NOX PERPETUA Matière originelle pp. 11-20



51 01 06
Je cherche à m'introduire sous forme de professeur dans un grand lycée militaire de Madrid, éperdu d'admiration. J'entends une formule de présentation en espagnol très rapide, provenant d'une cour intérieure. Une troupe nombreuse répond d'un coup, très virilement : Ho ! Je me couche au pied du perron, constitué d'immenses marches très longues. Un concierge, francophone, vient me tirer de là pour me présenter à deux ouvriers espagnols, francophones aussi, qui achèvent en contrebas de manger dans des assiettes en carton. Ma part est mélangée avec la part d'un des deux ouvriers.
La discussion s'engage, tandis que nous remontons vers le vaste bâtiment, sur la question de savoir si l'homosexualité est innée ou acquise. Je m'insurge sur le fait qu'une attirance envers un lycée militaire soit automatiquement rapprochée d'une tendance à l'homosexualité, comme si on cherchait sans cesse à me présenter des hommes pour résoudre tous mes problèmes...

51 01 28
Cette nuit, Saint Charlemagne, j'étais dans les couloirs, bousculé par la foule, et je me demandais si j'assurais tels cours ici ou là, les deux horaires se chevauchant. Je descendais un escalier où de tout son long gisait un arbre déraciné par la tempête, et je m'exclamais : « Tiens ! Lebranchu ! » ( ministre communiste) - élèves de rire complaisamment, sans avoir tout compris. 
51 02 02 
Refuse de revenir chez moi parce qu'on ne m'a pas remboursé une cuillère à la porte. Dissimulé sous un fauteuil pendant une visite des Simonin. Mes parents sont jeunes et pleins d'allant. Me retrouve dans un maelstrom de boue dantesque, au fond d'un cratère, presque aspiré. Je trouve à me faufiler dans la paroi du cratère, dans un abri garni de livres. Un vieux savant vient me rejoindre, puis une petite fille de mon âge.

PRINCE AXEL, TABLEAU D'ANNE JALEVSKI
51 02 17
A. Je roule en Espagne sur une route isolée. Je m'aperçois alors que deux voitures de police, jaunes, semblables aux 4 L de la poste en France, me suivent ou me précèdent. Si j'en double une , elle me redouble aussitôt. Je dois tourner à gauche sur un petit chemin herbu. Les voitures me suivent et s'arrêtent, assez désappointées, une femme policier en particulier.

B. Sortant d'une grande maison où l'on a construit, par devant, une vaste véranda très confortable. Promenade. La psy m'accompagne, me considérant comme guéri. Annie veut jouer dans la rue avec nu game-boy portatif, mais la psy la morigène en lui rappelant qu'elle doit faire des exercices de mémorisation et de jeux de mots pour se trouver, à son tout, guérie.

51 02 22
  • Je commence à faire l'amour avec Elizabeth Taylor, très jeune, mince, souple et ferme. Elle est au-dessus de moi et fait avec ses bras des mouvements serpentaires de danse égyptienne. C'est très agréable et jusque là tout va bien, je tiens la distance, toujours inquiet de ce que je vais bien pouvoir inventer pour continuer à entretenir le désir.
  • Avec Mormone dans une cage d'escalier de lycée, très sale, avec des élèves qui circulent partout. Il semble triste de devoir quitter son poste, et je compatis, me demandant avec lui où il va bien pouvoir atterrir.
3.
Sur un chantier où des éboueurs plus dégueulasses les uns que les autres effectuent un tri (chiffons, bois...). L'un d'eux récupère les débris humains ou plutôt humeurs d'iceux, pus, sérum, etc. , qu'il considère dans une espèce de creux de toile porté entre ses mains. On se colporte la bourde d'un employé qui a dit : “La France a six millions d'habitants, l'Algérie trois” ou le contraire. Tout le monde est hilare et bon enfant, je fais attention de ne pas laisser transparaître par mes mimiques ou mes propos mon appartenance à la classe intellectuelle.

4.
Dans une salle de classe déserte en préfabriqué me servant de chambre, j'ouvre la porte sur Sonia qui étale sur le seuil deux sortes différentes de merdes de chat à trier, par jeu, comme je le lui ai demandé la veille. Puis je sens la patte du chat dans ma main, qui gratte en miaulant d'un air désolé parce que sa merde lui a été substituée avant qu'il ait pu procéder à son enfouissement.

