A ANDERNOS

 

COLLIGNON 

DESCRIPTIONS 

 NOS CLICHÉS SUR ECRAN





À ANDERNOS

68 09 16


Dans cette maison austère ont séjourné Sarah Bernhardt et d’autres jouisseurs, grands consommateurs d’huîtres dites aphrodisiaques, alors que la tendresse fait aussi bien l’affaire. Tous les volets d’arrière sont fermés, rébarbatifs. Le mur ocre clair n’exprime que quant-à-soi et hauteur. Langle droit rentrant, sur deux étages, présente à vrai dire deux croisées à vitres apparentes, ainsi que son retour vers nous, simple rez-de-chaussée percé d’une baie, d’une imposte, et d’une amorce de seconde baie bouffée par un feuillage. Le premier plan de droite en effet dresse un triangle rectangle à hypoténuse concave : talus d’aiguilles de pin, boule saillante plus vivace, puis fins de rameaux grattant la demeure ou le ciel gris. À gauche en bas le tournant mou d’une pelouse et les basses branches d’un semi-mélèze.

Entre ces deux indisciplines végétales débouche et s’étale une trop large alée de gravillon crissant, du même ocre que le mur quoiqu’un peu plus clair. C’est la voie d’accès mondain butant sur la verticalité close. Une gouttière ou bien l’ombre marque un angle sur deux niveaux. Cette partie possède un toit plat. Celle qu’un mélèze ronge s’élève au pan de tuiles incliné. Plus loin, c’est un pignon. En revenant vers nous par contre, le toit dessine un petit cul de trapèze à la landaise, avec ses équerres de soutien sous les auvents.

Cette « façade arrière » affiche ses trois paires superposées de volets clos, sans persiennes en bas. Une petite porte de service perpendiculaire à trois marches perronnières ouvre sur des salons bien pourvus : j’y suis parfois passé. Toujours ces alternances de pierres d’angle, le champ et le tranchant, le rectangle et le carré qui se superposent. Au-dessus du rez-de chaussée de droite le bâtiment s’enfonce en perspective vers la véritable entrée, où les fêtards raffinés venaient se goinfrer

illustration sans rapport avec le texte, représentant Anne Rzalevcka
d’huîtres et de tirades. Mais rien ne devait transpirer de ce côté-là, celui du portillon de livraison. Que de morgue et de secret. Dans ces salons s’exposent des meubles de choix, de fauteuils à culs de princesses et de barons d’empire. Andernos est une fête, la valetaille apporte les vivres en abondance en douce.


Commentaires

Articles les plus consultés