentait alors un état bien plus délabré. Mais nous ne perdons pas l'espoir de retrouver Carla (ou Charlène). UTILISÉ 52 01 23 Pendant une virée touristique, Annie et moi nous trouvons séparés pour la nuit dans une espèce d'auberge où les lits superposés à la façon de ceux d'Auschwsitz, mais très propres et de bois clair, contiennent trois ou quatre personnes par emplacement. Je suis en train de me réveiller, coincé entre une bonne femme revendicative sans doute de baise et Leonardo di Caprio, que je ne reconnais pas sur-le champ, gringalet, suppliant et autoritaire, qui me demande d'aller chercher pour lui quelque chose à boire ou à manger, pou rle lui rapporter puis sans doute passer à l'acte dans la foulée. La femme est écœurée, mais je refuse, Annie me rejoint depuis une autre série de châlits de l'autre côté d'une cloison de séparation en bois, et nous partons ensemble, laissant tout ce monde derrière nous. UTILISÉ 52 02 13 Je discute sur un quai avec un groupe d'hommes et de femmes de milieu universitaire, lorsque survient un train de forme ronde. Je demande ce que c'est, une femme qui entre dans cette cabine sphérique me dit : “Frontalier”. Or, je m'y trouve entraîné par ceux qui m'entourent, m'apercevant que j'ai oublié sur le quai ma vieille valise brune qui contient toutes sortes de bouquins. Nous suivons, à la descente, les rives boueuses voire submergées d'un lac : à cet emplacement se serait trouvé le site de la rencontre de Rousseau avec Mme de Warens. Joubert, prof d'allemand, mène le groupe et n'explique rien. Tout le monde patauge consciencieusement. Par concentration (car je sais que je rêve) je parviens à récupérer ma valise. Je me retrouve étroitement serré contre une jeune femme blonde, mince et distinguée qui souhaite mon contact, me sourit, se laisse embrasser sur la bouche avec reconnaissance, je lui dis en reprenant mon souffle et en la vouvoyant que j'imaginais d'abord avoir été vulgaire, mais elle continue à sourire, heureuse. UTILISES 52 02 15 Je chie. Le cabinet s'agrandit aux dimensions d'un grenier, style Villelongue-d'Aude. Un mec, sans gêne, est entré et me regarde me torcher par l'avant sans me lever de mon siège. Ma merde est jaune et je m'en tartine partout, y compris sur mes doigts. L'homme s'indigne de ce que je ne m'interrompe pas, alors que j'estime que ce serait plutôt à lui de se sentir gêné. J'ai entre les mains une bouteille en plastique avec un embout-pression. Dessus est écrite une phrase à propos d'un jeune garçon qui a tendance à jeter tout ce qui n'a pas d'intérêt artistique. Je me demande justement si je vais jeter ou non ce flacon. UTILISÉ 52 02 16 Je rêve que je chie, seule cabine occupée sur une dizaine, et c'est justement à ma porte qu'on vient impatiemment heurter du pied, de façon très agressive. Je me réveille angoissé. UTILISE 52 02 25 A. Je suis prisonnier, on m'emmène dehors en promenade. Je m'enfuis vers l'intérieur, profitant d'un moment d'inattention de la bonne sœur petite et boulotte qui me sert de gardienne. Des doubles portes s'ouvrent, il s'agit d'un appartement bourgeois ordinaire à l'ancienne. Ma course est comme ralentie, mais je me dis que la bonne sœur sera également ralentie. A un moment donné, les doubles portes ne s'ouvrent plus. Forte angoisse. B. Chez nous, au sommet d'un bâtiment. Annie ramène une consœur spécialisée dans l'artisanat. Je suis tout fier qu'un Courrier des Lecteurs de Télérama mentionne et cite mon Singe Vert : une phrase emphatique sur ma lutte pour plus de justice. Le lecteur conclut : “On verra bien”. Un autre journal me mentionne également. Seulement les deux femmes sont plutôt pressées de faire le repas avec des provisions d'été qu'elles ont rapportées. L'autre dit son prénom, je me plonge dans une revue d'artisanat, sans aider. Les articles que je mentionne ensuite à table sont accueillis avec une indifférence polie. Là encore, angoisse. UTILISE 52 03 03 (...) grâce à la voiture de son frère (j'apprends ainsi son existence). Elle est un peu plus jeune (80 au lieu de 90) et les os de son visage se marquent plus (il s'agit de Mme Marqueton). Je répond que je préfère utilise rma voiture, pour être plus libre. Elle me l'a demandé deux fois – la deuxième fois, elle me dit que ma femme leur avait laissé une liste de courses à faire et me la rend par la fenêtre, or il s'agit plutôt d'une facture d'achats déjà effectués, au supermarché. Putain le rêve mystique... UTILISÉ 52 03 05 Rêve se terminant par la vision d'un tennisman immobile, rattrapant et renvoyant infailliblement les balles, en faisant des mimiques supplémentaires, comme semblant de téléphoner, d'esquisser des gestes, avec l'aisance impassible et ironique d'un petit bonhomme brun de Gottlib aux bras multiples. UTILISE 52 03 10 Touriste au Portugal, je suis logé dans ce qui s'appelle “chambre appartement” extrêmement fruste – avec un jeune Indien foncé souriant, qui fait une vague vaisselle sur une pierre à eau ou évier. Je découvre donc que le matin je devrai moi aussi me laver à l'eau froide, et me nettoie la figure avec un gant usé. Quant à lui, qui travaille et se lève tôt, il se propose de me faire chauffer une bouillotte. Arrive le propriétaire, grand rouquin, qui me reparle du prix et veut y ajouter 200 euros pour un professeur de médecine dans le besoin, épuisé par sa nombreuse clientèle. Je le laisse parler, feignant de ne pas comprendre, d'ailleurs son portugais est à peu près incompréhensible, le mien aussi, celui de l'Indien aussi. Je lui dis qu'il devrait l'écrire. Finalement nous réglons cette histoire de location à de grands guichets de marbre, sorte de banque ; il ne me reparle plus du professeur. Pour revenir, j'emprunte une plate-forme de train surchargée, de laquelle j'aperçois un avion flambant neuf et au design Twingo. Il hésite dans un ciel de banlieue, se disloque et ombe sous les commentaires apitoyés de tous. La plate-forme passe près des débris qui occupent un espace assez restreint, je vois des rangées de sièges inoccupés, de la partie arrière, espérant qu'il n'y a pas eu trop de victimes. C'était la ligne Dakar-Lisbonne. La plate-forme continue son chemin, je dois lever la jambe pour ne pas me la faire happer par les rails... UTILISE 52 03 14 A. Dans une ville d'Amérique du Sud où règne un vice-roi, tout le monde vit dans le luxe, avec des vêtements tout brodés d'or, dans un raffinement extrême. Chacun passe son temps à se parer, à se laver, en vue d'une magnifique représentation théâtrale. Je me nettoie successivement les deux bras avec solennité. Tout le monde se reçoit, parade dans les rues. Je rencontre un énorme gouverneur auprès de qui je dois m'excuser de mon attitude jadis avec Chimène. Donc, je suis le Cid. Le tout se passe dans la plus extrême dignité, au cours d'une réception. B. Annie part huit jours à Paris, sans regret. Je reste seul avec Blanchard, amant délaissé par Marie-Christine, et qui doit lui aussi partir bientôt. Sosu son nez je la pelote (sa tête est dissimulée sous un foulard) et elle va m'escalader en accélérant son rythme respiratoire. Il ne se rend compte de rien ou ne veut pas s'en rendre compte. Je reste avec elle contre une vitrine d'épicerie-librairie. Le COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 36 gérant sort pour nous dire de ne pas nous appuyer. Nous suivons des yeux une demi-dousaine d'hommes emportant une espèce de caisse ongue et lourde recouverte de tissu bleu pâle. Ces deux rêves se déroulent dans une atmosphère de richesse et de plénitude. UTILISE 52 03 19 Le roi mon père est désolé : quelqu'un a tailladé le flanc de ses chevaux, acte de cruauté. C'est moi qui l'ai fait. J'espère qu'il oubliera, je me cache dans le palais, mais il revient de ses occupations, me prend par les épaules et me fait part de sa colère et de son chagrin. La fin vient de m'échapper. Je me réveille dans une grande culpabilité : j'ai tué un cheval, les deux, car ils ont fini par mourir. Quel cheval ai-je tué, très jeune ? Le “Ça” ? ...Toutes les conversations ont eu lieu en russe, mon père étant “roi de Russie” - mais pas “le Tsar”. UTILISE 52 03 25 (...) l'imagination scripturaire. Je saute sur des icebergs d'île Flottante, à Khartoum, tandis qu'Annie téléphone 25 mn à Jean Tastet. Elle est très joyeuse, et moi je ne m'en tire pas trop mal, en dépit du caractère spongieux de ces grosses masses jaunâtres. Ce n'est que la fin d'un rêve. UTILISÉ 52 03 28 Fin du deuxième cauchemar de la nuit. Salle des profs d'Andernos. Corinne dit qu'elle m'a rendu une valise contenant je ne sais quoi. Je lui ai fourni des éléments pour éditer quelque chose sur l'ordinateur, mais il manque un élément. “Est-ce que c'est en D.L. ou pas ?” Je lui réponds que cela ne veut rien dire pour moi. Elle pleure en prenant les autres à témoins : je devrais savoir depuis le temps certains éléments évidents d'informatique. Elle est très fatiguée, une de ses collègues doit sans cesse monter et redescendre 8 chaises de sa salle de classe après chaque demi-journée de cours. UTILISÉ 52 03 29 A. - Vois Terrasson à l'hôtel avant d'aller à l'enterrement de son père. Elle est malgré tout joyeuse de mevoir. Elle m'accompagne à Bordeaux-Benauge, me place sur un socle de ciment et m'étreint en riant. Je ne peux finalement aller à l'enterrement car il est trop tard. Je reviens par le Pont de Pierre où se déroule une manifestation de femmes arabes voilées ou non prônant la fraternité. Je passe le pont suspendu en me retenant au-dessus de l'eau, tâtant les aspérités du parapet et disant des formules sans signification. Parvenu dans un bus avec d'autres dont une bonne sœur, je dis “Heureusement qu'ils ne se sont pas aperçus que c'était de l'hébreu, autrement je me faisais écharper. “Ma sœur, je m'accuse d'avoir menti. • Ça ne fait rien, me dit-elle en souriant. B. - Avec le juge Jean-Pierre à l'hôtel, je dispose ses bagages sur des sièges de hall, il va aux WC, arrivent des sportifs qui s'assoient parmi l'encombrement. Ils s'aperçoivent je ne sais comment que les toilettes sont occupées par Jean-Pierre et chantent une chanson anti-pédés contre les “divanisés”. Je cherche une cabine téléphonique pour avertir mes parents que je serai, et puis j'ai 45 ans tout de même. Je pars seul les rejoindre... UTILISE 52 04 03 Je suis arrivé à bicyclette dans un village, suivi par des observateurs, traînant un immense polochon blanc. Tournant à gauche, je monte vers une église que des touristes visitent. Mais il n'y a pas d'issue, je redescends. Le polochon s'est enroulé autour du monument aux morts de l'église sur sa butte, et d'une maison en construction dont les ouvriers se trouvent gênés. Enfin, d'une secousse, tout se dégage. Dans une rue étroite et peuplée d'élèves, le polochon se fait tirer, plier : j'explique qu'il faut le replier au lieu de jouer avec lui, une structure raide analogue à une longue table de ping-pong y aide, tous les adolescents rigolent. Je suis déçu que le polochon soit resté humide. Je reviens à pied sur les lieux, des visites se passent encore, un concierge dit que des gens sont en train de prendre leurs tickets (il va être 13 h, c'est la dernière visite). Annie et moi nous hâtons vers une représentation scolaire (les tréteaux étendus sur es tables et des chaises d'école) : deux professeurs jouent deux personnages tragiques habillés l'un de noir et blanc, l'autre de bleu et brun, patauds, burlesques, à rayures. Leur rôle consiste pour le premier à déplorer sa vie ratée, pour le second à déplorer que l'un d'eux ait empêché l'autre de se réaliser... 