51 03 01
Je pars en voyage seul en voiture vers la Dordogne. Une de mes dents a besoin d'être soignée. Je m'arrêterai chez le dentiste du petit village où je vais, j'y suis déjà allé. Mes parents m'approuvent avec bienveillance. J'attends à la queue pour avoir une communication téléphonique, puis m'avise qu'il y a des cabines en plein air. Elles sont toutes occupées, mais la voix de l'employé résonne : “Vire-moi la grosse là à gauche et prends le combiné”. Cette grande fille blonde pleure parce qu'elle attend un appel qui ne vient pas. Elle reste à côté de moi. Je dois téléphoner au 8 503 ou faire le code “Ecoutez”.

Au 8 503 une bande son me restitue une discussion entre hommes sur le statut du journalisme. Je veux appuyer sur les touches “Ecoutez” mais je reçois dans le doigt une assez forte décharge électrique. Le soir tombe. Les couleurs sont vives. Au lieu de faire un crochet par le Lot-et-Garonne pour mon dentiste, je poursuis mon voyage, je consulterai au retour. Ce voyage l'a été nécessaire parce que les deux jours précédents j'ai carrément oublié de faire mon dernier cours et dois m'en excuser auprès du proviseur.

51 03 02
J'utilise dans une cour scolaire un téléphone public utilisé par les grands élèves. Le combiné a été utilisé sous forme de traitement de texte dans sa partie supérieure. Je l'ai employé, mais je ne saurais plus le refaire. Sous le regard narquoie et sympathique des jeunes, je parviens à présélectionner un numéro, mais ne réussis qu'à soulever un combiné gris du plus ancien modèle. J'ai vue sur des toilettes avec lavabo blanc, à l'ancienne. Un employé de la mairie de X. Me répond, il a une voix de moustachu. Il me demande ce que je veux. Je dis : “Est-ce que vous pensez que je dois... et puis non c'est trop personnel” - en fait j'ai oublié sinon la question du moins sa pertinence. Je suis réveillé par un gigantesque éternuement d'Annie.

51 03 07
Dérivant sur une planche de surf avec Sonia et David, après avoir erré, heurtant ou évitant les épaves, nous nous dirigeons vers une île près du détroit de Gibraltar (Aldeboràn ?) Nous y sommes bien accueillis, il y a de nombreux vacanciers et résidents. Sonia sera inscrite dans une école très aérée et propre. J'achète une résidence auprès d'un homme d'affaires gros et sévère 292 900 F. Puis pour détendre l'atmosphère je plaisante sur mon étourderie. Il m'aide à ramasser mes affaires vieilles et encombrantes (une vieille paire de baskets), et nous descendons au salon d'accueil en bavardant. 

51 03 14
Je m'éloignais de nuit sous les grands arbres, semblables aux cyprès de Charles Munch. Peut-être ai-je pissé au pied de l'un d'eux. C'était une allée formant parc, une espèce de terrasse soutenue par un mur extérieur. En bas m'attendaient Anne et quelques-unes de ses amies. Je commençai par jeu à imiter les oiseaux nocturnes, qui se mirent à me répondre au moin, puis de plus en plus près. En même temps d'autres animaux invisibles rampaient et grattaient dans l'ombre. Je me sentais leur maître, et décidai d'évoquer les morts. Ils sortirent en troupe compacte d'un cimetière invisible à l'autre bout de l'allée, maquillés comme des acteurs de films d'épouvante.
Je rassemblai alors mon meilleur latin pour les haranguer, les exhortant à tirer vengeance des vivants qui profitaient de la vie. Ils m'écoutaient en avançant, mais lorsque la distance qui les séparait d emoi se fit moins respectueuse, je m'efforçai de les congédier, et ils m'obéirent. Quelle terreur ne se fût pas emparée de moi si je les avais laissé s'approcher ?
51 04 01
Nous sommes Annie et moi dans une maison de location comme à Oléron. Des représentants sonnent, nous ne voulons pas ouvrir. Ils s'installent patiemment au soleil sur des chaises de jardin. Petit à petit nous fermons soigneusement et silencieusement les fenêtres derrière les stores. Nous les regardons à travers une vitre mais ils ne nous devinent pas bien bien qu'ils regardent eux aussi. Je suis en voiture une petite femme, à qui je passe commande (elle conduit devant moi une camionnette de livraison à la portière ouverte). C'est une employée de McDonald's, elle me propose de repasser ma commande à l'intérieur mais je ne comprends pas, je paierai plus cher (quelqu'un lui dit que je suis enseignant, que je peux payer).
Ensuite elle essaie de me réparer une très vieille imprimante qui bouffe trop de papier à la fois. Elle est de Lège et ressemble à l'une de mes collègues prof d'anglais. Je lui dis que j'aimerais habiter sur le Bassin mais que ma femme tient beaucoup à sa maison de Mérignac. Elle semble dire que je suis velléitaire et que je n'obtiendrai ce que je veux que lorsque je serai un peu trop vieux. Elle est plus jeune que moi, mélange de raillerie et de sympathie – parce que je révèle mes faiblesses avec une franche naïveté. 

