CITATIONS 1 - 276
C O L L I G N O N
C I T A T I O N S
N° 1 à 2 3 8
Le présent recueil contient les citations relevées par
BERNARD COLLIGNON
au cours de ses lectures , depuis
l'automne de l'année 1962 (2009 n.s.)
jusqu'à la fin de ses jours terrestres
1. Tout comme la femme cherche à être belle
pour plaire, l'homme cherche à être admirable. La
femme qu'il aime doit se prêter à ce jeu. Si
elle se montrait sceptique, si elle soulignait
chez son amant certaines faiblesses ou certaines
contradictions, elle serait aussi maladroite,
d'une clairvoyance aussi inutilement cruelle, que
l'homme qui signalerait à sa maîtresse des rides
ou un double menton.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.I ch.XIV p.152 "Le 6 octobre"
2. Vautel (NOCHER! N.D.L.E.) héritier de Har-
douin. Un de ces fameux représentants du bon
sens, qui sont chargés, de génération en généra-
tion, de maintenir l'homme moyen dans ses pensées
basses. Dans sa routine d'animal domestique. Dans
son scepticisme bedonnant. Un de ceux grâce à
qui le règne des malins continue.
id. ibid.
ch. XV p.160
3. -Mais dites, la femme, vous ne l'avez
pas revue, depuis?
- Non, non.
- Vous me l'affirmez?
- Je vous le jure.
- Ce serait très grave.
- Oh! c'est une bonne gosse. Elle ne me
vendrait pas.
- Quelle illusion! Vous êtes tous
pareils.
id. ibid.
ch. XIX p.230
4. "Eh bien non, tous ces pauvres corps de
vieilles femmes ne sont pas faits pour pareilles
épreuves. Cela ne signifie certainement pas que
le fracas et la destruction seraient plus juste-
ment réservés aux corps parfaits des hommes jeu-
nes, comme il semblait qu'il en dût être, autre-
fois, dans les autres guerres.
Georges DUHAMEL
"Lieu d'asile"
ch.XXIX
5. "Quel est mon but dans la vie? Tout est
là"
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.II ch.XV p.185
"Le crime de Quinette"
6. Je suis persuadé qu'à tout moment, il y
aurait un point, quelque part, où l'on pourrait
agir. Je vous répète que nous nous sommes laissés
abrutir par la philosophie de l'histoire. Le culte
de l'inévitable.
id. ibid.
T.II ch.XX p.222
7. Jamais rien de grand ne s'est fait sans
des audaces morales, des entorses aux principes,
qui auraient suffoqué les petits esprits.
id. ibid.
T.II, ch.XX p.236
8. Voilà le nœud de la question; la jointu-
re. Le point où l'homme d'action doit pouvoir
s'articuler sur le théoricien. Être orateur.
"(pour "(mater) une foule" et "attaquer l'ordre établi")
d'après Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.III ch.II p.30
"Les amours enfantines"
9. "Race humaine, race de comédiens. Un rôle
qui vous est échu par hasard, et qu'on joue jus-
qu'à la mort, par vanité, pour qu'il ne soit pas
dit qu'on vous en a fait démordre.
id.ibid.
p.31
10. Quand on veut obtenir des ouvriers, des
inférieurs en général, qu'ils fassent à peu près
ce qu'on leur demande, et aussi qu'ils vous con-
sidèrent, il ne faut pas regarder à quelques
sous.
id.ibid. T.IV "Eros de Paris"ch.I p.9
11.- Il revoit le jour de sa première communion. Journée d’affres et de tremblement ; puis de fatigue fiévreuse, de rancœur presque rancunière, après une semaine vécue à travers une nuée de scrupules, comme si l’on avançait nu dans des tourbillons de moustiques. La terreur constante de perdre le fameux état de grâce. Le matin même, sous le porche de l’église, ses yeux avaient rencontré par hasard une petite communiante. D’office il s’était soupçonné coupable de pensée impure. Il lui avait fallu aussitôt trouver un vicaire, le premier venu – sans prendre le temps de chercher son confesseur à lui – et s’accuser. Toute la cérémonie s’était déroulée sous la surveillance de ce terrorisme intérieur. Bonnes conditions pour goûter les abandons célèbres de l’Eucharistie.
« C’était entendu. J’exagérais un peu. Mais qui était le plus dans le vrai, moi, ou le fils du crémier sur la chaise d’à côté qui rigolait en douce ? Et plus tard – un ou deux ans plus tard,je ne sais plus – quand je suis tombé sur la phrase de l’Évangile : « Il n’y a qu’un péché qui ne sera pas pardonné : le péché contre l’Esprit. » Exactement une vrille atteignant en trois tours l’endroit de l’âme le plus atrocement central. Je n’oublierai jamais le bleu-ciel douceâtre de la couverture du livre, ce bleu-ciel menteur dans lequel un tonnerre venait d’éclater. »
Jusque-là, il avait eu la hantise du péché mortel et de la communion sacrilège. Pourtant l’absolution restait à sa portée. Mais maintenant, puisqu’il avait découvert le péché sans absolution, et par nature le plus immatériel, le moins palpable de tous, qui l’empêcherait de le commettre, ou de craindre de l’avoir commis ? La volonté n’y pouvait rien. L’enfant savait déjà, par une âcre expérience, que la volonté se divise contre elle-même. À la rigueur, quand c’est une action qui constitue le péché, la volonté peut se rassurer un peu en se convainquant que l’action n’a pas été faite. Mais quand le péché est une pensée, quand il est tout entier de la substance de la pensée, il devient inséparable d’elle ; il sort d’elle comme d’une poitrine ; il est mêlé à son moindre souffle.
