NOX PERPETUA
COLLIGNON
NOX PERPETUA MATIERE PREMIERE
Cette
nuit je rêve que je suis professeur, avec le comportement d'un
bachelier à l'oral : assis avec les autres dans un couloir, à même
le sol ; un garçon m'en présente un autre : Thibo, « juif
aussi » - mais suffit-il qu'un vrai en rencontre un faux pour
trouver quoi se dire.
X
RÊVE
DU 30 03 2022 A BRIENZ SUISSE
Balade
en voiture avec papa-maman-Plancke. Les routes sont inondées. Je
pénètre avec Plancke dans la cour d'une maison, à la faveur d'une
télé bruyante. La route était inondée jusqu'aux yeux de Plancke.
L'eau s'est résorbée. Une grille de mur entièrement trou d'eau
[sic]. Ma mère qui me secoue : "Pourquoi es-tu pour
le plaisir des femmes ?" Plancke, moi et d'autres dans une
prison, qui ressemble à l'école de Pasly. On nous tend des espèces
de battes molles. Trois ans ont passé. Mon camarade Plancke a les
traits marqués, une petite moustache raide. Il dit qu'en moyenne,
cette année, son père l'a moins battu.
A
présent nous aimerions, elle et moi, nous réconforter mutuellement,
à l'abri. Voici un vieux porche en bois, voûté à plein cintre.
Mon épouse nous a rejoints ; l'intimité n'aura duré que
quelques instants - pourquoi mon épouse Arielle se trouve-t-elle
avec moi en ces circonstances ? pourquoi partageait-elle ma
trouille intense, alors que la clé tirée de ma poche s'adapte
parfaitement à la serrure ? derrière ce portillon ainsi
surgi devant nous il nous semblait entendre les cris d'angoisse d'une
femme qu'on menace (de la torture) ! Or cette porte basse donne
dans une cour, celle d'un lycée battu des vents ; ce grand
espace est garni de candidats au bac, malgré le plein hiver.
Partout
règne un grand remue-ménage. Ma femme ne tarit pas de reproches,
passe et repasse la porte, que j'ai pourtant soigneusement refermée
derrière nous. L'angoisse et la peur étreignent chacun de nous
trois. Elle se déshabille, et dans mon dos les deux femmes ont
disparu, ont quitté la scène et l'histoire, condamnées à se
combattre, ou à s'aimer, de l'autre côté du mur, dans le froid
neigeux du jardin.
Pourquoi
suis-je toujours voué à parcourir en bout de cour ces toilettes
immenses, comme si j'y avais subi un viol permanent ?
J'aperçois le dos voûté d'un génie de Contes, en frac, dont les
épaisses moustaches dépassent de façon menaçante ; il me
réclame
d'une voix sombre le mot de passe. J'urine en hâte, avant qu'il ne
se retourne ; au premier mouvement qu'il esquisse, vite, je
m'évade par une lucarne. Par les toits. Une mansarde : sauvé.
Deux lits crasseux, abandonnés, sordides : c'était la loge des
pions, au temps de l'internat. Un coup d'œil par la fenêtre :
le toit reste vide,
personne ne me
sui. Mais en tournant la tête vers le haut, je découvre tout un
étagement de mansardes en quinconces, un vrai château de Chambord
misérable.
Plus
haut encore,
une fille apparaît au coin d'un carreau crasseux. Je la rejoins par
des étages intérieurs : « Je suis prête »
dit-elle, mais c'est moi qui ne le suis plus. Alors, elle part, sans
bien refermer la porte de cette autre mansarde. C'est alors que dans
un spasme de terreur je m'aperçois que le grand Génie noir m'a
rejoint par les escaliers. Pourtant il ne me voit pas. Sa fonction
est d'être là, d'effrayer, sans passer à Dieu sait quel acte. Je
sais à présent où je suis : à Guignicourt, où ma mère
couchait dans la mansarde précisément de son père mort. C'est le
Génie. Inoffensif, fantômal, mort. Pourtant je me roule sur le lit,
hurlant de panique. Le génie s'est dissout dans les airs, mais les
pas que j'entends gravir les escaliers sont bien présents, bien
réels cette fois :la police, ou bien la milice, ou je ne sais
quel groupe qui m'appréhendera pour avoir ignoré le Mot
de Passe...
