Texte de Valtinos, dialoguiste d'Angelopoulos

Lundi 21 juillet. Jusqu'à midi, les abords de l'aéroport sont la cible de bombardements incessants.

    Mardi 22. On nous distribue des cigarettes. L'ordinaire est servi à quatre heutes de l'après-midi.
    La nuit tombe. Garde doublée, première ronde de 20 heures à 22 heures, avec un gars original de Karystos, en Eubée.
    Sans un mot et contre mot de passe, nous avons pour ordre de tirer à vue.
    La nuit se passe sans incidents.


    Informations : des parachutistes turcs s'apprêtent à prendre l'aéroport.
    Les autocars sont repérés par des patrouilles ennemies, qui ne réagissent pas.

Elles doivent penser qu'ils acheminent des touristes bloqués vers les avions qui les ramèneront dans leur pays.
    8 heures 40. Nous nous retranchons dans le bâtiment de l'aéroport. Trois zones : le rez-de-chaussée, l'étage, la terrasse.
    Le sergent Gerakaris nous confie, à moi et à Anastassios Baldzis, le CAC de 90mm.. Une pièce d'artillerie sans recul. Anti-chars. Ses servants ont trouvé la mort dans le premier avion. Le sous-lieutenant Iliakos nous indique l'emplacement le plus approprié.

    13h30. Température : 44° Celsius. Les hommes postés sur la terrasse sont collés au goudron isolant.
    A 100 mètres de là, le poste de garde de l'ONU" (vous savez, ce machin qui sert exclusivement à condamner Israël). "Tenu par des Canadiens.

    23 juillet, 4 heures de l'après-midi. Les Turcs s'approchent. Lentement" yavash, yavash, "avec précaution. Que des fantassins. Sur la terrasse, il y a quatre mitrailleuse Browning. Une boucherie.

    6 heures du soir. Ordre est donné de cesser le feu.
    La radio annonce que Sampson abandonne la présidence.
    Liesse. Arrive une flopée de journalistes. La présidence est d'ores et déjà assurée par Cléridès. Caméras.
    Nous remettons l'aéroport aux forces de l'ONU.
    Nous quittons les lieux pour le reste de la nuit. Arrivée à Athalassa.

    23h 30. Nous recevons l'ordre de faire mouvement vers Aghios Ilarion. Le commandant de l'escadron refuse d'obéir. Entre samedi et mardi, nous n'avons pas fermé l'oeil. Le général en chef de la brigade insiste.

    Le commandant cède. Nous montons à bord de véhicules blindés légers.
    Nous apprenons que la 33e section de chasseurs chypriotes se dirige vers la même destination.
    Nouveau contact avec le quartier général. L'ordre est annulé.

    24 juillet. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement gerc, Georgios Mavros," (Lenoir) "négocie à Genève.
    Midi. Message : La 33e section chypriote est tombée dans une embuscade : aucun survivant." Heureusement que l'ordre avait été annulé. 

    25 juillet, au matin. A l'issue du rapport, l'appel de nos morts.    
    L'aide de camp de l'escadron déclare : Pour nous, ce moment marque le début de la guerre. Le sang.

    11h 40. L'escadron reçoit l'ordre de se déployer en direction de Pentadaktylos" (Cinq Doigts).
    Des groupes de dix hommes sont constitués. Couteaux. Départ à 19h.

    26, 27, 28 juillet. Petits raids nocturne. Nous liquidons des postes de garde turcs. Pentadaktylos-Aghios Ilarion. Les lumières de Kerynia. 
    Il n'y a pas de "territoire ami". "Besognes" difficiles, effectuées en silence. Pour qu'on ne puisse pas nous localiser, nous nous déplaçons toutes les six heures."

    Fin de citation. La Grèce au détail. La précision, l'unité de ton, l'objectivit du scénariste. La liberté ou la mort, élefthéria i thanatos. "Accoutumance à la nicotine", de Thanassis Valtinos, éditions Finitude.   
   Mercredi 25 juillet, 5 heures 30. Nous retournons vers l'aérodrome en autocars.

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