« Désormais j’avais la damnation logée en moi. Je portais en même temps le gouffre et son vertige. Je revois cette impériale de tramway du dimanche. J’allais au Bois de Boulogne avec mes parents. Les gens du dimanche ne prenaient pas garde à ce pauvre petit enfant de treize ans qui, serrant les lèvres, portait l’abîme chrétien sur l’impériale ensoleillée. Leur abîme, pourtant ; même s’ils n’y pensaient plus ; celui de leur civilisation ; celui de leurs ancêtres. Facile de sourire. L’âme n’a pas d’âge. Moi,je le sais. Honte sur moi si plus tard, quand j’aurai quarante ans, soixante ans, je jette un regard d’ironie indulgente sur un visage de treize ans habité par une douleur inconnue. Et d’ailleurs, y avait-il niaiserie de ma part, méprise puérile ? Mais non. Encore une fois non. Quel était mon tort ? De prendre les choses trop au pied de la lettre ? Mais d’abord, en matière de religion, qui vous permet de ne pas prendre les choses au pied de la lettre ? De quel droit « en prendre et en laisser ? » Attitude de farceur, de tièdes, de candidats à l’incroyance. Je dis qu’un prétendu chrétien qui eût souri de moi n’eût été qu’un amateur. Le système étant donné, c’est moi qui avais raison. Pascal aussi avait porté l’abîme. Comme je me sentais le frère, le cadet tardif de tous ces torturés des grands siècles chrétiens ! Guirlandes de la damnation sur l’ogive des portails. Gargouilles. Torsion désespérée des cathédrales. Vocero de l’enfer. Le moyen âge, je sais ce que c’est. J’y ai vécu. Tous ceux qui ont admis la prédestination et qui se disaient : « Je suis du mauvais côté. » Même Pascal criant si fort « Je suis sauvé » parce qu’il claque de peur.
Jules ROMAINS
Les hommes de bonne volonté
11 bis . - « Quand je suis tombé sur les formidables imprécations de Lucrèce : Humana ante oculos… horribili super aspectu mortalibus instans… Pour d’autres, c’était un texte de version latine. Mais moi, je le vivais littéralement, son cri, vingt fois séculaire ! Ah ! Quelle sombre jeunesse préchrétienne il a dû avoir ! Car ça ne date pas du christianisme ; comme le
croyait ce polémiste simplificateur de Nietzsche ; le christianisme a simplement approfondi le vertige ; a élevé le supplice à la puissance infinie.
id. ibid.
11 ter. - Le principal : d’avoir atteint dès treize ans le sommet de la douleur humaine.
id. ibid.
11 quater. - Avoir eu de son avenir, de sa destinée, une vue elle, que non seulement la mort n’y apparaissait pas comme un malheur important, mais – arme la plus terrible inventée par la religion contre l’homme - que la mort y apparaissait comme un recours inutile. Un état où l’on se dit que se tuer de désespoir serait inopérant pour mettre fin au désespoir. Après ça, de quelle hauteur on arrive sur les incidents ordinaires de la vie !
id. ibid.
11 quinquies. - Les parents ou leurs amis qu’on entend gémir sur des pertes d’argent ! Petites misères touchantes de l’adulte.
7O. Le rationalisme parle comme si la connaissance, automatiquement ou laborieusement,
allait toujours dans le sens d'un enrichissement
de l'être humain. C'est ce que l'on conteste.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
71. Les philosophes se (sont) ingéniés, en accord avec les savants, à vider le monde de la présence de l'homme.
id. ibid.
72. (Le rationalisme) a oublié que l'esprit connaissant est un esprit existant, et qu'il est tel non pas en vertu de quelque logique immanente,
mais d'une décision personnelle et créatrice.
id. ibid.
73. L'existant...ne recherche pas LA
vérité, une vérité impersonnelle et différente à tous, mais SA vérité, une vérité qui réponde à ses aspirations, comble ses attentes, dénoue ses
problèmes.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
74. Ce n'est pas LA mort qui est un
problème philosophique mais QUE JE MEURE.
id. ibid.
75. Le sujet n'est (cependant) pas
enfermé dans son je-je, mais affronté au monde
entier.
id. ibid.
76. On n'ose pas aviser le premier fou, le
fou noyé dans son rêve intérieur, mais le second,
le fou lucide et satisfait qui ne vit plus que
chose parmi les choses, on frémit aussi de le
regarder, "par crainte de découvrir qu'il n'a plus
de vrais yeux, mais des yeux de verre et des
cheveux de paillasson, bref, qu'il est un produit
artificiel".
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes" p. 19
+ citation de KIERKEGAARD
77. Il n'y a pas d' Être, il n'y a que des
existants.
id. ibid.