Wellesley-Leurbeyrolles
- mot de passe - femme mûre recueillie jardin neigeux Pasly cherche
endroit pour coucher ensemble. Porte arrondie en creux vieux lycée.
Partout des candidats, bac, remue-ménage. Anne est avec nous,
trouille intense, ma clef s'adapte à la serrure. Cris, angoisse.
Elle se déshabille. Elle entre et sort sans besoin de clef. Dans un
autre rêve, toilettes géantes.
Un
génie en frac et moustaches vu de dos me réclame le mot de passe,
je dois me hâter - "Si je suis pris, je m'évade par les
toits". Mansarde à deux lits crasseux, abandonnée, pour les
pions au temps de l'internat. Une fille apparaît derrière un
carreau crasseux dans l'étagement des toits chaotiques supérieurs.
Dans
un autre rêve, pièces du village de Guignicourt. La femme est prête
je ne le suis plus. Elle part, mais ne parvient pas à fermer la
porte. Enfin le génie y arrive, sans être véritablement présent.
Je me roule sur le lit en hurlant. On arrive pour me surprendre...
39
09 26
Investissement
d'une mission sacrée. Mon épouse ici portera son vrai nom, qui est
celui d'Arielle, femme de Joachim, parents de la Vierge. Nous croyons
en la Vierge parce que c'est notre mère, nécessairement vierge,
telle que nous l'imaginions. La première scène se passe à midi,
Arielle est assise sur une chaise au milieu d'un trottoir, devant une
fenêtre ouverte. Devant elle je me suis penché sur un carton
contenant du raisin avarié, à demi-mangé, au-dessus duquel
tournoie un essaim de moucherons que l'on appelle drosophiles.
Soudain paraît à la fenêtre, dans le dos de mon épouse, une
espèce de furie jaunâtre : « Vous allez rester là
longtemps ? ...vous nous bouchez la vue – Je m'en vais. Mes
deux amants m'accompagnent, l'un et l'autre me ramonent
successivement. » La vendeuse éclate de rire, son aspect
démoniaque disparaît.
Arielle
se lève pour une destination qu'elle a précisée, que j'ai oubliée.
D'autres sont invités chez Lazarus, je n'en suis pas pour cette
fois, me voici seul avec la Vavrino. Combien elle m'ennuie !
Derrière la fenêtre, à l'intérieur, s'étend un bistrot
ariégeois ; sur la lucarne d'icelui repose un soutien-gorge,
abandonné là par une qui étouffait. Lorsque je poussais la porte,
la serveuse me fixait : c'est parce que je suis très beau. Le
miroir que j'ai à mon tour fixé me l'a confirmé : c'est un
morceau de glace ébréché. Il ne s'agit pas de moi, mais de l'homme
qui pisse et agit en mon nom à
l'intérieur
des messages de Dieu. Quand je ressors, soigneusement digne et
boutonné, je crains d'apparaître un peu crispé.
L'apparence
d'un envoyé de Dieu doit être irréprochable, même après avoir
excrété. Il y a derrière lui toute la queue d'un long rêve. Glose
qui peut.
2039
09
26
Dans
une rue déserte, à midi. Annie est assise sur une chaise réservée
aux consommateurs, sur le trottoir, dans l'ouverture d'une fenêtre,
je me penche sur un carton contenant du raisin mangé et avarié,
pour voir s'il n'y a rien à récupérer. Par la fenêtre la vendeuse
demande si Annie va rester là longtemps. Elle répond que non. Puis
elle se lève en disant qu'elle va, avec ses deux amants, à tel
androit. La vendeuse rit. Annie rejoint X., d'autres ont été
invités chez B. je dois rester avec F. J'entre dans des toilettes de
restaurant ariégeois. Une jeune femme me regarde avec intérêt
parce que je suis très beau (vérifié dans un miroir).