51 04 15
Je cherche non pas à mourir mais à acquérir une supériorité des pouvoirs de l'esprit qui me permette un jour ou l'autre, avant ou après ma mort, soit de dominer les circonstance matérielles de manière à les incorporer à quelque chose de plus grand, soit d'acquérir la volonté de les changer matériellement. Tous les efforts de ma vie peuvent se ramener à cela et se justifier à cela.

51 05 03
Je joue aux billes avec Le Pen, énorme, parfaitement reconnaissable. Partout des salons où l'on mange ou prend le thé, garnis de personnes très snobs et bien habillées. Je ne le suis pas. Il me fait jouer à une espèce de tric-trac : sur une carte de France, nous nous faisons face, le jeu consiste à dégotter une ou plusieurs billes, petites, compactes, d'acier, en tirant avec une de ses billes à soi, à l'aide d'un bâtonnet d'acier, court. Chaque rangée de billes est défendue par une espèce de boudin de tissu. Je suis très malhabile et envoie dinguer mes billes un peu partout. Les spectateurs se marrent mais sans hostilité.
Le Pen récupère deux billes dans un berceau de poupée. Il change sans arrêt le jeu de place, attend interminablement avant chaque tir, ne m'explique pas bien comment il faut s'y prendre, d'ailleurs ne joue pratiquement pas. En lançant mes billes avec le doigt, je parviens de plus en plus à tout lui démolir. Son aide change toujours le jeu de place, substitue une carte de l'Europe à une de la France. J'occupais en France le côté Pyrénées, lui, en Europe, le côté Arkhangelsk. Mais il fait enlever le tapis d'Europe, en plastique transparent, “par égard pour (sa ?] femme”. Cela devient de plus en plus long et pénible, le réveil sonne.
Un serviteur, au milieu d'une partie, est venu me remettre mes clés d'appartement et de voiture, que je croyais perdues.
51 05 08
Mon père fait la vaisselle en tablier et grommelle très fort contre moi. Je précipité un bol et des couverts sales sur le sol en braillant : “C'est toi qui es chiant” et autres protestations grossières. Je sors dans la cour, où rôde un second père, un noir, qui pourrait me vouloir du mal mais que je sens plus généreux. Je lui lance maladroitement un couteau pour trancher sa gorge mais il l'évite. J'ai toujours peur que mon père, le Blanc, ne sorte de la cuisine pour m'égorger. Je dois me réfugier dans ma chambre de l'autre côté de la cour, sa fenêtre est restée allumée, aurai-je le temps de monter là-haut me barricader ?
Mais le Noir est parti, vaquant à d'autres soins, et mon père, que j'ai bien fait d'insulter, reste collé à sa vaisselle. J'ai bien fait de me révolter, ce rêve demeure une bonne expérience. Je voudrais que toujours les mots coulent en moi comme dans une fontaine, et que je n'aie qu'à puiser lorsque je veux écrire.