52 04 19 En voiture dans une impasse et cherchant la route de Mérignac, je demande mon chemin à une maison en bordure de chantier où me reçoit une femme d'une cinquantaine d'années aux épaules largement dégagées, un peu ronde. Son mari habite en face et n'est “pas très avenant”. Elle est rejointe par une autre femme, sa mère, qui lui ressemble beaucoup, et qu'elle embrasse sur les omoplates. J'ai bien envie de faire pareil avec la fille. Elles reçoivent des sacs en plastique transparents contenant les copies d'un petit garçon, avec des notes scolaires en rouge pas toujours très fameuses (2,5 en musique). Je dérange. Je repars sur un tronçon d'autoroute en chantier, me retrouve en plein dedans, à moitié embourbé dans le ciment. Je demande à un ouvrier en blanc la route de Mérignac en lui disant “Dites-moi, mon petit...”, puis j'avise réflexion faite un patron, couvert de plâtre et de peinture. Il se fout de moi en m'appelant également “mon petit”, puis en proposant de ne me répondre qu'après son boulot, car il “travaille”, lui ! “...de 7 h à 17 h.” Je réponds “Moi aussi”, ce qui est faux. Il me dit que la réponse dépend de tel garçon qu'il aime comme un fils. Survient un jeune homme de 17 ans aux jambes nues et propres, et qu'il prend par l'épaule. Pressentant un long baratin foutage de gueule, je me réveille. UTILISE 52 04 21 Je reçois un coup de téléphone qui me permet d'espérer une bonne fortune. A l'adresse indiquée, je trouve un bordel ormé de deux pièces, une salle d'attente où règne une Asiatique (je regarde un film porno sous-éclairé assez banal), et une pièce où se passent, sur des lits superposés, des unions assez confuses voire douloureuses. On me laisse regarder (un sexe de femme en gros plan avec du sperme autour), mais le prix est de 99 € : trop cher pour moi. “Je peux aussi bien le faire tout seul chez moi.” Je ressors, c'est à Vienne, il me reste une heure avant le train, je marche au milieu de la circulation, la pente descend très raide, je me souviens d'avoir foulé un sommet pourvu d'un peu de neige mais de ne pas avoir profité de la vue puisqu'elle était la même que durant l'ascension. A présent j'essaye de ne pas me faire renverser : la Westbahnhof est vers la gauche, mais ma gare est tout droit, en bas de la pente. Un léger malaise : un saint hindou, barbe et dhoti blanc, veut s'occuper de moi, il a l'air inquiet, mais en fait ce n'est rien. Je me réveille. UTILISE 52 04 23 Dans une petite préfecture du Massif Central où je me suis réfugié. Une énorme porte dans une ruine de donjon, où je voudrais pénétrer. Nul ne peut me dire comment m'y prendre, les habitants questionnés se dérobent et la nuit tombe. Pourtant ce portail figure à l'envi sur les cartes postales, c'est la plus belle chose de la ville. Comme j'erre au pied de ce donjon et que la porte s'est ouverte par inadvertance, j'espère entrer, quand un magnifique oficier de gendarmerie en bottes vient jeter un regard soupçonneux et la referme sur lui. C'est l'hôtel de police, j'entrevois les bureaux. Je me contente de l'hôtel à touristes, mes réserves d'argent diminuent, je cherche un appartement en ville, ma famille est là dans ma chambre, ma mère voudrait me voir bien installé, pas trop cher et confortablement. Elle est allongée sur un lit. Je lui dis que si je devais retrouver à Aurillac (mettons) le confort d'ailleurs, cela ne servirait à rien d'avoir voulu une rupture avec ma vie antérieure. Sonia et David, présents au moins en pensée, semblent m'approuver. Décidément, j'aurai trimballé un œdipe intact toute ma vie. Les camarades nouveaux que je rencontre au bar ne sont pas tellement sympas, d'ailleurs, et à peu près aussi fauchés que moi... UTILISE 52 04 26 Je cours en remontant une pente goudronnée dans les Pyrénées. Un petit homme bun court également, de l'autre côté d'un parapet, sur la même route. Je prends de la distance, mais je m'essouffle, et le petit homme (Dufourg), sans se vexer, me rattrape et me demande si je veux continuer. Cela, deux ou trois fois. Arrivent les touristes, de plus en plus nombreux, sans se presser. Je le rejoins alors sur sa section de route, déjà bien dégagée. Puis je veux rejoindre les touristes, faisant tomber les volets de bois, qui protégeaient la section du nain, sur les pieds de l'un d'eux qui proteste. Plus tard, relisant le récit de notre course-poursuite, je vois que l'auteur me traite comme un fils blond d'instituteur, qui ne serait finalement pas allé jusqu'aux Ecoles d'En-Haut, où m'attendait une petite fille d'instite, blonde et très sage. UTILISE 52 04 30 Avec Léon Bloy à travers les allées d'une exposition couverte d'artisanat pieux. Chacune porte un nom se rapportant à la dévotion. Nous pressentons qu'il y a du monde et de la bousculade mais nous ne la voyons pas. Nous pensons (je fais partie d'un groupe) que cela n'en inira pas : Léon COLLIGNON NOX PERPETUA TOME 1 40 Bloy veut tout nous faire parcourir intégralement. Cela ressemble au réseau vasculaire du visage et du crâne, c'est infini, toutes les veines et artères sont grosses et vitales, nous avons la représentation de ce crâne dans la tête. Puis, un cimetière auvergnat, plat, en pleine campagne, dont le plan montre une quantité de tombes en rapport avec Léon Bloy. Des admiratrices recherchent tous les tombeaux, l'une d'elles apporte à une des personnes de mon groupe une plaque amovible rose de mauvais goût où figure tout un texte, d'abord en français puis en allemand (sous le portrait d'un jeune ecclésiastique). “Il est vrai” lui dit-elle “que vous avez déjà lu ce texte en français” (sur une autre plaque). L'autre acquiesce et fait replacer la plaque, mais il pourrait lire l'allemand. Nous sommes devant un vaste espace libre, de terre nue, contenant des corps sous sa surface. Il fait froid, nous avons gagné ce cimetière dans une joie cordiale, il reste encore un peu de neige. UTILISE 52 05 01 Voulant aller au cinéma à tarif réduit le samedi après-midi, je me retrouve aux Mureaux, dans une 2CV que rejoignent deux ou trois Arabes surpris que je m'y sois introduit mais qui finalement acceptent que nous y allions ensemble. Hélas une roue arrière se coince dans un gigantesque nid de poule. (Annie me souligne le nom d'une actrice du film). Aux Mureaux rencontre Bouroufala qui s'est résigné au bistrot à rater la séance. Il me dit que les autres n'ont pas arrêté de s'engueuler en se rejetant la faute de la panne (c'était la deuxième pour moi : ma voiture avait eu la même chose !) Nous nous donnons rendez-vous sur la grande avenue à deux pas, la salle est toute proche, les chiottes aussi. Il y a six ou sept vedettes que j'aurai beaucoup de plaisir à voir, leurs noms se soulignent sur une feuille de programme que j'ai. UTILISE. 52 05 04 A Mon père à poil en colllant de femme se chiant entre les jambes, c'est une énorme masse de parfum solidifié, pour aller à l'Opéra. B Annie dans un amphithéâtre tentant de lire de l'allemand au lieu de se borner au teste français, je n'ose prendre sa place pour ne pas la vexer, un prof barbu bilingue renonce à l'aider, lui fait prendre une travée plus éloignée, Annie minuscule, se croyant aimée, l'amphi bavarde doucement avec patience... utilisé 52 05 05 Dans une salle d'examen, il ne reste plus que deux candidats dont moi. J'ai enfin trouvé mon inspiration, le type derrière moi rame, mais la surveillante l'aide outrageusement, lui dit “Excellente traduction”. Il demande du rab de papier dans la salle d'à côté, par la porte du fond. Ensuite je me promène avec Sonia dans des villages humides et accidentés de la lointaine banlieue parisienne. Je brûle un feu rouge. Les vieilles maisons, les églises, s'alignent partout, certains chemins passent dans des voûtes souterraines. De toute part les gens sortent de chez eux, c'est dimanche matin. Je crains de me perdre et observe bien le chemin pour revenir UTILISE 52 05 06 Dans un immense hall balayé par les vents extérieurs et les courants d'air. Avec une troupe de jeunes gens et filles exaltés nous courons en hurlant pour terroriser les gens qui errent là-dedans, nous finissons par nous terroriser nous-mêmes ; je crie des mots en langue inventée sauf “Ettib ! Ettib !” (“assez !”, en džungo). Il y a des piles de journaux détrempés, comme si une catastrophe aquatique venait de se passer. UTILISE 52 05 09 À table avec une jeune femme que j'émeus en évoquant les rélexions destructurantes qu'elle a dû subir (“P'tite gouine”), assez fort pour que la table voisine l'entende. Elle a les larmes aux yeux et m'est reconnaisssante, ma langue d'autre part a fourché, laissant croire que je suis pédé. RNous sommes fraîchement nommés dans un poste. Les autres collègues lui ont dit de les rejoindre soit dans un supermarché plein de monde soit dans un autre à peu près vide. Je l'accompagne en poussant un caddie, mais nous sommes au supermarché bondé. Les paniers roulants s'accrochent, tout le monde le prend bien, mais lorsque nous avons fini nos courses et que la foule s'est un peu clairsemée, nous nous apercevons que nous avons décidément choisi le mauvais supermarché, et que les autres ne sont pas venus. UTILISE 52 05 10 Avec Sonia et Annie dans un hôtel, cette dernière dans une chambre à elle. Son eau pour la toilette est trop chaude, son transistor émet de la mauvaise musique, elle est très en retard, je vous le moment où je serai obligé de payer une nuit de plus (25 €) parce que nous aurons dépassé 11 h. Vieux robinets qui gouttent. UTILISE 52 05 13 Sonia et moi (ou Annie et moi ? la personne est la même) sommes bloqués à Munich, sans argent, dans une auberge où tout le monde parle français. Il se fait là une séance de cinéma, soit devant moi sur écran ordinaire, soit derrière moi sur écran vidéo. Devant chaque écran deux ou trois rangées de spectateurs, se tournant le dos. Je me rends aux toilettes, très frustes (à la turque) et ttrès étroites, mais remarquablement sèches et propres. Pendant le film, je tape à la machine, très doucement, pour le critiquer. Je m'aperçois que d'autres ont de même. Une grosse retardataire s'installe près de nous, compressant une jeune femme mince qui commence à protester. Dans le film, un personnage dit qu'il emmène son fils regarder des films pornos, puis qu'il repasse le prendre à la fin de la séance. Un spectateur ressemblant à Accornero le reprend : “Tu es sûr que tu ne le fais pas toi-même, le film, avec ton propre fils ?” Je le réprimande en plaisantant mais assez fermement. Finalement, nous aurons assez d'argent pour revenir de Munich, comme les Bloy sont revenus de Cologne. 52 05 16 Nous partons à trois voitures vers le Bassin, Java dans la première, moi dans la deuxième, Sylvie dans la troisième, qui sera vite distancée. Je suis tant bien que mal, pas très assuré assuré de ma direction (je zigzague un peu). J'encourage ma voiture. A une bifurcation, je me trompe et m'enfonce sous les pins. Une grande maison dans les fougères humides à deux pas de l'Océan : Josette habite là avec certains de ses descendants. Nous nous retrouvons avec effusion, l'ancienne maison de Meulan est occupée par ses enfants. Je suis en chemisette sans rien pour le bas, mais j'épargne notre pudeur. Nous nous serrons l'un contre l'autre, elle veut me préparer un repas mais il n'est que onze heures et demie. Un type lit à une table extérieure et ne dit rien. Je cherche sur uune carte et dans ma tête vers quel phare il aurait fallu que je me dirigeasse. Nous revenons en bus sur nos pas, je ne retrouve pas ma voiture sur les bas-côtés, ça va trop vite et il y en a trop. Josette se perd un peu dans les prénoms de ses petites-filles :Irina, Océane, Hermengarde... Je dis que la mode des prénoms se déchaîne, surtout pour les filles. Elle m'a offert un étui en plastique d'appareil photo. Je dois rejoindre les autres. UTILISÉ 52 05 31 J'interviewe une Dalida vieillie, encore très belle, mais de façon à lui montrer qu'elle est en fin de carrière. Elle s'insurge aimablement ; mes questions ne portent que sur ses rapports avec les plantes, les fleurs. Elle me parle de ses projets, de sa pleine forme, de son fils chez qui elle m'envoie. C'est Gaël Ferret. Chez ce dernier, il monte dans une ruine aménagée, essaye de m'atteindre avec des crachats pour rigoler, je lui dis qu'il n'arrive même pas à toucher deux énormes pigeons qui volent sous lui. Je monte chez lui, c'est étroit mais bien aménagé. Un couloir, en impasse, ne sert à rien. Nous nous frôlons à fond. Je repars en comptant lui écrire, mais il a l'air désabusé de celui qui n'y croit pas, nous nous voyons pour la dernière fois. Son adresse serait « sous le Château d'eau ». C'est seulement alors que j'ai pris le car, mais dans la direction contraire (Vaux-sur-Seine à Conflans). J'espère que le bus montera sur le coteau pour reprendre la bonne direction. IL y a là deux métis de Tahitiens qui parlent d'un match. Ils ont le physique très aigu (menton très pointu). Nous descendons, Ferret et moi, je me retrouve dans une tour naturelle du roc, sans issue. Du mal à m'en extirper. Et j'arrive ici en retard, après 20 heures, Annie m'attend, peut-être même devrai-je cacher à l'hôtel. UTILISÉ deux fois. 52 06 03 Je roule de nuit à vélo sur les quais, il pleut et je manque déraper sur un aiguillage de tram. Place de la Bourse je rencontre des jeunes filles dont l'une, blonde pulpeuse, se jette à mon cou en me disant « Enfin », car les autres peuvent avoir des garçons et non elles. Je rentre chez moi pour revenir débarrassé de mon vélo, elles sont à un bar, la blonde me fait tout un discours passionné où il est question de l'amour qui n'est pas moins fort quand il se passe de sexe. Ensuite, à l'arrière du bar, je visite sans doute un musée, j'y retourne, croyant y avoir oublié quelque