Père Noël et saint Nicolas

En quelques décennies, cette coutume néerlandaise de fêter la Saint Nicolas se répandit ; pour les Américains, Sinter Klaas devint rapidement Santa Claus. La communauté chrétienne alors trouva plus approprié que cette « fête des enfants » soit rapprochée de celle de l'enfant Jésus. Ainsi, le patron des gamins fit désormais sa tournée avec son âne la nuit du 24 décembre. Dès le XVIe siècle était apparu le Père Fouettard pour donner des coups de fouets aux garnements ; les Autrichiens l'appellent Krampus – il est tout barbouillée de suie, il hurle en agitant ses chaînes et sa grosse cloche ! ...C'est donc saint Nicolas qui a inspiré le Père Noël... Ce dernier porte aussi la longue barbe blanche, le bonnet de fourrure inspiré par la mitre sacerdotale, et la houppelande. Dans l'Est de la France, les enfants déposent sous le sapin de Noël un verre de vin pour le Père Noël et une carotte pour son âne ! Mais le plus souvent l'âne est remplacé par un traîneau, tiré par des rennes. Chaque région de France donna au Père Noël un nom différent : « Chalande » en Savoie, « Père Janvier » en Bourgogne et dans le Nivernais, « Olentzaro » dans le Pays basque et « Barbassionné » en Normandie. Le personnage du Père Noël connut une destinée hors du commun : en 1809, l'écrivain Washington Irving évoqua pour la première fois les déplacements aériens de saint Nicolas pour la traditionnelle distribution de cadeaux. En 1821, c'est un pasteur américain, Clement Clarke Moore, qui inventa, dans un conte destiné à ses enfants, le Père Noël, dans son traîneau tiré par huit rennes. La crosse se transforma en sucre d'orge, et, pour le coup, le Père Fouettard (incarnation du Mal !) disparut. En 1860, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste à l' Illustrated Weekly, revêtit Santa Claus d'un costume rouge, garni de fourrure blanche et rehaussé d'un large ceinturon de cuir. Il poursuivit son œuvre graphique durant près de 30 années ! L'image actuelle du Père Noël, que nous pensions ancestrale, remonte donc en réalité au XIXe siècle, par l'action de la presse américaine ! Il s'agir là d'un mythe sinon païen, du moins entièrement profane. Le reste appartient à l'enfance, avec ce mélange de féerie et de naïveté. 1. 2. LES RESIDENCES DU PERE NOËL En 1885, Thomas Nast fixa la résidence officielle du Père Noël au pôle Nord au moyen d'un dessin représentant deux enfants qui regardaient, sur une carte du monde, le tracé de son parcours depuis le pôle Nord jusqu'aux Etats-Unis. Selon les Norvégiens, le Père Noël habite à Droeback, à 50 km au dus d'Oslo. Pour les Suédois, c'est à Gesunda, au nord-ouest de Stockholm. Les Danois sont persuadés qu'il ...crèche au Groënland alors que les Américains le logent en Alaska. En 1927, les Finlandais ont décrété que le Père Noël (« Joulupukki ») ne pouvait pas vivre au pôle Nord, car il devait nourrir ses rennes ; sa résidence était donc en Laponie, sur la colline du Korvantunturi. Malheureusement cette région est un peu isolée. Ils l'ont donc fait déménager près de la ville de Rovaniemi. Les enfants sont vivement encouragés à lui écrire à cette adresse, en Laponie finnoise, et tous les services postaux du monde se font les complices de cette enfantine supercherie. La Sibérie a revendiqué aussi le domicile du père Noël, mais il y a sans doute confusion avec Ded Moroz, le cousin russe du Père Noël qui est fêté le 7 janvier dans sa ville de Snegoroutcha («fille des neiges »). Dans le Pacifique sud, l'île de Christmas se revendique également comme une résidence secondaire du Père Noël. Et la Turquie n'est pas en reste, ayant conservé comme nous l'avons vu certaines reliques de saint Nicolas dans une région touristique... En France, le courrier envoyé au Père Noël est regroupé à Libourne ; Françoise Dolto, sœur de Jacques Marette, ministre des Postes e C'est en 1931 que le Père Noël prit son aspect définitif dans une image de Coca-Cola due à Haddon Sundblom : il buvait du Coca pour reprendre des forces pendant sa distribution, et les enfants pouvaient en boire. De plus, il avait désormais une stature humaine, plus accessible, avec un ventre rebondi et l'air jovial. Il porte un pantalon et une tunique, mais en France il a conservé la longue robe rouge – le rouge et le blanc sont les couleurs traditionnelles de Coca-Cola, qui souhaitait inciter les enfants et les adultes à boire du Coca même en hiver... Ainsi, pendant près de 35 ans, Coca-Cola diffusa ce portrait du Père Noël dans la presse écrite, puis à la télévision partout dans le monde. L'idée que les enfants se font aujourd'hui du Père Noël est fortement imprégnée de cette image. Le Père Noël actuel, joufflu, barbu, nous est donc venu directement des Etats-Unis après guerre, avec le plan Marshall ! Nous sommes donc on ne peut plus éloignés de quelque religion que ce soit. L'Eglise n'ose plus guère à présent afficher son hostilité latente au Père Noël. On connut bien quelques mouvements de protestation de la part des catholiques, certains allant même en 1951, à Dijon, brûler une effigie du Père Noël en place publique ! Rappelons tout de même pour conclure que bien avant Coca-Cola il exista, dans toutes les civilisations occidentales, un personnage offrant des cadeaux, tels le Père Chemineau, dans une robe de bure, avec une hotte. Il existait en outre une multitude de personnages plus ou moins christianisés, qui distribuent leurs offrandes à Noël : en Italie, les enfants reçoivent parfois des cadeaux de la Befana, dont le nom provient vraisemblablement du mot « épiphanie »

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