CITATIONS DU SINGE VERT 450 SQQ
450.- On ne s’enferme pas dans une génération comme dans blockhaus. Ou alors on finit par se retrouver seulâbre en moins de deux. Bravo les jeunes ! Ah le beau torrent impétueux ! Vivement qu’on le voie déferler dans les lits taris de la politique avec des idées neuves, et l’éclat du neuf !
SAN ANTONIO
Salut mon pope !
451.- Les enfants ne sont pas des ersatz de l’amour, ils ne remplissent pas un but de vie brisée ; ils ne sont pas du matériel destiné à remplir le vide de notre vie ; ils sont une responsabilité et un lourd devoir ; ils sont les fleurons les plus généreux de l’amour libre ; ils ne sont ni les jouets des parents, ni l’accomplissement de leur besoin de vivre, ni des succédanés de leurs ambitions insatisfaites. Des enfants : c’est l’obligation de former des êtres heureux.
STEKEL
452. - ...le peintre propose son œuvre achevée au point qu’un seul regard, nous semble-t-il, suffit à l’épuiser. Cette condition est à l’origine du malentendu fondamental dont souffrent les arts plastiques.
La peinture reste en effet inerte tant qu’elle ne rencontre pas le spectateur qui lui donne vie.
René BERGER
Connaissance de la peinture
T. I « À la rencontre de la peinture »
453.- Entre celles qui se vendent par la prostitution et celles qui se vendent par le mariage, la seule différence consiste dans le peix et la durée du contrat.
MARRO
La Puberté
454.- On enferme la femme dans une cuisine ou dans un boudoir, et on s’étonne que son horizon soit borné ; on lui coupe les ailes, et on déplore qu’elle ne sache pas voler. Qu’on lui ouvre l’avenir, elle ne sera plus obligée de s’installer dans le présent.
Simone de BEAUVOIR
Le Deuxième sexe « Situation »
ch. X « Situation et caractère de la femme »
455.- « Il ne faut pas croire au Prince Charmant. Les hommes ne sont que d pauvres êtres. » Ils ne seraient pas des nains si on ne leur demandait d’être des géants.
ead. ibid. « Justications » - « L’Amoureuse »
456.- Peut-être reviendrons-nous quelque jour aux Sciences Occultes.
BALZAC
Z. Marcas
457.- S’ils (les hommes) acceptaient d’aimer au lieu d’une esclave une semblable – comme le font d’ailleurs ceux qui sont à la fois dénués d’arrogance et de complexe
d’infériorité – les femmes seraient beaucoup moins hantées par le souci de leur féminité ; elles y gagneraient du naturel, de la simplicité, et elles se retrouveraient femmes sans tant de peine puisque, après tout, elles le sont.
Simone de BEAUVOIR
Le Deuxième sexe «Vers la libération »
458.- Les heures où on ne fait rien sont peut-être les plus pleines, c’est le travail de demain.
Marie-Louise OGIER
(Peintre)
459.- Sans peur du déchaînement total et sans concessions il atteignait souvent cette confusion de la vie avec la matière qui est la grande tentation et le grand espoir de otus les initiés.
Jacques MONNIER
Notice biographique de Chaïm Soutine
Connaissance de la peinture Tome I citant M. CASTAING
460.- De pareils cercueils démontrent l’immortalité ; en présence de certains morts illustres, on sent plus distinctement les destinées divines de cette intelligence qui traverse la terre pour souffrir et pour se purifier et qu’on appelle l’homme, et l’on se dit qu’il est impossible que ceux qui ont été des génies pendant leur vie ne soient pas des âmes après leur mort !
V. HUGO
Discours prononcé sur la tombe de Balzac le 21-8-1850
461.- L’Écrivain n’existe que par des partis pris.
BALZAC
La Muse du département
462.- Toute ferveur m’attire, toute inquiétude et toute plénitude.
Anne-Marie NOGARET
Lettre à Bernard Collignon du 18-12-1965
463.- C’est déjà assez ennuyeux de n’avoir pas d’argent, s’il fallait encore se priver !