chose, le patron bougonne. Les filles viendront reprendre un petit carnet où chacun a inscrit son numéro de téléphone, je n'arrive pas à bien écrire le mien, il n'y a pas de place, je rature, m'embrouille, damande au patron s'il peut me lire, mais il ne m'écoute pas. Impression d'ensemble sur le rêve pourtant très favorable. UTILISÉ 52 06 16 Le train me dépose dans un village du Massif Central, abandonné mais propre. Je déballe de quoi manger, écoute un transistor qui annonce à deux reprises « Destruction du Singe Vert ». Je me demande ce qui peut bien porter le même nom que ma revue, que je pensais pourtant inconnue. Prenant possession du village, je parviens en voiture (de location ?) à un vaste domaine, que je dois occuper le lendemain, grâce à des documents qui y sont enfermés. Une longue voiture américaine s'arrête alors à côté de moi, le conducteur porte un stetson et s'exprime avec unaccent d'Outre-Atlantique très fort. Il est accompagné d'un homme et d'une femme, tous trois d'environ 70 ans, et se disant (les deux derniers) mariés, ainsi que frère et sœur. Je ne pense pas qu'il s'agit d'inceste mais de liens de parenté compliqués. Le domaine leur appartient, ils auront les titres de propriété le lendemain. Les mots « Destruction du Singe Vert » ne cessent de résonner de plus en plus fort et menaçants, le rêve s'achève dans une ambiance d'explosion sans que j'aie pu savoir de quoi il retournait. Réveil brutal, je dois me lever aussitôt. UTILISÉ 52 06 22 Je suis couché avec Annie. Il est question d'articles contre Le Pen, qui devraient remonter le moral ; de pentes ascendantes ; de structures en bois jaune en plein air, comme des potences ; d'amélioration de l'érection et de la joie de vivre ; mais Annie ne suit pas le mouvement, ni moi. Elle me dit n'avoir aucune réaction parce que je n'éprouve aucune attirance envers elle. Je lui dis que forcément, elle m'a toujours, absolument toujours, contrarié systématiquement dans tous mes choix de vie. Elle acquiesce. Sentiments réciproques de profonde tristesse. Et pour moi, en me réveillant. UTILISÉ 52 06 26 Gigantesque manifestation d'étudiants grévistes sur les quais : merguez, chants et musique. Les voitures se sont garées sur une terrasse ; la mienne, par miracle, y est montée sans voie d'accès. A l'autre bout de cette terrasse se tiennent des épreuves écrites d'agrégation, organisées par le ministre Claude Allègre. Je rejoins ma voiture mais me retrouve presque au même endroit, coincé dans la foule en liesse. Je voulais seulement quitter la terrasse; et non passer l'agrégation, je me suis trompé d'itinéraire. Je précise que je me suis présenté dix fois à l'agrèg. Quadri-admissible. La foule est bon enfant. Je pense être parvenu à quitter la terrasse de ciment avec ma voiture. Ce n'est là qu'une petite partie du rêve. UTILISÉ 52 06 30 Dans une ville du sud de l'Italie avec Sonia, Annie, peut-être mes parents, tout le monde en courses dans un supermarché, j'attends à l'extérieur au soleil, si j'étais seul j'irais sur les routes de Calabre au lieu de me reposer sans cesse. Il y a une grande allée sous les arbres, avec de l'herbe, Annie et moi y zigzaguerions amoureusement de nuit sur des airs de Chopin. Découvrons deux saltimbanques richement bariolés ; un homme-orchestre avec une espèce d'accordéon dans le dos, quand il joue un immense parapluie se déploie sur son dos ; un autre homme avec une énorme mandoline rebondie ; une femme qui secoue avec résignation un gros collier de mule garni de grelots. Sketch : le gros mandolineux assomme l'autre homme qui plonge la tête dans ue mare bien sale en exhibant un cul et des cuisses très bouffis. Tout le monde est censé se marrer, le gros mandolineux en rajoute, c'est surjoué, la musique est forte. Il y avait tellement de choses dans ce rêve... UTILISÉ 52 07 13 Dans un grand appartement viennois dont certaines pièces forment grenier, un jeune lycéen révise son histoire. "Europe, un pays civilisé" : la page porte pour illustration une armée en manœuvres, comme si la civilisation, c'était la guerre ! Un chapitre a pour titre "Une nouvelle vision de l'homme". On parle de l'Allemagne de l'Est représentée sur d'anciennes cartes comme derrière des grilles de prison, ou appelée "Tiefes Deutschland". Des visiteurs d'un certain âge étaient capables, en pleine forme, de chanter des refrains pleins d'entrain, alors que les vieux ouvriers, épuisés, ne pouvaient plus que graillonner entre leurs chicots. Nous sommes allés avec Annie cueillir de longues tiges d'osier enfoncées dans la boue pour les rapporter à titre d'ornements. Ça recouvrait toute notre voiture, on ne pouvait plus conduire ! Je rencontre alors uen ancoienne élève de quatorze ans qui tombe au fond d'une dénivellation argileuse à parois abruptes. Bien qu'elle hurle au fond du trou en avertissant Annie de ne pas s'aventurer sur le rebord en souliers vernis, Annie le fait, glisse et tombe. Les deux sont pourtant saines et sauves. Nous revenons dans la pièce où l'étudiant révise son histoire. Je poursuis un chat qui me fuit en galopant de pièce en pièce, je le rejoins et l'étourdis de caresses, il finit par se laisser faire, son poil est plus doux que la première fois, car je l'avais déjà traité ainsi. Un chat peut se nettoyer, même de son vomi, se sécher donc, et redevenir propre. Rêve très agité, aux épisodes chronologiquement mêlés. UTILISÉ 52 07 16 Une communauté italophone vit dans un pays récemment indépendant, arabophone. Sans qu'elle y soit réellement obligée, se sentant mal à l'aise, elle va émigrer. Ses villages vont se vider. Une délégation française vient négocier ce départ. Une femme est l'objet de violentes poursuites dans la presse cairote pour tripatouillages dans les antiquités. Un Egyptien vient calmer le jeu auprès de la délégation française, disant que c'est toujours comme cela dans une dictature militaire : chacun essaie de se faire valoir, en utilisant un langage outrancier, mais il va arrondir les angles. Je fais partie avec Juppé de la délégation française. Elle n'est pas très vive. La plupart de ses membres prétextent d'obligations extérieures à la capitale pour ne pas se rencontrer, mais chacun a son pied-à-terre hôtelier permanent à tant par jour. La première fois, j'ai glissé dans un trou de soldat antichars et le pied pesant et botté de Juppé a failli m'écraser, il s'est retiré en riant. Un repas entre diplomates a eu lieu, je m'en suis absenté pour pisser dans une espèce de waters de chantier où me suivait obstinément Pépette, chienne de Blanchard, que j'ai un peu blessée en repoussant la porte sur sa patte, elle a gémi. Dans un coin de hall, Juppé minuscule sur une chaise de bébé a dit que nous étions destinés à nous rencontrer, décidément ! Je reviens à table. Je repars à pied à travers ces bouges italophones qui veulent se faire évacuer, ne se sentant plus en sécurité. La négociation a dû échouer, les Français sont repartis en emportant des tableaux qu'on a eu bien du mal à leur offrir. Je suis survolé par un immense Concorde noir où a pris place toute la délégation française. Il n'y a pas de moteur, l'immense avion sinistre plane de droite, de gauche, au-dessus d'un village, et soudain dégage une forte fumée. Une femme hurle à côté de moi, on entend des cris suraigus sortir de l'avion qui s'écrase en dégageant une énorme fumée. Les passagers cuisent lentement, je hurle "Je ne veux pas je ne veux pas je ne veux pas." UTILISÉ 52 08 18 Annie et moi devons partir avec un groupe nombreux de touristes à Saint-Pétersbourg. Nous sommes réunis dans un grand salon et des employés très styles nous donnent à tous des indications. Pendant cette conférence une grosse bouteille d'eau minérale en plastique roule vers le bureau, un employé la rattrape malgré mes refus et la replace debout par terre à côté de moi. Nous devons passer uen nuit à Paris VIIe avant l'embarquement. Annie tombe malade et se met ostensiblement au lit,par trouille de prendre l'avion (accident des Martiniquais). Je hurle, exaspéré : "Paris VIIe ! Paris VIIe !" comme pour dire qu'avec ma femme de toute façon il est impossible de s'imaginer dépasser Paris... UTILISÉ 52 08 22 A) Un plombier polonais recueilli chez moi bloque nos deux chiottes par des réparations, il ressemble à Boudy, il est installé sur la table du salon. Un copain à lui vient et réclame du "Varsovie" (sorte de vodka). Je crains de n'en plus avoir, soucieux de le recevoir avec hospitalité. Du côté de chez Lageyre, c'et de la terre labourée. Un triangle de gazon devant notre porte se trouve aussi entamé par des travaux. Invasion totale de notre espace. B) Chant L'Hymne à la Joie en allemand a capella par une femme qui me désigne ensuite pour prendre la relève, les paroles me semblent écrites en une langue n'ayant qu'un lointain rapport avec l'allemand, à base d'onomatopées lettonnes. C) Annie chante un cantique devant un curé en soutane, m'enfonçant ses ongles dans le dos, transformant les paroles en obscénités ou burlesqueries. Le curé s'efforce de ne pas se fâcher, elle me crie que c'est fou tout ce qu'elle retient comme sentiments agressifs. La scène se passe au pied d'un mur gris de caractère ecclésiastique. - Mon petit chat pisse mais j'ai oublié la litière. UTILISÉ 52 08 23 Faisons l'amour Françoise et moi en plein air et de nuit, la femme dessus, nous recommençons et nous apercevons que par-dessous gisait le cadavre desséché et rieur de Monsieur Terrasson, qui pousse ses vieux tibias pour nous faire de la place ; il vagit pour s'excuser. Il doit s'agir d'un cimetière et d'une tombe à plusieurs emplacements. Plus loin, sur une autre couche tombale, Marie-Andrée Balbastre, sous un drap noir soulevé, fait une pipe à un type qui n'es tpas son mari. Au fur et à mesure que Françoise et moi baisons, le cadavre vivant de M. Terrasson s'enfonce et se désagrège en partie, mais pas moyen de se débarrasser des jambes qui reviennent toujours s'emmêler à nous. C'est gênant, mais pas cauchemardesque. UTILISÉ 52 09 01 Dans une salle d'examen (concours ?) avec Annie, nous devons potasser sur le sujet d'un empereur quiu se défend contre son entourage (concitoyens et étrangers). J'ai trouvé un empereur, au règne court, où il ne s'est malheureusement pas passé grand-chose. A un moment donné, un appariteur convie tous les candidats à manger, il y a de la viande. Tous se lèvent sauf Annie et moi. Un voisin va chiper une petite part de viande rès rouge qui se trouvait déjà dans une assiette, à la place d'un candidat parti manger. Il est hilare et dit qu'il en profite (grand blond, front haut, bien découplé). UTILISÉ 52 09 05 Passant près d'un jardin en pleine ville, j'y vais pisser, piétinant les plates-bandes de mâche. Je me pisse sur les pieds, sur les doigts. Une jeune femme que je connais est entrée par le haut du jardin et remplis des vases d'arrosage à deux gros robinets de marbre. Elle me fait observer que les récipients sont laissés sales par les utilisateurs précédents. Je l'aide à les nettoyer mais elle me dit qu'elle n'a pas dit cela pour moi. Son portable sonne. Elle s'allonge sur l'herbe détrempée pour répondre, il s'agit de son service de pompière vacataire. Je profite de cela pour me défiler, car mon but était de couper court à travers la ville en longeant ce jardin par l'extérieur, afin de rencontrer le moins de monde possible. (sans rapport : j'aurai donc toujours vécu spectateur, trop assommé par les spectacles pour faire autre chose, de fatigue. Pourquoi cette voie ? Et quand j'avais fini de voir, je donnais à voir : c'étaient mes cours, et je me donnais le spectacle de ma vie, de mes scènes de ménage : pourquoi la scène, plutôt que l'action ?) UTILISÉ 52 09 06 En vacances dans une ville étrangère et partageant une chambre dans une sorte d'auberge de jeunesse. Au retour d'une visite une camarade allemande me dit avoir nettoyé mes vêtements pendant mon absence. Je découvre deux slips lavés non séchés près de mon lit, la fille montre son dos nu puis me fait une fellation en pleurant – elle a ôté ses lunettes. Une autre fille devra se passer de moi. Un garçon est mon ami, nous allons en ville avec un moniteur style Poelvoorde. A un arrêt du bus ce dernier fait une réflexion, le garçon lui flanque une grosse tranche de fromage sur la gueule et la lui enfonce profondément dans le gosier, sous le regard réprobateur d'un quinquagénaire à lunettes et chapeau. Le moniteur râle parce que le garçon est habillé de rouge et va attirer de nouveau l'attention des flics sur le trottoir – ils sont déjà venus emmerder le moniteur une fois. UTILISÉ 52 09 10 Avec Annie nous suivons en bagnole une foule qui se