Je
crains en sortant d'avoir l'air fort crispé. Réveil (queue
d'immense rêve). utilisé
39
09 27
Je
chipe une cigarette à Lombardo. Je trouve un flacon à laver,
appartenant à mon père. Il contient un acide puant. Je me recule.
Monte du fond du flacon une espèce de raie. En surface, devient une
chauve-souris inconnue, de faciès expressif. Elle se fait bouffer
par des souris minuscules, style bande dessinée. Je mets un linge
sur un aquarium pour ne pas voir cette scène de déchiquetage.
Dommage qu'un être aussi beau (et féroce) soit dévoré. Mais je
retire le linge, le fier animal est déjà bien mal en point.
(autre
fragment vraisemblable)
...or
il n'y avait plus rien de juste dans tout cela, et j'étais en
plusieurs lieux à la fois, je vivais plusieurs épisodes à la fois
de ma vie passée, ma vie et mon regard étaient devenus profonds à
l'instar de ceux qui vont mourir du sida ou qui vont mourir et seuls
à le savoir se retiennent de le confier tandis que leur œil
profond s'approfondit dans les lueurs de fins d'après-midi. Et
l'orgue et ses paliers [sic] résonnaient encore dans ma tête. Un
jeune homme droit de dos jouait suspendu dans
les
boiseries raides et claires, et les femmes de service poussaient un
balai noble
et silencieux sous les cascades méthodiques des tuyaux.
2050
07 15
Un
rabbin transporte des urnes funéraires de Juifs dans un wagon de
marchandises par un froid glacial. De l'une de ces urnes transformée
en cercueil sort une jeune fille comme une énorme et vivante
émanation de gaz bleus à forme humaine, en magnifiques habits
bleus. Elle s'envole dans le ciel glacé. Je me retrouve dans une
prairie que j'ai connue à 6 ans et où je veux m'ensevelir tête la
première par désespoir du temps écoulé. Il y avait beaucoup
d'autres détails dans ce rêve. Je veux les raconter à ma femme qui
s 'en fout. Nous parlons avec Jaja et Marie V. dans un train
bondé.
Une
jeune fille de treize ans se presse le visage contre mon bras, je la
laisse faire. Deux arrêts vident peu à peu le wagon, je retrouve
Annie, Jaja et Marie V. dans la partie supérieure. Nous débarquons
en pleine campagne normande, je laisse ma voiture sur un parking
herbu, clos et détrempé. Je me retrouve chez plusieurs mecs. Le
lendemain matin, Annie, Jaja et Marie V. sont parties, je ne parviens
pas à retrouver ma voiture car nous sommes allés plus loin. Annie
monte dans celle de quelqu'un d'autre. Les mecs ne veulent pas
m'accompagner pour me guider, car, même avec eux je ferais des
erreurs : elles vont dans un petit coin vraiment paumé.
Je
pense qu'elles ont voulu se débarrasser de moi et le leur dis. Rêves
“l'un dans l'autre” à couleurs très vives (rouge, vert, bleu).
50
07 27
Je
fais cours pour la première fois dans un grand établissement à une
classe de Terminales, garçons et filles, grands, l'air intelligent,
habillés de grandes capes noires pour certains. Mon cours n'est pas
préparé. Je découvre que c'est un texte grec philosophique mal
imprimé ou dont les lettres se brouillent. Je suis censé leur en
fournir une traduction instantanée, mais je bute sur chaque mot, ils
ne m'écoutent pas, parlent entre eux et je me sens très stupide. Au
cours suivant, le texte est en français et certains mots sont
soulignés, je fais un embryon de commentaire. Déjà la plus belle
des filles est absente.
À
la fin du cours, qui n'a guère été plus écouté, un élève
goguenard me demande si ça va être comme ça toute l'année (je dis
d'abord que “oui”), si ce sera toujours “Le Vie de King-Kong”.