78. Soit un poinçonneur de métro, qui du
matin au soir perfore des tickets dans une vague
inconscience, ou un petit rentier qui somnole dans
son confort. Vies dont on éprouve le malaise de
penser qu'elles sont quasi-fonctionnalisées, dont
les ressources secrètes, les puissances
d'émerveillement tarissent peu à peu. A la limite,
vies sans mystère. Devant de telles inexistences,
une exigence incoercible vous saisit, le besoin
d'y découvrir un mystère, une secrète plénitude
d'être qui ne se réduise pas à un déroulement
d'états inconsistants.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
79. Un inexistant est un homme qui ne
s'embarrasse pas de questions.
id. ibid.
80. La philosophie ne commence pas par une
acquisition, mais par une conversion, comme la
religion.
id. ibid.
81. Il faut nous débarrasser du préjugé que
la volonté de rester en dehors de l'objet soit
toujours favorable à la connaissance.
id. ibid.
82. C'est par erreur qu'on a cru voir dans la
méthode existentialiste une logique du
sentiment...
L'existentialisme refuse simplement de laisser
aux catégories rationnelles le monopole de la
révélation du réel.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
83. Oui, j'en ai assez de porter toujours
mon âme, j'ai hâte de trouver ce pays où le
soleil tue toutes les questions. Ma demeure n'est
pas ici.
CAMUS
"Le Malentendu"
84. Oh ! je hais ce monde où nous sommes
RÉDUITS A DIEU !
id. ibid.
85. Priez votre dieu qu'il vous fasse
semblable à la pierre... c'est le seul vrai
bonheur.
CAMUS
"Le Malentendu"
86. Le sérieux existentiel est à la fois
engagement et dégagement, souci de présence et
d'insertion, et crainte de s'immobiliser dans les
positions acquises et dans les fidélités
enregistrées.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
p. 31
87. Une conception singulièrement
dramatique du destin de l'homme.
id. ibid.
88. Un nouveau mal du siècle.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
89. Vous voyez l'air de cette jeune femme,
son assurance, le regard joliment dédaigneux
qu'elle nous jette... cette affirmation... oh !
charmante ! du contentement de vivre et d'être ce
qu'elle est... ce refus de toute crainte... ?
Chaque fois maintenant que je suis en présence
d'une de ces images, pleine d'une gracieuse, à
peine agaçante royauté féminine, qui jadis me
séduisaient ou m'intimidaient sans plus, je pense
à tous les visages pareils à celui-là qui ont vu
s'aligner en face d'eux un peloton d'exécution,
dans un des pays que j'ai parcourus... moins que
cela... qui ont eu à pleurer en vain pour
attendrir le garde-chiourme d'un camp de
concentration... qui se sont figés d'épouvante à
l'entrée de policiers dans un vestibule, ou devant
une bande d'énergumènes qui hurlaient... Oui, …
tous les visages qui ont découvert en un dixième
de seconde que le sourire un peu dédaigneux, les
sourcils coquettement froncés, le regard de
princesse, cela ne servait à rien, absolument à
rien, que toute cette parade de défi,
²de hardiesse, d'invulnérabilité, de "je ne ferai
jamais que ce que je voudrai", et de "c'est vous
plutôt qui ferez ce que je voudrai pour ne pas me
déplaire", que tout cela était chose creuse,
coquille friable, prête à s'effondrer, convention
et comédie bonnes pour les temps où l'on joue à la
gentillesse. Le jour où les brutes mettent leurs
pattes sur la vie, le jour de la Kommandantur, de
la Tchéka et des mitrailleuses... quand on n'a
plus devant soi que la force terrible et nue... si
réelle que plus rien d'autre n'est réel... hein ?
qu'est-ce qu'il reste de ce joli jeu ? Oui, j'ai
envie de dire : "Pauvre petite ! " (Pas moi)
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXII, Les Travaux et les Jours" pp. 184-5
90. L'ON N'A PAS RAISON. L'ON SE DONNE
RAISON.
id. ibid.
T. XXIII "Naissance de la Bande" p. 161
91. Il ne s'arrêtait à aucune vision
particulière. C'était plutôt comme si des images
vives, marquées chacune d'un excès, eussent été
jetées dans la trémie de sa tête et brassées
ensuite par un vent violent. Il y avait des
visages de nègres, de grosses lèvres de nègres,
des seins et des croupes de négresses, des femmes
très parées, à cheveux courts, dansant avec
impudeur dans les bras de jeunes hommes minces, au
regard froid et sportif. Une ronde de corps nus,
tous noirs, tous blancs, ou alternés. Des caresses
qui soudain parcouraient ces rondes, les
ralentissaient, les couchaient à terre. Ou bien,
le long d'une rangée dansante et gracieuse comme
celle des Panathénées, de fines mains de jeunes
femmes, d'un geste pareil, saisissaient de jeunes
dieux ithyphalliques. Il y avait des cortèges
d'hommes durs, des saluts du bras levé, des
matraques tombant sur de vilains crânes, sur des
dos voûtés et chétifs ; des acclamations ; des
monuments où l'on entrait par-dessus des grilles
renversées ; des pelotons d'exécution face à des
murs très lumineux, et le bruit des salves était
couvert par celui des fanfares. Il y avait des
festins et des orgies dans des palais tout neufs
aux murs blancs, aux lignes nues, sortis du sol
comme un ascenseur qu'on appelle par un bouton.