51 05 12
Nous étions à Florence. Il y avait ta mère, David et toi. Nous logions dans uen maison où les tiroirs étaient remplis de souvenirs de la maîtresse de maison qui avait tout conservé, cahiers d'écolier, vieux vêtements de son enfance. Les rues étaient hautes, étroites, achalandées, témoignant de la plus ancienne civilisation. La famille, très nombreuse, revenait, très aimable, parfaitement francophone. Annie échouait à gagner le haut d'une pente au sommet de laquelle se trouvait une école où elle devait tenir une conférence. Nous étions parvenus là après un long trajet en voiture, depuis Paris, où nous nous étions égarés, passant par un toboggan routier vertigineux et très étroit sous lequel vivaient enfermés des prisonniers.
Les pieds pouvaient s'enfoncer dans des bouches d'aération obstrués par de l'étoupe. Pour en revenir à Florence, les pièces y étaient innombrables, ma mère était là aussi, je voulais offrir à Coco des animaux sculptés flottant dans de minuscules bassins. Sonia cherchait des toilettes, finissait par en trouver. Moi aussi, mais bouchées. Les salles de bain n'en comportaient pas. Toute la famille, nombreuse, nous attendait autour d'une table pour un grand repas à l'issue duquel nous avosn noué à une espèce de Jeu des Sept Familles, découpées en diverses matières, à reconnaître au toucher, que l'on sortait d'un tiroir.
Chacun se disputait l'honneur de nous avoir à son côté. Il y avait beaucoup de personnes jeunes et dynamiques et l'animation était forte. Deux nouveaux venus se sont présentés, trente ans, moustache. L'un d'eux s'est levé, quasiment déshabillé ou s'empêtrant dans ses habits, puis a commencé un discours en excellent français. J'étais en face d'une grande fille sportive et joviale qui me faisait du genou. Annie dans la montée herbue vers l'école se plaignait que depuis une semaine nous ne pouvions plus nous parler, mais qu'enfin cela allait pouvoir reprendre. Etrange rêve, plein de bruits, de couleurs, de vie. A Florence... 

51 05 14
En voiture vers Paris avec Annie qui conduit sur une route à quatre voies. Trafic encombré – ça s'arrête, ça repart. Soudain je me retrouve à pied, essayant de suivre, la perdant de vue. Je la retrouve en clinique, elle vient de faire un malaise. Sur le lit, une infirmière lui passe un gant humide pour qu'elle puisse se laver. Ses deux seins dépassent, ronds et amusants comme deux gros yeux. Impossible de savoir, comme d'habitude ! Ce qu'elle a eu. Des gens viennet la voir, une grosse
femme de 60 ans en bleu et son mari, mais ne s'intéressent pas à elle et parlent avec l'infirmière. Il va falloir se résoudre à passer la nuit ici. Je sors à la recherche d'un hôtel. Après cent mètres de rue droite bordant des immeubles sans intérêt je parviens dans une artère semi-piétonne, commerçante, qui s'arrête au bord d'un plateau. Plus loin, perchée sur trois rochers que couronnent trois structures métalliques, s'élève une très grand et magnifique église en acier, comme “Le Patineur” de César. Des gens admirent. Je demande le nom de cette ville de banlieue. “Colleville” me dit-on. C'est tout nouveau, je ne la connais pas. J'émets à haute voix la réflexion qu'un autre “Colleville” doit exister dans le Calvados. Un touriste obligeant m'en énumère trois au nom approchant, dans le Calvados en effet. C'est un peu fastidieux mais je le remercie poliment.

51 05 22
Je viens de me livrer à une déclamation publique alternant prose et poésie en plusieurs langues. C'est très revendicatif. Je m'arrête devant le portugais, car d'autres le savent mieux que moi dans l'assistance. Je rejoins Annie qui était spectatrice et discute avec Lauronse. Stéphane vient me reboutonner le col, disant que ça fait plus moderne. Lauronse, lui et Annie discutent avec animation: Lauronse ne peut pas venir souvent parce qu'il habite loin. Pendant ce temps impatienté je tripote divers objets, Annie me les enlève des mains, alors exaspéré je gagne ma chambre au troisième étage où il faudra bien qu'elle aille me rechercher bien que nous soyons en retard.
Sous le couvre-pied s'agite le chat, coincé. Je l'en extirpe pour le papouiller un peu, mais il a été opéré du dos et tente de me griffer, ce n'est plus Hermine mais une vigoureuse femelle gouttière. Elle me griffe, je m'éveille avec un geste brusque du bras droit. 