Je dis : “King-Kong, c'est moi ?” Il est un peu embarrassé, “à
peu près”... Je me rends compte que je n'ai pas préparé
suffisamment le cours. Je lui fais remarquer que déjà, par moments,
on m'a un peu
écouté.
Nous nous séparons, il faudra que je fasse de grands efforts. La
classe semble pouvoir se reconquérir.
50
08 14
Je
passe un examen oral de 24 épreuves sur 24 textes. J'ai déjà subi
avec succès la première. La seconde porte sur un texte d'Alain
Juppé, où il se révèle tourmenté et sensible. Mon examinateur
ressemble à Alain Juppé, c'est peut-être lui. Je n'ose lui
demander de rentrer chez moi pour manger, et de reprendre l'épreuve
ensuite. Cela serait fausser le règlement. Cependant il est exclus,
comme je l'avais envisagé, que j'aie la force de subir les 24
épreuves à la suite. Annie est en train de passer une épreuve
similaire dans une pièce voisine. Le texte laisse de côté deux
aspects importants d'Alain Juppé, mais j'en parle et les résume de
façon très ordonnée, comme des boules de feuilles d'arbres.
Ensuite,
je prends un chemin de crête au crépuscule. Je rencontre une maison
de bois très accueillante, où je pourrais m'installer pour
travailler, oublieux de mon but primitif. Je m'installe aux
toilettes, mais quand je ressors, d'autres se sont emparé de la
maison, très sympathiques au demeurant. Avant ou après cela,
Josette et son fils François qui devait fêter son anniversaire. Un
récital de Francis Lalanne ou d'un imitateur doit se dérouler en
son honneur dans les grottes de Brantôme. Je demande si l'on a bien
consulté François concernant ses préférences, il se trouve que ce
dernier adore Francis Lalanne.
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09 08
Annie
et moi nous dirigeons vers un camp retranché arabe en Algérie, mal
défendu par des toilers tendues rembourrées de terre tassée. Ma
femme disparaît derrière elles et reparaît aussitôt coiffée du
keffieh blanc des combattantes. Je rejoins le camp des Français, qui
encerclent à peu près les Arabes. Il est question de savoir s'il
vaut mieux produire, au moment des négociations, une photo horrible
représentant 42 enfants massacrés et découpés, dans une vaste
corbeille ; il semble que les deux camps à la fois soient
responsable de ce massacre. Si l'on montre ce document, la lutte
continuera avec plus de sauvagerie.
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10 14
Une
publicité m'a fait croire que moi, enfant de dix ans, je pouvais
augmenter la hauteur d'un gratte-ciel (30 étages) en empilant étage
sur étage comme en un gigantesque jeu de construction. Je peux aussi
augmenter le confort de ces appartements cubiques. Au lieu de
cela
je me retrouve sur une terrasse gravillonnée dominant le vide,
jouant à rebondir sur un trampoline avec
un initiateur à peine plus âgé style Spiderman invisible. Nous
rebondissons de plus en plus haut et de plus en plus loin au risque
de me casser la gueule en franchissant la bordure. Je me retrouve
plus tard dans un appartement vides de meubles, comble de gens,
hermétiquement clos derrière des baies vitrées d'où l'on découvre
de haut d'autres gratte-ciel semblablement disposés et garnis.
Le
jeu consiste, pour fêter je ne sais quoi, à faire exploser
d'immenses pétards qui font hurler de terreur des gosses, à la
frayeur desquels nul ne réagit. Je suis scandalisé et veux les
réconforter, mais la foule compacte m'en empêche. Il est aussi
question de publicité renforçant des villes, mais sur la carte,
vues de près, ces villes sont comme ruinées. Dans les appartements,
le vacarme épouvantable fait penser au massacre de la famille du
tsar en 1917. On n'a pas le droit d'épouvanter ainsi des enfants.
50
10 19
Réflexions
: C'est moi qui ai voulu en rester à 18 ans. Je n'ai pas à me
plaindre. Avec l'impuissance qui s'y rapporte. Je dois m'accepter.