Tout cela était fouetté de soleil à travers des
secousses rythmiques, à mi-chemin du spasme de
sexe et de la contraction de muscle d'athlète ; et
réveillé constamment par une saveur qui
ressemblait à celle du champagne nature glacé.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXIII "Naissance de la Bande" pp. 167 / 8
92. Les imbéciles ! ils paieront ça ; ils
paieront leur dédain pour tout ce qui est beauté,grandeur, noblesse de la vie... leur rêve de toute une humanité en savates, en gilet de laine, en bretelles flasques, qui acceptera de vivre dans des cabanes à lapins, sur des ruelles de gadoue, du moment qu'il n'y aura plus de patrons, plus de femmes trop bien habillées, qu'on en fichera le moins possible, et qu'il sera assuré aux ex-damnés de la terre un minimum de six heures par jour pour
jouer à la belote ou pêcher à la ligne.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
id. ibid. T. XXIV
"Comparutions" p. 69
93. On nous dit qu'en suivant Hitler le
peuple allemand proteste contre des injustices
qu'il aurait subies, ou se prépare à assouvir un
besoin de revanche. Oui, sans doute. Mais il
acclame encore plus l'homme qui, par des
incantations délirantes, l'arrache à des années de
d‚pression nerveuse, qui, par des cérémonies
néo-barbares, lui prodigue les secousses,
l'ébriété ; qui, en lui faisant persécuter les
Juifs,brûler les bibliothèques, lui procure, à lui, peuple cultivé, le plus grand scandale
intérieur. Les Allemands savent qu'avec Hitler,
quoi qu'il arrive, ils ne s'ennuieront pas.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXV - "Le Tapis Magique" p. 127
94. Pourquoi ce qui est délicieux à vivre
serait-il honteux à décrire ?
id. ibid. p. 199
95. Je me disais souvent que la carrière de
séducteur de femmes devait être très difficile,
qu'il était donc un peu trop commode de la
mépriser chez autrui, que les raisins étaient trop
verts, etc... Il en résultait une admiration
involontaire, et assez aigre, pour ce type
d'hommes ; l'idée que dans leur genre ils
formaient une classe hautement douée et
privilégiée. Et comme tous n'offrent point de dons
physiques éclatants, il fallait aller jusqu'à leur attribuer soit une sorcellerie, soit un
rayonnement vital d'une puissance mystérieuse,
bref des formes de supériorité que rien ne
remplace, qu'aucune étude ne procure, et dont, si
l'on veut être tout à fait sincère, l'on ne se
console point d'être privé.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXVI - "Françoise" pp. 55 / 6
96. ...il est immoral de faire les choses
loyalement, et il est moral de les faire
hypocritement.
id. ibid. p. 226
97. Ce qu'on annonce de mauvais est presque
toujours vrai.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXVII "Le 7 Octobre" p. 29
98. "...il n'y a pas ici de procès à faire.
Louis n'est point un accusé, vous n'êtes point
des juges ; vous êtes, vous ne pouvez être que
des hommes d'État et les représentants de la
nation. Vous n'avez pas une sentence à rendre pour
ou contre un homme, mais une mesure de salut
public à rendre, un acte de providence nationale à
exercer."
ROBESPIERRE
Procès de Louis XVI
99. "Qu'est-ce qu'un ridicule que personne
n'aperçoit ?
STENDHAL
"La Chartreuse de Parme"
ch. VI p. 102
100. "Qu'importe ton sein maigre, ô mon
objet aimé ?
On est plus près du cœur quand la
poitrine est plate
Et je vois, comme un merle en sa cage
enfermé,
L'Amour entre tes os rêvant sur une
patte.
Louis BOUILHET
101. Le temps qu'on passe à rire est le
mieux employé.
Sadi CARNOT
102. L'oiseau cache son nid, nous cachons
nos amours.
Victor HUGO
"Les Contemplations"
"Autrefois" - "L'âme en fleur"
103. Aimez-vous ! C'est le mois où les
fraises sont mûres.
Victor HUGO
"Les Contemplations"
"Autrefois" - "L'âme en fleur" n° 26
104. "Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une
pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire
que d'avoir une mauvaise âme. C'est d'avoir une
âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une
âme habituée."
PÉGUY
105. Le plagiat est la base de toutes les
littératures, excepté de la première, qui
d'ailleurs est inconnue.
GIRAUDOUX
"Siegfried" Acte I
106. Il n'y a de joie de la jeunesse que
pour les parents. C'est très tragique au contraire
d'être jeune.
GIRAUDOUX
"Tessa II" - 4Š tableau sc. 1
107. L'erreur des éducateurs et des parents
est de parler trop souvent aux enfants un langage
stupide. Nous Deux ? N° ?
108. Vous croyez à la possession, alors
qu'en amour il n'y a que la présence.
GIRAUDOUX
"Cantique des Cantiques" sc. 8
109. Depuis que je t'aime, ma solitude
commence à deux pas de toi.
id.
"Ondine"
110. "Je t'aime, Lia. Je ferai ce que tu
veux.
- Ce que je veux ! ce que je veux !
c'est encore un beau maître que je me donne l… !"
GIRAUDOUX
"Sodome et Gomorrhe" Acte I
111. LIA - Tu as mis sur ta vie pour ne pas
me la donner, quand pourtant ton amour soufflait à
la détacher, le plomb de ton travail.