rend à un carnaval quelconque, sans être elle-même déguisée. Presque impossible de circuler. Heureusement je trouve une place de parking. Annie veut que nous retournions chercher sa voiture pour la mettre sur une autre place à côté de la mienne. UTILISÉ 52 09 13 1) Je suis au lit avec Vanessa Pavan. Elle se gratte le cul avec frénésie pour empêcher que je la sodomise. UTILISÉ 2) Je parviens au sommet d'une longue montée en plein Paris alors qu'il s'agit d'un château vinicole. Des touristes font de même (allemands, japonais). Pour redescendre del'autre côté (je suis déjà venu, mais dans l'autre sens), la route n'est plus qu'un tunnel sous plaques de ciment surbaissées, ili faut ramper dans la fiente d'oiseau ou de chauve-souris. Des femmes laissent leurs vélos VTT et s'engagent là-dedans. Je ne le fais pas. Assez maussade ce matin. Je repense à la Nouvelle-Orléans et aux prédictions sinistres de Nostradamus. UTILISÉ 52 09 20 J'entre dans un lycée, entouré de jeunes filles : "J'ai vécu entouré de jeunes filles, à quatre amoureuses par classe." On me revoit avec plaisir. Des escaliers descendent. Un élève se voit dire qu'il doit aller aux premières toilettes disponibles sans errer dans un bâtiment désert. Je rêve de couloirs combles. A l'aise partout. Un moniteur lance une plaisanterie de cul, je la reprends, une monitrice rit. UTILISÉ 52 09 24 Annie et moi faisons du camping en Turquie orientale. Nous apprenons par la télévision que les talibans bombardent une ville proche : les images montre que leur aviation s'acharne sur des ruines. Affolés, une partie des campeurs plie bagages ; nous sommes effrayés, mais décidons de poursuivre notre route vers l'est, vers l'Irak, en campant. UTILISÉ 52 09 25 Nous sommes deux à Mobylette sur la route, je viens d'apprendre la mort de mon père et j'en souffre plus en rêve que je n'en ai souffert en réalité. En pédalant nous nous prenons le pied dans la chaîne et les deux Mobylettes tombent, à proximité du cimetière. J'ai déjà rêvé de celui-là auparavant. De même, ce Meulan de rêve revient : plus escarpé, avec une île fluviale plus large. Je remonte une rue en suivant un jeune homme sympathique aux petites lunettes de soleil très noires. Il m'invite à voir des curiosités dans son château, et tandis qu'il farfouille, au sommet d'un escalier de métal, et déà engagé à l'intérieur, je ne sais quelle serrure, je me rends compte qu'il va me sadiser à l'intérieur, ou du moins me montrer quelque salle obscure et terrifiante, dans l'obscurité verte et bleue. Je redescends l'escalier alors qu'il se replie sur lui-même et saute dans les caillasses, mes gestes sont ralentis, il est derrière moi, encore aimable mais bientôt menaçant... UTILISÉ 52 09 27 Avec des soldats en Afrique, et Sonia. Il y a un combat à l'extrémité d'un long hangar. Les troupes reviennent, laissent passer les noirs, les attaquent par-derrière. Même scène entre des rangées bien alignées de grands arbres européens. UTILISÉ 52 11 18 Avec Annie en bas de la côte de Meulan dans une profonde obscurité. Retrouvons chez Truffaut (garagiste) les clés de chez nous et de la voiture sur une terrasse basse de transformateur. Un vélo me heurte alors par derrière sans que j'en soie effrayé. En réalité c'est Annie qui se retourne dans le lit en me flanquant son genou sur la cuisse. 52 11 20 Je rêve du Dr N., tendre et paternel. Il s'ennuie dans un logement parisien qu'il me prépare, c'est l'heure du repas de midi. Il m'appelle en se plaignant, il en pleurerait presque, d'être seul, sur mon portable. Je mangeais en plein air. Pour m'amuser, je jette en l'air un verre de café qui jaillit jusqu'au quatrième étage d'un immeuble, où cela souille trois vitres à rideaux blancs. Je le rejoins, il monte avec moi, il m'emmène en voiture dans des rues très en pente et jusque dans un escalier. Pendant le trajet je me demande ce que cela donnerait si les immeubles étaient reliés par des passerelles obliques et je conclus qu'il y aurait sans doute autant de piétons sur ces passerelles, que cela grouillerait de partout. Parvenus sur un palier (la voiture a disparu), il veut visiter une connaissance. Je partais sur le dos un harnachement destiné à soutenir un bébé. Quelqu'un monte, je range cet appareil pour qu'il ait la place. Il me remercie en souriant. Je lui demande s'il connaît les Untel, il me dit que c'est justement chez eux qu'il a trouvé une chambre pour moi, et, gêné, j'avoue avoir lancé ma tasse de café. Il me sermonne avec l'attitude grave d'un père affectueux, disant qu'il avait pensé que je m'étais calmé, qu'il revoyait ce jugement. Quand il a fini, je réponds que ce geste (...) (Il me fait) m'excuser auprès des habitants aux fenêtres souillées (...) et je ressens tandis qu'il me parle une volupté que j'analyse, qui est à demi-malsaine – celle de se faire pardonner. Et il dit : "Vive tes vers et ceux qui les liront." Il était habillé de brun, avec un ventre de père noble, un ton lent et mesuré, très bienveillant et protecteur. UTILISÉ 52 12 03 (...) une certaine ironie. Je m'étonne que garçons et filles soient mêlés, non sans flirts. Pas d'explication valable. Je parviens dans une vaste chapelle d'université (Cracovie ?) (avec de hauts vitraux) où sont exposées un grand nombre de toiles dans le style de celles d'Annie. Je le fais observer, mon accompagnateur se récrie, ces toiles sont là depuis des siècles, alors je me contente de parler de parenté d'inspiration. Le lieu est plein de gens en prière ou en conversation (...) Je dois sortir des rangs en passant devant els auditeurs d'une conférence. Les conversations et les chants sont en polonais ou en latin. J'aimerais qu'Annie vienne voir cet endroit, mais nous devons reprendre un camion pour rejoindre un aéroport. Impression de vie spirituelle et intellectuelle intenses. UTILISÉ 52 12 05 Annie et moi sommes accueillis dans un grand établissement de vacances laïques en Pologne .Bois et paysages magnifiques. De retour d'un bon repas en compagnie de personnes raffinées et cultivées, je prends les devants en sautant parmi les flaques et l'herbe d'une avenue. Je parviens ainsi à un autre établissement, en hauteur, où logent des lycéens des deux sexes? Beaucoup d'amabilité, de culture et de piété cette fois, nous fait-on observer. Chapelle à vitraux modernes splendides, chœurs religieux magnifiquement intenses (dernière phrase rajoutée le 11 05 06). utilisé 53 01 02 Pendant un trajet sur autoroute, Annie et moi nous arrêtons à une fête écologiste : les paysages, verdoyants, devenaient disais-je de plus en plus conformes à mes rêves (sous-bois, pentes habitées, etc.). Une boutique se garnissait de nombreux clients. Dissimulé derrière un serveur de poissons (une raie), j'ai chipé et mangé un fromage blanc épais. Annie m'a fait remarquer une troupe de tout petits enfants (trois ans). J'ai dit que ceux dont je m'occupais étaient bien plus âgés, des ados. J'ai imaginé l'entretien que j'aurais pu avoir avec l'un d'eux, qui aurait ressemblé au second fils de Chemineau, j'aurais dévié sur une question concernant son poids, pour le déstabiliser de façon marrante. Puis tout le monde se disperse, personne ne s'est aperçu de mon larcin de fromage, la fête sur la pelouse est terminée, Annie et moi nous apercevons de loin et décidons de repartir, mais il est déjà 18 h 30. Je lance une feuille de plastique verte, un organisateur éméché engueule à la cantonade, "...et à quelle heure repars-tu en général ?" J'ai pollué. J'ai dit aussi à ma femme que c'était la seule fois et la dernière que j'organisais une fête ainsi (j'oubliais mon théâtre d'Andernos ! ) Pour repartir, deux énormes voitures de collection se ruent vers le dehors en écornant la largeur d'une porte étroite, en prenant appui sur le mur avec leurs pare-chocs arrière qui lancent des étincelles et démolissent tout sans égard pour les construction. L'une d'elle est maquillée en fauve dévorateur d'essence avec des griffes sur le côté, elle s'appelle "Pégase". Des bruits courent sur une forte diminution de crédits pour le Festival d'Avignon. UTILISÉ 53 02 06 Avec mes parents dans un restaurant des Mureaux. Un Arabe vient s'y mettre à table. Il y a deux sujets à préparer : 1) « Quels hommes voient la lumière ? » (avec une fausse citation de Nietzsche). « Zaghreb » = « le silence ». Je suis félicité pour la bonne prononciation du « gh ». 2) « Comment se classer parmi les premiers du concours sur Nostradamus ? » - Ça tombe bien, dis-je, j'ai traduit les prédictions pour l'année 2006. » « Il » (?) choisira le sujet n° 9. Il n'est pas d'origine allemande. Pendant ce temps mon père va aux WC. Puis moi. Lumière électrique éblouissante et radio. Utilisé 53 02 11 Je me promène avec mon père, très vieux, dans la région de Semur-en-Auxois, que l'on prononce «Ausse », comme me le confirme une bonne femme de la région. Il tient avec lui une lettre de la grand-mère Fernande, dont je reconnais l'écriture, un peu relâchée toutefois par l'extrême vieillesse. Je dis que jamais je n'enverrais un vieux en maison de retraite, mon père m'approuve, mais si je veux le faire avec lui, il est d'accord. Nous arrivons en train à une bourgade dominée par une colline escarpée et verdoyante. Un cheval monté y grimpe, non cependant jusqu'au sommet. D'autres gens s'y promènent joyeusement. Je me balance dans ce paysage vallonné, sur une immense balançoire, tel Gargantua, en chantant. Puis je me réfugie sous la voûte d'un pont routier ,devant y supporter des gagges, commentés ironiquement par une voix féminine qui me plaint faussement d'avoir dû subir par exemple des chauves-souris, mais je n'en vois point. Il y a à peine de place, je redescends au niveau de la chaussée mais les risques sont grands, un camion me frôle le côté du pied, alors je remonte sous la voûte. Retrouvant mon père au café, je vois aussi mon grand-père, qui ne ressemble pas du tout au vrai. Les habitués du café sont très sales. Ils ne nous demandent pas qui nous sommes, alors que je voudrais bien faire souligner que nous sommes là trois générations, et vraiment très vieilles. Les habitants nous mettent en garde de façon allusive contre des projections de merde. Moi, je suis écrivain, et je fais partie de l'œuvre d'un autre qui a le tic de décrire les parties génitales des femmes qu'il rencontre avec une précision gynécologique. Mon père et mon grand-père me quittent pour pénétrer dans l'enceinte de la vieille ville. Je dois pour les rejoindre ainsi que les autres ancêtres et collatéraux passer sous des greniers qui bombardent de merde tous ceux qui passent. Le combat est acharné, les étrons volent, les jets de purin aussi, un éléphant charge parmi les merdes et les exclamations : un anticarnaval de Venise ! Sous un plafond de bois j'aperçois « Chiottes hommes » : c'est une profonde étable déserte où les excréments surabondent dans la paille, il y a de véritables mares de pisse, je me promets de bien me rouler dans l'assaut merdeux médiéval en costumes qui se déroule au dehors : on va bien s'amuser ! Curieux qu'ils laissent cet endroit sans le bombarder par des fentes au plafond. Je commence à me soulager, je n'avais pas si envie que cela,le rêve s'arrête. C'est la première fosi que je rêve d'une telle tempête de merde. UTILISÉ 53 02 21 A Je sors sur le rebord en ciment noir d'un vaste blockhaus aménagé en bureaux dominant la mer. Il est interdit de se promener là. Un officier en civil vient m'arrêter. Des filets descendent du ciel pour m'enserrer, je devrai être balancé par hélicoptère au-dessus de la mer, j'ai très peur mais sans émotion. Des hommes me disent qu' « on s'en fout ». J'arriverai au sein d'une foule de punis sur le gazon, mais rien ne sera fait. B Sonia passe un entretien d'orientation dans une classe vide, l'orientatrice est sympa et pose des questions : « Et quel effet ça vous a fait... » - je n'entends pas la suite. Sonia semble réciter, d'une petite voix nasillarde. Je sors sur une plage bondée et misérable, des minarets appellent à la prière, trois ou quatre personnes ont un tapis, j'arrête de mâcher la bouche pleine, ému aux larmes par l'appel du muezzin. Je lis ou me rappelle un prospectus disant qu'au moment de la prière du coucher du soleil, la température baisse de plusieurs degrés, les dents du fidèle tombent et sa tête éclate, ce qui est « du plus parfait racisme ». Je retourne sur la plage où j'achète du Coca et le Canard, je me retrouve dans une pièce bondée par les étudiants, je montre à Yves Chemineau une carte routière tirée d'une bande dessinée, en commentant une « route de Fouësnant » en bord de mer, qui est signalée très pittoresque, ainsi qu'une autre vers