“Connais-toi toi-même”. Ma comédie sociale,mes faux-fuyants,
j'en ai ma claque. Baiser je ne peux plus. C'est au-dessus de mes
forces. E
finita la commedia. Une
autre comédie commence – crois-tu ? dormir.
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10 31
Lors
d'une discussion dont je ne me rappelle pas le début, je suis amené
à dire “Je suis impuissant” à ma femme. Elle relève ce terme
avec acrimonie. Je lui dis qu'il n'y a pas que moi qui suis
responsable, qu'elle aussi, en quelque sorte, pourrait me stimuler.
Tandis que je rejoins ma voiture en plein jour pour aller au boulot,
je l'entends crier à travers les murs : “Sur quel ton il a dit
ça
! C'est humiliant ! C'est humiliant !” Et je me fais la réflexion,
dans cette rue très claire, comme une rue de Tanger, qu'elle l'a
bien cherché, sans pouvoir me départir d'un fort malaise. En me
réveillant, je me rends compte que ces sentiments-là sont vrais,
puisque je les ai rêvés. TRANSCRIT
50
10 31, nuit
Les
premiers instants du coucher sont douloureux. C'est seulement au bout
d'un certain temps que je parviens à surmonter l'angoisse de
franchir les Portes de la Nuit. Du moi, et du mystère. - Si je
ressens des choses de façon si discontinue, c'est que j'ai le don de
multiplicité des personnalités. Je dois aisément en tirer parti
pour me glisser dans mes divers personnages. Autre révélation : si
c'est au moment du coucher que se révèlent mes résolutions, c'est
qu'il me faut me recomposer et me raffermir avant de faire le bon
mélange qui se résoudra en rêves révélateurs. Puissé-je ainsi
toujours me trouver sur la voie de toutes les résolutions et de la
confiance. Je dois donc : dominer mes courants divergents, les
discipliner, les utiliser, à des fins exclusives de littérature. De
plus, les invocations, déséquilibrages, que je dois rechercher dans
les pratiques et prières superstitieuses, doivent me permettre de
vivre à volonté dans l'exaltation. Acheter les prières aux anges,
les susciter. Avoir toujours en lecture un ouvrage d'ésotérisme. La
fausse science est bonne.
50
11 03
J'ai
rattrapé mon chat sur le fleuve Amour, gelé, en vagues.
50
11 05
J'ai
l'impression d'être sans cesse au lit, sans cesse à table. J'ai
l'impression de vivre sans cesse la même journée, tel un moine
attaché à sa règle. Comme le moine, je mourrai sans avoir vécu
autre chose qu'une longue journée. Qui serait cet homme qui aurait
vu tant de vieilles villes parmi les rochers. Est-il vrai que je
n'aie pas de caractère ? Je cède à celui qui gueule. Mais
peut-être y avait-il une grandeur chez mon père, une fierté.
Toutes les nuits me voici face à moi-même.
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11 23
Annie
et moi nous trouvons dans une grande ville inconnue, grouillante,
sous une pluie battante. Je dois me faire prendre en voiture à un
emplacement de forte circulation, près d'un mur de digue. Trafic
intense. Au téléphone, personne ne répond. J'assiste à un cours
de fac, l'amphithéâtre, à l'ancienne, est immense. Le prof est un
colosse fantaisiste, le cours porte sur Montaigne et Proust. Le prof
s'agite, ses mains et ses pieds sont gigantesques, il plaisante,
tonitrue, passe dans les gradins, montant et descendant, torse nu,
bronzé, immense. Il s'adresse parfois en aparté à l'une, à
l'autre, houspille celles qui lisent mal dont une certaine Mlle
Mouton (j'en ai une dans une de mes classes). Il ressort sous la
pluie, on l'entend chanter et brailler au dehors, il revient
bras-dessus bras-dessous avec deux retardataires. Nous sommes
époustouflés, mais peu désireux de nous mêler à ce cirque. Il
représente assez le genre de prof que je cultive personnellement
dans mes cours, et que je serais resté à la fac, si j'avais pu y
accéder.
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