JEAN - Tu crois en toi ? Tu crois
encore à cette femme que les hommes ont faite de
toutes pièces ? Tu crois à ces défauts et à ces
vertus qu'ils t'ont passés au cou et qui ne sont
pas plus toi que ton collier.
LIA - Et l'homme, lui, garde toute
ces cocardes qu'il s'est attachées lui-même ? Il est bon. Il est courageux. Il est fidèle.
id. ibid.
112. Auprès du pétrole, un cadavre n'a
jamais senti.
id. "La Folle de Chaillot" Acte I
113. L'amour est le désir d'être aimé.
GIRAUDOUX
"La Folle de Chaillot" Acte II
114. Que penserait celui que j'attends s'il
savait que j'ai dit je t'aime àceux qui m'ont
tenue avant lui dans leurs bras.
id. ibid. Acte I
115. Mon cher sourd-muet, taisez-vous. Vous
nous cassez les yeux.
id. ibid. Acte II
116. O vous tous, que torture l'idée que
votre femme a un amant, imaginez qu'elle n'est
plus votre femme, faites qu'elle ne soit plus
votre femme et le bonheur vous reviendra... C'est
simple, et personne n'y pense.
id. "Sodome et Gomorrhe"
117. Elle nous a dénoncées… Toutes… À un homme. Elle a dit à un homme que les femmes n’étaient pas des anges.
id. ibid.
118. ...(la vie en couvent, « ce long suicide accompli dans le sein de Dieu ».
BALZAC
La Duchesse de Langeais p. 1
119. Une aristocratie est en quelque sorte la pensée d’une société.
id. ibid. p. 37
120. Le vague souvenir de mes grandes conceptions avortées me laissaient de trompeuses lueurs qui m’habituaient à croire en moi, sans me donner l’énergie de produire.
BALZAC
Le Médecin de campagne p.251
121. Wenn uns der Morgen nicht zu neuen Freuden wackt, am Abends uns keine Lust zu Hoffen übrig bleibt, ist’s wohl des An- und Ausziehen wert ?
GOETHE
Egmont 2er Aufzug
122.- « Il n’y a plus d’hommes, Ruth bien-aimée. C’est pour cela que l’air est léger, que tu es légère. On a enlevé les hommes de notre âme et de notre corps. C’est notre cadeau de fin du monde. Ces peines d’hommes que nous feignions de ressentir, ces travers d’hommes que nous feignions de comprendre, ces joies d’hommes que nous feignions de partager, on nous en débarrasse. Fini, cet appareillage si faux de ma faiblesse et de leur force, de ma peau tendre et de leur barbe, de nos nonchalances et de leur zèle. Quel soulagement qu’ils ne soient pas là à nous passer des vêtements ininflammables, des souliers étanches, et l’énergie, et l’activité, et leur baiser d’adieu, toutes les inventions de leur puérilité, et qu’ils nous laissent aller sans geste et sans révolte à la paresse éternelle ».
GIRAUDOUX
Sodome et Gomorrhe Acte II
123. JEAN : Il n’y aura plus dans notre lit le corps insensible de la volupté.
id. ibid.
124. JEAN : Vous avez peur, toutes ?
LIA : Pourquoi toutes ? Ici nous ne sommes qu’une femme. La seule femme.
JEAN : Tant pis pour vous. Ici nous sommes des milliers d’hommes, des millions d’hommes.
id. ibid.
125. Son indulgence envers chacun d’eux avait été celle d’un enfant, aussi spontanée, aussi libre, aussi pure.
BERNANOS
La Joie
126. L’expérience est une invention des vieux qui met les jeunes en colère, sans profit pour personne.
BERNANOS
La Joie
127. On s’aperçoit toujours trop tard que les enfants ont une vie propre particulière, à laquelle nous n’avons pas accès.
id. ibid. 2e partie
128. Le grand déchirement d’une brusque rupture avec le passé, c’est-à-dire avec soi-même.
id. ibid.
129. ...la gorge sur le ventre et le ventre sur les cuisses.
ZOLA
Germinal
130. Il battait Lydie comme on bat une femme légitime.
id. ibid.
131. Les mœurs des villes vivantes sont plus curieuses à observer que les restes des cités mortes.
G. de NERVAL
132. Toute créature a sa beauté propre.
BALZAC
La Fille aux yeux d’or
133. Je hais par-dessus tout les femmes qui rient de l’amour.
MUSSET
Confession d’un enfant du siècle
IIe partie ch. 3
134. Projets de bonheur, vous êtes peut-être le seul bonheur véritable ici-bas !
id ibid. Ve partie ch. 1
135. Mélange adultère de sérieux et de désinvolture, d’érudition de pacotille et de maîtrise artistique, mais âme essentiellement sympathique, tel nous apparaît Gérard, le gentil, le bon Gérard. Ce serait pourtant le trahir que de s’en tenir à cette vue, si complexe soit-elle déjà. En cette frénésie de lectures, sachons discerner l’inquiétude d’une âme en peine (…)
Il composait des théories à lui pour expliquer tout ce qui aurait pu le surprendre et il croyait fermement à ces théories et à leur efficacité. (…)
Le trait distinctif de Nerval reste son absence de certitude, sa foncière timidité. Il a besoin de garants pour penser, pour rêver, pour vivre, pour écrire. « Une âme se cherche en gémissant » (…)
La complexité de ce moi nous interdit les généralisations hâtives (…)
Il n’y a pas d’évolution de Nerval, mais une suite d’essais, de velléités, de sursauts.