Nogent-le-Rotrou, et où figurent pour s'exercer des indications sur le nombre de montées, de débrayages, de braquages, etc. Je demande au fils Chemineau à combien il achète ses voitures : comme moi, à 20 000 F. environ. Toujours pas bu mon Coca. UTILISÉ 53 02 23 Avec Annie dans une arrière-salle de l'ancien Alhambra, elle part avec d'autres et me laisse en compagnie de Gainsbourg. J'ai été encouragé à coucher avec lui, pour l'expérience. Nous sommes à poil dans une baignoire à l'ancienne, nous nous caressons de notre mieux mais ce n'est pas terrible. Je me force à effleurer sa queue, sympathique et bandant mou, mais je ressens un frisson de vive répugnance. Ni l'un ni l'autre ne parvenons à nous exciter, le rêve s'arrête là. UTILISÉ 53 03 05 Annie et moi en panne, devons ramener deux voitures qui remarchent, mais sommes autorisés par ordonnance que nous montre une infirmière aimable à coucher dans une chambre d'hôpital. Le lendemain il faudra que je fasse sans arrêt des aller-retours en changeant de voiture pour les ramener de Roanne à Vichy, à Montluçon, etc... jusqu'à Bordeaux alors qu'il suffirait qu'Annie et moi prenions chacun la nôtre. En effet c'est absurde, je ferais des va-et-vient sans avancer... UTILISÉ 53 03 10 Classe de sixième très nombreuse qui chahute, grand nombre de filles. J'écris au tableau quelque chose qui ressemble à un emploi du temps. Je veux faire répéter la dernière indication à Mlle Nasdorek, nouvelle, Polonaise, qui répond en anglais. J'en ai marre, je suis debout au fond de la classe, je hurle, à demi dans le couloir, que j'en ai assez de me crever pour les enfants des autres alors que des miens je ne m'occupe presque pas. Une fille me répond qu'il faudrait pour cela que je sois d'abord aimable avec les enfants des autres. Réveil un peu maussade. UTILISÉ 53 03 18 A Sonia est appuyée sur un gros mur de séparation, où elle lit ou bien prend des notes. Jel ui fait remarquer que notre chat passe la tête, très haut, par l'ouverture située au sommet d'un tronc d'arbre incliné. Cet arbre a été coupé. Il serait possible d'atteindre le tronc, et, en prenant des risques, de s'élever en oblique jusqu'au chat. David est présent à la scène. Je ne puis grimper, étant en pantoufles. UTILISÉ B Partisan de Sarkozy, que je viens de voir, j'assiste debout à une réunion, sorte de conseil des Ministres présidé par Chirac. Ce dernier démolit un rapport rédigé à sa demande par Sarkozy, rapport dont certaines parties sont restées ébauchées. Il m'interpelle : « Bernard lui disait C'est l'aube ! à dix heures du matin ! » et chacun de rire. Je lui avais dit cela en effet en le croisant, mais pour lui faire observer que j'avais parcouru ce rapport, dont une partie s'appelait « L'Aube ». Rentré chez moi, sur mon mezzanine, je raconte la scène et mon embarras à Agnès. Survient alors d'en bas un masque de gros bovin ; celui qui le porte brandit un crucifix en bois doré et marqueté, en nous récitant son baratin de Témoin de Jéhovah. Je dis « Cela ne nous intéresse pas » et il redescend les marches en s'excusant. Malheureusement Agnès engage avec lui la conversation en le raccompagnant à la porte d'en bas. Je pense qu'elle va se faire raccrocher... UTILISÉ 53 03 27 Une idée sinnésite (?) sinon noachite. Pinnipède. Je passe un immense examen de sept heures, celle qui me garde est Jacqueline de Romilly mais elle voit, ce n'est pas vraiment elle, je parviens au saint des saints de la culture, elle est merveilleusement belle et aguichante, son cul qu'elle penche est garni de dentelles noires malgré ses 80 ans, mon inspiration est telle que je couvre des pages avec enthousiasme, je raconte à la fois un voyage et une évolution dialectique, c'est emballant. Au moment de recopier il ne me reste plus qu'à peine deux heures – et je me rends compte du peu d'académisme de ma démarche écrite, je me suis avancé vers elle au bureau sous prétexte de renseignement mais un chien très calme dissimulé près d'elle me saisit vigoureusement le pied sans vouloir me lâcher, je parle de pinnipèdes, les volets qui grincent (dans le texte à commenter). Plus tard je rejoindrai cette vieille dame souriante et désirante qui m'accordera une note vertigineuse, nos vivron sensemble dans un enivrement d'amour, de culture et de connaissances mondaines ultra-universitaires. UTILISÉ 53 03 31 A. Avec Annie qui conduit, entraîné à toute vitesse n'importe où, même sur deux roues, sur une passerelle métallique pour piétons au-dessus d'un barrages, ou de vannes. B. Avec Annie dans une fête du vin et de la photographie, à Duras peut-être. Tout le monde boit et s'amuse. Mais Annie est déçue de la conférence de photos. Elle va aux toilettes, la conférence se tient dans une grande salle nue où dix individus écoutent un démonstrateur en anglais. Je repars dans la salle du banquet où mangent et boivent d'anciens collègues et des élèves. Ces derniers m'indiquent une prof d'anglais à qui je me plains : il est illégal en France de faire une telle conférence en anglais. Elle me dit qu'elle espère tout de même que je ne vais pas traîner pour cela l'association devant les tribiunaux. Eh bien presque. Je lui demande comment on dit en anglais un autocollant, mot bizarre. « Je vais en acheter deux ; sur le premier sera écrit « OK, I'm French », et sur l'autre «FN » pour « Front National ». La prof me fait une clef immobilisatrice et je rectifie en rigolant « Fan de Nougaro ». Un autre s'approche, et ça tournerait mal, mais je me dégage, bourré après trois quarts de verre comme je l'explique à des élèves, témoins rigolards. Or je m'aperçois que je suis nu à partir du dessous de la chemise, et que les élèves me regardent avec un mépris amusé. Ensuite, tout le monde repart, le collègue anti – FN nous emmène en voiture, il y a une forte montée, des touristes anglais rougeauds et gras descendent exactement en face de nous en tâchant de freiner, des gens sont éjectés, leurs membres disloqués, nous repartons tous sur des civières. Impression de culpabilité au réveil. UTILISÉ 53 04 04 J'ai rêvé : • que des enfants m'aspergeaient de merde dans des chiottes publiques ; j'en sortais pour le leur rendre (chiottes en bois mal fermées, une petite fille plonge sa sandale dans la merde qui a envahi la cabine et m'en asperge, donc, puis un petit garçon fait de même). • que Sonia, en grande robe blanche, se convertissait au judaïsme. • qu'Annie se suicidait du haut d'un escalier dans une petite ville au bord de la Seine : nous descendions le versant d'une vallée urbaine (petits pavillons), et elle avait préféré prendre l'escalier au lieu de faire le tour par le haut. Elle est tombée d'une masse , sans crier. Les gens ont commencé à crier. Je me suis réveillé. • UTILISÉ 53 04 08 Anne et moi sommes au sommet de la Tour Eiffel, aménagé en Disneyland, très étendu, avec, même, une piste d'aviation. En dessous, trois cents mètres de vide. Nous appréhendons très fort une attaque par avion d'Al Qaïda. UTILISÉ 53 04 29 Je chemine souterrainement, longtemps. D'autres me précèdent (Annie, et une autre femme). J'en croise d'autres, une grand-mère et sa petite-fille, qui sont propriétaires de caves, me montrant une poupée à magnifique chevelure, et voulant me la vendre. Les autres me distancent. Je ne retrouve pas au retour l'itinéraire de l'aller. Je monte des volées d'escalier, des ferrailles agressives m'interdisent une porte que j'ouvre quand même. Me voici dans le soubassement d'un autel, une foule endimanchée se disperse après une grande cérémonie. Dehors, je demande où je suis, déclarant devant l'étonnement goguenard que je viens du souterrain, mais que j'ai laissé ouvert, disons accessible, une porte qui peut être dangereuse si l'on se renfonce dans les boyaux. Des personnes quittent alors mon entourage pour remédier à cela. J'apprends enfin que je suis au Fieu (= Le Fils) en Gironde. Très beau paysage, église très pointue (cf. Cuzorn). Avec une carte Michelin (« Ça peut aller quand on est à pied », dis-je aux autres ironiques), j'essaie de trouver un itinéraire vers le N.E., mais tout semble sans grande issue. Je veux passer par un autre sanctuaire, mais c'est très loin, disent les gens. Descendant uen côte tortueuse, j'arrive à une autre partie de l'agglomération où une jeune femme dynamique tient une sorte d'auberge-exposition permanente d'artisanat, avec d'autres hommes jeunes. UTILISÉ (53 04 30, manquant, sur papier libre) 53 05 03 Alors que pris enfin d'une forte envie de chier je me dirige vers les WC, un brouhaha me fait sortir sur le palier. Des voisins me ramènent Annie qui est tombée dans la rue, en robe de chambre. Elle sanglote, elle doit aller aux toilettes à ma place immédiatement. Je l'avais envoyée se promener, devant le faire moi-même juste après pour que nous prenions un peu de distance. J'y vais tout de même, dans une descente longeant des prairies avec des barbelés, où paissent les vaches. Je surprend une conversation entre Tastet et un autre à propos d'un mercenaire qui avait perdu ses papiers en Afrique Noire puis en avait retrouvé d'autres au nom de Binda, et s'était ainsi débrouillé, en rentrant par l'Afrique du Nord. Je décide de revenir pour prendre des nouvelles d'Annie qui m'inquiète beaucoup. Je me suis réveillé avec une envie dingue d'aller aux gogues... UTILISÉ 53 05 10 A Marseille dans un appartement clair mais vétuste, des hommes viennent malgré moi boire au pastis de bienvenue. Je leur dis que je suis venu de Bordeaux pour échapper au grappin que ma mère voulait encore me mettre dessus à près de 50 ans (je me rajeunis). Ils ont l'air plus ou moins débilos. Je me demande comment loger Sonia et David, c'est petit. Leur accent était fort, ils étaient dépenaillés, envahissants, excessivement familiers. Je prenais leur accent, je surveillais leurs frôlements, tout était bien écaillé, bien miséreux, bien lumineux mais minuscule, vétuste et crasseux. Dans mon esprit, Sonia et David étaient encore jeunes, mes parents et beaux-parents vivaient encore. UTILISÉ 53 05 11 Grand bureau très clair en verrières de dernier étage, Blanchard, Yssev et moi prenant congé d'une magnifique stagiaire brune très consciente de sa beauté. Comme nous ne nous reverrons plus elle refuse de donner son adresse. Par dépit je lui dis que puisqu'on va crever, je ne lui adresse plus la parole ni ne prends garde à elle. Les deux autres continuent à blaguer avec cette fille, une autre se penche versmoi pour signer un document de départ, elle est moins attirante, un peu de lie-de-vin sur une joue, mais très aimable, je la prie53 05 20 de m'excuser de l'avoir négligée. UTILISÉ 53 05 20 J'ouvre en grand les volets de notre appartement au premier, le soleil éclatant y pénètre. Des lettres sont en vrac, j'attends le retour d'Annie, j'espère qu'elle ne verra pas une lettre à T. que j'ai oublié de poster, et que je ne retrouve plus. Les pièces encore noires sont emplies d'une angoisse folle, ma mère morte y est encore présente de façon menaçante. Ouvrant une pièce, je vois deux grandes femmes sèches hostiles qui lui ressemblent, en brunes, partir en dérobant deux magnifiques robes de soirée, avec une hauteur insolente. Je n'ose les intercepter. • Avec Sarkozy dans une voiture à l'arrêt coincée entre deux autres, le côté passager bloqué contre le mur. Il me prend pour confident, les habitants de la ville ont critiqué ses nouvelles enseignes électriques (je les vois ; l'une est : « LU... LU... LU » ; elle est en effet monotone, rouge terni). Une grosse femme en costume arabe passe. J'étouffe dans cette bagnole, je m'ankylose, j'aimerais bien aller me promener. Sarkozy est un maniaque de la bagnole et reste assis là sans s'en rendre compte. Nous attendons ma femme, partie plus loin avec d'autres. UTILISÉ 53 06 11 Lazarus conduit un car. Il semble émerveillé, incompétent. Le villae est magnifique, les rues étroites. Nous sommes bloqués. Arrive un Yougoslave blond. Il dégage le car en marche arrière. Il n'y a qu'Annie, J., M. et moi dans le fond. Halte devant la ferme des Lange, près du pont. On me donne à goûter un pot de confiture suspect. Je le trouve excellent. On me dit : « C'est un condensateur. » Je réponds en rigolant : « C'est un con dans son frère ». Tout le monde voudrait partager ma confiture de melon d'Espagne. Nous avons laissé un petit chien dans la cour de ferme. Il avait dormi sur ma poitrine et s'était bien habitué à moi. Or il est délaissé dans cette cour, avec deux lions apprivoisés. Il paraît que nous devons manger dans cet endroit. Je refuse, tant qu'il y aura les livres... UTILISÉ 53 06 14 A) A l'orgue, avec tout le buffet, je dégringole à travers une tour d'église