R. de MONTESQUIOU
464.- Fac !
Devise des du Gaisnic par Ferdinand de GRAMONT
dans Béatrix de BALZAC
465.- Tu l’aimes, et tu peux lui résister !
BALZAC
Béatrix
466. - Ce que le public te reproche, cultive-le, c’est toi.
COCTEAU
Le Coq et l’Arlequin
467. - Si madame la duchesse veut bien se mettre un peu plus sur la cuisse gauche, j’aurai l’honneur de la faire jouir davantage.
Le cocher d’une duchesse, attribué par R. de Montesquiou
468.- Classicisme de choc.
COCTEAU
Le Coq et l’Arlequin
469. - Cette résistante et lourde porte de l’enthousiasme.
id. Lettre à Montesquiou
470.- Il y a des hommes qui n’ont que ce qu’ils méritent. Les autres sont célibataires.
Sacha GUITRY
471.- Les dieux meurent avec leurs derniers fidèles. Vintila HORIA
Dieu est né en exil
472.- Un fait digne de remarque, et qui cependant n’a point été remarqué, c’est comme nous soumettons souvent nos sentiments à une volonté, combien nous prenons une sorte d’engagement avec nous-mêmes, et comme nous créons notre sort : le hasard n’y a certes pas autant de part que nous le croyons.
BALZAC
Béatrix
473.- Ce n’est pas à nous d’obéir au public qui ne sait pas ce qu’il veut, mais d’obliger le public à nous suivre.
Jean COCTEAU
474.- Hortense fut la femme et Valérie la maîtresse. Beaucoup d’hommes veulent avoir ces deux éditions du même ouvrage, quoique ce soit une immense preuve d’infériorité chez un homme que de ne pas savoir faire de sa femme sa maîtresse. La variété dans ce sens est un signe d’impuissance. La constance sera toujours le génie de l’amour, l’indice d’une force immense, celle qui constitue le poète ! On doit avoir toutes les femmes dans la sienne, comme les poètes crottés du dix-septième siècle faisaient de leurs Manons des Iris et des Chloés !
H. de BALZAC
La Cousine Bette
475.- Pâs gar to bios tou authrôpou eurythmias té kaï euarmostias deïtaï.
PLATON
Protagoras 326 b
476.- C’est un des derniers hommes libres qui vous parle, libre avec tout ce que cela comporte de solitude et de manque d’électeurs. Je ne peux prétendre à être soutenu par aucun groupe, par aucune école, par aucune église, par aucun parti. Ma tribune est dans cet éther que l’avion ravage avec ses hélices, tribune entourée d’astres cruels et de personnes qui dorment et qui toutes, sur le plancher des vaches, ont un milieu et une opinion. Je nepossède ni opinion ni milieu. Je m’adresse toujours à ceux qui tâchent désespérément d’êtres libres et
qui doivent à ma ressemblance attendre de partout la gifle, au point de se demander, lorsqu’on les complimente, s’ils ne se sont pas rendus coupables de quelque erreur.
Jean COCTEAU
Lettre aux Américains
477. - N’avait-il pas pressenti depuis longtemps que le temps, les distances, le loin et le près, sont des inventions de l’homme, commodités au départ, devenues par la suite des tyrannies, des épouvantails ?
André FRAIGNEAU
Cocteau par lui-même
478.- Quelque fou que cela paraisse, le néant ou la vie, le vide ou le plein, sont des concepts naïfs que l’homme oppose à l’écœurement de s’y perdre et qu’il sculpte comme des idoles sauvages.
Jean COCTEAU
Journal d’un inconnu
479. - Tu as toutes les étoiles de la terre et toutes les flammes de l’enfer dans tes yeux.
COLERIDGE
Confession d’un vieux marin
480.- Il faut être grand ou n’être pas. On se demande, en voyant la masse des humains ordinaires, pourquoi ils vivent, dans quel but, quel intérêt ils y prennent.