L. CELLIER
Gérard de Nerval, l’homme et l’œuvre
136. Lamartine, grande victime de l’évolution du goût.
id. ibid.
137. Laß mich dich halten.
197. Oh ! La route est amère
Depuis que l'autre Dieu nous attelle à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en toi que je crois.
RIMBAUD
"Soleil et Chair"
198. Nous ne sommes pas au monde. La vraie
vie est absente.
id.
199. Difficultés du rapport chrétien
d'homme à femme...
Y. BONNEFOY
"Rimbaud par lui-même"
200. Cette vie d'illusions, de cruels
renouveaux, cet ENFER.
id. ibid.
201. Qui n'a pas été vraiment aimé, ne peut
se résigner à mourir.
Y. BONNEFOY
"Rimbaud par lui-même »
202. Toute conscience de soi, découvrant à
l'homme son impuissance, l'oblige au mépris de
soi.
id. ibid.
203. (La sexualité), qui aurait pu être le rythme même de la participation au réel, ici, sous le signe de l'interdit, elle ne produit plus que le VICE.
id. ibid.
204. Déployez votre esprit, mais ne servez pas d'amusement aux autres ; car sachez bien que, si votre supériorité froisse un homme médiocre, il se taira, puis dira de vous : "Il est très amusant!"terme de mépris.
BALZAC
"Le Lys dans la Vallée"
2O5. Les slips "Kangourou" sont à la portée
de toutes les bourses...
X...
206. Le doute travaille en ce moment la
France. Après avoir perdu le gouvernement
politique du monde, le catholicisme en perd le gouvernement moral. Rome Catholique mettra toutefois autant de temps à tomber qu'en a mis
Rome panthéiste. Quelle forme revêtira le sentiment religieux ? Quelle en sera l'expression nouvelle ? La réponse est un secret de l'avenir.
BALZAC
Préface au "Livre Mystique"
207. ..."Matérialité de la pensée, et son
énergie magnétique... (Les) idées ont une vie
propre par elles-mêmes... Elles vivent aussi en
dehors... Le fluide nerveux qui se dégage du
cerveau, et qu'on appelle vulgairement la volonté,
est une force dont le mécanisme n'est pas encore
connu, ni le potentiel évalué, ni l'utilisation
appliquée... La télépathie, la clairevue, le
somnambulisme... ; les extases..., sont des
phénomènes produits par une projection de fluide.
C'est ainsi que s'expliquent les miracles par
attouchement ou à distance, opérés par Jésus et
par ses apôtres. En déterminant les rapports
qualitatifs et quantitatifs de la pensée avec la
volonté, les physiologues arriveront à des
résultats de plus en plus surprenants. Ils
trouveront les moyens d'explorer la zone subtile
de la pensée et du sentiment. Les hommes exercés
en viendront à communiquer d'esprit à esprit, à voir, à lire dans les cerveaux sans recourir aux sens charnels."
Ph. BERTHAULT
"Balzac"
208. Les hommes n'admettent guère,
peut-être avec raison, la vertu des femmes
indépendantes.
MAUPASSANT
"Notre Cœur" p. 15
209. Rien n' (est) plus difficile que de
rendre heureux un homme qui se sent fautif.
BALZAC
"Le Lys dans la Vallée"
210. Il ne suffit pas d'être un homme, il faut être un système.
id.
211. Créer, toujours créer ! Dieu n'a créé
que pendant six jours !
idem
212. Hoc est vivere bis,
vita posse priore frui.
MARTIAL
"Épigrammes"
X, XXIII, 7
213. La haine n'est pas le contraire de
l'amour, c'est son autre visage.
P. HÉRIAT
214. L'homme est un bouffon qui danse sur
un précipice.
BALZAC
215. Qu'a faict l'action genitale aux
hommes, si naturelle, si necessaire et si juste,
pour n'en oser parler sans vergongne, ... ? Nous
prononçons hardiment : tuer, desrober, trahir ; et
cela, nous n'oserions qu'entre les dents ?
MONTAIGNE
"Essais" L. III ch. X
216. Comme le cœur déborde de pouvoir consoler l'innocent à qui l'on a fait du mal !
LAUTRÉAMONT - Ier chant de "Maldoror"
217. Abstineas avidas, Mors, modo, nigra,
manus.
TIBULLE
I, 3
218.- À mesure qu’on a plus d’esprit, on trouve qu’il y a plus d’hommes originaux. Les gens du commun ne trouvent point de différence entre les hommes.
PASCAL
Préface aux Pensées
219.- L’homme compte passer les trois-quarts de sa vie à souffrir pour se reposer le 4e quart ; et, le plus souvent, il crève de misère sans plus savoir où il en est de son plan.
Lettre de RIMBAUD
6 1 1886
220. - Ton esprit est tellement malade que tu ne t’en aperçois, et que tu crois être dans ton naturel, chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur.
LAUTRÉAMONT
Ier Chant de Maldoror
221.- Les analyses d’hommes homosexuels montrent toujours qu’ils ont peur des organes génitaux féminins, ...instruments de castration capables de mordre ou de déchirer le pénis.