en criant « au secours, au secours ». B) Depuis une gare, avec Sylvie, nous suivons des informations sur un petit garçon qui aurait disparu lors d'un petit voyage autour du lycée français de Katmandou. L'Inde, la Chine, le Vatican et surtout l'URSS qui n'y avaient rien à faire s'y seraient intéressé. L'URSS répandait de faux bruits. En repartant de là, ayant appris que le petit garçon avait été retrouvé, Sylviane et moi restons tout de même pénétrés de tristesse, elle pleure presque alors que je l'interroge, en marchant, sur ce que comporte nécessairement tout texte latin (celui-ci est en vers) en son début, pour en indiquer le sujet. La réponse est « le titre » mais elle ne sait pas répondre, me disant que mes commentaires sont très beaux et émouvants . UTILISÉ 53 06 15 Je visite plusieurs chambres d'un très grand hôtel, pièces spacieuses, au centre de l'une desquelles une espèce de toboggan déverse depuis le plafond une pluie de particules lumineuses qui, d'abord agréables, peuvent se révéler toxiques. Avec mon guide, nous passons dans une chambre voisine, dan sla même suite (j'observe des toilettes vastes et immaculées) : il y a là, sans fenêtres, un ensemble de lits accolés, semblables à de petites boîtes contiguës, où prendront place, outre moi-même, des conférenciers allemands. Ils arrivent et choisissent chacun leur lit, nous serons donc tous bien à l'étroit. Il y a parmi eux une femme, dont je pense que personne ne l'importunera, en raison précisément des contraintes de la promiscuité. Je lui fais une grimace, car elle n'a pas l'air évidemment très satisaite de la situation, et me renvoie une mine ostensiblement renfrognée... UTILISÉ 53 06 26 Trois cauchemars. • Dans une maison, un appareil électronique ouvre et ferme les mâchoires sur des bijoux qu'elle contient, en avançant tout seul vers nous dans le couloir. Il répand de l'eau et crève les parois. J'appelle David qui ne peut le maîtriser. Une autre boîte commence à présenter les mêmes symptômes; la plinthe du mur commence à se trouer. • ? Sonia, la mort ? le plus horrible de tous. • Dans un café aux tables qui se touchent et devant uen nombreuse clientèle, Annie confirme qu'elle n'a plus rien à me dire et à tout jamais, ainsi que je le lui demande, et pour moi il en est de même. Bouleversé, je vais attendre avec d'autres en face d'un portail fermé, en bois vermoulu dont je ne suis pas sûr qu'il ouvre. C'est un gigantesque magasin d'antiquités, avec une quantité de livres que je feuillette, et une table à bijoux que je palpe si longuement que la tenancière vient m'en ôter un, énorme. Et tant d'autres choses... UTILISÉ 53 07 08 A) Sur un marché je décharge des cages avec un patron. Mais je tarde, j'ai garé ma voiture trop près de la sienne, on doit poser les cageots dans un espace étroit, ou alors, comme il l'a déjà fait, de l'autre côté de la voiture. Il manque me dire d'arrêter de ramasser tout : « Après ça ils vont prendre le goût de l'asphalte, c'est déjà presque trop tard ! » Il ronchonne comme un connard de travailleur manuel. B) Avec une Portugaise je visite des monuments en marbre rouge, occupés par uen foule considérable. Nous essayons de déchiffrer les inscriptions en lettres d'or qui s'y trouvent. Cela fait deux tombeaux à la file. Je retourne chercher ma Portugaise, c'est en partie Annie, agenouillée, qui prie, les bras sur une balustrade. Tout cela est censé se trouver à Bordeaux. UTILISÉ 53 07 10 A un bureau d'agence, Annie et moi demandons une étudiante pour loger dans une pièce qui ne nous sert pas afin d'avoir de la compagnie. Cette pièce est ouverte, bien tenue, et la femme agent immobilier peut la voir de son bureau, à l'intérieur du même étage. UTILISÉ 53 07 11 Cherchant à rejoindre Mérignac, j'ai erré à pied sur le remblai sud du Pont de Pierre, encombré de terrains vague, avec des fragments de rails de tramway, de la boue séchée, des voies concentriques parcourues de voitures éparses. Je suis monté à bord d'un bus « M » qui repassait pourtant le pont vers Cenon, j'étais torse nu et portais un énorme carton vide sur la hanche, le bus semblait comble mais des gens sont descendus, des femmes, me laissant assez de place debout. Mon corps heureusement ne dégageait aucune odeur de sueur. J'ai entendu des consignes concernant l'inconduite du chauffeur, qui s'arrêtait le long des haies pour conter fleurette aux femmes, qui reconstituaient même ces haies fleuries à l'intérieur de son véhicule pour faire l'amour avec la clientèle féminine, il était menacé (mollement) de sanctions mais n'en tenait pas compte, et poursuivait sa route, fausse ; je devais descendre, mais j'espérais bien profiter d'une occasion. Me soutenait l'affection de Sonia, que j'allais voir à Mérignac. UTILISÉ 53 07 14 J'approuve l'activité d'une société qui tente de racheter les atrocités de jadis. D'abord, une boue rouge représentant les corps broyés de bébés victimes d'une répression. On sent encore leur présence corporelle. Puis un air, au ras du sol, où survivent les paroles et les souffles de ceux qu'on a massacrés là. Ce sont de préférence les bourreaux qui doivent respirer cet air ou humer cette boue, pour réincarner leurs victimes et en quelque sorte annuler leurs actes criminels. Sollicité pour se joindre à cette rédemption, David reste enfermé dans sa petite pièce rue David-Johnston et renâcle. Il refuse. UTILISÉ 53 08 02 Dans un train luxueux venant de Grenoble vers Lyon, avec A,,ie, m'a été confié le guidage d'un câble passant par la vitre et nécessaire à établir la liaison technique et le fonctionnement d'une nouvelle ligne. Malgré les difficultés (multiplicaiton des voies de banlieue, virage, forte montée), tout réussit. Je lâche le câble en dépassant d'au moins 800 m la limite de lâchage qui m'avait été impartie ; le train, lancé par mon action, continue lentemet. J'éprouve un grand sentiment de responsabilité, Annie me respecte. UTILISÉ 53 08 03 Gigantesque cathédrale, foule considérable, inaugurant la réfection d'un grand ensemble d'orfèvrerie (tout un autel). Présence d'autorités, discours, solennnités. Une exposition d'Annie a lieu sous des combles aménagés, elle rapporte quelques tableaux supplémantaires (qui représentent peut-être des chats) et nous passons devant tout le monde avec fierté. Je laisse Annie monter seule et me dirige vers des annexes de la crypte, je m'enfonce dans une espèce d'anfractuosité terreuse (reliquat de fouilles ?) où je me mets à pisser, le front contre une paroi, me persuadant que je ne commets là aucun sacrilège, mais inquiet malgré tout car la cavité se poursuit sous plafond bas, et j'entends au-dessus de moi toute la rumeur du siècle et des siècles... Crainte d'éboulement ou d'attirance morbide vers ces profondeurs caverneuses non étagées. UTILISÉ 53 08 04 A Retenu à dîner chez Blanchard, qui me dit que je partirais sitôt que je n’aurais plus besoin d’eux. Stéphanie est là, heureuse et riant aux éclats de la facilité de ses épreuves de bac ; il y a là aussi sa mère, qui n’est pas Anita. Elle a plus de 50 ans et porte robe et bijoux très originaux , style 1970. Je mange, un peu inquiet d’avoir laissé Annie à la maison. Deux grands cousins gaillards s’asseyent à côté de moi en bout de table. L’un m’adresse la parole en anglais, volubile. Je réponds que c’est dommage, ne connaissant pour ma part que le chinois et le tchèque. Puis je précise en rigolant : « Mais oui que je sais l’anglais, mais oui… » B Annie suit sur une carte les taches bleu foncé mouvantes indiquant la progression d’une grande vague de froid venue d’Allemagne. Quelles que soient les régions atteintes nous sommes concernés, car nous habitons à l’ouest de ¨Paris (Eure ?) où nous avons enfin déménagé UTILISÉ 53 08 07 A) Sur un marché je décharge des cages avec un patron. Mais je tarde, j'ai garé ma voiture trop près de la sienne, on doit poser les cageots dans un espace étroit, ou alors, comme il l'a déjà fait, de l'autre côté de la voiture. Il manque me dire d'arrêter de ramasser tout : « Après ça ils vont prendre le goût de l'asphalte, c'est déjà presque trop tard ! » Il ronchonne comme un connard de travailleur manuel. B) Avec une Portugaise je visite des monuments en marbre rouge, occupés par une foule considérable. Nous essayons de déchiffrer les inscriptions en lettres d'or qui s'y trouvent. Cela fait deux tombeaux à la file. Je retourne chercher ma Portugaise, c'est en partie Annie, agenouillée, qui prie, les bras sur une balustrade. Tout cela est censé se trouver à Bordeaux. UTILISÉ 53 08 09 Annie et moi sommes à Moscou, sortons d’un supermarché. Annie trouve enfin des toilettes au sommet d’une haute volée de marches, avec un bar. Le lendemain, ces toilettes auraient été fermées. Les types au bar font des plaisanteries à la limite de la désobligeance. Un seul parle français, avec l’accent russe. Nous redescendons, nous trouvons dans une rue en pente ménageant un beau point de vue cavalière sur les bâtiments d’une espèce de banlieue moscovite, ocre sous le soleil. Et je demande sur le trottoir ce qu’Annie va bien vouloir encore « acheter, acheter, acheter », puisque c’est ainsi qu’elle résout tous les problèmes, par « acheter, acheter, acheter ». UTILISÉ 53 08 20 Avec David je me promène dans un cul-de-sac de pavillons de banlieue. Une jeune fille très belle (style Mme B.ourouffala), qui dans le rêve est celle d’Accornero, nous invite à dîner chez elle avec son mari. Elle nous apprend qu’il y a aussi une maison plus luxueuse, que j’imagine aussitôt, mais nous laisse entendre que ce sera pour une autre fois, quand nous nous connaîtrons mieux (c’est moi qui ai d’abord proposé la maison luxueuse, puis qui me suis rétracté poliment). David joue dans la terre… UTILISÉ 53 08 21 Je suis dans un amphithéâtre de bois blanc dominant la nef d’une église. Une immense chorale pourrait y tenir. A la place de l’autel un orgue, petit, mais que je suppose perfectionné, où j’hésite puis renonce à descendre jouer. Des gens surviennent en parlant, ils ne me voient pas, j’arrive à me défiler en redescendant. UTILISÉ 53 08 22 Coco est morte, dans notre appartement. Pour l’enterrer, nous devons attendre son mari, qui arrive par la cour extérieure et tue un rat à grands coups répétés. Il faut enterrer ce rat dans le même cercueil, or nous nous y étions presque attachés. Sonia se désole, et un peu tous (Annie et moi). Puis le beau-père entre. Nous supposons qu’il a tué le rat… UTILISÉ 53 08 24 L’empereur de Chine (c’est moi-même, plus jeune <35-40 ans>), et en habits occidentaux ordinaires, m’envoie comme un personnage de conte de fées affronter certains dangers lointains, ou rapporter un objet fabuleux. Il retient ma femme en otage, et l’égorgera si j’échoue. Je suis sur le chemin du retour, plein de joie et de hâte, contournant une prairie marécageuse de plus en plus vaste , figuration élémentaire d’un sexe féminin, mais je gambade de joie. L’empereur me reçoit dans une indifférence maussade. Je n’ai pas dû réussir tant que cela. Il conserve ma femme, mais ne lui fait aucun mal. Je peux la revoir. UTILISÉ 53 08 29 J’ai recueilli vers Guîtres dans un camion volé, pendant la guerre, un petit garçon. Nous allions vite par les rues inondées, évitant de justesse les cadavres et les vivants qui se relevaient sous nos roues - juste comme le garçon voulait conduire :! « Je n’ai pas de chance », disait-il) et nous parvenions à Bordeaux en bavardant, je reconnaissais St-Michel et la Grosse Cloche, l’un à côté de l’autre. Je relâchais alors mon chat en me demandant parmi les passants ce qu’il allait devenir, mais je le voyais entrer bien gras dans une pâtisserie où il se faisait accepter par d’autres animaux. Le petit garçon me montrait une sculpture de chat, lui aussi en avait un, « Le mien est comme ça » ! C’était un moyen-relief sale et médiéval, quelle aventure. UTILISÉ 53 08 30 A Je combats contre moi-même, l’un d’entre moi ayant feint de recevoir de l’autre des propos antisémites. C’est un troisième moi-même qui l’a exigé. Le moins fort (le prétendu juif) se relève et inflige finalement à l’autre une raclée. Cela se passe sur une place entre deux maisons de style « décor de théâtre » à la Chirico. Beaucoup de cris, d’applaudissements, de spectateurs dont pas mal de femmes. UTILISÉ B Avec Max et Sonia dans une tour circulaire. Sonia lit, ou tricote, ou joue (jeu vidéo) et l’ascenseur ne peut contenir que deux personnes (Sonia y est allergique). Je veux montrer que je connais bien la tour, d’abord au quatrième, puis au sommet. En arrivant seul au 4è, j’ai vu de dos un gardien qui faisait la ronde et me plaquait contre le mur. Le jeu consistait à faire bien