51 06 12
Pour échapper aux soldats nazis qui vous pressent, vous ne pouvez que vous précipiter dans une série d'escalators qui vous mènent très haut. Seulement au sommet, par un procédé mal expliqué mais très rapide, vous vous retrouvez en fumée. J'explique donc à un jeune juif, Steinmetz, qu'il peut s'échapper de façon très moderne, jusqu'à ce que je m'aperçoive de la fausseté de mes renseignements. Les soldats allemands en fait, très jeunes et bien habillés, vérifient si tout le monde a disparu et fusillent sur-le-champ ceux qui se sont échappés, sous le dernier escalator en particulier. C'est d'autant plus cruel que chacun s'imagine s'évader ainsi. Dans un couloir au dernier étage se dégagent, comme organiquement, des portes blanches supplémentaires, l'une donne sur des toilettes obscures, qui ne ferment pas à clé. S'ils ne me retrouvent pas, ils redescendront jusqu'au lendemain matin et je pourrai m'échapper. Je préfère encore, plutôt que de souffrir de mille paniques dans cet endroit si exposé, me livrer ; je me réveille. 

51 06 14
L'ancienne prof de maths de ma nièce me dit que je convaincrais n'importe qui. Elle commence à se déshabiller. J'ai dû lui écrire de façon très apitoyante. Elle ou une autre... Je ne la reconnaissais même pas, au début, espérant mieux mais enfin... Nous nous retrouvons allongés à poil sur une espèce de plate-forme à poser les cartables dans le hall du collège, vers 14 h. Je lui montre une photo magnifique de ma femme, très jeune. Elle dit : “Belle architecture !” Ma femme sur la photo est accompagnée d'une autre femme au visage masqué par un défaut du cliché. “Pour le mec je ne sais pas. - C'est une femme.” Je fais croire que ma femme en drague d'autres ; je quitte alors discrètement la maison quelques jours. Elle me regarde d'un air coquin dubitatif. Notre coït se passe a retro, l'introduction ne se produit presque pas.
Alors survient le proviseur, celui de D. Il murmure en voyant nos culs : “Vous éprouvez un sentiment pour Mme...” il cherche le nom. Pour éviter complications et sanctions, je réponds oui. Il me lit une promotion. Un homme arrive en descendant l'escalier, nous voit et sourit. Ce sera bientôt tout l'établissement qui sera au courant ! Nous avions essayé de nous recouvrir avec des parties de pyjama, mais en vain. Il est 14 heures donc, des élèves arrivent, nous nous sommes rajustés tant bien que mal, j'essaye de masquer ma partenaire qui se reboutonne. Une horde d'élèves me suit dans la cour, ameutée par une petite cinquième qui crie : “V'là le fou !” Je lui réponds : “Comme dans la famille de ton père !” A la sortie du cours, Rouchy me dit qu'elle n'a pas compris ma réflexion désobligeante et qu'elle s'en vante au contraire.
Voilà comment j'ai baisé sur un châssis à cartables Mme T. , prof de maths de ma nièce... 

51 06 28
Mon père furieux d'une remarque de Vincent (en rapport avec le mot “free”) attend des excuses sur une banquette près d'un système de fenêtres allongées et coulissantes. Je dis qu'il faut aussi ménager mon mécanisme. Il répond “Les mécanismes, je les casse”. Je retourne à l'église d'un
ancien village, Pasly ; la moitié en est désormais aménagée en bar, magnifique, à l'ancienne, avec des plafonds à caissons ouvragés. Je me demande depuis combien de temps c'est là. En poussant des éléments de bar, je découvre l'église proprement dite, avec son autel, son orgue en plein milieu de la nef, sur lequel j'aimerais bien jouer.
Survient un flic en grand uniforme, qui me demande de me présenter au commissariat, bien que je ne sois pas coupable, parce que je le suis quand même. Correct et insolent. Il repart. 

51 07 04
Nous faisons route pour la Haute-Savoie, dans une énorme circulation (camions) : je manque rater une bretelle d'autoroute. Nous arrivons, Anne, Vincent et moi, dans une chambre de location luxueuse, mais avec pour voisine une pétasse. Vincent regarde un très grand “Astérix” avec une illustration des pirates sur du papier journal. On parle d'une prison où l'on torture les détenus à l'aide de dictées incomplètes et presque semblables, mais formant tout de même une suite. L'un des prisonniers s'en aperçoit, trouve qu'il manque un épisode, souffre d'incomplétude et proteste. 