(les hétérosexuels aussi…)
Dr A. BERG
Les problèmes de l’homosexualité, 2e partie
222.- Le mérite d’un roman n’est pas dans l’intrigue
Abbé BERTHAULT
Balzac
223.- Sentir des élans de tendresse, des palpitements d’amour, mais ne jamais savoir si on les ressent avec vous !
ZOLA
Lettre, à 20 ans environ
224. - Lorsque je jette un regard à l’horizon, je me vois seul ; rien ne m’attache à la vie, ni haine, ni amour. Je me demande avec angoisse si je n’ai pas de cœur, si le ciel m’a fait misérable, si je ne suis qu’un tas de boue incapable de briller.
id.
Lettre à Braille
225.- Je me battrais vraiment, si j’en valais la peine.
ZOLA
Lettre à Braille
226. - Une peur de lui-même insurmontable le paralyse. Il n’agit pas, dans la crainte de l’échec. Il manque de hardiesse et de courage ; il préfère la rêverie qui lui donne, à bon compte, et sans risque, une ébauche de ce qu’il désire (…) C’est un vieux garçon, un père tranquille, un ennemi de toute complication (…) Il renonce (à modifier ses habitudes) par une sorte de paresse mêlée d’appréhension (…) Il a la hantise du ridicule, la constante inquiétude de ce que l’on pense de lui.
CASTELNAU
Zola
227.- On retrouve son étonnante obstination, sa merveilleuse foi dans sa destinée. Il pose orgueilleusement sa devise : « Tout ou rien », et, durant sa vie entière, sans lassitude apparente, sans relâche, il s’élèvera sans cesse, visant toujours plus haut.
id. ibid.
228.- Il y a là quelque chose de sublime à trouver. Quoi, je l’ignore encore. Je sens confusément qu’une grande figure s’agite dans l’ombre, mais je ne puis saisir ses traits.
ZOLA
229. - Il n’y a point d’homme condamnable, qui, au milieu de tout le mal qu’il a pu faire, n’ait encore fait beaucoup de bien.
ZOLA
L’argent
230. - La conduite de Dieu, qui dispose toute chose avec douceur, est de mettre la religion dans l’esprit par les raisons, et dans le cœur par la grâce. Mais de la vouloir mettre dans l’esprit et dans le cœur par la force et par les menaces, ce n’est pas y mettre la religion, mais la terreur.
PASCAL
Pensée 9
Éd. Chevalier
231.- Qu’est-ce qu’un homme dans l’infini ?
id. - Pensée 84 – Même édition
232.- Il est bien plus aisé d’accuser un sexe, que d’excuser l’autre.
MONTAIGNE
Essais, L. III Ch. V , fin
233.- L’homme est ainsi fait, qu’à force de lui dire qu’il est un sot, il le croit ; et à force de se le dire à soi-même, on se le fait croire.
PASCAL
Pensée 102
Éd. Chevalier
234.- Tout arrive et rien n’arrive. Autant rester les bras croisés.
ZOLA
Au bonheur des dames
235.- Les Thébains avaient le régiment des amants : beau régiment ! quelques-uns l’ont pris pour un régiment de sodomites : ils se trompent ; c’est prendre l’accessoire pour le principal.
VOLTAIRE
Dictionnaire philosophique
« Amitié »
236.- (l’Amour)… « c’est l’étoffe de la nature que l’imagination a brodée ».
ZOLA
Amour
237.- La nature de l’homme est tout naturel : omne animal
PASCAL
Pensée 121 - « Chevalier »
238.- Était-ce donc si bête, l’amour ? Quoi ! Ce garçon qui avait tout un bonheur sous la main, et qui gâtait sa vie, et qui adorait une gueuse comme un saint-sacrement !
ZOLA
Au bonheur des dames ch. V
239.- Qu’avaient-ils donc tous ? Pourquoi se tourmenter de la sorte ? ELLE s’estimait très heureuse de n’aimer personne. id. ibid. ch. VII Sale femme. FRIGO.
240.- Chacun est un tout à soi-même, car, lui mort, tout est mort pour soi. Et de là vient qLes ue chacun croit être tout à tous.
PASCAL
Pensée n° 139 Éd. Chevalier
241.- Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n’être pas fou.
id. Pensée n° 184 Éd. Chevalier
242.- Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, ni application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin,le dépit, le désespoir.
id. Pensée n° 201 Éd. Chevalier
243.- Le Torticolis ne bat pas encore son plein lorsque nous y débarquons, pour la bonne raison qu’il n’est pas plein ; mais je suis bien persuadé que s’il était plein il le battrait.
SAN ANTONIO
En peignant la girafe
244. - Sacré cochon, là-haut ! Tu ne peux donc pas nous foutre la paix ?
ZOLA
La terre
2e partie
245.- La liberté consiste dans une compréhension du déterminisme… le sage c’est donc finalement le savant.
Jean BRUN
Le stoïcisme « Que sais-je ? » p. 120
246. - Vous vous plaignez du cul des femmes qui est MONOTONE. Il y a un remède bien simple, c’est de ne pas vous en servir.
FLAUBERT, à Maupassant.