du bruit (en pleine nuit) pour gêner les locataires. Mais cela aura attiré le gardien et son chien, qui seront allés cueillir les passagers de l’ascenseur. Il vaudrait mieux battre en retraite. Mais je me réveille. UTILISÉ 53 09 03 En voiture, ma famille retrouve un immeuble aux Mureaux, que je croyais à droite de la grande avenue, mais qui se trouve en fait à gauche. Habite là une autre famille dont je dois épouser la fille. Ce n’est pas tellement à moi que l’on fait attention, mais à ceux qui m’accompagnent (ma fille ? ma mère ? Annie ?) car j’essaye d’être le plus neutre et le plus aimable possible. Au repas, je fêle un verre puis le casse. Le futur beau-père est bon enfant, parle sans cesse. Il a une petite moustache, une voix haut perchée, il semble bien blaireau « fasciste modéré ». Il ressemble au père de Montanari. La mère est une petite boulotte vive, elle a cuisiné, celles qui m’accompagnent sont allées discuter avec elle à la cuisine. La mère donc parle d’accent, de patois, et révèle qu’elle est d’origine vénézuélienne. Je n’ose ramener mon espagnol, sinon elle va me surpasser, évidemment. Elle dit s’être bien adaptée ici en France, la région ressemble à la sienne, dans les deux cas il y a un delta orienté vers le nord, avec une ville sur la côte. Quant à ma prétendue fiancée, je ne l’aurai pas vue. UTILISÉ 53 09 11 Je visite une ville des Indes, ça grouille, je me promène seul en criant, chantant en djungo sur la liberté. Je rencontre des jeunes qui m’escortent, quelques morceaux de campagne se montrent, je les reguide vers le centre-ville. Des Allemands partent sur un bac, et moi sur un autre, j’ai oublié toutes mes affaires, mes papiers, mon argent, sur l’autre bac. Un guide très brun, charmant, me donne un numéro de téléphone, 07 06 05 ou ce genre. D’autres touristes arrivent, s’entassent sur le bac, il leur recommunique ce numéro, il sourit tout le temps. J’obtiens par lui une chambre d’hôtel au fond d’un bistrot bondé, je chante, on comprend les mots « Victor Hugo », on le reprend en riant. Je montre à un couple d’Anglais qui occupe la chambre ce qui reste de mes bagages, c’est mince, ça tient dans un sac en plastique. Ils sont fatigués, vautrés sur le lit. Je dis cela au jeune homme qui me trouve une autre chambre, qui est peut-être la même (j’aurai mal vu…)/ Il y a cette fois une jeune fille à poil dans le lit, je demande la raison de sa présence : elle est malade et se repose. Je commence à la caresser mais me retiens, n’ayant pas envie de me choper quoi que ce soit. Peur que les microbes ne me sautent à la figure. Extrême bariolage et raffinement partout. Impression de communicabilité extrême, de sourire, d’accueil. On peut faire l’intéressant, otut le monde rit, sourit, s’empresse, chaleur humaine même superficielle, très euphorisant malgré l’impression d’être au bout du monde. UTILISÉ 53 09 25 Poursuivi par les assiduités homosexuelles d’un admirateur, je me retrouve coincé au lit avec lui qui m’a fait parvenir des billets de banque aisément repérables. Il m’est impossible de prétendre ne pas les avoir reçus (ils sont de 70… euros ? dollars ? ) Il m’a offert aussi un grand magazine bien-pensant dont le contenu dégage une atmosphère de pureté prépubère ecclésiastique. Sur la couverture, c’est moi : grand garçon de dix ans monté en graine, joues rouges, cheveux blond pâle. Je lis, c’est notre histoire, avec un passage en vers particulièrement réussi. J’essaye donc de détourner là-dessus son attention, et j’y parviens à peu près puisque le lit devient le rebord d’un vaste talus, d’une berge. Par terre il découvre une petite clef fendue de boîte à sardines et se lamente alors sur la perte de sa mère. Il me semble en rajouter quelque peu. A part moi, je songe au désir que j’aurais eu moi aussi d’un jeune homme si pur. Le tout se passait aux environs de Satolas, entre Lyon et l’Ain, où aurait subsisté une grande piété parmi les jeunes garçons… Cf. aussi le Sabolas de Béraud, Le Bois du templier pendu…UTILISÉ 53 09 26 Cauchemar provoqué par d’intenses ronflements : je suis enfermé dans la même chambre que mes parents endormis. Je fais tournoyer de côté et d’autre une énorme masse de vêtements ou d’ameublements en baluchon, en hurlant. Je sors sur le palier. Toujours en criant, je traverse les murs en revenant, je veux les terroriser pour qu’ils aient une crise cardiaque, je me terrorise moi-même , sors, rentre, fais un vacarme épouvantable avec une grande dépense musculaire, en risquant moi-même la crise cardiaque et la terreur Personne ne se réveille, le personnel de l’hôtel a toutes les peines du monde à me maîtriser, avec la fermeté et l’indulgence qui conviennent à un fou furieux. squant moi-même la crise cardiaque et la terreur Personne ne se réveille, le personnel de l’hôtel a toutes les peines du monde à me maîtriser, avec la fermeté et l’indulgence qui conviennent à un fou furieux. UTILISÉ 53 10 19 Assemblée des poètes à Presles-et-Thierny. Avec Annie nous traversons de nuit un énorme village (Presles-et-Thierny), sans éclairage – avec des stops sans aucune visibilité. Des maisons penchent à tomber. Nous parvenons dans un café comble, où se tient une réunion de juenes hommes (20 à 30 ans). M'installant, je reconnais que l'un d'entre eux est un poète dont j'ai beaucoup apprécié quelques textes. Je le lui dis, la patronne, sympa, 40 ans, survient, nous sert à boire, j'en reconnais un autre. Mon enfance s'est passée à Nouvion-le-Vineux, j'énumère les villages de Bruyères à Nouvion. Tous les autres sont poètes aussi, dont l'un affirme qu'il ne veut surtout pas que cela paraisse ridicule, « ah non ». Je m'aperçois que je suis tombé au milieu d'une grande réunion. Le premier me demande depuis combien de temps il est connu de moi ; depuis peu. Il s'en doutait, mon enthousiasme est tout récent, je ne connais que lui et l'autre, par de simples extraits de prospectus. L'intérieur est tout de guingois, les sièges en osier. J'ai dit deux ou trois fois (dont une à la patronne) que je venais jusqu'ici à vélo pendant mon enfance, que c'est un village « constitutif », le mot fait sourire. Il faut absolument que j'aie l'air naturel, ni trop admiratif ni trop narquois. Le premier poète me demande si j'ai mon œuvre sur moi (« Omma ») ; apparamment j'aurai été reconnu aussi. « Non, je ne me promène pas avec mon livre sur moi ». Les discussions sur la poésie se poursuivent gravement. Le rez-de-chaussée est composé de petits recoins dont certains sont garnis de livres, c'est très vétuste très penchant. Pas de chiottes, deux arrivées d'escalier font entendre des bourdonnements de voix aux étages supérieurs, peut-être faudra-t-il que je chie dehors, mais j'avise unepièce à peu près confortable et fermant mal, ça va être dur d'être discret, il reste juste assez de papier pour moi, après moi le déluge. UTILISÉ 53 10 22 Je fais cours dans un hall préfabriqué où s'entassent plusieurs classes de garçons de 6e sans séparation, le vacarme et la pagaïe règnent, les élèves se lèvent et s'assoient, il n'y a pas assez de place pour tout le monde, je gueule, l'un d'eux, à droite, Chirico de Libos, n'a pris aucune note et bade, le nez bouché, l'ai con. L'engueuler se perd dans l'indifférence générale. Je dis qu'un 25, sans préciser le mois, je me mettrai en grève tout seul. J'imagine que dans la cour cette fois de Meulan je resterais assis par terre au milieu des élèves, puis qu'en se dispersant ils me révéleraient ainsi, là, seul ; que les collègues m'interpelleraient des fenêtres, et que moi je resterais en attendant l'ambulance. Annie vient me chercher, dans un hôtel luxueux que je découvre avec grand plaisir : il y a deux lits très étroits, noirs, en bois de luxe, où l'homme s'étend à l'antique pendant que sa femme le grimpe. Il est une heure vingt. Anne me demande si c'est aujourd'hui le 25, je réponds que non. Elle est d'une exceptionnelle douceur et compréhension. Ou nous aurons peu de temps avant la reprise des cours, ou nous n'en tiendrons plus du tout compte. J'enlève mon pantalon, réveil. UTILISÉ 53 10 25 Je redescends à l'intérieur d'une montagne. En bas une salle avec des boissons (nous sortons d'un autocar où je me suis abstenu de fumer uen deuxième clope. Une ancienne élève a maintenant deux jeunes enfants et fait semblant de ne pas me reconnaître.) Des gens me reconnaissent, me complimentent sur mes émissions. Je fais passer une bande magnétique, où l'on m'entend en arrière-plan, tandis que chante une femme, style Brigitte Fontaine. Je me répands en compliments sur d'autres, dont une qui chantait en latin en articulant, tous comprenaient. Un homme signe un livre d'or en mon honneur, faisant allusion à mes cours. Soudain éclate en amont un effroyable vacarme. Des sacs à dos neufs et pleins dégringolent à travers les galeries et viennent s'écraser. UTILISÉ 53 10 26 En voiture nous parvenons à un endroit dégagé, en montagne, avec vue superbe. La route devient chemin de terre. Il y a là un vélo dégonflé, je dis à David qu'on l'attend pour redescendre la pente ! Il tâte les pneus, dubitatif... Annie, parce que je lui ai égaré uen bande magnétique, dit « Stbbl » (incompréhensible) « Sud-Ouest », se hisse dans l'encadrement d'une fenêtre étroite. Il n'y a pas de prise poour que je la retienne, elle saute vite, en bas il y a des murs verticaux, des tôles. Je me réveille en gémissant. UTILISÉ 53 10 27 • Ne pas oublier le rêve de cette fille arabe qui voulait que je dise « Je t'aime » en public et me faisait un succulent gâteau avec plein de chantilly. UTILISÉ 53 10 30 Au lycée je cache dans les chiottes un réfugié de l'E.T.A., la tête enveloppée dans un linge sanglant. Nous devons le faire repasser en Espagne et reconnaissons le chemin à travers les Pyrénées. Un tronc d'arbre enjambe un précipice. Nous nous tenons tous debout dessus. L'un de nous (un groupe d'hommes sympathisants) est si affolé d'avoir réussi le passage qu'il fait plusieurs va-et-vient sur le tronc en hurlant de joie. Au lycée je fais croire qu'on m'a livré un paquet de drogue alors qu'il s'agit d'une boîte de Sargénor que je fais glisser sous la table d'un élève. Je suis fou, car j'attire l'attention sur moi, qui cache un terroriste présumé. Un parent d'élève m'écrit à ce sujet, je réponds que c'est une blague, que jamais je n'aurais dû lancer du pied la boîte sous la table de son fils si ç'avait été vraiment de la drogue. Il dit aussi que le médecin de son fils a condamné ce dernier pour être homosexuel (à 14 ans...), que le fils a perdu le goût de bricoler du carton et qu'il espérait que ce serait moi qui lui redonnerais le goût de vivre... Cet élève je l'ai eu à Cadillac en 72, il était rouquin, remuant, très sympathique... UTILISÉ 53 11 07 Nous sommes Annie et moi en voyage dans une ville côtière normande, assez accidentée. Nous montons de biais sur un rocher où est bâti une belle demeure, et nous retrouvons bloqués sous deux fenêtres fermées. Une servante en entrouvre une ; c'est la troisième fois que je commets cette erreur. La première fois je m'étais retrouvé bloqué (la deuxième c'était mis « interdit »). Elle nous ouvre une porte-fenêtre, toute une famille est là autour d'un vaste salon, à lire ou à broder. Ce sont des quinagénaires ou sexagénaires de la noblesse, bien raides, en costumes XVIIIe s. Le vieux marquis de Tourville, perclus mais autoritaire, nous autorise narquoisement à traverser le salon en précisant que la prochaine fois ce sera avec son pied aux fesses. Impossible d'engager la conversation, tout le monde reste bien hautain et ironique. En regagnant la ville, nous passons devant un kiosque vendant des barrettes à cheveux à motifs de soie ; sur l'un d'eux le duc de Choiseul ou La Pérouse frappe le Dauphin de sa canne. Annie demande à la servante, qui nous a accompagnés, si elle ne peut pas téléphoner à sa mère, elle refuse ; alors Annie la dédommage à l'avance en lui passant trois quatre euros. Nous poursuivons notre exploration. UTILISÉ 53 11 11 Je dois tourner un film pour Leterme dans une demeure inhabitée, avec de nombreuses pièces bien meublées. Je m'occupe comme je peux dans chacune d'elles. A la fin de la journée, venue de la jeune assistante qui m'adresse quelques compliments. Du coup je me sens tout revigoré. David est venu, il a oublié de m'offrir un cor de chasse pour mon anniversaire. Leterme par à la jeune fille, d'elle-même, d'une voix grave et profonde. Moi je fais le con sur une chaise à roulettes de fonctionnaire, je passe dans le salon, puis reviens. Nous nous rendons dans une cuisine étroite et lumineuse style 1900, Leterme parle de religion ; la fille, ravissante, (…) UTILISÉ 53 12 03 