BALZAC attribué par René Benjamin
481. - Le bonheur d’un homme est contenu tout entier dans les rêves d’un enfant.
BALZAC, attribué par René Benjamin
La Prodigieuse vie d’Honoré de Balzac
482.- Si tu sauves l’essentiel de ton être, ta solitude intime et quelques amitiés, si tu ne te laisses pas devenir étranger à toi-même, si tu ne te sens pas à tout moment un intrus dans ta propre maison, tiens-toi pour heureux : tu es dans les privilégiés du mariage.
Jean ROSTAND
483.- On voit approcher – lentement il est vrai – le jour où le prestige des pays occidentaux ne se mesurera plus au nombre de réfrigérateurs, mais au pourcentage d’hommes et de femmes capables de goûter une fugue de Bach ou une composition de Vasarely.
Jacques GARAI
La télévision est-elle l’opium des Français ?
Candide n° 278 du 22-8-1966
484.- Ce balancement qui ne doit pas s’interroompre entre la création de l’esprit et l’afflux du cœur fait seul les grandes œuvres.
René BENJAMIN
La Prodigieuse vie d’Honoré de Balzac
485.- La bourgeoisie est la grande souche de France ; tous nos artistes en sortent. Fils de famille émancipés. Peut-être qu’ils s’en affranchissent, mais elle leur permet de construire dangereusement sur une base.
Jean COCTEAU
Le Coq et l’Arlequin
486.- Il faut être un homme vivant et un artiste posthume.
Jean COCTEAU
Le Coq et l’Arlequin
487. - Ce qui fait l’optimisme de pessimistes tels que nous, c’est l’intuition que l’œuvre d’art collabore à des équilibres surnaturels.
id. ibid.
488.- En musique la ligne c’est la mélodie. Le retour au dessin entraînera nécessairement un retour à la mélodie (?)
id. ibid.
489.- Il y a un utile et un inutile en art. La majorité du public ne ressent pas cela, envisageant l’art comme une distraction.
id. ibid.
490.- D’une certaine attitude frivole. Si tu te sens la vocation de missionnaire, ne te cache pas la tête comme l’autruche ; va chez les nègres et remplis tes poches de pacotille.
Nègres. C’est en distribuant beaucoup de pacotille et en imitant beaucoup le phonographe, que tu apprivoiseras les nègres et que tu pourras te faire entendre.
En substituant peu à peu ta voix au phonographe, le métal brut aux verroteries bariolées.
id. ibid.
491. - Les obstacles à l’équilibre spirituel sont causés par le désir psychologique de sensation et les complexes passionnels de l’imagination qu’il engendre (et réciproquement).
Robert LINSSEN
De l’amour humain à l’amour divin
492. - L’art est fait pour troubler. La science rassure.
Georges BRAQUE
493.- Aliquid amplius invenies in silvis quam in libris. Ligna et lapides docebunt te quod a magistris audire non possis.
Saint BERNARD de Clairvaux
494. ; « On ne peut aimer une musique, me disait M. Marnold, sans savoir à fond le contre-point et l’harmonie. » C’est prétendre qu’on ne peut jouir d’un arbre sans connaître la nature de ses fibres, d’un plat sans être cuisinier.
Jean COCTEAU
Le Secret professionnel
495.- - Qu’est-ce que le mariage a changé dans votre vie ?
- Rien du tout, mais alors rien du tout ! ou alors, je ne m’en rends pas compte.
- Vous en parlez bien légèrement.
- Le mariage est une législation. C’est plus pratique pour les voyages, les hôtels et tout un tas de formalités.
- Quel sorte de papa êtes-vous ?
- Je crois avoir deviné que les enfants n’ont pas envie d’être trop traités en enfants. Il sont pressés d’accéder au monde des adultes qu’ils imaginent beaucoup plus extraordinaire que le leur. De toute façon personne n’est assez intelligent pour comprendre un enfant.
Bernard BUFFET
Entrevue dans « Candide » n° 280 du 5 au 11-9-1966
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