247.- L’amour n’est donc plus qu’une légende, faite pour être chantée en vers ou contée en des romans trompeurs. MAUPASSANT Notre cœur
248.- Ce qu’est pour moi l’œuvre de Cocteau le 11 04 64 : Un papillonnement de clinquantes banalités » A.M. SCHMIDT Maupassant par lui-même
249.- « Je sens à temps les petits vents qui me viennent taster et bruire au dedans, avantcoureurs de la tempeste » -!!! MONTAIGNE Essais III, X, 259
250.- Amys vous notterez que par le monde y a beaucoup plus de couillons que d’hommes et dece vous soubvienne.
RABELAIS
251.- Je porte en moy mes préservatifs.
MONTAIGNE
Essais III, ch. 12
252. - Nihil tam absurde dici potest quod non dicatur ab aliquo philosophorum.
CICÉRON
De divinaione
253.- Sans l’adultère, que seraient toutes nos littératures ?
Denis de ROUGEMONT
L’amour et l’Occident
254.- Les vulgarités minutieuses de nos psychologies…
id. ibid.
255.- Dans une chambre fermée de cloisons entr’ouvertes de tous les côtés.
DIDEROT
Jacques le Fataliste
256.- Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes assis que sus nostre cul.
MONTAIGNE
Essais III ch.13
257.- (il valait) mieux être en bas, où ils pourraient faire le mal et le bien, qu’en haut, où Dieu ne leur permettait que le bien. PRIÈRE CATHARE
258.- Les liens du mariage, cette « jurata fornicatio ».
Denis de ROUGEMONT
L’amour et l’Occident
259.- Je pense d’une façon et je ne saurais m’empêcher de faire d’une autre.
DIDEROT
Jacques le Fataliste
260 . - Avec Descartes, Pascal considère que toute la dignité de l’homme consiste en la pensée et que, dans le domaine du corps, règne un strict automatisme.
MESNARD
Pascal
261.- ...cette suspension des conclusions que certains érudits, parfois, semblent confondre avec la science.
Denis de ROUGEMONT
L’amour et l’Occident
262.- Il est aussi ridicule de jurer à une femme qu’on l’aimera toujours que de soutenir qu’on se portera toujours bien ou bien qu’on sera toujours heureux.
d’après MONTESQUIEU
Lettre présumée LV
263.- Quelques enragés occupent la piste de danse et se remuent le panier en faisant croire qu’ils s’amusent comme des petits fous.
SAN ANTONIO
Mes hommages à la donzelle
264.- Le seigneur endormi que tu abritais : l’homme.
SAINT-EXUPÉRY
265. - Si l’argent ne fait vraiment pas le bonheur…, rendez-le.
Jules RENARD
266. - Derrière la préférence accordée par l’auteur [de Tristan et Yseut] à la règle de chevalerie, il y a le goût du romanesque. Derrière le goût du romanesque, il y a le goût de l’amour pour lui-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’obstacle favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là qu’un amour de l’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut subi et qui est enfin racheté.
Denis de ROUGEMONT
L’amour et l’Occident
267.- Nullæ sunt inimicitiæ, nisi amoris, acerbæ
.
PROPERCE II VIII 3 cité par MONTAIGNE III V
268.- La passion n’est nullement cette vie plus riche dont rêvent les adolescents ; elle est, bien au contraire, une sorte d’intensité nue et dénuante, oui vraiment, un amer dénuement, un appauvrissement de la conscience vidée de toute diversité, une obsession de l’imagination concentrée sur une seule image, et dès lors le monde s’évanouit, les « autres » cessent d’être présents, il n’y a plus ni prochains ni devoirs, ni lois qui tiennent, ni terre ni ciel: on est seul avec tout ce que l’on aime.
Denis de ROUGEMONT
L’amour et l’Occident
III
269. - L’obstination et ardeur d’opinion est la plus sûre preuve de bêtise. Est-il rien certain, résolu, desdeigneux, contemplatif, grave, sérieux, comme l’asne ?
MONTAIGNE
Essais, III, 8
270. - L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel.
Le troubadour Guido CAVALCANTI
cité par D. de ROUGEMONT – L’amour et l’Occident III, 7
271.- Et ces beaux préceptes sont vanité, et vanité toute la sagesse.
MONTAIGNE
Essais, III, 9
272.- Mais d’un tel corps le membre moins malade s’appelle sain ; et à bond droit, d’autant que nos qualitez n’ont tiltre qu’en la comparaison.
MONTAIGNE
Essais, III, 9
273.- D’apprendre qu’on a dict ou faict une sottise, ce n’est rien que cela ; il faut apprendre qu’on n’est qu’un sot, instruction bien plus ample et importante.
MONTAIGNE
Essais, III, 13
274.- C’est le propre de l’âge classique que d’atteindre l’originalité non pas en créant sa matière, mais en portant à la perfection une matière donnée.
MESNARD
Pascal, ch. sur Les Provinciales
275.- Je regarde les femmes avec indifférence, et je leur rends bien tous leurs mépris, et tous les tourments qu’elles m’ont fait souffrir… Je les hais, depuis que je les envisage de sang-froid, et que la raison me fait voir toutes leurs faiblesses.
MONTESQUIEU
Lettre persane n° 9
276.- Tous les régimes ont leur valeur, si les hommes qui les appliquent ont eux-mêmes les vertus de leur régime.
J. DEDIEU
Montesquieu, l’homme et l’œuvre – La leçon des faits, les voyages
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