51 07 08
Avec Annie au bord d'un petit canal asséché traversant effectivement un quartier de Vienne. Dans un bâtiment proche se déroule un spectacle ou un meeting quelconque. Nous parvenons à léviter en nous vidant de toute préoccupation et en cessant de respirer. D'en haut, nous projetons alors sur deux mâts deux espèces d'auréoles et nous en concevons une grande satisfaction. Cependant c'est un peu frustrant, car à la moindre angoisse nous retomberions de haut sur le sol. Nous partons ensuite dans une automobile genre 1935. Répétition de la séquence, cette fois un attentat a sans doute eu lieu dans le grand bâtiment, des ouvriers sortent en courant, suffoquant, il y aurait trois ou quatre morts.
Mais nous ne devons pas nous en préoccuper pour ne pas nous angoisser, nous nous élevons encore dans les airs, parvenons encore à enfiler nos deux anneaux sur les deux mâts, sinistres d'ailleurs, comme devant supporter chacun une roue (cf. Tableau de Brueghel). Mais cet exercice ne débouchant sur rien de plus, même si nous avons la sensation de nous déplacer sur de grandes guibolles invisibles et vacillantes, le rêve s'arrête ou se répéterait sans cesse.

51 07 12

Je donne un cours d'Arts Plastiques à des adultes. Fort chahut. Un type derrière moi veut être tranquille pour travailler, car je suis à la fois parmi les élèves. Avec Claude nous répétons une pièce servant d'avant-propos à une démonstration musicale. Il y a aussi la documentaliste. Les rôles sont retenus. Nous rentrons dans des grottes individuelles aménagées. Un peu d'angoisse à l'idée d'être enfermé là-dedans. Je voudrais ressortir profiter un peu du soleil, me promener, mais je crains de ne plus me retrouver ensuite dans l'obscurité. Le lendemain je me promène main dans la main avec Annie dans un paysage reconstituant la savane africaine : nous croisons une girafe et une hyène, craignant un lion éventuel.
Il fait très beau, très clair, nous savons que le paysage redevient européen devant nous, grande atmosphère de détente. Nous avons visité aussi en bordure de cimetière la pierre tombale de Gaston mon grand-père avec deux beaux bas-reliefs de visage, côte à côte, le représentant l'un dans sa maturité, l'autre dans sa jeunesse, et chevelu. Une voix nous raconte une anecdote, qui nous le rend plus vivant. J'aimerais en savoir davantage. Pas mal oublié de cet épisode si riche.

51 07 25, Osquich
A Andernos. Vie insouciante de station balnéaire. Parfaite entente et entr'aide des intellectuels, dans la camaraderie et le respect réciproques. Nous devons aller écouter trois versions du même morceau de Ravel, la première n'est pas très fameuse. Nous entendons à la radio que le disquaire vient de mourir (cheveux blancs bouclés, quinquagénaire sympa). Nous pouvons pénétrer dans son magasin, où l'on vendait d'anciens vinyls (nous sommes d'ailleurs à cette époque-là). Cela nous rappelle le décès de Véra Frantz, morte dans ce rêve d'une brusque attaque de pneumonie. Nous pensons que ce sont vraiment toujours les meilleurs qui s'en vont.
Nous sommes gonflés de larmes et de rage. Un ami parle en grec à des ouvriers qui travaillent sous la jetée à la consolider avec des poutres. Il leur précise qu'elle est morte à domicile sans qu'on ait eu le temps d'aller à l'hôpital. Elle était souriante, vêtue toute en bleu. Notre ami gratte dans une crise de rage une pellicule sur une grosse bouteille retrouvée dans le sable. Je réalise que perdre le même jour le disquaire et cette bouquiniste désorganise la vie intellectuelle et affective de notre petit groupe et je fonds en larmes intérieures, tout gonflé d'une rage inextinguible.

Le mort s'appelle Chouraqui, Elie.
Tout se passe autour d'un embarcadère ou d'un rudiment de jetée, autour d'une barque ensablée qu'il s'agit de remettre à flot dans un décor de vétusté

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