A Mobylette dans la région de Villeneuve-sur-Lot / Agen. Je regonfle mes pneus, j'arrive au sommet d'une pente couverte de feuilles mortes, dans une cour où le chemin semble se terminer. Deux femmes sexagénaires dont peut-être Mme Mourand et Claudine de St-Gaudens me regonflent, mieux, puis me conduisent de l'autre côté de leur maison où le chemin devient une allée dégagée vers un portail fermé. Je remonte sur la selle qui prend l'aspect de l'intérieur d'un porte-monnaie, puis nous partons ensemble vers un bled où vient de se dérouler une fête de l'huître ; nous en commandons en terrasse, tout est encore en désordre et les employés viennent demander qu'on ne fasse pas trop de bruit parce qu'il est seulement 10h 40. J'avais dit vouloir gagner Villeneuve, et devant l'air désappointé de Mme Mourand je m'étais demandé si je ne ferais pas mieux de rester toute la journée avec elle, et plus, le soir, éventuellement, ouais, bof... UTILISÉ COLLIGNON TELS QUELS 71 / 79 53 12 14 Dans un métro un peu crasseux, et sombre, une femme d'un certain âge, et charmante, laisse tombre quelque chose sur mes pieds. Elle me demande de le lui ramasser, sa phrase est longue et mal intelligible. Je ramasse un lourd collier d'argent fait de grosses pièces rondes enchaînées, elle me remercie. Dans un autre wagon, une fille rougeaude et joyeuse parle de termes grecs en faisant semblant de s'excuser, mais y prend plaisir. Une autre femme plus âgée lui répond sur le même sujet, et ajoute qu'elles sont du même signe politique, votant à gauche. Le métro roule dans un tube, les horaires y sont affichés à même le mur, alors que la rame défile et qu'on n'a guère le temps de bien lire sauf à l'arrêt... UTILISÉ 53 12 15 Dans un hall d'aéroport, des gens tirent à la pierre sur des arbres, puisant dans la caillasse, où sont penchés des oiseaux hors d'atteinte. Mais parfois, ils s'envolent effrayés et se reposent. Sorte de lapidation de Satan. Annie atteint un arbre ! C'est excellent. Des pièces et des médailles allongées ne cessent de tomber du plafond. Les enfants en ramassent. Annie et moi-même le faisons ; j'en donne à certains enfants, j'en garde aussi pour nous. Les oiseaux sont des espèces de pigeons blancs. Rentrés à l'hôtel nous faisons des gestes brusques avec des allumettes. Iris en reçoit une dans l'œil et meurt, Kraków aussi, il est bien brûlé. Annie voit cela avec fatalisme. Me rendant aux chiottes, je commence à pousser des cris aigus. Annie me dit qu'ils ne sont pas tout à fait morts. Et je me rends compte que ce n'est qu'un rêve, et que de toute façon il nous resterait Isa, intacte. UTILISÉ 54 01 05 J'ouvre la fenêtre d'un petit jardin minable, un de mes chats s'est transformé en chien, accompagné de deux autres, tous trois me font des grâces pour obtenir de la nourriture. Le camion de fioul vient, il n'y a plus de quoi en livrer, Mme Marc est là et râle. Il faut payer quand même, je montre ma chaudière au-dessus de laquelle on n'a même pas remplacé les bat-flanc. La foule COLLIGNON TELS QUELS 72 / 80 grossit à l'extérieur, il faut acheter un petit bidon pour dire qu'on a été lésé, puis manifester. La foule grossit, des pétitions circulent, j'inscris mon nom dans une case. Certains se sont inscrits aussi avec leurs femmes. Un homme dit que “la veille”, à telle manifestation déjà (faillite de la société), les manifestants étaient nombreux et bien remontés, mais qu'alors (il désigne sa tête)... “blêmes...” Nous sommes sous une vaste voûte de ciment. Tout vacille. J'entraîne des gens vers un fond dégagé de terrain vague, disant que c'est un tremblement de terre, que j'en ai déjà subi un au Maroc. Les gens commencent à me suivre alors que l'espace est étroit, clos d'un mur, sans issue. Plus haut, à l'extérieur des structures de ciment, de hautes flammes commencent à jaillir, des gens là-haut désignent le feu... UTILISÉ 54 01 08 Je voyage avec Sonia, deux ans, et un gros chien. Monte à l'hôtel me laver les dents en espérant qu'on ne me fera rien payer. Sonia s'absente un instant avec le chien, je les ramène car il faut une surveillance constante. Puis voyage en auto, je suis moi-même l'auto. Les paysages semblent aveyronnais. Je descends à pied le long d'une pente herbue et vertigineuse, en entonnoir. Nous arrivons à une ville d'où l'on voit de loin la cathédrale de Rodez. Je cherche un coin à l'ombre pour vérifier sur une carte, si nous remontons ou si nous redescendons. Des panneaux indiquent “Pons” dans les deux directions. Bizarre... UTILISÉ 54 01 26 Je suis chargé de faire un cours sur le climat des Pays-Bas. Pour cela il me manque des cartes murales. Je cherche au sommet de l'armoire, où j'ai mis mon porte-monnaie, et en retire une grosse poignée de pièces. Les cartes, de champ contre une armoire scolaire, ne traitent pas de ce sujet. Plus loin, une caisse-cagnotte vide. Des étudiants me sautent dessus pensant que je viens de la vider. J'ai encore toute la monnaie dans mon poing. Le ton monte. Annie me défend. Un étudiant veut m'arracher mon fric. Je lui boufferais bien le crâne mais cela me répugne d'imaginer ses os, sa cervelle et son sang sous mes dents. Je parviens non sans mal à me retirer. Cette séquence se déroulait au fond d'une grande salle de permanence bourrée d'étudiants, des garçons. UTILISÉ COLLIGNON TELS QUELS 81 54 02 11 Avec Tarche et un de ses amis, nous faisons une expédition sur des autoroutes à flanc de montagne dominant des villes à riche passé antique (Vienne en France par exemple). Sonia et Annie suivent, les deux motos de tête sont très puissantes. Il y a aussi un de nos chats, un batracien et un insecte (ou trois chats). De fortes pentes remontent un courant très fort, les chats se défendent, fendant l'eau de leurs museaux. Un inconnu devant nous saute de cette autoroute sur la route ordinaire du bas, qui traverse les agglomérations, pour effectuer quelques achats, puis remonte. Ça continue à monter, les rambardes sont délabrées, nous suivons tant bien que mal. Des articles de journaux rappellent que les conférences archéologiques sur toutes ces villes sont réservées aux “Boches”, et critiquent cela. Puis le camarade de Tarche à son tour regagne la route en contrebas. Il a pété un pneu, et un vaste pare-brise occupe la largeur de la voie. La pente (le talus) est extrêmement raide sur le côté, couverte de magnifiques fleurs bleu foncé, mais c'est impraticable, même à pied. Et l'ensemble de cette autoroute commence à prendre l'aspect d'un plancher de carlingue d'avion écrasé, en équilibre instable à flanc de petite montagne. Je m'amuse bien à lancer en contrebas des débris de métal, puis des gros cailloux, mais je crains que la carlingue ne soit déséquilibrée et ne dévale la pente de côté. Quant à Sonia, Anne, et aux trois chats, ils restent sagement à l'arrière, dans l'attente. UTILISÉ 54 02 28 Je suis chez des Asiatiques en Belgique dans un haut immeuble où ils habitent. Les étagères de l'ancienne bibliothèque de Madame sont à demi effondrées et en désordre. J'essaye de retrouver la place d'un beau livre d'enfant qu'elle y a peut-être remis. Je tombe sur une illustration d'incendie dévastateur dans un village de pailllotes, sous un vent violent, dans les îles située dans l'isthme de Panama., comme s'il y avait là une sorte de mer de Marmara. Puis je suis surpris en train de me savonner, complètement nu, près d'un lavabo, dans un petit recoin bien propre. Le couple me voit, mais, très préoccupé, ne me fait aucune remarque. Il s'agit de ma dentiste Nguyen et de son mari. COLLIGNON TELS QUELS 82 Puis je suis sur une autoroute surchauffée, un type fait du stop en marchant au beau milieu des voies. Il s'énerve qu'on ne cesse de le klaxonner. Je me retrouve à quatre pattes sur le goudron brûlant, gênant et ralentissant à mon tour la circulation, frôlé par un énorme camion. Un journaliste me prend une brosse à dents que je tiens dans une main et me la vrille sur la tempe : “Et si je te fais cela, ça te soulage ? - Non pas du tout, ça me chatouille, c'était mieux avant.” Il me la remet. Une jeune journaliste me guide alors, épuisé, vers le bas côté, entre des éléments rouillés de machines agricoles. Il paraît que j'ai été victime (dit une voix de journaliste) d'une “estocade” de l'auto-stoppeur qui effectivement m'a quelque peu morigéné. J'observe que “estocade” n'est pas le mot juste. La journaliste a un peu peur et le dit, car la circulation est intense. Je l'aide à ne pas se blesser les talons sur les bouts de ferraille qui traînent là. Nous sortons de l'autoroute au rond-point qui mène de la route à quatre voies vers Andernos. UTILISÉ 54 03 07 Je vis dans un taudis près de Montpellier, mon propriétaire est un vieil homme bougon, je dois me laver dans un tonneau d'eau crasseuse au milieu d'une salle de répétition, de belles dimensions. Des chorales viennent y chanter. La veille c'étaient des garçons de village, un peu rustauds. Je reste revêtu d'un blouson et tâche de me nettoyer à peu près, sans m'exhiber. Trois ou quatre vieilles fardées (75 ans) discutent à grands éclats de rire, daubant sur un autre locataire maniaque : je ne le connais pas et il se croit un grand original dans sa misère. Le niveau de confort est équivalent à celui de ma première chambre à Belvès en 1970. Les vieilles sarcastiques ne semblent pas faire attention à ma présence près du tonneau d'eau croupie. J'ai débouché des flacons transparents sur l'étagère, des animaux qui y étaient enfermés manifestent-ils leur reconnaissance ? (petits oiseaux : l'un d'eux respire, puis replonge ; un minuscule canard : je m'aperçois qu'il est en bois.) Je me lave tant bien que mal, les pieds par exemple, mais pour les couilles, sans enlever le blouson, j'hésite. Des musiciens répètent derrière moi mais je ne les vois pas. Le propriétaire affirme aux vieilles qu'il ne relouera pas le taudis du “vieil original”. Quand elles sont parties, j'accompagne le proprio qui s'avère un bon bougre, pas si féroce que cela, qui reconnaît que ces dames (je pose la question) font partie de ses connaissances depuis leur enfance. La cour est également délabrée. “”On me dit “Ecoutez, Monsieur Serpillière...” - ...Serpillière ! - C'est mon nom, ça veut dire “le linguiste”, et la conversation se poursuit tandis que nous traversons la cour boueuse. UTILISÉ COLLIGNON TELS QUELS 83 54 03 31 Dans une ville touristique germanophone avec Jacques et Muriel, grosse foule. Avec Annie je vais à la gare à pied acheter un billet de retour. Je choisis le guichet où l'on parle français mais comprends mal à cause de l'hygiaphone. Ma ville de retour n'est pas Lille, je rectifie. Annie dans mon dos me fait alors observer que j'ai oublié le billet pour elle, il faut tout refaire. Je dis que c'est un affront, qu'elle fasse cela toute seule, et redescends la pente. En bas, toujours la foule, un pédé immense déambule dans les boutiques avec une chevelure très haute où se pique une plume d'oiseau. Pour finir, je rejoins Annie en Dordogne à la nuit tombante en suivant avec peine un sentier de sable, intermittent, puis elle me rejoint dans un lit qui sert d'étape. UTILISÉ 54 04 07 Il y a une vaste d'examens où planchent toutes sortes de connaissances, cousine, anciens étudiants ou profs. Mon sujet traite du protestantisme. J'ai à peu près fini (brouillon) et suis sorti en récré, ou pour manger. En revenant, j'aperçois Corinne témoignant d'un incident auprès d'examinateurs sur une vaste estrade centrale avec un dais. J'y tournais le dos. On aurait exclus un certain “Bastien”, que tout le monde connaissait pour son mauvais caractère, “dès qu'on le regardait”. Je me rends compte en regagnant ma place que je me suis surtout occupé du Moyen Age, hors sujet, et que mon document autorisé présente toute une partie “XVIe siècle”... et il me reste encore une partie “version latine” à faire... Pendant la première partie, je le suis toujours efforcé d'attirer l'attention sur moi par des petites mines et réflexions à mi-voix, disant par exemple à l'instant “J'en ai marre de ce truc de merde, je me demande pourquoi je fais ça.” Pendant la première partie j'ai vécu dans ma tête l'avancée de l'armée anglaise découvrant des poteaux indicateurs et fonçant dans la joie vers “Houlme”, du côté d'Honfleur, afin de couper les communications des Français. Ils sont arrivés en plein marché ; on les hélait de loin pour qu'ils achètent, mais ils ont dévalé la pente avec des cris de joie pour attaquer la ville et la prendre. Je regagne ma place dans l'immense salle d'examens où beaucoup d'autres reviennent se rasseoir pour composer ou traduire... UTILISÉ

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