FOUTOIR

FIER – CLOPORTE « TEXTES LIBRES 03 » 2035 P. @ OTHERS 2035 02 14 ¨Peter ne cesse d’élaguer. Il escaladerait l’île par la falaise. Il soumettrait cette tribu, la lancerait sur ses voisins, et finirait massacré par les Blancs. Alors un moine prêcherait la croisade, mystique et meurtrière. Ce moine serait révéré, on lui trouverait des femmes à discrétion. De nombreux rêves érotiques le mouilleraient. Le moine travaillerait. Aux frontières, des oiseaux perchés sur des espaliers imiteraient exactement des feuilles mortes. Sur le parking. C’est une profonde impression de passer au parking. Avec les pneus crevés. Il fait froid. Un garde tardif promène un chien loup aux yeux jaunes. Le vent coupe. Dominer les indigènes, être leur Dieu, leur Christ faute de mieux ! Je veux être très riche et avoir beaucoup de femmes (Trintignant, Le Mouton enragé). « Aime-toi que l’on puisse t’aimer » : sottise. Le soleil baisse. Mieux vaut ne pas s’aimer. Ma montre montre l’heure. FIER – CLOPORTE « TEXTES LIBRES 03 » 2035 PERSÉCUTEZ BOÈCE - Vous êtes libre. Thomas regardait à droite, à gauche. UJSAG 2057 07 30 J'entends chanter Les loups de Reggiani, extraordinaire accompagnement de marche rock-blues. Trop entendu. Mais cette fois de loin, juste deviné. Jeunes filles faisant tourner le même disque, à longueurs de matinées en boucle. Sa femme ne cache rien, nulle trahison, nulles affèteries. Je ne veux pas écrire de littérature. Je veux qu'on me regarde, rester pitoyable. Mon rôle est de tout étaler. Pour plaire ou déplaire, mais inconcevable sans public. Un public à distance. XXX60 03 31 XXX PLUIE ET OPPRESSION 59 07 19 1 Avoir manqué sa vie. Dilemme affreux. Ou non. Critères mouvants, sables de même. Le sable aux narines. Naseaux sacrifiés. Films désolants, chanson connue : Bruno Gassmann, incroyable en barbu épanoui ventru, même agonisant. Une rage le lendemain matin. "Ne me dis pas comment je dois faire". Seul accrochage entre le fils et le père. Des orages qui grondent sur la Toscane. Et cet ennui tenace, un calme perpétuel à maintenir, ne jamais respirer trop vite crainte que tout tombe; Nous revenons de courses, à petits pas de vieillards. Toujours hanté par la mort de l'un ou de l'autre, ce que ça coûterait, le dynamisme qui resterait au survivant. La note exorbitante des obsèques. L'avachissement de toute volonté. La vieillesse, de Simone de Beauvoir, m'aura presque autant marqué que Le deuxième sexe, deux ouvrages pour un seul auteur. L'étroitesse de la voie, le but en bonne santé. Martial jusqu'au bout tiré à quatre épingles, mourant d'un coup de congestion solaire sur la tombe de sa femme. La femme qui me raccompagne jusqu'au métro me vante son élégance et sa galanterie ; eût-il été plus jeune qu'elle se le serait volontiers envoyé. Du coup, je me montrais galant moi aussi : on ne savait jamais. Ma femme s'appuyait sur mon bras, à petits pas, hors de fatigue. Je la vois baisser depuis 82, mais cela ne veut rien dire. "Ne compte pas avec la mort d'autrui" m'a dit Gourribon, "car le prochain mort, ce peut être toi". Mais j'ai toujours voulu errer. Passer une bonne semaine par mois ailleurs, pas très loin, Rodez, Marseille, mais ailleurs. Tous mes fidèles savent que mon héros favori c'est Bernard Gripari, auteur de Neuschwanstein sur Mer : il vivait d'hôtel en hôtel, en s'envoyant les garçons du cru. Si la chose ne me répugnait pas temps, c'est bien ce qui serait le plus commode. Les femmes "en font une montagne", comme dit un client de prostitués castrés des Indes. Et puis, elles demandent la performance, y compris dans le domaine du sentiment. Le fin du fin, le comble du triomphe pour elles, c'est d'amener enfin leurs amants, qui ont sué sang et eau pour les avoir, à cesser progressivement tout commerce sexuel, parce qu' "il n'y a pas que ça dans la vie", et que "ça n'a pas tellement d'importance". Et même, pour la femme de Gourribon, "ça ne sert à rien". La mienne voudrait bien, mais c'est moi qui n'y tiens plus du tout. Pourquoi ? Je l'ignore. Trop d'années ensemble, un amour qui n'obéit plus aux mêmes lois sado-masochistes que par le passé, la rancune d'avoir dû encore une fois torpiller une histoire d'amour afin de rester vieillir avec la même personne. En réalité je l'ignore, tout est complexe, voir la rime. Seul je ne puis. PLUIE ET OPPRESSION 59 07 19 2
Abbou. Tibbou. Jeux d'enfants débouchant sur le langage infantile, sur le babillement, le jargon, tous ces stades du parler que les pédiatres ont catalogués. Nous avons vu un vieux monsieur à cheveux blancs présentant la même stature, la même allure, que M. Coste de La Ciotat. Il m'écrit régulièrement, m'a fait parvenir avant-hier un petit mot imprimé sur Google, où je parais comme auteur chez In libro veritas : "Je ne te croyais pas aussi célèbre", me dit-il, "Mes très humbles salutations." Cet homme va disparaître. Il ne croit absolument en rien, contrairement aux bouddhistes sentencieux qui récitent leur catéchisme écolo bien démocratique à la télévision... xxx6 03 31xxx

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